mardi 28 juin 2016

Gabriel Knight : Sins of the fathers (20th anniversary edition)


Gabriel Knight est le héros de trois jeux d’aventure parus entre 1993 et 1999. Bien qu’ils ne soient vraiment pas faciles (entre les énigmes tordues et les morts fréquentes dans certains passages), j’avais adoré y jouer car l’histoire et les personnages étaient très bien fichus, avec une ambiance de polar surnaturel. J’avais déjà chroniqué les deux premiers volets ici, et le troisième là.

Récemment, une édition remasterisée du premier jeu est sortie, j’ai donc profité des soldes estivaux sur GOG pour en faire l’acquisition (en fait j’ai acheté un autre jeu pour l’avoir gratuitement mais chut !). Et j’ai replongé immédiatement dans l’ambiance.


Gabriel Knight est un écrivain plus ou moins raté qui tient une librairie à la Nouvelle Orléans (enfin plus précisément il laisse son employée, Grace, la tenir –et il ne la paye même pas !). Lorsqu’il n’est pas occupé à draguer à droite ou à gauche, ou à souffrir d’affreux cauchemars, il s’intéresse aux meurtres vaudous qui se multiplient à la Nouvelle-Orléans pour alimenter son nouveau livre.

Il va donc devoir se documenter, interroger des personnes, ramasser des objets et résoudre nombre d’énigmes pour faire la lumière sur cette histoire, tout en explorant son propre passé (mais je n’en dirais pas plus à ce sujet). Du pur point’n’click donc !


Même sans l’interface modernisée et les graphismes remis au goût du jour, je pense que j’aurais replongé sans peine dans cette aventure car elle est rudement bien écrite et bien documentée, avec une tension qui s’installe doucement au fur et à mesure que les journées passent. Le jeu original était déjà excellent à tout point de vue (y compris le doublage et la musique), l’édition 20e anniversaire permet d’en profiter encore plus.

Le principal changement dans cette nouvelle édition est au niveau des graphismes, revues de fond en comble : si on garde le même genre de perspective, on passe de ça :


A ça :


Les nouveaux décors sont de toute beauté, tout comme les cinématiques (qui avaient déjà de la gueule pour l’époque). Pour les personnages mon jugement est un peu plus réservé, ils sont bien sûr bien plus jolis que lorsqu’ils étaient tout pixélisés, mais leurs mouvements sont très rigides et ils passent un peu trop souvent à travers les murs pour un jeu aussi récent.

Les doublages ont également été refaits. Je regrette un peu la perte des voix originales plutôt classes (Tim Curry, Mark Hamill) mais les nouvelles fonctionnent très bien, je ne me suis d’ailleurs même pas rendue compte au début qu’il ne s’agissait pas des mêmes ! L’excellente bande-originale de Robert Holmes a également été revue, pour un résultat nettement moins « synthé » :

Version 1993 :



Version 2014 :



Côté gameplay presque rien n’a changé, si ce n’est que les différentes commandes ont été remplacées par un bouton unique et qu’on peut désormais faire apparaître les éléments interactifs sans balayer scrupuleusement l’écran à la souris.

Le déroulement du jeu n’a pas tellement changé (il y a juste quelques nouvelles énigmes), mais il a été rendu plus cohérent : les lieux se débloquent lorsqu’ils sont nécessaires, ce qui évite de trop tourner en rond. Le magnétophone qui enregistrait les dialogues est remplacé par un journal où ne sont notées que les informations pertinentes. Et lorsqu’on bloque, il est toujours possible d’ouvrir le module d’aide très bien pensé qui propose différents indices avant de donner franchement la solution.

A noter que cette nouvelle version jeu inclut également le comic d’accompagnement (à lire en cours de partie pour comprendre le background) et des bonus plutôt sympathiques (artworks, interviews des concepteurs et comparaisons entre les deux versions du jeu) qu’on débloque au fur et à mesure de notre progression.


Bref mis à part les graphismes (qui ne sont pas à proprement parler mauvais mais on sait faire mieux je pense !), cette nouvelle édition de Gabriel Knight est une excellente occasion de découvrir ou de redécouvrir un classique du jeu d’aventure. Peut-être même qu’elle ouvrira la porte à un quatrième volet, ceci dit s’il faut rénover le deuxième volet avant, il y a du boulot en perspective !

(Gabriel Knight II étant un excellent jeu d’aventure en matière de scénario, mais qui a la malchance d’être un FMV – un jeu vidéo filmé pour faire simple- avec des acteurs absolument pas convaincants et un doublage français tellement mauvais qu’on a du mal que cela puisse exister).

samedi 25 juin 2016

Légendes de la Garde : Baldwin le brave et autres contes – David Petersen


Légendes de la Garde est une superbe bande-dessinée animalière de fantasy où l’on suit les aventures des membres de la Garde, des souris chargées d’assurer la sécurité du territoire des souris, dans une ambiance résolument médiévale.

J’avais beaucoup aimé les deux premiers tomes (j’en parle ici), le troisième est encore meilleur (bien que je n’ai pas pris le temps de lui rendre l’hommage qu’il méritait), je ne pouvais donc que craquer sur ce nouveau volume, même s’il s’agit plus d’un bonus qu’autre chose.


Baldwin le brave et autres contes est, comme son titre l’indique, un recueil de contes pour enfants mis en scène : on y croise donc quelques héros des précédents volumes avec quelques années de moins, à qui on raconte des histoires qui vont clairement façonner les souris qu’ils vont devenir.

On apprendra donc l’histoire du Rusé tisserand, les actes héroïques de Baldwin le brave, la belle histoire de Thane et Ilsa, la leçon de la vie de Alma la cuisinière et les aventures des trois filles d’Orren, avant de conclure sur une berceuse pour dormir.

On retrouve le style graphique étonnant de David Petersen, avec ici tout un travail pour différencier les différentes histoires aussi bien dans le ton que dans le style de dessin. Le résultat est superbe, tout simplement !


Les histoires en elle-même sont plutôt anecdotiques (surtout quand on a la bonne idée de relire La Hache noir avant, qui est quand même sacrément épique et je regrette vraiment de ne pas l’avoir chroniquer en bonne et due forme), mais ce petit livre de contes est un bonus sympathique qui vient compléter avec plaisir une très belle série. 

Il n’est pas indispensable, mais je pouvais difficilement laisser passer l’occasion de mettre en avant à nouveau cette excellente série, que je vous recommande vivement (en commençant par le début de préférence, même si ce tome-là peut se lire de façon indépendante).


CITRIQ

jeudi 23 juin 2016

Challenges estivaux (bis)

Ah je savais bien qu’il m’en manquait un, je désespérais de le voir pointer le bout de son nez et voilà qu’il débarque à peine ai-je publier mon article sur les challenges de l’été. Il est donc de retour, c’est le…


Challenge Pavé de l’été

  • Petit nom : Il n’en a pas (c’est un pavé, il en impose !)
  • Organisatrice : Brize
  • Durée : Jusqu’au 30 septembre
  • Principe : Lire au moins un pavé, c’est-à-dire un volume de plus de 600 pages (hors annexes, notes, appendices, etc.)
  • Pour s’inscrire : C’est par ici
Pourquoi je signe d’office alors que j’ai déjà plein de challenges sur les bras ? Parce qu’on ne pas lire que des textes courts l’été (n’est-ce pas Monsieur Xapur) déjà. Et aussi parce que ça tombe à pic, j’ai quelques pavés qui attendent une bonne occasion pour sortir de leur étagère, les voilà justement :

  • Wild cards - anthologie dirigée par G.R.R. Martin (686 p.)
  • Montréel - Eric Gauthier (608 p.)
  • Omale 1 – Laurent Genefort (1041 p.)
  • Le nom du vent - Patrick Rothfuss (781 p.)
A ces quatre monstres, il faut ajouter un pavé numérique, Le vaisseau ardent de Jean-Claude Marguerite (1200 pages réparties en deux volumes), à qui il faudra bien que je fasse un sort un jour…

Vous savez quoi ? Ca m’étonnerait que j’arrive à tout lire, mais cela ne m'empêchera pas d'essayer !

lundi 20 juin 2016

Challenges estivaux

L’été arrive (même si la météo a tendance à dire le contraire) et avec lui ce sont les traditionnels challenges estivaux qui refont leur apparition, car quelle meilleure période que l’été pour ce genre d’activité ? Voyons un peu à quoi va ressembler mon programme :

Summer Star Wars - Episode VII : Le réveil du challenge
  • Petit nom : SSW
  • Organisatrice : Lhisbei
  • Durée : Du 21 juin au 23 septembre inclus
  • Principe : Explorer les genres du space opera et du planet opera (romans, BD, séries, films)
  • Pour s’inscrire : C’est par ici

Summer Short Stories of SFFF - Saison 2

  • Petit nom : S4F3
  • Organisateur : Xapur
  • Durée : Du 20 juin au 22 septembre 2016
  • Principe : Lire des livres, anthologies et recueils de nouvelles de SFFF de moins de 350 pages
  • Pour s’inscrire : C’est par là
Ce que je vais lire :

Cette année, j’ai décidé d’être efficace, j’ai donc demandé de l’aide à des spécialistes de l’extermination pour faire des sélections dans ma PàL à lire (actuellement à 25 + 2 livres de bibliothèque).

Pour le Summer Star Wars :



  • Omale 1 – Laurent Genefort (en LC en juillet sur le Cercle d’Atuan, venez nombreux !)
  • Dernières nouvelles de Majipoor – Robert Silverberg
  • Le livre d’or de la science-fiction : Robert Silverberg – Robert Silverberg (enfin j’imagine qu’il contient un peu de space-opera, je serais très déçue dans le cas contraire)
Pour le Summer Short Stories of SFFF : 

  •  Philip K. Dick goes to Hollywood – Léo Henry (124 p.)
  • Le sentiment du fer – Jean-Philippe Jaworski (206 p.)
  • L’œuf du dragon – G.R.R. Martin (174 p.) (comme ça je pourrais enfin le rendre à son propriétaire)
  • Abattoir 5 – Kurt Vonnegut (229 p.)
Et en numérique (il manque définitivement un add-on « ajouter un Dalek » à Calibre !) :

  • Je suis ton ombre – Morgane Caussarieu (288 p. en papier)
  • Mordred – Justine Niogret (165 p. en papier)
  • La danse des étoiles – Spider & Jeanne Robinson (trop long pour le S4F3, mais il fait merveille pour le SSW)
  • Frankenstein ou le Prométhée moderne – Mary Shelley (211 p. en papier)
  • Royaume de vent et de colères - Jean-Laurent Del Socorro (288 p. en papier)
  • L'Étrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde - Robert Louis Stevenson (plus ou moins 100 p. selon les éditions)
Si je tiens mon programme, au mois de septembre j’aurais exterminé une bonne partie de ma PàL (-13). Mais comme j’ai prévu en parallèle de continuer à avancer dans le challenge SFFF & Diversité, ce n’est pas gagné (je manque de livres méga-combo cette année, il va falloir que je corrige cela assez vite…).

vendredi 17 juin 2016

Pillars of Eternity : The White March


Ayant bien apprécié le jeu Pillars of Eternity, je me suis jetée (avec mon retard habituel hein !) sur son extension, The White March, sortie en deux parties en l’été 2015 et l’hiver 2016. Outre les 15-20h de jeu, elle permet de recruter des personnages supplémentaires, d’obtenir de nouvelles armes et de gagner des niveaux supplémentaires… bref c’est une extension tout ce qu’il y a de plus respectable.

Elle ajoute également un certain nombre de modifications au jeu, enfin je crois. Comme mon jeu se met à jour tout seul avec GOG Galaxy, j’ai du mal à déterminer ce qui a été changé par l’extension ou par les patchs… néanmoins j’ai apprécié les changements apportés à la gestion de la forteresse (avec des quêtes personnalisées) et l’apparition des scripts pour les personnages, pas toujours optimisés mais qui évitent de minuter systématiquement tous les combats.

Mis à part ces améliorations diverses et variées, voilà le détail des nouveautés un peu plus visibles :
  • Trois nouveaux personnages à recruter, qui viennent compléter le panel des classes avec un moine, un bandit et une barbare (le moine est une machine à tuer, les autres aussi sans doute mais je ne les ai pas assez joué) ;
  • De nouvelles armes avec des liaisons d’âme, qui ne sont pas améliorables avec des ingrédients mais en accomplissant certaines actions (c’est parfois rigolo, parfois un peu fastidieux, souvent les deux) ;
  • Quelques défis tactiques notamment Le siège de Craägholdt (un des rares lieux où j’ai dû baisser le niveau de difficulté pour arriver à faire plus de deux mètres sans me faire écraser) ;
  • Et bien sûr une grande aventure en deux parties avec sa quête principale, ses quêtes secondaires et ses nouvelles zones à visiter : La Marche blanche.

Si Pillars of Eternity faisait perpétuellement penser à Baldur’s Gate, La Marche blanche évoque Icewind Dale en permanence, notamment par son ambiance. Avec en plus des dialogues qui rappellent Planescape Torment, on a vraiment l’impression d’avoir condensé le meilleur des RPG du début des années 2000.

Côté histoire, on est dans du très classique : notre petit groupe d’aventuriers débarque dans le coin pour reconquérir la Batterie de Durgan, une forteresse naine désertée par ses occupants et réputée maudite, grand poncif qui rappelle aussi bien la Moria de Tolkien que la Tour de Durlag dans Baldur’s Gate, entre autres exemples. Une fois l’endroit remis en état, il faudra en gérer les conséquences, qui occuperont la deuxième partie de l’extension.


Globalement j’ai beaucoup aimé l’histoire plutôt bien menée, qui fait un excellent usage des séquences interactives et qui a su doser avec justesse combats et dialogues. J’ai aussi beaucoup apprécié que les résolutions pacifiques apparaissent de façon plus systématique. Elles ne sont pas toujours faciles à obtenir mais c’est d’autant plus gratifiant pour mon incantatrice qui fait bon usage de ses points d'intelligence et de perception.

Du côté des points négatifs, j’ai surtout peu apprécié les quelques combats un peu difficiles et très tactiques (heureusement facultatifs), d’autant plus qu’ils ne sont pas toujours clairement balisés comme tels. C’est d’ailleurs le seul reproche que j’ai trouvé à cette extension : on a un peu de mal à savoir quand y jouer dans notre progression.


Pour ma part je présume que je l’ai faite un peu tard vu que le jeu n’a cessé de me proposer de relever le niveau de difficulté en entrant dans les différentes zones et que j’ai à peine eu le temps de venir à bout des améliorations d’armes liées. Mais pour M. Vert qui commençait sa découverte du jeu, il s’est retrouvé plusieurs fois dans des quêtes insolvables, ce qui a fini par lui faire abandonner le jeu.

(pour le coup il s’agit de la quête Retour à la cour, ajouté par les patchs, pour laquelle il convient d’attendre un peu pour ne pas se faire rouler dessus alors qu’on n’a aucun avertissement à ce sujet, et qui a un délai d’expiration…)


A part ça je n’ai pas grand reproche à faire, j’ai bien rencontré quelques bugs gênants (notamment des resets de zone déjà visitées), mais je soupçonne un empilement pas très heureux des patchs sur une partie en cours. D’où l’intérêt de multiplier les sauvegardes lorsqu'on a besoin de repartir loin en arrière !

A part cela La Marche blanche est un très bon supplément à un jeu déjà fort chouette. Il améliore l’existant à tout point de vue et prolonge agréablement l’expérience de jeu en attendant la sortie de Torment: Tides of Numenera.

Mon incantatrice en fin de partie (cliquez pour voir le détail). Un jour, je jouerais un personnage maléfique... mais c'est pas pour aujourd'hui !

mardi 14 juin 2016

Les neiges de l’éternel – Claire Krust


Avec les grèves du moment, les trajets en transport en commun sont souvent plus longs, avec une certaine difficulté pour trimballer des gros pavés. J’ai donc ressorti ma liseuse de son tiroir, l’occasion de continuer à faire le ménage dans les livres qui y végétaient depuis un moment…

Me voilà donc partie dans la lecture des Neiges de l’éternel, premier roman d’une jeune autrice française qui nous emporte dans un Japon médiéval imaginaire légèrement fantastique et toujours hivernal.

On y suit les pas d’une jeune fille qui cherche un remède pour son frère malade, après quoi on saute quelques années pour rencontrer un enfant, puis on remonte le temps pour recroiser une personne croisée par la jeune fille, et ainsi de suite, avec à chaque fois des portraits sur le vif des personnages.

La structure est plutôt trouvée : chaque personne a le droit à son histoire, à son moment de vie, mais tous sont liés par des liens plus ou moins forts, si bien qu’on a l’impression à la fin d’avoir reconstituer une sorte de gigantesque puzzle.

C’est l’aspect que j’ai le plus apprécié dans ce roman. A part ça l’atmosphère est sympathique, le côté faux Japon médiéval également, mais je dois avouer qu’il m’a manqué quelque chose de plus pour vraiment m’accrocher.

Une lecture sympathique, mais qui pour moi ne me restera probablement pas longtemps en tête. A noter que la couverture (signée JungShan Chang) est vraiment belle, pour le coup la liseuse gâche tout le plaisir de pouvoir la contempler durant la lecture.

CITRIQ


Item 7 : Lire un livre SFFF se passant en Orient (qu’il soit réel ou fantasmé)
(livre on ne peut plus approprié avec son Japon ancien légèrement fantasmé)

samedi 11 juin 2016

Annihilation – Jeff VanderMeer


Après avoir enfin vaincu La cité des saints et des fous l’été dernier, plus rien ne faisait peur, je me suis donc jetée sur le dernier roman de Jeff VanderMeer traduit en français : Annihilation, le premier tome d’une trilogie d’un genre difficile à qualifier. On me dit dans l’oreillette qu’il s’agit de New Weird, tout s’explique !

A une époque indéterminée, la Zone X est apparue, avec ses mystérieux phénomènes. Onze expéditions ont été envoyées à l’intérieur, mais peu de leurs membres en sont revenus, et rarement intacts. Annihilation suit les pas de la douzième, composée de quatre femmes : une psychologue, une anthropologue, une géomètre et une biologiste, qui raconte l’histoire

A peine la frontière de la Zone X traversée, elles vont vite être confrontées à des phénomènes étranges, et on a très vite l’impression de basculer dans un film d’horreur. Mais un film d’horreur parfois étrangement calme et méticuleux, grâce au récit extrêmement posé et scientifique de la biologiste (qui n’a pas de nom, mais c’est loin d’être la seule étrangeté de ce livre).

Dès les premières pages, Annihilation nous happe grâce à ses mystères, qu’il s’agisse de ceux de la Zone X, forcément très nombreux, mais aussi tous ceux qui entourent l’expédition (ses membres ayant notamment été hypnotisés pour traverser la frontière).

On veut tellement en savoir qu’il est difficile de lâcher ce roman, d’autant plus qu’en avançant, les énigmes s’accumulent et ne se résolvent pas forcément. Cela pourrait être extrêmement frustrant, mais c’est au contraire ce qui fait à mon avis tout le sel de cette lecture : on n’obtient très peu de réponses.

A la place on savoure l’étrangeté de l’endroit, ses sombres secrets, et l’horreur indicible qu’on perçoit ici et là (il y a parfois un air de Lovecraft et cette littérature horrifique des années 20-30), qui m’a d’ailleurs souvent poussé à ne pas lire ce livre avant de me coucher pour ne pas perturber mon sommeil. D’autant plus qu’on n’a aucune certitude quant à l’objectivité du témoignage de la biologiste !

Cette biologiste est d’ailleurs un personnage brillant et très réussi : son journal verse souvent dans l’introspection, ce qui donne l’occasion de faire connaissance avec une personnalité complexe, doté d’une fascination pour la nature qu’on ne peut qu’admirer, et qui ressort très souvent tout au long d’un roman.

Annihilation est donc un excellent roman, qui mise autant sur l’ambiance mais aussi sur son héroïne. Il est court (224 pages) mais cela ne l’empêche pas d’être parfaitement complet et bien équilibré, et il pourrait presque se lire comme un one-shot si on n’avait pas envie d’en savoir plus à la fin. Vivement que la suite de la trilogie du Rempart sud soit traduite !
« C’est ainsi que la folie du monde essaie de vous coloniser : de l’extérieur, en vous forçant à vivre dans sa réalité »

mercredi 8 juin 2016

Les nefs de Pangée – Christian Chavassieux


Sorti à l’automne dernier, Les nefs de Pangée est un roman dont j’ai entendu tellement de bien sur la blogosphère que je l’ai très vite fait rentré dans ma pile à lire. Il m’aura fallu quelques mois pour l’en sortir (il est un poil encombrant pour les transports), mais cela m’a permis de le savourer sans être influencée par les avis des collègues.

Fresque de fantasy en un seul volume (la preuve que c’est possible !), Les nefs de Pangée nous projette dans un monde formé d’un continent unique, la Pangée, et son immense océan hanté par un monstre fabuleux, l’Odalim. Les différentes nations qui habitent le continent maintiennent leur unité en organisant à chaque nouvel âge (tous les 20-25 ans) une chasse à l’Odalim. Le succès ou l’échec de celle-ci détermine la prospérité et la réussite de l’âge à venir.

L’histoire commence alors que la neuvième chasse vient d’échouer dans sa mission. Pour éviter que le continent sombre dans le chaos, la préparation de la dixième chasse commence aussitôt : il faut convaincre les différents peuples, construire une flotte, plus grande que toutes celles jamais envoyées sur l’océan et trouver un commandant digne de ce nom.

Les nefs de Pangée démarre donc assez lentement, et nécessite que l’on s’accroche aux premières pages : il y a beaucoup d’éléments à assimiler (culturels, linguistiques, etc.) et le rythme n’est pas vraiment palpitant. Il faut passer les cent premières pages pour arriver à s’immerger vraiment dans la lecture, alors que la dixième chasse quitte le port.

Après, c’est bien simple, il devient impossible de lâcher le livre tandis qu’on suit en parallèle la course-poursuite sur l’océan et les changements qui adviennent à terre pendant ce temps. J’étais d’ailleurs ravie d’avoir deux heures de train pour pouvoir avancer sans interruption, d’autant plus que le récit réserve quelques très belles surprises.

N’allez cependant pas imaginer un rythme haletant, l’histoire aurait au contraire plutôt tendance à prendre son temps et à adopter plus souvent le rythme d’une chronique historique que celui d’une aventure endiablée (bien que quelques séquences relèvent de ce genre-là). On est sur des échelles de temps parfois très longues, ce qui permet d’apprécier le grand point fort : l’univers.

Christian Chavassieux a réussi à créer avec Pangée un univers complexe, extrêmement détaillé, qui réussit à être étrange, différent à tout à point de vue, ce qui m’a parfois fait penser aux œuvres d’Ursula K. Le Guin, et plus particulièrement à son travail sur La Vallée de l’éternel retour (mais en bien plus accessible).

L’autre aspect intéressant, c’est le sous-texte : Les nefs de Pangée parle de changement et d’évolutions sociétales avec brio, et ne cesse jamais de nous interroger tout au long de la lecture (on est plus dans la SF que dans la fantasy à ce niveau-là).

C’est donc un roman complet à tout point de vue : univers complexe et original, récit prenant et comble du bonheur, tout cela tient en un seul tome, qui ne fait « que » 500 pages, en comptant les annexes.

Un seul regret ? Les annexes justement, formées de différents lexiques sur le monde de Pangée : j’aurais aimé pouvoir m’appuyer dessus durant ma lecture (notamment au niveau du vocabulaire), mais c’est hélas chose impossible sous peine de se spoiler l’intrigue. Je comprends bien cependant qu’il fallait choisir entre l’exhaustivité et l’aide au lecteur, et c’est également fort agréable de les consulter à la fin de sa lecture.

Bref c’est un bien maigre reproche (principalement là pour chicaner un peu), pour le reste Les nefs de Pangée est une excellente lecture, un superbe roman qui je l’espère rejoindra le rang des incontournables du genre tant il est abouti. Sans doute une de mes plus belles découvertes pour 2016 pour le moment.
« Le vrai problème est de savoir ce qu'il adviendra de nous lorsque nous aurons tué le dernier Odalim [...]. Quand nous serons orphelins de notre propre légende, quel sens aura notre existence ? Est-ce que nous n'allons pas retourner cette énergie contre nous ? »
CITRIQ

dimanche 5 juin 2016

Une demi-couronne – Jo Walton



Après Le cercle de Farthing et Hamlet au paradis, Une demi-couronne vient conclure la trilogie du Subtil changement, une uchronie très intéressante qui voit la Grande-Bretagne basculer dans le fascisme après avoir fait la paix avec les Allemands en 1941.

Nous retrouvons une fois de plus l’inspecteur Carmichael, dix ans après les évènements de Hamlet au paradis. Il est à la tête du Guet, équivalent anglais de la Gestapo, où il joue un jeu dangereux à jongler entre ses fonctions officielles et ses activités clandestines. Comme si cela ne suffisait pas, sa pupille, la jeune Elvira, s’apprête à faire son entrée dans le monde et n’a pas son pareil pour s’attirer les ennuis.

Ce troisième volume perd le côté polar qui faisait le charme du premier tome, mais adopte à la place le ton d’un thriller on ne peut plus haletant. J’en étais presque contente d’enchaîner les trains en retard et en grève pour pouvoir le dévorer plus vite !

Cela est dû à son rythme bien sûr, Jo Walton jouant fort bien de la narration alternée entre Carmichael et Elvira pour faire monter la tension. Mais les personnages sont aussi pour beaucoup dans cet attrait : Carmichael est comme toujours un personnage complexe et fascinant, et sa jeune pupille l’est toute autant.

Je crois d’ailleurs que c’est mon héroïne préférée : on s’attache très facilement à ce personnage de jeune débutante issue du bas de l’échelle sociale dont la mentalité évolue au cours de l’intrigue. Elle est extrêmement crédible, tout simplement.

L’autre aspect qui est chouette, c’est le bond dans le temps : les deux précédents tomes mettaient en scène une Angleterre alternative des années 40-50 où les changements n’étaient pas toujours très faciles à saisir. Une demi-couronne nous projette dans les années 60, et pour le coup on sent vraiment le décalage au niveau sociétal.

Le seul reproche que l’on pourrait faire à ce troisième tome est le caractère un peu expéditif de la fin (un peu à l’image des précédents d’ailleurs), comme si l’auteur avait une contrainte de taille et devait se dépêcher de tout boucler.

Cela ne m’a pas vraiment gêné au final, au contraire (ne lisez pas ce qui suit si vous n’avez pas encore terminé ce livre) j’ai apprécié le ton presque trop gentillet. Après trois tomes de noirceur je me suis même rangée de tout cœur avec l'indécrottable optimisme de l'auteur.

Voilà pour la trilogie du Subtil changement, nouvelle occasion de se frotter à l’excellente prose de Jo Walton. A titre personnel je lui préfère Morwenna (plus touchant, mais qui a cependant l'inconvénient de faire plus dans le fan service). Cependant j’ai adoré l’univers qu’elle met en scène, le rythme endiablé et l’écriture toujours très juste… je suis donc ravie de savoir que ses autres romans vont également être traduits en français !

CITRIQ

mercredi 1 juin 2016

Recueil factice – Mai 2016

Grâce aux quelques jours fériés, aux grèves (qui rallongent le temps de transport) et à quelques voyages en train, j’ai pu lire un peu plus ce mois-ci, à tel point que ma PàL a légèrement baissé de niveau ! Mais comme du coup je n’ai pas forcément eu beaucoup de temps à consacrer aux chroniques, le rattrapage se fera en juin !

LIVRES


La ménagerie de papier – Ken Liu

Vert : histoire d’une couleur – Michel Pastoureau

Infinités – Vandana Singh

Hamlet au paradis – Jo Walton

FILMS


Captain America : Civil War - Anthony & Joe Russo
Chronique (v. Batman v. Superman)

Trilogie The Dark Knight – Christopher Nolan
Ce revisionnage m’a été inspiré par Batman v Superman (et aussi parce que M. Vert n’avait jamais vu The Dark Knight), et c’était plutôt plaisant de replonger dans ces films qui ont remis Batman sur le devant de la scène grâce à un ton sérieux mais pas que (les piques de Lucius et Alfred, deux pilliers sans qui Batman ne serait rien, sont toujours aussi plaisantes). Batman Begins reste un film correct malgré quelques grosses ficelles, j’avoue avoir toujours une grande affection pour lui notamment pour l’entraînement « jedi ninja » délivré par Liam Neeson (c’est mon côté fan de Star Wars). The Dark Knight est toujours aussi impressionnant et son Joker toujours aussi terrifiant. Quant à The Dark Knight Rises que j’avais fort peu aimé lors de sa sortie, il s’apprécie mieux avec le recul, notamment pour son histoire qui boucle la boucle (mais qui reste un peu long et fastidieux par certains aspects).

Un jour sans fin – Harold Ramis
Encore une trouvaille sur Netflix qui ne date pas d'hier… Un jour sans fin (ou Groundhog day en VO, un titre un peu moins littéral) offre le plaisir de croiser un Bill Murray encore jeune coincé dans une boucle temporelle et condamné à revivre la même journée. C'est très drôle forcément, mais pas que, notamment quand le personnage commence à déprimer, si bien qu'on se demande comment tout cela va se terminer. Un chouette film, qui a sans doute beaucoup inspiré d’autres œuvres (à commencer par un certain épisode de Stargate qui lui emprunte son titre en VF d’ailleurs).

X-Men : Apocalypse – Bryan Singer
Après le brillant X-Men : Days of future past qui avait réussi à rassembler anciens et modernes pour poser définitivement les bases d'une nouvelle continuité, X-men : Apocalypse continue à exploiter le filon du film de super-héros à la sauce film d'époque. Cette fois-ci nous sommes dans les années 80, et le méchant est un certain Apocalypse, ancien mutant égyptien ayant passé un bon bout de temps sous terre (on se croirait dans Stargate parfois !).
Plutôt chouette visuellement, avec une musique qui dépote (détail ô combien important), X-men : Apocalypse est un bon film de super-héros, simple et efficace, parfois drôle, parfois touchant (j'aime beaucoup que les vrais « héros » soient les méchants un brin torturés des anciens films, à savoir Magneto et Mystique). Peut-être un peu trop porté sur la destruction massive, et sans doute avec trop de personnages pour réussir à tous bien les mettre en valeur, mais on passe un bon moment et on s'amuse à voir réapparaître des éléments des anciens films introduits différemment.

SÉRIES


The Clone Wars – Saison 1
J’avais déjà vu la série animée Clone Wars (totalement grandiloquente mais du coup assez drôle), mais je n’avais jamais eu l’occasion de m’intéresser à sa grande sœur en 3D. C’est désormais chose faite, et je suis ravie de cette première saison : l’animation est belle (sauf peut-être dans les chorégraphies de combat parfois un peu raides), les épisodes sont bien construits avec leurs introductions façon bulletin de nouvelles de la Seconde Guerre mondiale qui permet de rentrer directement dans le vif du sujet, et les intrigues varient et ne mettent pas en scène que des Jedi (même Jar Jar a droit à ses moments de gloire, véridique !). Bref c’est une chouette série jeunesse qui peut plaire aux petits comme aux grands.

Orange is the new black – Saison 1
J’avais beaucoup entendu parler de cette série, j’ai donc fini par visiter cette prison pour femmes à l’atmosphère très particulière, très loin de la dernière fois qu’un film m’avait emmené dans ce genre d’établissement (c’était Ombline). Cela est dû à un registre qui est plutôt celui de la comédie (même si la série sait être sérieuse), on se croirait parfois plus dans un internat que dans une prison ! Cependant les personnages sont bien fichus et cette série sait être addictive : j’ai enchaîné les épisodes sur la fin, ce qui ne m’arrive pas si souvent que cela.

SORTIES


Quelques souvenirs de Rome

Musée de la magie & Musée des automates (Paris)
Nulle sorcière (sinon en automate) et nul rituel vaudou étrange à l’intérieur, ce petit musée situé dans le Marais à Paris retrace l’histoire de la magie et des illusions depuis Jean-Eugène Robert-Houdin, « père de la magie moderne ». Au programme : des automates, des objets et documents retraçant le parcours de quelques grands magiciens, quelques jeux d’optique et un petit spectacle de magie pour finir. Un peu enfantin mais néanmoins délicieux, c’est une visite qui combote à merveille avec la pièce de théâtre Le cercle des illusionnistes.

MUSIQUE

Ce mois-ci sera dans la continuité du précédent, avec encore une musique super-héroïque. Parce que si l’on devait faire un match Batman v. Superman v. Captain America v. X-men, ce serait ces derniers qui gagneraient, et ce dès les premières minutes. Certes John Ottman a l’avantage d’avoir déjà un thème tout prêt, mais toute l’ambiance musicale de ce film est très réussie, des premières minutes dans le passé jusqu’au final.


MENU POUR JUIN

Côté livres, il y aura les chroniques des Nefs de Pangée de Christian Chavassieux, de Une demi-couronne de Jo Walton (comme je ne suis pas en avance autant les inclure dans le récapitulatif de juin) et des Neiges de l’éternel de Claire Krust que je viens de terminer. Et ensuite ? Jeff VanderMeer et son Annihilation si tout va bien.

Côté films je n’ai pas prévu grand-chose, j’espère par contre avancer dans mes séries du moment (Game of Thrones, Penny Dreadful), avancer House of Cards et rattraper les Musketeers (j’ai complètement zappé que ça avait repris).

Pour le reste je compte bien vous faire un compte rendu digne de ce nom de l’extension de Pillars of Eternity (maintenant que j’ai reterminé le jeu), et ça sera déjà pas mal !