lundi 26 décembre 2011

La morsure de la passion - Michele Hauf


Il y a quelque chose que j’aime beaucoup dans le monde des blogs, c’est qu’on y trouve une émulation propre à vous faire lire des choses très inattendues, y compris du Harlequin bit-lit. La faute à Lhisbei, qui dans sa grande question du lundi, s’interrogeait sur le livre numérique, et proposait pour s’amuser de lire un Harlequin gratuit sur liseuse.

Sauf que n’ayant personnellement pas de liseuse, je me suis contentée de l’écran de mon ordinateur, mais c’est du pareil au même. Ca m’a bien occupé pendant mon trajet de train jeudi dernier, en plus à sept heures du matin c’est pas grave de lire un truc susceptible de faire fondre votre cerveau (par contre j’étais contente que ma voisine dorme au lieu de zieuter mon écran dans certains passages).

La couverture être effrayante, le pitch l’est tout autant. Je vous recopie pour l’occasion le résumé de la 4e de couverture, parce que je ne ferais jamais aussi bien :
Depuis qu’un combat sans fin les oppose, le sang des sorcières est fatal aux vampires. Pourtant, l’un d’entre eux, Nikolaus Drake, a survécu à ce poison mortel. Devenu invincible, il n’a plus qu’une idée en tête : se venger de Ravin Crosse, la sorcière qui a failli le tuer. Mais il est loin de se douter qu’il va se retrouver lié malgré lui à celle qu’il hait le plus au monde. Car, s’étant introduit chez Ravin, il absorbe par mégarde un philtre d’amour qui ne lui était pas destiné… et tombe en quelques secondes amoureux de celle qu’il s’apprêtait à abattre. Pure sorcellerie, simple hasard, ou manœuvre diabolique, il ne connaît pas la cause de l’étrange état dans lequel il est plongé. Ce qu’il sait en revanche, c’est qu’aimer une sorcière est un crime chez les vampires …
C’est toujours rigolo de lire un Harlequin. Oui parce que je n’en suis pas à ma première lecture dans le domaine, j’ai déjà emprunté un Historique et un Royal (ou un truc comme ça, les histoires de princes, ducs et cie quoi) à une copine, et ça valait déjà son pesant de cacahouètes. Et j’ai acheté un Luna (la collection de fantasy d’ Harlequin) un jour, mais c’était un recueil de nouvelles dont une de Tanith Lee, j’ai des excuses…

Ce genre de texte n’est pas à lire tous les jours, mais une fois de temps en temps, c’est incroyablement divertissant car ce sont des intrigues complètement téléphonés, des personnages plus archétypes ce n’est pas possible, et des textes généralement tellement mauvais que ça en devient drôle. On se regarde bien des films nuls juste pour le plaisir, alors pourquoi ne pas faire pareil avec certains livres ?

Bref, que puis-je bien vous dire de ma lecture de la morsure de la passion donc ? Il s’agit d’un roman de la collection Nocturne (bit-lit donc), dont les couvertures font passer les pires horreurs de chez Milady pour des œuvres d’art, et dont les romans en eux-mêmes essayent de conjuguer les stéréotypes du roman sentimental avec ceux de la bit-lit (non ce n’est pas la même chose, je vous jure).

Ce qui explique sans doute que le mâle de cette histoire, Nikolaus, soit un vampire (dont forcément la créature la plus sexy de l’univers), mais aussi neurochirurgien dans son ancienne vie (fantasme de la blouse blanche quand tu nous tiens).

De la même manière, si on regarde d’un peu plus près l’intrigue (ô combien prévisible, à part l’arrivée des loups-garous à la fin, un pur Deus Ex Machina pour conclure au plus vite), on démarre sur la femme indépendante (le modèle de l’héroïne de bit-lit) qui se transforme vite en une petite chose mièvre qui veut fonder une famille (avec un vampire, à croire qu’elle n’a pas lu les histoires d'accouchement dans Twilight cette pauvre fille).

En lisant, je me suis amusée à surligner (c’est l’avantage du numérique) les meilleurs morceaux, et je ne suis pas passée loin de recouvrir des pages entières de jaune, tant certains passages sont hilarants, tous dégoulinants de clichés qu’ils sont, comme par exemple ceci :
Oh oui, il était musclé ! Ses cuisses puissantes étaient enveloppées de cuir noir et sa veste en cuir se tendait sur ses épaules.
Menfin ça c’est les Harlequin, je suis sûre que les auteurs de ce roman ont un cahier des charges très précis à respecter, qui inclut des vêtements en cuir moulant donc, mais aussi les traditionnelles comparaisons angéliques :
C’était un ange aux cheveux noirs et au visage de chérubin qui n’avait sans doute jamais heurté quelqu’un qui tenait à elle.
Je ne commenterai pas la traduction (je présume lourdement ce heurter d’être un « to hurt » en VO), mais rappelons que la demoiselle parle d’un vampire. Ceci dit il faut voir le niveau de l’héroïne quand elle finit par « céder » aux avances de Nikolaus :
Mais il y avait des choses qu’une femme sensée ne refusait jamais : les bouquets de roses, les bijoux hors de prix et les aventures érotiques exceptionnelles.
Ou ma préférée :
Ravin sortit de la salle de bains encore humide et se plongea dans son placard. Elle en tira un jean, puis enfila un slip et un soutien-gorge rose. Le rose n’était pas sa couleur préférée, mais elle avait tiré l’ensemble du tas sans trop savoir pourquoi. C’était… féminin. Et cela lui faisait plaisir.
En fait on pourrait écrire une thèse sur ce paragraphe, mais je préfère encore ne rien dire et que vous vous fassiez votre propre opinion. Et puis sinon cet article va atteindre les deux pages Word et ça serait presque criminel.

Bon en même temps, il ne faut pas trop en demander d’une femme qui s’appelle Ravin. J’ai beau me creuser la cervelle, même prononcé à l’anglais, ça évoque toujours un ravin. Pourquoi pas falaise, faille ou gouffre béant tant qu’on y est ?

Mais il y a quand même un bon point dans cette histoire, c’est tout simplement le personnage du Diable, certainement le personnage le plus travaillé de l’ensemble :
Il en allait toujours ainsi avec le diable : il apparaissait aux créatures sous la forme de leur plus grande tentation. Un homme voyait en lui une femme sublime, une femme un homme irrésistible. Les dernières fois qu’il lui était apparu, il avait pris l’apparence de l’acteur Johnny Depp.
Oui parce que quitte à fantasmer, autant fantasmer grand. Je me suis donc amusée à imaginer la même scène avec David Tennant, c’était fameux (mais je m’égare).

Le plus drôle dans l’affaire c’est que le Diable étant le personnage le plus intelligent de l’histoire, même si l’auteur essaye de faire croire qu’il n’a pas complètement gagné, ne nous leurrons pas, c’est quand même le grand vainqueur de l’histoire, et certainement pas l’Amour !

Que puis-je ajouter d’autre ? Je crois avoir fait le tour du sujet, la Morsure de la passion est un Harlequin, en fait cela suffit en soit à définir l’ouvrage sans partir dans deux pages de critique. En même temps, comment voulez-vous décemment résister à la tentation de le faire ?

Les avis des copains de lecture : Angua, Cédric, Gromovar, Lhisbei, Val

CITRIQ

11 commentaires:

Elysio a dit…

L'ironie est le meilleur bouclier contre la fonte des cerveaux :D Bon j'espère que t'as pas fait cet article pour donner envie d'en lire, mais en tout cas j'ai bien ri \o\

Vert a dit…

Mince, j'ai raté mon coup alors si tu veux pas le lire xD

Roz a dit…

Dans les articles sur les Harlequins & all, ce que je préfère, ce sont les citations !

Merci :p

Endea a dit…

C'est extraordinaire ... et tu m'as fais bien rire.
Moi les Harlequins dans mes années lycées, on changeait les prénoms (en des prénoms de copains) et on leur offrait les romans, xD

Vert a dit…

@Roz
C'est vrai que c'est hyper facile de sortir des perles de ce genre d'ouvrage ^^

@Endea
Je sais pas si j'aurais été flattée d'un tel cadeau xD

Tigger Lilly a dit…

Je plussoie Roz :D

(non mais Ravin ???)

Tigger Lilly a dit…

(elle est tombée dedans ou quoi ???)


Bon d'accord je m'en vais.

Booh a dit…

J'espere que c'est Raven en anglais parce que Ravin... XD

Après, je pense pouvoir confirmer que j'essaierai de ne jamais lire d'Harlequin.

Vert a dit…

@Tigger Lilly
Nooooooon ne me laisse pas seule avec ce livre xD

@Booh
Figure toi que je suis allée voir le site de l'auteur (oui je sais j'ai un sens du devoir incroyable), c'est bien Ravin en anglais. Et il existe même une suite mettant en scène le fils (The Devil to pay).

Lhisbei a dit…

j'ai le même ressenti que toi à la lecture (en même temps il n'y a qu'un seul niveau de lecture possible ...)
la suite a été traduite : http://www.harlequin.fr/index.php/Les-collections/Collection-Nocturne/Les-amants-du-crepuscule.html mais malheureusement elle est indisponible ^^

Vert a dit…

Quel drame :D