dimanche 30 novembre 2014

Les voltigeurs de Gy - Ursula K. Le Guin


Récemment je me suis lancée dans une grande aventure pour me procurer les derniers textes d’Ursula Le Guin qui manquaient à ma collection. Ca m'a demandé quelques quêtes chez les bouquinistes, mais j'ai fini par obtenir tout ce qui m'intéressait. Ne reste plus qu'à lire tout ça, et tant qu'à faire j'ai commencé par le plus petit.

Les voltigeurs de Gy est une nouvelle parue dans Bifrost avant d'être rééditée toute seule aux éditions du Souffle du rêve. On a l'habitude des nouvelles à la pièce en numérique, mais il faut reconnaître qu'un livre de 30 pages, ça a de quoi surprendre. D'ailleurs selon les standards ce n'est même pas un livre, c'est une brochure !

Cette nouvelle nous emmène à la découverte du peuple de Gy, dont la particularité est d'avoir des plumes à la place des poils. Elles jouent un rôle esthétique, social (un enfant apprend à écrire avec une plume qui vient de son père) et pour certains qui subissent une transformation à l'adolescence, elles permettent de voler. Ce sont les voltigeurs (les fameux du titre).

Les voltigeurs de Gy est une de ces visites anthropologiques dont Ursula Le Guin adore nous faire le récit. Ce format d'histoire est tellement typique dans son œuvre que je l'aurais sans doute reconnue sans voir son nom sur la couverture.

On se retrouve donc à la découverte d'une société qui peut sembler à la fois proche et différente, de ses particularités biologiques, ethnologiques, culturelles, et de comment sont perçus les êtres à part que sont les voltigeurs et leur don dangereux, historiquement et à l'heure actuelle. Le tout construit comme une étude, avec même des retranscriptions d’entretiens !

En toute honnêteté c'est loin d'être le texte le plus mémorable d'Ursula Le Guin, mais c'est un texte qui lui ressemble, ce qui en fait déjà une excellente lecture rien que pour le talent qu'elle déploie pour inventer des sociétés extraordinaires dans leur simplicité.

Et puis il évoque le vol, ce vieux rêve de l'humanité avec beaucoup de justesse. La magie du déplacement aérien, ses dangers... Arrivé à la fin de l'histoire, on ne sait pas trop si on doit se ranger du côté de ceux qui volent, ou de ceux qui ne volent pas !

Si l'envie vous prend de découvrir cette nouvelle, vous avez deux solutions : la retrouver dans le Bifrost n°25, ou la commander à l'unité. La maison d'édition du Souffle du rêve a disparu de la circulation, mais on retrouve les livres sur Price Minister (vendus par l'éditeur si je ne m'abuse).

CITRIQ

vendredi 28 novembre 2014

A dance with dragons (A song of ice and fire 5) - George R. R. Martin


C’était au mois d’avril de cette année que j’ai décidé d’enfin rattraper mon retard en me lançant dans la lecture de la saga la plus connue de G.R.R. Martin, Le Trône de fer. Sept mois et quelques 4500 pages (format liseuse) plus tard, je suis enfin à jour.

(comme d’habitude les spoilers sont dans les notes de bas de page)

Ce cinquième tome est assez particulier, puisque c’est en fait le complément du tome 4. Alors que A feast for crows se concentrait principalement sur Westeros (du moins sa région tempérée), A dance with dragons oublie complètement ce secteur géographique pour s’intéresser au Nord et à l’Est de l’autre côté de la mer.

Question chronologie on donc revient au début du tome 4, et on suit les évènements en parallèle avant de les dépasser très légèrement [1], histoire ne de pas laisser trop les lecteurs sur la faim… bien que cette notion soit toute relative avec cet auteur, comprenez bien que vous n’aurez qu’une envie en tête une fois la dernière page tournée : lire la suite !

A dance with dragons m’a donné l’impression de prendre l’air. On sort de l’atmosphère carrément viciée de King’s Landing pour aller retrouver Jon et Daenerys. Bien sûr que ces ceux-là aussi sont enfoncés jusqu’au cou dans les ennuis [2], mais ils ont tous les deux un profil assez classique de héros de fantasy pas forcément prompt aux manigances en tout genre, ce qui fait du bien entre toutes ces araignées venimeuses (mais rassurez-vous y’a aussi ce qu’il faut comme araignées aussi).

J’ai aussi apprécié le côté convergence de ce volume. Même si comme d’habitude on a une dizaine d’intrigues parallèles, elles se croisent et se lient plus qu’on n’en avait l’habitude jusque-là. Si les cas de rendez-vous manqués ou de « prenons le chemin le plus court pour ne jamais arriver à destination » [3] sont comme toujours présents, j’ai noté quelques cas de retrouvailles réussies !

De manière générale l’intrigue se divise d’ailleurs en deux zones géographiques, et à quelques exceptions près [4], tout ce qui se déroule à l’intérieur de chaque zone fait partie d’une intrigue générale [5]. Du coup même si ce tome est à l’image du 4, un tome de mise en place (avant le 6 qui devrait envoyer du lourd), l’intrigue semble avancer bien plus par ce procédé.

Cependant n'allez pas imaginer une balade tranquille, l'auteur sait ménager quelques surprises. Quelques nouveaux points de vue font leur apparition déjà (avec des titres mystérieux qui induisent parfois en erreur). Et niveau histoire, on en apprend quelques belles. On pourrait penser qu'à ce stade, on a déjà tous les principaux éléments en main, et bah non, G.R.R Martin a quelques pièces surprises en réserve [6] qui ont ou vont bouleverser le champ de bataille.

Bref à tout point de vue, A dance with dragons est une lecture très plaisante. Même si les grandes sagas de fantasy ne sont plus du tout ma came, je suis obligée de tirer mon chapeau à l'auteur : A song of ice and fire est un sacré morceau de fantasy, taillé au millimètre près, orchestré avec un tel talent qu'on ne peut que s'incliner tellement c'est bien fichu.

Me voilà donc dorénavant à jour dans la saga, du moins pour son support papier. Je vais donc enfin pouvoir discuter et lire des articles sur le sujet sans mes œillères à spoiler. Ceci dit elles n'ont pas été d'une grande efficacité, vu qu'à part quelques exceptions [7], j'avais eu vent de pas mal d'évènements majeurs. Mais ça n'arrivera plus, pour The Winds of Winter, je serais dans les starting blocks !

CITRIQ


SPOILERS


[1] L’occasion donc de retrouver brièvement Cersei (et pour la première fois j'ai même eu de l'empathie pour le personnage), Jaime (qui va droit dans les ennuis) et Arya (je me demande bien ce qu'elle va devenir elle, et surtout comment son histoire va se rattacher à l'intrigue générale), par contre Sansa brille par son absence, j’imagine que G.R.R Martin nous en prépare des belles pour la suite de son histoire…

[2] Forcément, ils ont tous les deux de trop bonnes intentions, comment voulez-vous qu’on ne finisse pas par les poignarder dans le dos (métaphoriquement ou réellement selon la personne d’ailleurs…) ?

[3] Mention spéciale à Tyrion dont le chemin semblait pourtant clairement et simplement tracé, et qui passe à un cheveu de son but...

[4] Bran fait un peu bande à part, quoique qu'on puisse soupçonner sa présence ici et là... je suis vraiment curieuse de voir ce que ce personnage va devenir, il a (avec Arya dans une moindre mesure) le parcours le plus étrange et le plus magique parmi tous les protagonistes.

[5] Théon, Asha, Stannis et Jon Snow voient leurs destins se croiser, tandis que de l’autre côté de la mer, tout le monde semble chercher à rejoindre Daenerys d’une façon ou d’une autre.

[6] Le plus évident est bien évidemment le jeune Aegon Targaryen, mais de manière générale ce tome-ci semble adorer semer de partout des morts qui ne sont pas morts comme Mance Rayder (enfin à la fin du livre son destin est un peu flou) ou le mystérieux nouveau chevalier de la Garde Royale (The Mountain serait-il de retour ?). Ca semble plutôt prometteur pour ce pauvre Jon Snow, non ?

[7] La mort de Joffrey est de loin l'évènement qui m'a le plus surpris sur l'ensemble de la série !

mercredi 26 novembre 2014

Hunger Games - La Révolte : Partie 1 – Francis Lawrence

 
Lors de la sortie du précédent opus au cinéma, je râlais déjà par avance de ce final coupé en deux où on allait s’ennuyer ferme pendant deux heures… je suis forcément d’avouer que je me suis complètement trompée !

Dans ce troisième volet, on retrouve donc Katniss, rescapée de la dernière édition des Jeux de la Faim, qui a été sauvée, ainsi que quelques uns de ses compagnons, par le mystérieux District 13 où sa mère, sa sœur et Gale ont pu trouver refuge. Tout irait pour le mieux si Peeta n’était pas prisonnier du Capitole. Katniss accepte donc de devenir le visage de la révolte, à condition que Peeta soit libéré…


C’est assez marrant parce que je garde souvenir d’un livre qui m’avait profondément ennuyée à part pour son dernier tiers, mais le film au contraire m’a passionnée. Comme toujours, je pense que cela tient au fait qu’on sort de la tête de Katniss (ce qui permet d’avoir une meilleure vue d’ensemble), mais j’ai aussi trouvé que l’intrigue se déployait beaucoup mieux, à tel point que je trouve la division en deux volets tout à fait justifiée.

Cela tient au sujet en lui-même : cette première partie est en fait le récit d’une guerre médiatique, avec le Capitole et le District 13 qui s’affrontent plus souvent par vidéo interposée que sur le terrain (le film comprend environ deux explosions et demi, elles sont dans la bande annonce !).

C’est un sujet ô combien d’actualité, et quel meilleur médium que le cinéma pour en rendre compte ? On assiste au tournage des films de propagande, on suit les discussions des spécialistes de la communication, on observe comment Katniss est envoyée à droite à gauche (et souvent manipulée) pour produire LE clip qui va embraser les foules. Mine de rien même si on reste dans un film de divertissement, toutes ces séquences font réfléchir.


Du coup c’est un film qui peut surprendre, parce que contre toute attente, on est plus dans la psychologie que dans l’action. On découvre une Katniss qui commence franchement à perdre pied (c’est moins flagrant que dans le livre mais c’est perceptible tout de même), entourée de personnes dont les intentions peuvent parfois être discutables.

D’ailleurs les dialogues sont assez savoureux, et quand on connaît la fin de l’histoire, y’a plein d’allusions sympathiques de temps en temps sur ce qui va suivre, ça donne une petite valeur ajoutée à cette adaptation.

Vous l’aurez donc compris, j’ai beaucoup aimé ce Hunger Games vol. 3 épisode 1, c’est vraiment une chouette adaptation. Et puis c’est un peu l’exception qui confirme la règle : Hunger Games est une des rares adaptation qui non seulement rend compte assez fidèlement du livre, mais réussit même à l’améliorer !

Bon maintenant il n’y a plus qu’à attendre un an pour la suite (sans aucun doute riche en explosions cette fois-ci), en espérant qu’ils ne sabotent pas la fin (oui je me méfierais jusqu'au bout...).

lundi 24 novembre 2014

Peut-on voyager dans le temps ? - Gabriel Chardin


Histoire de bien commencer son challenge, Lune a organisé un concours, et coup de chance, j'ai remporté ce livre, un essai sur la possibilité du voyage dans le temps. Comme ça me semblait le point d'entrée idéal à ce challenge, je l'ai lu immédiatement. Bon au final, ce ne sera que ma cinquième participation, mais sur un tel sujet, la présence de perturbations et de décalages spatio-temporels n'a rien de très surprenant !

Peut-on voyager dans le temps ?, comme son titre l'indique si bien, cherche à déterminer s'il est possible, avec nos connaissance actuelles, de voyager dans la quatrième dimension. L'auteur commence donc par définir clairement ce qu'est le temps (Et vous savez quoi ? C'est très compliqué !), explore quelques pistes possibles de méthode de voyage temporel, avant de parler de ce que la recherche a déjà démontré dans le domaine.

On est plutôt dans le texte de vulgarisation scientifique, mais plutôt sur le haut de l'échelle parce qu'on touche au domaine de la physique. Sans vouloir m'avancer, une certaine passion pour le sujet et/ou un cursus scientifique me semble le minimum pour ne pas se noyer dans les informations (et encore...).

Comme beaucoup de choses en physique, il n'est pas toujours facile de vraiment comprendre de quoi nous parle l'auteur (on est quand même plus sur du modèle théorique et des hypothèses que sur du cas pratique), même s'il fait tout pour le rendre limpide avec des explications claires.

Du coup ce petit livre se lit très bien et plutôt vite, je suis sortie de ma lecture avec l'impression de ne pas avoir retenu grand chose, si ce n'est que ce n'est pas demain la veille qu'on construira une machine à voyager dans le temps (et que pratiquer la téléportation à la Star Trek risque d'être très compliqué également au niveau éthique).

S'il y a une morale à cette histoire, je crois bien que c'est la suivante : si certains sujets sont aussi passionnants à suivre dans le monde des sciences que dans l'imaginaire science-fictif, le voyage dans le temps est beaucoup plus fun lorsqu'on n'essaye surtout pas de comprendre comment ça marche (ou si ça peut marcher) !

CITRIQ

samedi 22 novembre 2014

Les voleurs de rêve - Steve Lyons



Dans le monde des romans dérivés, vous avez trois solutions : les ignorer, tous les acheter par esprit de collectionneur, ou approche intermédiaire légèrement plus satisfaisant, les sélectionner. On peut pratiquer la sélection à l’auteur, au pitch, ou bien plus efficace, à la recommandation des amis. C’est ce qui est arrivé pour ce roman-ci, et je ne le regrette absolument pas.

Les voleurs de rêves met en scène le neuvième Doctor (dont c’est le seul roman arrivé en France, remarquez c’est mieux que le dixième si je ne m’abuse) qui voyage en compagnie de Rose et de Jack (autre fait remarquable, je doute qu’on le croise souvent à part dans les romans Torchwood). Et alors qu’il a promis des frites à Rose (un classique, et sinon je suis pas du tout d’humeur parenthèses), il emmène ses compagnons dans le futur, sur une planète colonisée par des terriens, où les frites sont bleues et molles.

Et ce n’est pas le seul problème, sans quoi on aurait bien du mal à en faire un roman ! Très vite, nos trois héros (forcément séparés par les événements) découvrent une sorte de dictature de l’esprit qui frappe les habitants : sur cette planète, utiliser la fiction et le mensonge sont prescrits, sous peine d’être envoyé dans la grande maison blanche (l'asile quoi).

Interdire la fiction, en voilà une idée intéressante : la télévision qui tourne en permanence ne diffuse que des documentaires et des émissions d’information, et les publicités sont obligées d’être exactes, ce qui donne un résultat hilarant :
On y voyait une boite de pâte dentifrice à côté du slogan suivant : « Pas aussi efficace que le leader du marché, mais un peu moins cher ».
Ce concept de chasse à la fiction est vraiment bien exploité, et cela fait définitivement la saveur de ce roman. En plus l’intrigue est prenante et réserve quelques surprises, et les personnages sont bien dans leur rôle (un Doctor fou, une Rose qui fait ami-ami avec les locaux et finit par se retrouver dans les ennuis, un Jack flamboyant qui fonce dans le tas de façon grandiose -enfin c’est Jack quoi-).

J’ai vraiment beaucoup apprécié la thématique principale et du coup sans être un chef d’œuvre de la littérature, ce roman pas prise de tête mais pas idiot non plus se classe plutôt dans le haut du panier des romans Doctor Who. Si vous vous sentez dans une veine nostalgique de Nine ou de Rose, n’hésitez pas à y jeter un oeil !

CITRIQ

Depuis le début du challenge de Lune, c’est juste mon 5e article sur Doctor, et enfin il se qualifie pour le challenge en indiquant explicitement que nos personnages ont voyagé dans le futur. Il était temps !

jeudi 20 novembre 2014

Hôtel Olympia - Elisabeth Vonarburg


Lorsque j'ai vu que Elisabeth Vonarburg serait présente aux Utopiales, j'ai décidé d'acheter un de ses recueils de nouvelles pour lui faire dédicacer, histoire de surmonter mon échec la dernière fois que j'ai essayé d'en lire. Mais quand j'ai vu son dernier roman tout frais à la librairie, je n'ai pas pu résister, je me suis jetée dessus et je l'ai pour ainsi dire dévoré. Par contre pour le chroniquer, ça a été une autre paire de manche...
« L'Hôtel rêve. »
Dans Hôtel Olympia, l'héroïne semble changer de nom selon qui lui parle : elle est Danika sur ses papiers, Nikai pour ceux qui l'ont connue toute petite, Nika pour son mari. Elle a cinquante ans, elle gagne sa vie comme photographe (des chantiers de fouilles de son archéologue de mari en général), fait de la peinture, vit au Québec mais semble beaucoup voyager. Elle entretient des liens plus que conflictuels avec sa famille.

Mais un beau jour, son père qu'elle n'a pas vu depuis quarante ans débarque chez elle, et lui demande de revenir à l'Hôtel Olympia, en région parisienne, où elle a grandi. L'hôtel est tenu par sa mère, Olympia, mais celle-ci ayant disparu, elle se retrouve bombardée directrice de l'établissement. Elle décide donc de retourner là bas pour résoudre cette absurdité administrative. Sauf qu'une fois arrivée à l'Hôtel Olympia, étrange bâtiment qui « rêve », et dont les habitants semblent ne pas vieillir, la situation se complique, alors que resurgissent ses souvenirs oubliés.

Deux paragraphes de résumé, et pourtant j'ai l'impression d'avoir à peine effleuré le sujet du livre ! Il faut dire qu'Hôtel Olympia n'est pas vraiment un livre qui se prête à l'exercice. A trop le simplifier, on risquerait de lui faire perdre de sa saveur, il faut donc le lire... et le vivre !
« Vous avez déjà vu quelqu'un lire dans le métro, dans un autobus ou dans un lieu public quelconque, n'est-ce pas Nikai ? Comme ils sont dans leur bulle. Ils ne sont pas là. Ils sont dans l'histoire. Ils s'y donnent. Leurs rêves, leurs désirs s'y mirent et, en s'en nourrissant, ils la nourrissent. »
Lorsqu'on a déjà croisé à plusieurs reprises la plume d'Elisabeth Vonarburg, Hôtel Olympia semble un territoire déjà cartographié : l'aura de mystère qui plane sur l'ensemble de la lecture, le goût prononcé pour les lourds secrets de famille, j'y ai retrouvé la même atmosphère que dans Reine de mémoire (d'ailleurs il faudra que je pense à finir ce cycle un jour) et ses autres romans, dans une moindre mesure.

Cependant à tout point de vue, c'est un roman surprenant. Sur plein d'aspects, il vous fera penser à d'autres lectures, mais à chaque fois le parti-pris est très différent. Rien que l'héroïne est assez originale, puisqu'elle a la cinquantaine, ce qui n'est pas la classe d'âge qu'on croise le plus souvent dans les romans à ma connaissance (ou alors je ne lis pas les bons textes !). Et si comme tout héros qui se respecte, elle doit faire la paix avec son passé, elle le fait d'une façon finalement assez simple, et très émouvante.

L'ambiance de l'Hôtel Olympia, avec ses oncles et tantes immuables m'a fait penser à L'Opéra de Sang de Tanith Lee, et pourtant ce n'est pas vraiment ça. L'univers qui s'élabore autour, aussi mythologique qu'onirique, m'a un peu évoqué American Gods de Neil Gaiman, mais là encore dans une forme complètement différente.
« Vous les humains, vous ne savez pas tout, mais on dirait que vous comprenez davantage, parfois. Quand je me serai retrouvée, je saurais beaucoup de choses. Est-ce que ça m'empêchera d'être humaine ? »
Cette différence vient de l'écriture d'Elisabeth Vonarburg, toute en circonvolutions, extrêmement riche. Elle donne à voir beaucoup de choses, mais ne dit jamais clairement les faits, laissant le soin au lecteur de reconstituer le schéma, ou d'attendre que les choses s'éclaircissent (ce qui finit par arriver, je vous rassure, bien que quelques mystères demeurent, et c'est tout aussi bien).

Tout le roman baigne dans une sorte d'atmosphère onirique, sans doute dû au fait qu'il s'agit d'un huis clos qui se déroule dans un bâtiment mouvant (je vous recommande la visite des jardins les nuits où l'hôtel rêve), et peuplé d'êtres sans âge dont on a du mal à déterminer le rôle ou le statut. On s'y perd un peu d'ailleurs, surtout qu'ils sont très nombreux (même si la plupart s'en tiennent à la figuration). L'alternance entre passé et présent joue aussi beaucoup, on change parfois d'époque d'un paragraphe à l'autre (pour accompagner au plus près les flash-backs de Danika qui se souvient).

Etrange, c'est sans doute le qualificatif le plus adapté à Hôtel Olympia, qui est définitivement plus facile à lire qu'à chroniquer. C'est un roman qui ne rentre pas vraiment dans les cases, porté par une très belle écriture qui demande à prendre son temps. Il ravira à coup sûr les amateurs d'histoires de famille, et ceux qui sont fascinés par le pouvoir des mythes et des histoires. Ah oui et quand vous le lirez, attendez-vous à qu'il vous hante encore quelques temps, car c'est le genre de roman qu'on garde en tête, sans pouvoir exactement dire pourquoi.
« Mais elle n'a pas envie, non, elle n'a pas envie de leur raconter. La première fois de Toomas, cette histoire-là, elle l'a tellement caressée que c'est désormais un objet familier, joliment patiné, elle peut le manier avec sérénité. Mais la deuxième fois... La deuxième fois fait encore un peu mal -pas sa conclusion bien sûr, mais tout ce qui l'a précédé. »

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mardi 18 novembre 2014

Interstellar - Christopher Nolan


En ce moment, l'espace est à la mode. La mission Rosetta occupe maintes pages dans les journaux, et cela semble presque logique qu'un an après Gravity, un autre grand réalisateur nous propose son aventure spatiale. Et vu que c'est signé Christopher Nolan, cela ne peut être que prometteur. En route donc pour Interstellar, parce qu'un voyage vers les étoiles, ça ne se refuse pas ! Inutile de baisser vos visières polarisées par contre, cet article est sans spoiler (sauf pour l'ultime paragraphe que vous pouvez choisir de lire ou non).


Dans un futur proche, la Terre est à l'agonie : des tempêtes de poussière dévastent sans cesse la planète, et il devient de plus en plus difficile de nourrir toute la population. Le seul espoir pour les humains, c'est l'exil vers une autre planète. C'est pourquoi Cooper, un ancien pilote de la NASA, va partir vers une destination lointaine dans l'espoir de trouver une nouvelle terre d'accueil.

Je reste volontairement vague dans ma présentation. C'est à peu près ce que je savais en entrant dans la salle de cinéma, et j'ai trouvé très agréable de découvrir l'intrigue en salle, et non en regardant les bandes-annonces !


L’histoire est loin d'être aussi tordue que ce à quoi Nolan a pu nous habituer, mais rassurez-vous elle est loin d'être simplement linéaire, notamment parce qu'elle se déroule simultanément dans l'espace et sur Terre (alors que les années ne défilent pas à la même vitesse pour tous).

En toute honnêteté ce n'est pas l'intrigue du siècle : la première partie met un peu longtemps à se mettre en place (malgré quelques gros raccourcis) et les retournements scénaristiques sont assez prévisibles (surtout quand on a tendance à lire beaucoup de SF). D'ailleurs on sent clairement l'hommage à 2001, Odyssée de l'espace et autres films dans le même genre, ce qui expliquerait son côté un peu « réchauffé ».


Néanmoins on se laisse naturellement emporter par l'ambiance du film : d'un côté la vision de cette Terre à l'agonie (encore très verte à cause de son retour à l'agriculture mais on se doute bien que c'est le dernier sursaut avant la mort), de l'autre l'espace, immense et dangereux. Et la deuxième partie, qui monte en tension, se révèle extrêmement prenante.

J'ai été surpris de trouver assez peu des « tics » de Christopher Nolan dans ce film. Sur ces derniers films, aussi magistraux soit-ils, j'avais un peu l'impression de voir toujours les mêmes ambiances, les mêmes têtes, les mêmes façons de raconter... ce qui est un peu ennuyeux à force (sauf chez Wes Anderson, où là ça contribue au délire personnel).

Là pour le coup on a vraiment du changement, rien que dans le casting (sauf pour Michael Caine) ou même dans l'atmosphère générale. C'est rafraîchissant et ça fait du bien.


Du coup on pardonnera sans peine le démarrage un peu longuet, les incohérences technologiques ou certains personnages un peu clichés, surtout qu'au final on ne voit pas vraiment passer les presque trois heures que durent le film. Car il n'y a pas tant de films qui traitent (correctement) de l'exploration spatiale, et celui-ci parle tout à fait au désir fondamental d'aller vers les étoiles qui nous habite tous un peu.

Même s'il est loin de m'avoir autant marqué que Gravity (ça aurait pu être un excellent titre alternatif pour Interstellar d'ailleurs !), j'ai bien apprécié ma séance de cinéma : sans être mémorable, c'est un film qui fait voyager et qui nous tire vers le haut, idéal pour combattre la morosité de l'automne !

Parce que (surlignez surlignez pour en savoir plus) le héros voyage à travers la quatrième dimension pour boucler la boucle, d'ailleurs je me demande si c'est pas de voir ce logo sur le blog d'un collègue qui m'a fait deviné assez vite la fin... en même temps quand on commence à parler de trous de vers et de relativité, le voyage dans le temps n'est jamais loin !



dimanche 16 novembre 2014

Barrière mentale et autres intelligences - Poul Anderson


C’est sans doute inspirée par la thématique des Utopiales que je me suis lancée dans la lecture de ce roman, et grand bien m’en appris, tant la lecture en a été plaisante ! Décidément, plus je lis ses écrits, plus j’adore ce que fait Poul Anderson !

Barrière mentale est un court roman qui explore un postulat très simple : que se passerait-il si l’intelligence de tous les êtres vivants, suite à un étrange phénomène cosmique, se mettait à augmenter démesurément ? A priori, on peut n’y voir que du positif, mais c’est sans compter avec la nature humaine (et animale !).

En effet, allez demander à un ouvrier de continuer à accomplir son travail éreintant lorsqu’il pourrait écrire une thèse, ou à un cochon désormais beaucoup plus conscient de lui-même de continuer d’être engraissé pour nourrir les humains, cela vous donne une petite idée des problèmes qui peuvent se poser.

Cependant tout n’est pas noir dans l’affaire : la science fait un fantastique bond en avant, la communication entre les personnes s’améliore de façon extraordinaire, et des idiots qui auparavant vivaient refermés sur eux-mêmes ont enfin la possibilité de devenir des personnes « normales ».

Tout le roman repose donc sur cette ambivalence, Poul Anderson semblant prendre grand plaisir à montrer les bons comme les mauvais côtés de cet évènement, en multipliant les personnages (la femme au foyer, le scientifique, l’idiot du village, etc.).

Du coup il arrive à donner un aperçu très global de son sujet, tout en maintenant l’équilibre entre jargon scientifique et exploration de la psyché des personnages. C’est donc très plaisant à lire, je dirais même que c’est passionnant.

Le seul défaut du roman est évoqué par Jean-Daniel Brèque dans la préface : 200 pages, c’est trop peu pour faire le tour de la question, mais c’était les standards de l’époque. On termine donc la lecture certes sous le charme, mais avec encore un creux pour le dessert !

Heureusement, cette nouvelle édition du Bélial propose en guise de digestif trois nouvelles qui tournent autour de la question de l’intelligence :

- Les arriérés, nouvelle humoristique qui amène à réfléchir sur l’intelligence potentielle de visiteurs extra-terrestres (voilà qui plairait à A. Astier) ;
- Technique de survie, encore un texte humoristique aussi court que délicieux qui amène à réfléchir cette fois-ci sur les capacités d’adaptation des voyageurs temporels ;
- Terrien, prends garde !, histoire bien plus sérieuse qui se penche sur le destin d’un homme télépathe qui prend conscience qu’il n’est pas humain. Pas forcément très joyeux, mais fort intéressant.

L’ouvrage se termine sur une postface scientifique vient ensuite apporter quelques éclairages sur Barrière mentale. Il s’agit d’une très chouette initiative, très agréable à lire, à l’image de celle qui concluait le roman Tau Zéro. Comme toujours au Bélial, c’est un vrai plaisir de lire un livre aussi peaufiné à l’intérieur qu’à l’extérieur (la couverture signée Manchu est magnifique).

Autant dire que j’ai L’épée brisée dans le viseur, La patrouille du temps à rattraper, vous n’avez donc pas fini de m’entendre parler de Poul Anderson !
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Pour Technique de survie, une nouvelle humoristique qui a un petit air de roman de Connie Willis, mais comme elle ne fait que quelques pages, en dire plus serait un crime. Elle a été précédemment publiée dans Histoires à rebours (qui contrairement à ce que son titre laisse penser, ne se consacre pas aux voyages dans le temps mais à l'humour, mais qui parfois arrive à marier les deux visiblement !).

vendredi 14 novembre 2014

Coup de théâtre(s) (théâtre)


Comme j’avais adoré l’adaptation du Tour du monde en quatre-vingt jours par Sébastien Azzopardi et Sacha Danino, je ne pouvais pas laisser passer leur dernière création, Coup de théâtre(s), que l’on peut voir à la Gaité Montparnasse à Paris jusqu’à début janvier.

Coup de théâtre(s), c’est l’histoire d’Ulysse qui alors qu’il pensait prendre sa retraite peinard, à Ithaque, est envoyé en mission à travers le temps pour retrouver la quenouille qu’on a volé aux Moires. Le voilà donc parti pour une traversée des époques… et surtout des genres théâtraux de ces époques.

L’histoire commence sous forme d’une tragédie grecque puis continue sa route en commedia dell'arte, en pièce de Shakespeare, de Molière et ainsi de suite, autant dire qu’on révise ses classiques, mais sur un très ton humoristique, à mi-chemin entre le pastiche et la parodie.

C’est d’ailleurs peut-être la limite de la pièce (autant l’évoquer tout de suite), pour en apprécier toutes les subtilités elle demande un minimum de culture théâtre (surtout quand on commence à toucher aux œuvres de Anton Tchekhov ou de Samuel Beckett). Ca ne veut pas dire que vous ne rirez pas si vous ne connaissez pas, mais de manière générale on rit plus lorsqu’on reconnait (si je me fie à mes voisins).

Ceci dit tout n’est pas que références théâtrales. A l’image du Tour du monde en quatre-vingt jours, Coup de théâtre est un joyeux bazar : petites vannes ici et là qui évoquent l’actualité, chansons improbables, courses poursuites dans tous les sens… Le spectacle dure presque deux heures, et on rigole tout du long (sauf quand on s’inquiète de se prendre un acteur sur la tête, des fois ils font peur à bondir comme ça !).

On ne s’ennuie pas une minute, et on se régale de voir les acteurs, au nombre de sept, changer de rôle comme de chemise (à l’exception d’Ulysse) avec une sacrée aisance, et déplacer les éléments de décor pour créer à chaque fois une autre époque.

Bref c’est une chouette pièce, bien fichue, épatante, hilarante… et si vous y aller d’ici début décembre, vous pouvez facilement avoir une place pour moins de 30 euros juste sous le nez des acteurs. Au prix où est le cinéma à Paris, il ne faut pas se priver !

Et en plus ça fait une participation pour le challenge de Lune, ah que je suis contente d’entrer dans le jeu directement avec un truc improbable !


mercredi 12 novembre 2014

Doctor Who 8x12 - Death in Heaven


Et nous voilà déjà rendu à la fin de cette nouvelle saison. Forcément, c'est un peu triste, ceci dit ça va me permettre de bloguer un peu plus tranquillement. Jusqu'à maintenant, les saisons de Doctor Who que j'ai vu en direct étaient des demi-saisons, une durée raisonnable, mais douze semaines d'affilé à faire des comptes rendus, ça en deviendrait presque une corvée !

En route donc pour le dernier épisode avant Noël, qui sans être aussi bluffant que son prédécesseur, offre une conclusion qui relie tous les fils, et que n'aurait pas renié Russell T. Davies sur certains points. En avant pour les spoilers !


L'ouverture se fait sur le personnage de Clara, qu'on avait laissé en bien mauvaise posture à l'épisode précédent. Qu'à cela ne tienne, elle a déjà rencontré des Cybermen (sûrement à maintes reprises dans le passé du Doctor), elle sauve sa vie en se faisant passer pour lui !

Ce n'est pas comme si on allait vraiment croire à son histoire, mais on appréciera le fait que le générique soit modifié en conséquence : la voilà propulsée au premier rôle, et ce sont ses yeux qui apparaissent !


De son côté le Doctor n'en mène pas large, d'autant plus qu'il est entouré d'humains stupides qui ne pensent qu'à se faire photographiés avec les jolis robots (visiblement ils ont oublié la dernière invasion en date). L'idée n'est pas vraiment neuve, mais c'est toujours piquant de se rappeler qu'à l'heure actuelle, face à une situation, vous avez plus de chance de voir une personne prendre une photo et la poster sur Internet que de faire vraiment quelque chose.

« Bow ties are cool. »
Heureusement, Osgood est là, avec un nœud papillon (une vraie fangirl), ce qui veut dire UNIT, ce qui veut dire Kate Lethbridge-Stewart, bref la cavalerie est arrivée et pour une fois, elle fait preuve d'efficacité ! (c'est pas pour ça que ça leur réussit, mais au moins ils ont essayé !).

Les Cybermen prennent donc la poudre d'escampette, tandis que le Doctor et sa copine Time Lord sont évacués vers un lieu sécurisé (enfin vu comment l'histoire tourne ils auraient mieux fait de prendre un bateau, mais encore une fois... ils ont essayé !).

- In the event of full-scale invasion, an Earth president is inducted immediately, with complete authority over every nation state. There was only one practical candidate.
- That's your answer for everything, isn't it? Vote for an idiot.
- If you say so, Mr President.
Non mais c'est presque triste tout leur plan, parce qu'au moment où ils arrivent enfin à mettre un protocole qui permet au Doctor de faire son boulot tranquillement... il ne sert pas à grand chose parce que l'adversaire est trop fort (et surtout complètement cinglé). Mais ils ont ess... enfin vous avez compris !


Pendant ce temps, il pleut dans les cimetières, ce qui transforme en Cybermen tous les cadavres qui traînaient dans les parages... y compris un certain Danny Pink ! Et heureusement qu'il est là pour sortir Clara de la panade...

- Stories. Stories. Stories. I made them up. Look, ask anybody who knows me. I am an incredible liar.
- Correct.
Il est d'ailleurs assez ironique que Cyber-Danny « reconnaisse » Clara sur ses mensonges. Voilà qui ne contribue pas à créer une bonne ambiance... mais c'est à l'image des personnages principaux, qui pour la plupart passent l'épisode à mentir, ça en devient pratiquement le sujet principal. Du coup ça explique sans doute l'apparence étrange de ce final, qui se repose pas tellement sur l'action mais plutôt sur le relationnel.


Et j'aime bien le côté « nuit des morts-vivants » croisé avec l'apparence métallique des Cybermen, c'est le genre de cocktail improbable qu'on ne trouve que dans Doctor Who. Par contre c'était pas une raison pour déposer Clara en plein milieu d'un cimetière Mr. Pink, à croire que tu veux la tuer !


D'ailleurs en parlant de tuer, Osgood assassinée par Missy quelques minutes plus tard est vraiment un passage horrible. Déjà parce que le personnage nous est sympathique (c'est un peu la fangirl qui est montée en grade quand même, et maligne avec ça), mais surtout parce que c'est purement gratuit et cruel, et qu'on se doute bien qu'il n'y aura aucune potion magique, aucun tour de passe-passe pour qu'elle revienne à la vie (contrairement à Danny où la question se pose jusqu'au bout).

« The control freak and the man who should never be controlled. You'd go to hell, if she asked. And she would. »
La révélation sur le fait que c'est Missy qui a fait en sorte que Clara et le Doctor se rencontrent tombe un peu à plat par contre, en même temps ça n'a rien d'une surprise. Mais il faut reconnaître que ça interroge, pourquoi se donner tant de mal pour aider son meilleur ennemi finalement ?


Et donc retrouvailles dans le cimetière pour Clara, Danny et le Doctor. Danny qui veut que s'arrête la douleur (en même temps, on le comprend, il était peinard et mort jusque-là), Clara qui est prête à tout pour l'aider, y compris y laisser sa vie, et le Doctor qui n'a guère envie de la voir se suicider, mais qui a aussi besoin des infos que Danny ne lui donne pas.
« I had a friend once. We ran together, when I was little. And I thought we were the same. But when we grew up, we weren't. Now, she's trying to tear the world apart, and I can't run fast enough to hold it together. The difference... is this. Pain is a gift. Without the capacity for pain, we can't feel the hurt we inflict. »
Mais comme le fait si bien remarquer Danny :
« This is who the Doctor is. Watch the blood-soaked old general in action. I can't see properly, sir, because this needs activating. If you want to know what's coming, you have to switch... it... on. And didn't all of those beautiful speeches just disappear in the face of a tactical advantage ? »
Et c'est donc Clara qui prend la responsabilité de cet avantage tactique, tout ça pour pas grand chose vu que rien ne peut à priori stopper la pluie de Cybermen. Nous voilà donc aux 2/3 de l'épisode, et ce qu'on constate c'est que le Doctor est bien dans la mouise. C'est là où on ne peut qu'apprécier le Master (enfin Missy maintenant), ça c'est un adversaire de haut niveau !


Qui sait détendre l'atmosphère avec son atterrissage... enfin plus ou moins. Et on découvre enfin le fin mot de l'histoire !

- All of it, just to give me an army ? Well, I don't need one, do I ?
- Armies are for people who think they're right. And nobody thinks they're righter than you ! Give a good man firepower, and he'll never run out of people to kill.
- Why are you doing this ?
- I need you to know we're not so different. I need my friend back.
Cela montre à quel point The Mistress est siphonnée : elle a conçu une armée de Cybermen complètement invicible (elle se nourrit des morts), elle a mis Clara dans les pattes du Doctor pour qu'il soit obligé d'intervenir (du coup est-ce qu'elle est aussi responsable de la mort de Danny ? Mystère...), tout ça pour l'obliger à révéler sa noirceur.

C'est tellement tordu que ça lui ressemble, même s'il lui manque du coup le côté mégalomaniaque qui la caractérise habituellement. Après, comme l'histoire n'a probablement pas pris la direction qu'elle voulait, on ne saura jamais si elle disait la vérité, ou si elle prévoyait encore une entourloupe derrière...

« Thank you ! Thank you so much. I really didn't know. I wasn't sure. You lose sight sometimes. Thank you ! I am NOT a good man ! And I'm not a bad man. I am not a hero. And I'm definitely not a president. And, no, I'm not an officer. Do you know what I am ? »
« I... am... an idiot, with a box and a screwdriver. Passing through, helping out, learning. I don't need an army, I never have, because I've got them. Always them. Because love, it's not an emotion... love is a promise. And HE will NEVER hurt her. »
Et c'est donc finalement Danny, qui a réussi à résister à sa programmation, qui va prendre le contrôle des Cybermen et se sacrifier pour sauver l'humanité. Du coup le Doctor n'a qu'un rôle assez mineur dans cette histoire, si ce n'est qu'il a gardé les yeux ouverts sur tout. Et qu'il a plus ou moins surmonté son interrogation existentiel sur sa place dans l'univers.

Oui je sais tout ça pour ça, mais quand on voit ce que Missy a mis en place pour l'anniversaire de son ami d'enfance, ce n'est guère surprenant qu'il faille au Doctor une saison avec un enchaînement Dalek-Cybermen-Master pour retrouver une stabilité émotionnelle. Ah ces Time Lords, il faut toujours qu'ils en fassent des tonnes.

« 10-0-11-00 by 02. […] The current co-ordinates of Gallifrey. It's returned to it's original location. Didn't you ever think to look ? We can... We can go together. Just you and me, just like the old days. »
C'est assez rigolo parce qu'à l'ère Tennant, on retrouve le même discours, mais tenu par le Doctor (qui était prêt à tout pour rompre sa solitude). Mais le Doctor a évolué.

- If you have ever let this creature live, everything that happened today, is on you. All of it, on YOU. And you're not going to let her live again.
- Clara... all I'm doing is not letting you kill her. I never said I was letting her live.
- Really?
- If that's the only thing that will stop you... yes.
Carrément évolué même, vu qu'il n'hésite même pas une seconde à exécuter sa vieille némésis.

- Say something nice. Please ?
- You win.
- I know.
Et c'est finalement un autre Cyberman rebelle qui l'abat. Ceci dit, comme on a le droit à un effet spécial qui ne ressemble ni à la désintégration version Master, ni aux armes de Cybermen, il est tout à fait possible d'imaginer que Missy s'en est sortie.

Ca serait même tout à fait logique. Si cet épisode résout les énigmes posées en début de saison (qui est la mystérieuse femme ? Qui est vraiment le Doctor ?), je l'ai plus perçu lors de mon 2e visionnage comme une porte ouverte sur la suite. On reverra Missy à n'en point douter !

« Of course ! The Earth's darkest hour and mine. Where else would you be ? »
Petite séquence émotion ensuite avec la réapparition de Kate Stewart en vie (ouf, UNIT va perdurer), sauvée par son Cyber-Dad ! C'est une jolie manière de faire ses adieux au personnage du Brigadier bien après le décès de l'acteur. Et pour avoir fait sa connaissance très récemment dans les saisons du deuxième Doctor, j'en étais toute émue (et tant pis si c'est un gros Deus ex-machina).


Et on remet ça avec la dernière séquence entre Danny et Clara. Je vous avoue que je me doutais que ça se ne terminerait pas par des retrouvailles, puisque la scène semble reprendre le modèle de la fin de Doomsday (limite il ne manque que la musique). Et ça n'aurait pas été logique qu'on n'ait pas la fin de l'histoire pour le gamin.

- Why don't you like hugging, Doctor ?
- Never trust a hug... it's just a way to hide your face.
La scène de fin est juste sublime (et d'une tristesse infinie). Clara (qui n'a pas retrouvé Danny) et le Doctor (qui n'a pas trouvé Gallifrey, Missy lui ayant bien sûr menti), se mentent mutuellement lors de leurs adieux. Cela les met vraiment sur un pied d'égalité, et accessoirement ça montre à quel point ils vont bien ensemble, ces deux manipulateurs ! Sauf que voilà, leurs chemins se séparent...
- Thank you for making me feel special.
- Thank you for exactly the same.
S'il n'y avait pas le post-générique pour ouvrir une autre voie, j'aurais trouvé cette fin très étrange, mais j'aurais applaudi cette séparation qui change de l'ordinaire... En tout cas, visiblement, leurs routes n'ont pas fini de se croiser !

« Doctor ! You know it can't end like that ! Mm ? We need to get this sorted and quickly. She's not all right, you know. And neither are you. I'm coming in. Ah, there you are. I knew I'd get round to you eventually. Now, stop gawping, and tell me... what do you want for Christmas ? »
Et voilà, on n'a plus qu'à attendre Noël pour savoir la suite !

Je n'avais pas vraiment d'attentes sur cet épisode (c'est jamais bon de se faire des films), mais je dois dire qu'il ne ressemble à rien de ce que j'ai pu imaginer. Il n'y a pas vraiment de temps mort mais en même temps on dirait qu'il ne se passe pas grand chose, c'est un peu le fouillis. C'est plaisant à regarder, j'ai trouvé que les relations entre les personnages étaient très bien traitées, et que ça clôturait bien la saison, par contre je ne pense pas qu'il restera dans la catégorie des fins de saisons mémorables.

Le plus perturbant reste pour moi le fait que comme quelques autres épisodes de cette saison, je n'aurais pas été surprise de le trouver dans les saisons signées Russell T. Davies. Y'a plein de petits tics scénaristiques qui m'y font penser. Un peu comme si cette saison réussissait à fusionner les deux styles (ou peut-être que Moffat n'a plus besoin de s'en affranchir autant, allez savoir...).

En tout cas cette saison 8 a été un délice. Moffat a su faire évoluer le format en revenant à plus d'épisodes indépendants, et ce retour aux sources fait très plaisir. Le personnage de Clara a réussi à prendre de l'épaisseur, Capaldi a sauté dans les chaussures du Doctor sans aucun problème et semble avoir fait ça toute sa vie, autant dire que les grandes inquiétudes sur cette saison ont été balayées d'un revers de la main.

J'ai bien aimé qu'on ait l'occasion de revoir tous les méchants mythiques de la série, et qu'on ait du timey-wimey, de l'épisode qui se passe à côté de chez nous (façon RTD), du futur délirant, du qui-fait-peur, de l'historique... enfin bref un peu de tout. Il manque peut-être juste un deuxième vrai épisode historique (autre que celui qui ouvre la saison), mais on aura peut-être l'occasion de se rattraper par la suite.

Quant à l'ouverture vers un retour de Gallifrey proposée par les épisodes du 50e anniversaire, pour le moment on reste encore dans le flou (même si le retour du Master remue un peu les choses), mais ce n'est pas plus mal, ça permet au nouveau Doctor de prendre ses marques. Et puis un truc gros comme ça, j'aimerais autant que ça ne soit pas plié en une saison.

Sur ce je vous donne rendez-vous à Noël pour la suite des aventures, et d'ici-là n'amusez pas des voyages dans le temps (même si c'est la mode !).