vendredi 23 décembre 2011

J.R.R. Tolkien : une biographie - Humphrey Carpenter


Je ne publie pas cette chronique à la suite de celles des Lettres au hasard, ces deux textes fonctionnent en effet très bien de concert. Les Lettres laissent en effet flotter une part d’ombre sur une bonne partie de la vie de Tolkien, si bien qu’on ne peut que vouloir y faire de la lumière, et c’est ce que permet cette biographie.

Et puis, pour ceux qui ne souffrent pas de Tolkien-addiction au dernier degré, cette biographie, qui reprend bon nombres d’extraits de la correspondance de Tolkien (ce qui n’a rien d’anormal, c’est Humphrey Carpenter qui a compilé les Lettres), est un excellent moyen d’en apprendre un peu plus sur cet écrivain. A sa façon, elle fait aussi le lien entre les différents textes.

Il faut savoir, comme l’explique si bien l’avant-propos, que Tolkien désapprouvait grandement l’idée d’une biographie : « Je tiens fermement », écrivit-il un jour, « que retracer la vie d’un écrivain est une manière fausse et entièrement vaine d’approcher son œuvre ».

Ceci dit, Humphrey Carpenter explique bien ensuite que par respect pour ses opinions, qu’il a voulu raconter l’histoire de la vie de Tolkien en évitant toute évaluation critique de son œuvre d’imagination. Et c’est effectivement ce que fait ce texte : il s’en tient à une pure biographie, qui se lit finalement comme un roman.

Comme je le disais pour les Lettres, la vie de Tolkien n’a rien de palpitant en elle-même, mais il est tout de même intéressant de s’y plonger. Je comprends mieux maintenant d’où lui vient ce côté archi-religieux, et comment il en est arrivé à écrire le Silmarillion puis les autres textes.

Si vous voulez comprendre un peu mieux son œuvre, c’est très intéressant de voir toute l’histoire de ses œuvres (leurs écritures successives, les déboires de la publication), le contexte de chacune (notamment Feuille de Niggle qui a été écrit d’un seul jet, en pleine écriture du Seigneur des Anneaux). En fait, c’est un peu comme si on prenait l’Histoire de la Terre du Milieu, en gardant uniquement les explications et sans les textes de Tolkien.

Synthétique, presque trop concis quand on a lu le reste, mais pour quelqu’un qui voudrait en savoir plus sans se prendre la tête, c’est vraiment une bonne lecture.

J’ai beaucoup aimé en apprendre un peu plus sur sa femme, Edith, qu’il considérait comme sa Luthien, ce qui n’est pas rien. C’est assez marrant parce qu’à lire sa biographie, on a l’impression que c’était un peu la mésentente entre les deux (ils vivaient chacun de leur côté, faisaient même chambre à part, et Edith a clairement beaucoup sacrifié en épousant Tolkien, devant même se convertir au catholicisme). Mais en même temps, ils s’aimaient beaucoup, ça se sent aussi.

On trouve également quelques éléments fort intéressants sur la façon dont Tolkien perçoit son univers :
De ces légendes qui composent le livre, il a dit une fois : « Elles me sont venues à l’esprit comme un don, et à mesure qu’elles me venaient, les maillons s’enchainaient. Un travail absorbant, bien qu’il fût sans cesse interrompu […], mais j’ai toujours eu l’impression de noter ce qui était “déjà là”, quelque part, non d’inventer. »

Pourtant, il ne se pressait pas de finir. Au contraire, il se mit à réécrire. C’était presque comme s’il ne voulait pas le terminer. […] Alors qu’est ce qui le retenait ? D’abord, son désir de perfection, et peut-être aussi quelque chose que Christophe Wiseman avait dit un jour de ses premiers poèmes : « Pour toi, ces créatures sont vivantes parce que tu es en train de les créer. Quand tu les auras terminées, elles seront à tes yeux aussi mortes que les atomes qui composent notre nourriture. » En d’autres termes, Tolkien ne voulait pas finir parce qu’il ne voulait pas contempler en face l’idée qu’il n’aurait plus rien à créer dans son monde inventé, à « sous-créer » dira-t-il plus tard.

(Si vous voulez d’autres extraits, n’hésitez pas à aller faire un tour chez Isil qui aurait cité tout le bouquin si elle avait !)

Bon par contre, cette biographie a un gros défaut, elle donne envie de relire tous les écrits de Tolkien. Pire encore, à évoquer la construction progressive du Seigneur des Anneaux, elle m’a donné envie de m’attaquer aux derniers tomes de l’Histoire de la Terre du Milieu (non traduits en plus). Je ne craquerais pas, je ne craquerais pas…


CITRIQ

2 commentaires:

  1. Celui-là je 'lai déjà lu mais c'était il y a longtemps (au temps de la sortie des films, c'est pour dire).

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