mercredi 11 février 2009

Brendan et le secret de Kells – Tomm Moore


Avec tous ces films à aller voir au cinéma ces temps, il faut que je choisisse celui dont la programmation est la plus restrictive : film de 1h15, pour les enfants et peu connu, allons bon, restreignons les séances à celles de l’aprem ! Bref c’est un peu le parcours du combattant, même à Paris pour trouver une séance, mais tout vient à point à qui sait éplucher les horaires, et nous voilà devant Brendan et le secret de Kells.

Nul besoin de prendre la suite, ceci n’est pas un énième ersatz d’Indiana Jones, l’affiche devrait vous en convaincre. Non, ici, nous avons affaire à un charmant conte médiévalisant qui tourne autour du Livre de Kells…

… Ce qui ne parle pas aux non-historiens d’art, c’est pourquoi je me permets de vous infliger un petit rappel sur le sujet, tiré directement de mes cours de moyen-âge si bien rédigés :

L’Europe insulaire (Ecosse, Irlande, aux VIIe et VIIIe s) Toutes ces terres n’ont été conquises ni par Rome ni par les barbares. L’Irlande, éloignée, conserve donc ses traditions celtiques. Le christianisme s’y impose au Ve s. Après cela, l’Irlande devient le berceau du monachisme. De nombreux monastères sont fondés, qui possèdent une importance religieuse et culturelle.

De nombreux moines quittent en effet l’Irlande pour aller fonder des monastères sur le continent. On assiste alors à un phénomène de fusion entre l’art celtique irlandais et la tradition locale mérovingienne/carolingienne. Le médium le plus important de ce phénomène est le support le plus abondant en Irlande, le livre, support de la culture. Les livres contiennent des images et des textes importants traitant de théologie, de culture et d’apprentissage. Ce phénomène fait d’ailleurs des abbayes des lieux de haute culture et d’avant-garde.

(...)

=> Livre de Kells (le plus beau et le plus riche), réalisé vers 800 en Irlande ou en Northumbrie (nord de l’Angleterre), et conservé à la Bibliothèque du Trinity College à Oxford.

Bref pour ceux qui voudraient surtout voir, parce que les enluminures sont magnifiques, Wikipedia est votre ami, ainsi que ses liens externes.

Revenons à nos moutons irlandais donc… Brendan et le Secret de Kells raconte les aventures du jeune Brenan, vivant dans une abbaye fortifiée que construit son oncle abbé dans le but de se protéger des vikings. Il fréquente beaucoup les moines enlumineurs, et fait la connaissance d’un maître en la matière, Aidan, auteur d’un sublime livre enluminé, le livre de Iona.

Et la suite, vous verrez bien. Bien que le film soit en effet court (1h15), il est suffisamment dense pour qu’on ne s’y ennuie pas, et se paye le luxe de mélanger un peu les intrigues…

Mais bon, ce n’est pas l’histoire qui fait que ce film est magnifique, mais bien l’animation. Ce dessin animé est essentiellement un film qui se regarde et s’admire. Toute l’animation puise en effet cette source dans ces illustrations celtiques de l’époque, que ce soit en terme de forme comme de couleurs. Les décors sont extrêmement fouillés et bourrés de motifs d’entrelacs et autres celticisme, jusqu’au moindre petit détail.

Du coup, on a vraiment l’impression de se retrouver dans une sorte de livre animé géant, qui réutilise nombre de ficelles comme la perspective à plat et un mépris assez général pour les lois usuelles d’occupation de l’espace, les bandeaux décoratifs, la juxtaposition de différents tableaux, etc…

Il y a juste les personnages qui ne sont pas super sexys, mais bon c’était aussi le cas pour les manuscrits irlandais de l’époque, alors si ce point. Bref, si vous voulez voir un beau dessin animé dans les jours à venir, n’hésitez pas, Brendan et le Secret de Kells est un vrai petit bijou d’animation magnifique à voir...

dimanche 8 février 2009

Twilight & co – Stephenie Meyer


1. Twilight (Fascination)
2. New moon (Tentation)
3. Eclipse (Hésitation)
4. Breaking Dawn (Révélation)

Après le film, les livres, vous deviez vous en douter… Il m’a fallut une semaine pile poil pour dévorer les 4 tomes, puisque j’ai commencé le premier vendredi dernier pour finir le 4e pas plus tard qu’hier soir…

Dévorer, c’est bien le mot, j’avoue que je ne m’étais pas offerte une telle orgie de lecture depuis longtemps, au point que je me couchais à 23h juste pour pouvoir lire jusqu’à minuit tranquille… ça fait du bien de lire autant de temps en temps…

Pour l’anecdote j’ai investi dans la VO parce que c’est extrêmement facile à lire, que les volumes sont accessoirement deux fois moins chers qu’en français, et aussi parce que dans le fond, j’aurais pas pu m’enfiler les quatre en français sans saturer… l’avantage de lire en anglais c’est que j’ai une lecture parfois assez superficielle qui s’arrête moins sur la haute teneur en guimauve des dialogues (ça devrait vous expliquer pourquoi je lis des fanfictions essentiellement en anglais…)

Bref revenons à nos moutons… nous avons donc Bella, nouvelle arrivante à Forks, le beau et mystérieux Edward dont elle est amoureuse, et Jacob, indien quileute également proche de Bella. La série Twilight, si on simplifie grandement l’histoire, raconte les interactions entre ces trois-là. Et vous n’en saurez pas plus sur l’intrigue parce que j’aime pas les spoilers ^^.

Bon alors au final qu’est ce que ça donne cette série ?
Et bien elle n’est pas si mal que ça. Il faut reconnaître qu’elle est extrêmement distrayante et qu’on accroche assez vite aux premiers tomes, malgré quelques essoufflements par moment. Même si on lève parfois les yeux au ciel dans certains passages, c’est vraiment de la lecture détente.

Je comprends assez facilement qu’elle plaise à un large public (de jeunes filles), parce qu’il est très facile de s’identifier à Bella (d’autant plus que l’histoire est racontée à la première personne) : peu sûre d’elle mais capable de faire preuve de détermination si nécessaire, complètement amoureuse, parfois si heureuse, parfois si déprimée…

Et même si on ne s’identifie pas, on se laisse facilement attendrir, parce que les coups de foudre et les histoires d’amour pleines d’embûches, ça marche à tous les coups et depuis un nombre incalculable de générations… ajoutez à ça un troisième larron et vous avez de quoi remplir une belle série de romans à l’eau de rose avec les tensions entre les différents personnages.

Là-dessus, on trouve une petite couche de vernis fantastique qui permet d’enrichir la narration, bien que ça reste , question vampires, assez aseptisé et gentillet, comparé au travail d’une Anne Rice ou d’une Tanith Lee. Stephenie Meyer s’en sort mieux du coté des légendes quileutes.

Bon après, pour les points négatifs, il y a une certaine niaiserie des dialogues et pensées qui finit par porter sur les nerfs. Autant prévenir tout de suite pour que vous soyez préparés si jamais vous lisez la série, Bella tombe amoureuse de Edward parce que c’est le plus bel homme du monde, et elle le répète à l’infini jusqu’à la fin du tome 4, en moyenne une fois toutes les deux pages… (elle pourrait quand même de temps en temps mettre en avant ses autres qualités parce que bon…)

Et puis, coté scénario, ce n’est vraiment pas ça. Si dans les tomes 1 et les 2 les intrigues sont assez simples si bien qu’on y pense pas trop, les tomes 3 et 4 essaient de construire quelque chose de plus élaboré avec des soi-disant mystères et du suspense… honnêtement pour le tome 3, je me suis demandé si les héros étaient tous des débiles profonds pour ne pas assembler les éléments de suite, et le 4 la troisième partie est assez mal maîtrisée…

Oui parce que les tomes ne sont pas tous égaux entre eux. Twilight se lit bien (j’avoue avoir peu d’avis parce que quand on a le film –extrêmement proche- en tête, on fait peu attention au texte), New Moon est le meilleur à mon avis, sans doute parce que c’est le plus sombre de tous, prenant aux tripes pendant bien les 2/3 d l’ouvrage. Eclipse démarre bien, mais souffre d’un passage à vide au milieu avec une intrigue un peu poussive parfois. Ceci dit, il se rattrape sur la fin, surtout grâce à de très bons dialogues entre les trois héros.

Quant à Breaking Dawn, c’est un peu du gâchis. Très bien parti, avec quelques bonnes pistes, et l’idée originale pour une fois de changer de point de vue et de faire parler Jacob au lieu de Bella pour sa deuxième partie, il s’essouffle dans une troisième partie longuette, peu attractive et tombant parfois dans la facilité. Disons que ça m’a évoqué ces fanfictions qui durent, durent, durent, où tout est parfait et où l’on s’ennuie en attendant que quelque chose se passe vraiment.

Bref Twilight et ses suites ne sont pas des chefs d’œuvre de la littérature, mais ils se lisent bien en règle générale, un peu comme des Harlequin à la sauce fantastique, avec trois héros sympathiques dont les interactions font toute la saveur de la lecture.

Ce n’est pas la révélation (bien que ce soit le titre du tome 4 en vf) de l’année, et si je devais comparer à Harry Potter, comme tout le monde s’amuse à le faire (menfin ça revient un peu à comparer Alice au Pays des Merveilles et Le Livre de Cendres), je dirais que c’est un cran en dessous. En terme d’histoires d’amour, Stephenie Meyer se défend bien mieux que JKR, mais l’écriture d’Harry Potter est quand même un peu plus riche en terme de contenus et de réflexions…

lundi 2 février 2009

Les 1001 guerres de Billy Milligan – Daniel Keyes


C’est assez étrange, parce que pour un bouquin que j’attendais avec impatience, je ne sais pas trop quoi en penser. Les 1001 guerres de Billy Milligan (ou The Milligan Wars en VO), c’est la suite des 1001 vies de Billy Milligan (c’est là où on sort un « sans blague ?! » habituellement).

Pour ceux qui ont raté l’épisode précédent, les 1001 vies racontaient la vie et le procès d’un homme atteint du syndrome de personnalité multiple (ou SPM), et dont la tête contient rien de moins que 24 personnalités différentes. C’était un roman passionnant, frappant et qui ne laissait pas indifférent, parce qu’il plongeait au cœur du fonctionnement de l’esprit humain.

Le deuxième me laisse une impression un peu plus mitigée. L’histoire reprend là où elle s’était arrêtée, à savoir lorsque Billy est transféré à l’hôpital-prison de Lima. Commence alors une longue période entre mauvais traitements et incompétence médicale, avec des allers-retours entre différents hôpitaux et les tribunaux, entre la liberté et la prison…

Autant prévenir d’ailleurs, il faut avoir le cœur solide pour encaisser les 100 premières pages, parce que ça secoue sérieusement, croyez-moi. L’écriture de Keyes une fois de plus joue beaucoup. Sans fioriture, brute, elle laisse parler les évènements. L’important n’est pas dans les mots, mais dans ce qui se passe. Institutions judiciaires, psychiatriques, médicales, tout le monde en prend pour son grade d’ailleurs…

En fait, ce n’est pas que ce roman n’est pas bon, bien au contraire, je l’ai littéralement dévoré. C’est juste que complètement détaché des 1001 vies, les 1001 guerres perdent un peu de leur sens e ressemble finalement à une biographie « presque » banale, où l’on sent l’auteur bien plus proche que dans le tome précédent. Ca a ses bons et ses mauvais cotés… le texte est quand même plus personnel, par contre, on perd un peu de la neutralité du tome précédent…

Ca n’en reste pas moins un texte à lire, mais je pense que ça doit être d’autant plus pertinent de le lire dans la foulée du 1er tome, parce que c’est définitivement plus une suite qu’un roman en lui-même…

Ah oui et pour ceux qui ont raté le début, mon avis sur le premier tome, c'est par là.