samedi 30 août 2008

Star Wars : The Clone Wars - Dave Filoni



Pour quelqu’un qui a une étagère qui déborde de bouquins et autres produits dérivés Star Wars, la section éponyme de mon blog est bien peu fournie sur le sujet… il faut dire aussi que si on compte toutes les nouveautés (films/dvd/jeux/livres/comics) chaque mois, on finit vite noyé dans la masse… D’ailleurs j’avais un peu zappé la sortie de ce film d’animation au ciné, avant que le matraquage médiatique colle toutes ses affiches dans la capitale…

Bref bien que les trilogies soient belles et biens complètes, il reste toujours de la place pour caser de nouvelles histoires, notamment, dans le cas de tout ce qui est estampillé « Clone Wars », entre les épisodes 2 et 3.

Vous avez déjà peut-être eu l’occasion de le découvrir, notamment avec le dessin animé Clone Wars, passé sur M6 je crois, et en tout cas dispo en 2 dvds, qui offrent deux heures de pur délire visuel dans l’univers de Star Wars (y’a qu’à voir les têtes des personnages), s’appuyant sur un médium qui offre beaucoup plus de liberté, et avec des histoires typiquement SWesques (sabrolasers, vaisseaux, droides, siths et autres armes de destructions massives étant de mise), avec en conclusion le prologue de l’épisode 3, rien que ça ! Le résultat peut plaire ou non… personnellement je garde un bon souvenir, surtout quand Mace Windu décime à mains nues une armée de droides… peu réaliste mais jouissif !

Bref dans une veine toute autre, il y avait aussi les comics, 10 volumes en français avec de très bonnes histoires, s’offrant parfois une veine bien plus sérieuse que les films, notamment sur le personnage de Quinlan Vos… mais je m’égare.

Enième avatar de cette époque, voilà le film d’animation en images de synthèse, Star Wars : The Clone Wars (avec un titre comme ça, y’a peu de chance de le confondre avec le reste, ça ne fait aucun doute…). Celui-ci se situe quelque part entre l’épisode 2 et le 3, et quelque part entre le début et la fin de la saison 2 du dessin animé Clone Wars (parce qu’Anakin est chevalier mais que c’est avant l’épisode 3 pour des raisons évidentes). Coté continuité, c’est le bordel, mais on a l’habitude dans le fond ^^.

L’histoire est assez simple : le fils de Jabba a été enlevé par des pirates, et les Jedi doivent le retrouver puisque 1) Ca leur permettrait d’obtenir l’autorisation de traverser l’espace Hutt, pratique vu que les Séparatistes occupent les autres routes hyperspatiales et 2) Ca leur éviterai de se retrouver avec les Hutts à dos. Evidemment, les seuls Jedi disponibles pour cette mission sont Anakin et Obi-wan, bien qu’au début de l’histoire ils soient plus qu’embourbés dans une bataille…

Les habitués sont toujours au rendez-vous, notre duo de Jedi favoris, les grands et sages Jedi comme Yoda et Mace Windu, Palpatine, Dooku, Ventress, Padmé, un bon paquet de droides et à peu près autant de clones. A noter une nouvelle tête, là pour que les enfants aient aussi leur héros, Miss Ahsoka Tano, nouvelle padawan, sorte de Shaak Ti junior (l’espèce de Twi-lek à rayures pour ceux qui situent pas).

La présentation est faite, mais qu’est-ce que cela donne au final ? Un résultat assez mitigé. L’animation en images de synthèse fait beaucoup de bien à Star Wars, vu que de toute façon on en était arrivé au point où il ne restait guère sur le plateau que les acteurs (et encore…). Du coup, cet univers n’a rien de faux, il fait même plus « vrai », à condition qu’on apprécie les traits caricaturales des personnages (je suis assez fan, sauf pour Padmé pour qui c’est vraiment ingrat… autant dans le dessin animé elle était mignonne, là c’est un pur laideron !)

De plus, cela libère l’histoire de pas mal de contraintes de réalisme, ce qui est très pratique. Scientifiquement parlant, il y a pas mal d’aberrations qui ne seraient vraiment pas passées dans des films, mais qui là ne dérangent pas, surtout en terme de combat…

Enfin en même temps, difficile de parler d’autre chose que des combats, il n’y a que ça dans ce film, à l’exception de deux ou trois pauses. C’est à la fois une force et une faiblesse : en effet, quand on sait que le pire dans les derniers épisodes étaient lorsque les combats cessaient (vous vous rappelez du pique-nique dans la prairie ?), au moins ils ont résolu le problème d’une manière radicale : que des combats sur terre, dans les airs, en sous-sol, à mains nues ou à grosse dose d’artillerie… c’est un véritable catalogue !

Le problème, c’est que le film en devient cacophonique et un peu usant, visuellement parlant et surtout auditivement parlant. C’est un peu le gros défaut du film, d’avoir voulu avoir le son le plus bourrin possible, à tel point que dans une bonne salle de ciné, on finit les oreilles explosées, sans jamais avoir entendu ni la musique ni les gens parler. Oui bon je sais, des beaux effets sonores c’est la classe, mais trop, c’est vraiment trop !

Coté animation, c’est très chouette dans l’ensemble, à un défaut (de taille) : Tatooine, qui ressemble à la planète quand on la visite dans n’importe quel jeu vidéo Star Wars : lisse, et limite on en voit les pixels ! De ce coté là ils ne sont pas au point. L’autre problème n’est pas tant dans la réalisation que le rendu, il s’agit des sabrolasers. Autant c’est une arme qui pète et qui en impose en règle générale, et tout particulièrement dans les films (« l’arme noble d’une époque révolue »), autant là les résultats sont assez décevants… je ne sais pas si c’est le « tout image de synthèse » ou l’abus de son utilisation qui fait ça, mais en tout cas, le frisson qu’on a rien qu’en entendant le bruit ou en voyant quelqu’un le manier… parti !

Les doublages sont relativement fidèles aux acteurs, on a même quelques persos doublés par leurs homologues réels… Y’a juste Obi-wan qui en pâtit et perd sont petit je-ne-sais-quoi de chantant qu’il a, en Alec Guiness comme en Ewan Mc Gregor… Un peu dommage vu que c’est un des personnages les plus intéressants et funs de la nouvelle trilogie, qui plus est sacrément doué pour l’impro théâtrale quand il s’y met dans cet opus…

Anakin est toujours un peu tête à claque, mais l’éviscération de ses habituels problèmes de cœur atténue un peu ce fait, du coup on le regarde faire avec plaisir, et il y a quelques bons moments avec Ahsoka, qui pour une fille parachutée là pour faire plaisir aux jeunes, s’en sort pas trop mal (à condition de laisser de coté le fait qu’elle a une maîtrise de la Force sans doute un peu trop bonne pour son âge…).

Bref au final, un Star Wars qui se laisse regarder, mais qui souffre un peu de sa surenchère, et des contraintes de l’audience (genre ne pas doubler un hutt et imposer le droide traducteur pour éviter les sous-titres qui poseront problème aux plus jeunes, à la longue, c’est fatiguant, et les personnages passent pour des crétins en plus). Coté histoire, on n’arrive pas au niveau des anciens films ou de certains livres & comics, malgré une belle tentative de manipulation politique, mais ne désespérons pas, un jour ça viendra peut-être… y’a encore la série qui suit, ainsi que la série live…

En attendant, m’en vais patienter d’ici la sortie du prochain tome de Kotor ou de Legacy, faudrait que je vous en parle un de ces 4, c’est vraiment des séries qui sont chouettes…

mardi 26 août 2008

Fables (tomes 1-5) - Bill Willingham




Imaginez...
Imaginez que des cochons qui parlent vous croisent dans la rue. Imaginez que la Belle et la Bête discutent de contrats de mariage auprès de l'adjointe au maire. Imaginez que le Grand Méchant Loup se soit installé comme détective, ayant désormais pignon sur rue.
Voici le monde des Fables, tel que nous le connaissons depuis que le Dernier Château est tombé devant les armées conquérantes de l'Adversaire. Un monde où les héros des contes de notre enfance se sont réfugiés, dans un voisinage calme mais tendu, entre les murs de Fableville.
Ils vivent heureux... Jusqu'à...

Avec ce genre de 4e de couv (que j’ai coupée avant la fin histoire de pas tout dire), difficile de ne pas être attiré par l’ouvrage. Entre deux Superman, un X-men et trois Star Wars, ce genre de résumé est plus que rafraîchissant au rayon comics, ne serait-ce que pour poireauter en attendant le prochain Sandman (la comparaison n’est pas anodine, on peut s’amuser à tracer quelques parallèles entre ces séries).

Bref sautant sur l’occasion (c’est le cas de le dire) du tome 1 à Gibert, voilà que je me découvre une nouvelle série de comics à suivre, voir même à dévorer… les 5 autres tomes disponibles en français y sont passés dans la foulée (c’est les rares cas où les 5% offerts par la Fnac ont un certain intérêt !).

Fables, c’est donc l’histoire de personnages de contes de fées réfugiés dans le monde réel. On y croise du people (Blanche Neige, le Prince Charmant, et autres revisités de Disney), mais aussi des moins voir inconnus, comme le Roi Cole ou Blue Boy. A noter que le terme de « conte » est à prendre au sens large, avec outre les classiques d’Andersen, Grimm et cie, le Livre de la Jungle, ou encore Robin des Bois… bref tout Disney y passe, mais on est très loin de leurs versions Disney, justement.

Les personnages sont en effet hauts en couleur et avec des caractères bien trempés : Blanche-Neige n’est pas une petite princesse fragile mais une dirigeante implacable de Fableville qui ne laisse en principe rien paraître, Bigdy Wolf (le Grand Méchant Loup quoi), sous forme humaine, est un pur détective dans la lignée des films noirs, La Belle et la Bête un couple à problème (quand la Belle s’énerve, la Bête redevient… bête), et le Prince Charmant est un infâme goujat qui vit au crochet de ses conquêtes, après 3 divorces (Blanche-Neige, la Belle au Bois dormant et Cendrillon, rien que ça).

Enfin nous avons parlé là des humains qui vivent à Fableville, en plein New York, mais il ne faut pas oublier tous ceux qui ne peuvent se faire passer pour des humains (nains, géants et surtout tous les animaux parlants) qui vivent à la Ferme, lieu reclus en pleine cambrousse, et croyez-moi, ils ne valent pas mieux que les autres, à commencer par les Trois Petits Cochons.

Ah oui, coté personnages, ne cherchez pas les enfants de cœur, il y en a peu… ou pas… attendez de croiser Pinocchio ou Boucle d’or pour voir ! Rien que de faire vivre en temps normal tout ce petit monde, ce n’est pas une mince affaire, et les petits à coté de l’intrigue sont délicieux pour ça… tandis que l’intrigue principale sait aussi se faire appréciée.

Pour exemple le premier tome raconte l’enquête menée par Bigdy à Fableville, sur le meurtre de la sœur de Blanche-Neige, Rose-Rouge. C’est un véritable bonheur de voir toutes les ficelles du genre polar utilisés dans cet univers, avec ces personnages, et le résultat est assez dément à lire, si bien qu’à peine la conclusion posée, on en redemande.

Je ne vous raconterai pas la suite pour des raisons évidentes, mais l’histoire se complexifie par la suite, et on plonge vraiment dans l’intrigue, qui oscille sans cesse entre sérieux et rigolade (il y a des pures répliques parfois)… on s’attache d’ailleurs très vite aux personnages.

Coté dessin, je ne suis pas très bonne juge en la matière, mais ça se parcoure plutôt bien. Les dessinateurs changent régulièrement si bien que les personnages évoluent sacrément entre les tomes (oui on se croirait dans Sandman…), pas toujours dans le bon sens, mais au moins si on a pas aimé un tome pour ça, le suivant peut rattraper, c’est l’avantage ^^.

D’ailleurs, on croise quelques pointures… Craig Russell, habitué de –oui je sais je suis lourdingue- Sandman et autres productions Gaimaniennes, et les plus belles réalisations graphiques se trouvent dans une sorte de hors-série : 1001 nuits de Neige, remix de Shéhérazade par Blanche-Neige, qui se retrouve à raconter au Sultan tout un tas d’histoire pour rester en vie… Si les histoires ne sont pas toujours très intéressantes (bien que très enrichissantes sur les personnages de la série), les dessins sont magnifiques, à commencer par ceux de Charles Vess (il a illustré Stardust de Mr. G. notamment) pour les transitions. Un régal pour les yeux quoi !

Tout ce blabla (décidément ça m’a plus inspiré que The Dark Knight) pour dire que c’est une très belle série qui rappelle que comic n’est pas égal qu’à super-héros, et qu’on trouve aussi des chouettes travaux de réinterprétation de contes et mythes. Je ne saurais que trop vous recommander d’y jeter un œil…

lundi 25 août 2008

The Dark Knight - Christopher Nolan



Lorsque suite à un film il y a, il est assez rare qu’elle soit intéressante, et encore plus qu’elle arrive à la hauteur du précédent. Le cas le plus fréquent est une histoire qui reprend les ficelles du succès du premier opus et les accentue, méthode empirique qui s’essouffle en général assez vite (enfin en terme de qualité de film, coté producteurs ils ne s’en lassent jamais…). Bref il est vraiment rare qu’une suite éclipse complètement le premier film au point de le rendre presque obsolète et sans substance…

Et pourtant, c’est bien le cas de The Dark Knight, 2e opus de Batman réalisé par Christopher Nolan, après un Batman Begins, qui était déjà (in my humble opinion que tout le monde ne partage pas ^^), un sacré morceau, à vous faire oublier sans peine les précédentes horreurs hautes en couleur de Schumacher, et parfois même les Burton.

Avec Batman Begins, on était revenu aux sources du personnage, un héros torturé, noir, amer, assez violent, mais qui ne perd pas pour autant de vue son objectif : combattre le crime (et pas le « mal », Batman n’est pas assez manichéen pour le permettre à mon avis). Racontant les débuts du super-héros, le film a surtout marqué par son parti pris réaliste, à mille lieues des volets précédents. Bon on lui a reproché notamment le manque de méchants, mais la construction de Batman occupe tout le film (enfin de façon complètement déconstruite, on reconnaît bien la marque de Nolan là dedans), et c’est ce qui est intéressant en fait.

En regard de The Dark Knight, Batman Begins n’était qu’une mise en bouche, un prologue posant les bases pour éviter d’avoir à se répéter ensuite, un avant-goût de ce qu’on pouvait vraiment faire avec Batman. Et ce vraiment, c’est The Dark Knight (d’ailleurs je vois mal comment une suite pourrait faire mieux… ce film est… il est, tout simplement).

L’histoire reprend là où Batman Begins se terminait : par le Joker. Le temps de croiser brièvement l’épouvantail et de conclure l’opus précédent, et on est parti pour une histoire complètement différente. D’ailleurs pour bien enchaîner directement, on commence même non pas par l’épouvantail mais par un hold-up du Joker, qui pose d’office les bases du personnage.

Le scénario est complexe (en même temps vu les scénaristes ça n’a rien d’anormal), mais assez étonnant en ligne droite. Pas d’allers-retours incessants entre les souvenirs, toutes les scènes s’enchaînent les unes après les autres ou se déroulent en même temps, mais à ma connaissance, aucun retour en arrière. Ce qui n’empêche pas une histoire dense et complexe riche en circonvolutions, mais d’un seul tenant. Rien n’est laissé au hasard et toutes les pièces ont leur place dans le puzzle.

Coté personnages, outre Batman et le Joker sur lesquels je reviendrais plus tard, on retrouve les habitués : Alfred le majordome fidèle, Fox et ses inventions, Gordon le futur commissaire, Rachel la petite amie, fidèles à eux-mêmes dans leur rôle. Seconds rôles mais pas figurants pour autant, ils ont chacun leur place dans l’engrenage de l’histoire.

On trouve également un nouveau venu, Harvey Dent, qu’on connaît surtout sous le nom de Double-Face dans la mythologie Batman, dont on va avoir le temps d’apprécier la descente aux Enfers. Deuxième « méchant du film », il a le droit à ses moments de « gloire », ce qui est difficile à imaginer vu l’omniprésence du Joker.

Parce que ce film, plus que « The Dark Knight », c’est un peu un « Joker Begins » (façon de parler, dès les premières minutes il est déjà rodé dans son rôle), tant ce personnage est le « héros » du film, dont la menace plane même lorsqu’il est pas à l’écran. Pur concentré de folie sous une couche de maquillage crasseux, véritable maître du jeu, avec une présence incroyable (gestuelle, costume, dialogues), difficile de ne pas être en admiration devant cette performance, et de rire et de trembler de peur en même temps, ce qui sied tout à fait au personnage.

Quant à Batman, le premier film étant sa construction, il revient cette fois-ci en super-héros beaucoup plus accompli. Bien sûr, il a toujours des doutes, des questions, des dilemmes, mais il a trouvé sa place, sa mission. C’est un plaisir de le voir évoluer, en Batman comme en Bruce Wayne (qui est souvent un Batman sous couverture), car on sent qu’il ne tâtonne plus pour trouver sa voie.

En fait c’est assez dur de faire une critique détaillée sur ce film, car comme je l’ai dit précédemment, tout s’emboîte parfaitement : décors, scénario, acteurs, effets spéciaux, musique, scènes d’action ou plus calmes, bat-gadgets, héros et anti-héros, humour et drame… il y a en pour tous les goûts, et en même temps tout cela forme un tout parfaitement uni si bien qu’il est dur de détacher quelque fragment qui soit.

C’est d’ailleurs ce qui fait la force du film : il emmène le spectateur ailleurs pendant deux heures trente, au point d’en oublier le reste du monde. Moi qui ait tendance à avoir le cerveau qui bouillonne pendant une séance, j’avoue ne pas avoir penser à grand-chose qu’au film, à part peut-être une petite pensée pour Jack Nicholson (battu à plates coutures), une pour le dessin animé (bien que je me rappelle plus pourquoi) et ptêtre une pour Batman Forever (mais je ne vous dirais pas pourquoi, disons juste que ça montre comment on peut offrir deux partis-pris radicalement différents pour deux situations semblables).

Bref c’est un pur moment de cinéma comme on s’en offre rarement, où on accroche de la première minute à la dernière, où on s’interroge tout du long (Pourquoi ? Comment ? Et maintenant ?), où l’on sursaute dans son fauteuil (hein Silvère ?), où l’on rit avant de se rendre compte qu’on ne devrait pas, et j’en passe des meilleures.

Et le 2e visionnage laisse dans un état similaire, rien à faire…

Pour la petite partie musique (vous ne croyiez pas y couper ?), elle est aussi difficile à commenter que le reste du film. C’est parfois plus des sons que de la musique (notamment pour le Joker), et on est très loin des standards habituels… C’est extrêmement dur de la décrypter en dehors du film.

La critique de Soundtrack.net est assez éclairante sur le sujet, en pointant du doigt le détournement des thèmes du premier, sortes d’anti-leitmotiv (le must est le pseudo thème héroïque du premier qui s’emploie pratiquement pour tout le monde sauf Batman)… D’ailleurs les compositeurs (Zimmer et Newton-Howard) ont précisé qu’ils avaient délibérément omis un thème pour le héros, parce que ce serait trop révélateur…

Bref un sacré morceau, mais pas du genre qu’on utilisera pour les matchs de foot sur TF1 je pense. D’ailleurs pour l’anecdote c’est assez marrant de se rendre compte que le thème très étrange du Joker, seul vrai leitmotiv de cette BO, est effectivement employé même quand il est pas là, juste pour bien rappeler son ombre qui plane sur tout le film.

jeudi 7 août 2008

Dr Horrible’s sing-along blog



Internet est un univers qui a à la fois la taille d’un drap de lit et d’un mouchoir de poche, et certaines infos circulent parfois à la vitesse de l’éclair, se répercutant un peu partout à la manière d’une onde de choc… dans le cas de Dr Horrible le terme d’onde de choc était particulièrement adapté, parce qu’à force de se faire casser les oreilles (virtuelles) par Thomas et Alex, la curiosité finit par me gagner… et accessoirement j’étais seule abandonnée ce soir là sur msn (bouuhhh pleurez avec moi), du coup je décidais de tuer le temps en allant jeter un œil à cette « chose ».

Bref, passons à notre sujet. Dr Horrible’s sing-along blog, de son nom complet est une mini web-série de trois épisodes, diffusée pendant une petite semaine gratuitement avant d’être retirée… et remise en ligne dernièrement, ça par contre j’ai pas suivi pourquoi ! Le créateur, vous le connaissez peut-être –ou pas. Il s’agit de Joss Whedon, créateur de la série Buffy, qui chez moi n’a jamais déclenché beaucoup d’enthousiasme… bref c’est donc sans aucun préjugé que j’ai abordé sa petite création.

(Création qui pour l’anecdote, et si j’ai bien traduit les propos du Mr, a été inventée pendant la grève des scénaristes, et filmée entre potes en un laps de temps très court, et qu’il a voulu diffusé gratuitement pour montrer qu’on pouvait faire des choses en dehors du système et tout ça… je vous renvoie à son site pour les détails, ou à une version traduite sur le coin de la table un dimanche aprem entre deux parties de Kotor *siffle*)

Dr Horrible, c’est donc l’histoire d’un vilain méchant qui comme toutes les célébrités de notre époque, raconte sa vie sur son blog (vidéo dans son cas). On y découvre ses plans maléfiques, sa tentative pour faire partie de la Evil League of Evil, son histoire d’amour avec la fille de la laverie, et comment il se fait souvent botter les fesses par sa némésis, le super héros local, Captain Hammer. Le « Sing-along » n’est pas là pour rien, puisqu’entre deux séances de racontage de life sur son blog (séances qui vont en se réduisant en avançant dans l’histoire d’ailleurs), on trouve aussi pas mal de chansons, genre comédie musicale, mais pensez à Sweeney Todd, pas à Notre Dame de Paris, en guise de référence ^^.

Le résultat est assez éclectique, sorte de série télé en format réduit, comédie musicale, parodie des films de super-héros, une petite touche de teenage movie pour les histoires d’amour, et une bonne dose de second degré dans les répliques. Ca peut plaire, ou pas… j’avoue que sans les sous-titres une bonne partie de l’humour nous échappe, et on apprécie surtout le premier degré de la parodie et le coté un peu grandiloquent des chansons.

Avec un bon sous-titrage (ou même un mauvais, l’essentiel c’est d’avoir une idée de quoi on parle), la série devient vraiment un petit bijou à découvrir : c’est en effet drôle, très sarcastique, avec des paroles qui font sourire. D’ailleurs bien que réalisée en peu de temps, elle ne fait pas bâclée, bien au contraire… ça peut paraître paradoxal de juger sur 40min de prestation mais la gestuelle de Captain Hammer est une tuerie ^^.

Et puis au 2e visionnage, il y a un 2e degré assez étonnant : certes on a des archétypes qui semblent sortir des comics, mais ils sont quelque peu dissonants. En fait paradoxalement ils sont même inversés.

Dr Horrible, aka normalement le méchant, est finalement le naïf, l’amoureux, celui qui se prend les coups, tandis que Captain Hammer est un affreux bonhomme tête à claque qui ne recule devant rien pour assouvir sa gloire personnelle. Dr Horrible a une double identité (ce qui est plutôt l’apanage du support héros), Captain Hammer n’en a pas. Dr Horrible veut changer le monde, Captain Hammer n’en a rien à foutre et sauve des gens parce que ça entretient sa célébrité… Et ainsi de suite…

Bref ce jeu sur les inversions de valeur me laisse songeuse, il suffit de jeter un œil aux paroles de chansons pour le voir… Chansons qui font toute la forme de ce mini-show, car elles restent facilement en tête… (ce qui explique sans doute que certains nous cassent les oreilles avec sur msn *siffle*). Pour l’exemple la chanson de Captain Hammer vers la fin (Everyone is a hero in their own way) est tellement prenante avec son coté très patriote qu’on fait pas gaffe aux paroles, qui sont complètement démago et puantes dans le propos… moi ça me fait rire doucement ce genre de procédé…

Tout ce blabla pour dire que c’est quand même une bonne surprise à regarder, mais que les sous-titres peuvent aider… Pour le moment, la série est de nouveau dispo sur le site officiel, sinon, vous savez mieux que moi où chercher sur le net pour la dénicher ^^.

Now the nightmare is real
Now Dr Horrible is here…

mercredi 6 août 2008

Wall-e - Andrew Stanton



Si vous n’avez pas entendu parlé de Wall-e, c’est que vous avez passé les 6 derniers mois au fin fond du Népal, et encore, même Spes sait de quoi je parle ! Wall-e, c’est le dernier film d’animation des studios Pixar, qui nous compte l’histoire d’amours entre un petit compacteur de déchets un peu rouillé qui travaille à nettoyer la Terre et une jolie robote (EVE) qui cherche quelque chose sur notre bonne vieille planète désertée par le genre humain.

Ca peut sembler un peu bobet d’apparence, et guère attractif, mais on aurait tort de se priver de ce petit bijou qui ferait fondre même le cœur du plus anti-wub du monde. C’est en effet une histoire drôle et incroyablement émouvante que la rencontre de ces deux robots, qui singent les attitudes humaines avec une émotion incroyable, bien qu’ils ne soient faits que de métal (enfin même techniquement de pixels…). Et il est très difficile de rester insensible au regard tout triste de Wall-e…

Comme on ne peut pas tenir les 1h30 réglementaires sur une histoire d’amour entre deux robots sans endormir toute la salle, une 2e intrigue se greffe là-dessus, celle du retour des humains sur Terre, retour causé par la « découverte » de EVE. L’intrigue n’est pas diablement originale sur ce sujet, puisant ses références en partie dans 2001 Odyssée de l’Espace et Asimov, à mon avis, mais elle fait réfléchir, ce qui n’est pas rien, sur notre avenir…

Par ailleurs je pense que tout geek (comme moi) sortira de cette salle aura une soudaine envie d’aller prendre l’air et de se bouger de sa chaise, plutôt que de retourner se coller devant son écran, juste pour éviter de ressembler aux humains du futur… qui comme d’hab ce ne sont pas les animations les plus réussies de Pixar, mais pour une fois il y a une raison toute justifiée à leur apparence. En comparaison l’animation des robots est MA-GNI-FIQUE.

Bref un très beau film qui plaira à pas mal de gens je pense, et qui prouve qu’une fois de plus, les dessins animés, ce n’est pas que pour des enfants, c’est même plutôt le contraire… il parait que Wall-e est bourré de références mais je ne suis pas sûre dans avoir relevé plus de deux… remarque, c’est sans doute parce qu’il puise sa source dans des vieux films ^^.

Ah oui et ne ratez surtout pas le générique de fin, c’est un petit bijou de délectation visuelle, et l’historienne d’art que je suis l’apprécie d’autant plus…

And soon… Batman ^^.
(Si c’est une daube vous allez m’entendre…)

mardi 5 août 2008

Avant l’hiver – Léa Silhol



Léa Silhol est une auteur que j’aime beaucoup. Ses nouvelles comme ses romans sont des purs morceaux de fantasy, qui utilisent d’anciens mythes, contes ou légendes, pour en faire de nouveaux, le tout dans un style assez poétique qui berce la lecture… Si je devais la rapprocher d’une autre œuvre, ce serait celle de Tanith Lee, définitivement. Elle a un certain goût pour la mise en scène, et ses recueils sont toujours sympas du fait que ce n’est pas juste des accumulations de textes, tout s’accorde dans une certaine harmonie/logique/ligne directrice.

Son dernier ouvrage, Fovéa, m’avait laissé très sceptique : recueil de nouvelles assez particulier, j’ai apprécié les nouvelles (la plupart déjà publiées ailleurs, mais rien que pour le triptyque des millénaires indisponible ailleurs vaut le détour…), pas ce qu’il y avait entre (les jeux, codes et autres m’énervent assez vite quand on ne me donne pas les clés, et je n’ai toujours pas trouvé de solutions en petit caractère pour ceux-ci…).

Bref, avec Avant l’Hiver, je ne savais pas à quoi m’attendre… mais le petit logo Moutons Electriques, additionné au fait qu’il s’agissait d’un recueil lié à la Sève et le Givre et à sa suite, finit par avoir raison de ma carte bancaire… De toute façon, comme d’habitude, c’est un bel ouvrage qui fait plaisir à tenir en main, demi-grand format, illustrations, table des matières et sommaire travaillés, pas juste du texte au kilomètre… et on se demande pourquoi je suis fan des moutons ^^.

Pour le contenu, parce que c’est ça qui nous intéresse, il s’agit donc d’un recueil de nouvelles, qui est à la fois suite et préquelle à ses romans la Sève et le Givre et la Glace et la Nuit (dont on attend la suite avec impatience). Pour ceux qui n’en ont jamais entendu parlé, cela parle de l’histoire d’Angharad, fille d’une dryade et d’un prince de l’hiver, et de Finstern, roi de la 9e cours d’Ombre, en pays féerique dont les règles sont bien différentes du monde mortel… résumé hautement superficiel qui ne rend pas justice à une très belle fresque…

Pour Avant l’Hiver, l’auteur fictif de ce livre est Kelis le barbe qu’on a déjà pu rencontré dans la Glace et la Nuit, qui s’occupe à rassembler des histoires pour en tirer une histoire de Féérie au travers de ses différentes cours. Cela donne un recueil comme Léa Silhol sait en sortir, avec des histoires entre les nouvelles, puisque on trouve aussi le récit de Kelis cherchant à récupérer ses histoires, notamment, et on assiste parfois à des digressions plus importantes que les nouvelles en elles-mêmes… (certaines ont déjà été publiées ailleurs, la plupart sont inédites).

Ca parle de son univers de fées, et à l’image de celui-ci, les nouvelles sont très diversifiées, de la prose à la presque poésie, de l’histoire des Cours à celle de personnages plus inconnus, de récits anecdotiques à ceux de grands évènements… L’ensemble est très agréable à lire, avec dans mon cas une nette préférence pour les deux premières parties, surtout les nouvelles Frost et De l’Or dont sont faits les Ages. L'écriture est comme toujours, Silholienne, on accroche ou pas... perso je sais que je décroche quand ça vire trop poème. Ce sont des textes qu'il faut prendre le temps de lire, pour saisir les rythmes, les couplets et les refrains...

Bref c’est un très bel ouvrage, qu’on paye 25 euros sans regrets, et que je recommande sans regrets, à condition d’avoir lu ses romans se situant dans le même univers, histoire d’avoir les points de repère essentiels… en fait, ça revient à lire le Seigneur des Anneaux : on commence par Bilbo et la trilogie, on lit ensuite le Silmarillion, puis on relit la trilogie… ici c’est pareil… ^^

lundi 4 août 2008

Avedon : Photographies 1946 – 2004

Au Jeu de Paume, charmant petit musée installé en partie dans les locaux du jeu de paume, dans le jardin des Tuileries, il y a des œuvres d’art contemporain bizarres, des expos thématiques mélangeant les genres qui valent parfois le détour, et parfois quelques belles rétrospectives comme celle-ci, qui porte sur un photographe dont j’ignorais l’existence jusqu’à il y a peu : Avedon

(oui, j’aurais au moins appris un truc intéressant dans ces cours de pseudo-photo qu’on avait l’an dernier…)


Autoportrait
Provo, Utah, 20 août 1980


Photographe de mode et portraitiste (d’artistes essentiellement) – s’il a fait franchement autre chose ça ne ressort pas de cette rétrospective, si on omet l’exception de ses portraits-reportages comme In the American West -, c’est un artiste qui attire l’œil parce que ses photos sont à la fois très simples et très riches.

Simples car il travaille souvent sur fond blanc, sans aucun artifice, juste le sujet et le photographe face à face. Riches parce que du coup, ces photos révèlent énormément sur les personnes, juste par leur posture, leur vêture, leurs expressions… bref tous les portraits qu’il a réalisé sont certes, tous sur le même mode, mais aucun ne se ressemble.



Dovima et les éléphants
Robe du soir de Dior, Cirque d'Hiver, Paris, 1955

Les photographies de mode sont un peu différente. Au contraire, elles s’affranchissent du studio de photographe pour prendre place un peu partout dans Paris (cafés, place de la Concorde, Moulin Rouge…), avec des poses très dynamiques, et un coté assez drôle finalement.

Parce qu’on ne peut pas nier l’aspect humoristique de son œuvre… personnellement je me suis souvent surprise à sourire devant ses photos, face aux attitudes, aux situations, aux sous-entendus parfois… c’est assez étonnant comme ces photographies nous parlent, pour une raison ou pour une autre.


Suzy Parker and Robin Tattersall, robe de Dior
Place de la Concorde, Paris, août 1956

La plus belle série reste sans discussion celle de In the American West, portraits du tout un chacun de l’Ouest américain, avec des serveuses, des mineurs, des forains, des SDF… toujours au même format, sur fond blanc, et qui… frappent, marquent, font s’arrêter, que ce soit pour jouer à trouver le métier de la personne (hein Eni ^^) ou méditer sur ce qu’ils sont…


Sandra Bennett, 12 ans
Rocky Ford, Colorado, 23 août 1980.
Photographie extraite de la série In the American West

Bref Avedon est un photographe assez incroyable dont le sujet favori est assez banal : les gens. Et plus que la maîtrise technique, c’est sans aucun doute son travail avec eux, cet échange avec un appareil photo entre les deux, qui est vraiment épatant. Une exposition à voir absolument, moi je meurs d’envie de me payer le catalogue…

dimanche 3 août 2008

Aquarelles, daguerréotype et calotype : les expos du musée d’Orsay

Samedi, comme il était prévu avec Eni, nous nous sommes retrouvées devant le Jeu de Paume pour une journée à caractère culturel hautement élevé. Nous avons marché moult kilomètres dans Paris et visité l’expo Avedon au Jeu de Paume, et les trois expos d’Orsay… Je reviendrais sur Avedon plus tard, qui mérite un article à lui tout seul, voilà pour le musée-gare…

Aquarelles : atelier et plein air



L’aquarelle est un type de peinture dont on parle peu de manière générale. D’ailleurs je me rappelle en cours ne l’avoir abordé qu’en techniques du dessin, c’est dire son statut. Il s’agit d’une peinture à l’eau, comme son nom l’indique, qu’on peut pratiquer un peu n’importe où avec sa petite boite de couleurs, son pinceau et son gobelet d’eau. Pas forcément le genre d’œuvres qu’on expose, d’autant plus que les problèmes de conservation sont généralement les mêmes que pour le dessin si je me souviens bien…

Bref c’est un joli coup de la part du musée d’Orsay que de présenter dans leur galerie d’art graphique des aquarelles. C’est ainsi qu’on se retrouve avec au mur des réalisations de pas mal d’artistes connus qu’on croise habituellement à Orsay : Bonnard, Manet, Jongkind, Boudin, ou encore Signac et Cézanne, plus quelques moins connus mais non moins doués.

L’ensemble, sur deux salles, forme une petite exposition bien sympa, qui fait voyager en bord de mer, en montagne, à l’étranger, et dans la campagne profonde. On a en effet essentiellement affaire à des paysages, et parfois quelques scènes plus pittoresques avec des gens. Chaque artiste a son style bien sûr, et on ne pourra pas ne pas reconnaître un Cézanne d’un Signac, dont les aquarelles sont très typées…

Et comme l’aquarelle est une peinture assez axée sur l’instant, le croquis, on a des scènes croquées, à peine esquissées, parfois inachevées, et toutes en légèreté et transparence, fort agréables à regarder… bref, si vous passez par Orsay, au lieu de vous contenter des impressionnistes, n’hésitez pas à faire un détour par cette galerie avant le 7 septembre, il y a plein de petits trésors à découvrir et à savourer ^^.

Le daguerréotype français



Après les dessins, la galerie photo est un arrêt obligatoire (pour moi) à Orsay, vu que c’est un des rares endroits où on peut profiter de vieilles photos –comprenez datant de la préhistoire de la photo, genre années 1850 -. En ce moment, pour faire une sorte de réponse à la grande expo sur le calotype (voir plus bas), ce sont les daguerréotypes qui sont à l’honneur.

C’est un choix qui me laisse, je l’avoue sceptique, parce que ça donne du coup une vision assez manichéenne des débuts de la photo, avec le daguerréotype en France et le papier en Angleterre, le portrait en France et le paysage en Angleterre, bref c’est assez réducteur, j’espère que ce n’était pas voulu complètement. C’est sans doute le gros défaut de ce choix, et comme je suis assez attentive à ce genre de parti-pris scénographique…

Bref revenons à nos moutons (argentés), le daguerréotypie, objet photographique assez particulier. Oui, un objet, car la spécificité de ce type de photo passe vraiment par le support, un miroir. Ce qu’on assimile à des noirs et des blancs sur l’écran de l’ordi sont en fait des mats et des brillants, et c’est en reflétant du noir (ce qui explique la couleur des salles d’expo sûrement maintenant que j’y pense, ainsi que le travail sur l’éclairage qui pour une fois aide le visiteur au lieu de lui compliquer la vie) que l’on voit l’image. Il suffit de voir un daguerréotype de biais pour voir qu’en fait, il n’y a pas d’image « imprimée » dessus… Je sais pas si c’est très clair.

Toujours est-il que cela donne des images extrêmement précises (avec une loupe on peut se faire plaisir en général), de petite taille, souvent montés dans des cadres assez kitchs. C’est ce qui est intéressant dans cette expo, voir ce que c’est exactement… et accessoirement toutes les manip pour les prises de vue, genre les poses très statiques des gens. Pour le reste, j’avoue que coté contemplation ce n’est pas forcément quelque chose qui fait rêver, surtout que c’est quand même beaucoup des portraits pas toujours passionnants. On trouve quand même quelques jalons de l’histoire de la photo : le fameux « prisonnier » d’Humbert de Mollard, que j’ai mis en illustration, les barricades de la rue de St Maur, première photo à avoir été « reproduite » dans la presse (sous forme de gravure on s’entend…) et quelques autres…

L’image révélée : premières photographies sur papier en Grande Bretagne (1840-1860)



Autre étage d’Orsay, autre univers, celui de la photographie papier. Même époque, mais radicalement différent dans la technique. En effet, ici c’est la technique qu’on connaît actuellement (enfin connaissait serait plus exact), il n’y a guère que le support et les produits chimiques qui ont quelque peu évolué. Pour le reste, il s’agit toujours de prendre une première photo, le négatif, de le faire apparaître par un procédé chimique (le développement), puis de faire un tirage en positif en exposant une feuille de papier sensible au travers de celui-ci (encore une fois je suis pas sûre d’être hyper claire…).

Bref cette expo s’attache à ce qui se faisait avec cette technique, celle du calotype, en Angleterre, dans les années 40 à 60, depuis la mise au point du procédé par Henry Fox Talbot (un des 4 « pères » de la photo, donc). L’esthétique est différente du daguerréotype. Les photos sont moins précises, et beaucoup proches de ce qu’on imagine des premières photos, avec leur teinte un peu sépia (c’est valable surtout parce que ce sont des tirages papier salé qui sont présentés ceci dit…). Personnellement cela me touche plus.

Les sujets sont souvent des bâtiments, des paysages, mais on trouve également quelques portraits ou scènes composées de toutes pièces. Les images les plus intéressantes sont définitivement celles de Talbot et les quelques rares négatifs exposés, qui permettent de voir que dans ce type de photo, l’« œuvre », c’est justement le négatif (cf celui de Benjamin Turner que je mets ici).

C’est une expo intéressante, encore une fois pour la possibilité qu’elle donne de voir de la photo ancienne… après comme dit plus haut, ses parti-pris me laissent un peu sceptique, d’autant plus que le contexte technique est assez occulté au profit de l’esthétique. Normal pour un musée d’art, un peu dommage pour la photo car à l’époque les deux sont en principe indissociables…

Bref comme tout le monde n'est pas aussi exigant que moi, n'hésitez pas, en passant par Orsay, à passer voir toutes ces photos, parce qu'il y en a de très belles, et faites le tour du musée en passant, je crois que y'a des chefs d'oeuvre par là bas (*siffle*), et pour tous les goûts, de la peinture classique pompier aux débuts du fauvisme en passant par des inconnus impressionnistes, des symbolistes, un département art déco sympa et des sculptures chouettes surtout qu'il y a des bancs pour se poser dans ce coin là...