jeudi 31 décembre 2009

Writing in the rain (Bilan 2009)

Le titre est un peu mensonger vu que le soleil est de retour, mais hier, quand je suis tombée sur Singing in the rain à la télé, on voyait la même chose par la fenêtre et à la télé (minus Gene Kelly). Je suis d’ailleurs vite tombée sous le charme de ce film très « mise en abîme » sur le cinéma drôle et coloré qui se laisse bien regarder (si on oublie quelques numéros de danse un poil trop longs).



Excusez l’interlude musicale, le but de cette ultime chronique de l’année 2009, est avant tout de faire un petit bilan de l’année. Je voulais reprendre le modèle de l’an dernier, mais sélectionner trois livres/films etc. se révèle assez réducteur, nous improviserons donc.


Travaux en cours

Tout d’abord, je pense que c’est passé inaperçu mais je viens de passer trois jours à déménager les critiques de mon ancien blog sur celui-ci, pour des raisons diverses et variées (gestion des commentaires, images qui avaient disparu, etc.). J’ai fait une sélection bien sûr sinon j’y serais encore, surtout que certaines ressemblent presque à des listes avec un avis en deux lignes.

Comme ça mon « premier » article porte sur l’adaptation de Stardust, c’est beaucoup plus adapté à la Gaiman’s addict que je suis !

Une nouvelle déco est aussi en projet, mais on verra pour 2010 (ou 2011 même, ne soyons pas trop ambitieux !)


Le best-of de l’année

Comme nous sommes dans une bibliothèque (jusqu’à que je me lasse de l’appellation), commençons par parler livres. L’année aura été riche, et n’est pas terminée (technique j’ai encore cinq chroniques sur le feu dans un état plus ou moins avancé).

Si je devais faire une petite synthèse sur la question, je retiendrais d’abord la découverte du Cercle d’Atuan. Ce très chouette forum m’a permis de découvrir le plaisir de prendre son temps pour lire avec les autres, et d’échanger au fur et à mesure. J’ai fait connaissance avec des œuvres que je n’aurais pas forcément lu autrement (Cristal qui songe, La Stratégie Ender pour citer les plus marquants), et accessoirement c’est un vrai plaisir de discuter là-bas.

Sinon, je retiendrais deux auteurs qui continuent à m’épater à chaque lecture, Elisabeth Vonarburg (Tyranaël qui m’a scotché un bon moment) et Jean Philippe Jaworski (même remarque pour Gagner la Guerre), et un auteur que je ne connaissais pas mais qui est franchement épatant : Tim Powers (Sur des mers plus ignorées, les Voies d’Anubis).

Coté cinéma, je retiendrais surtout les films qui me « hantent » encore bien après leur sortie, à savoir The Wrestler de Darren Aronofsky (ne me demandez pas pourquoi, par contre il serait temps que je m’intéresse à ses autres films, hein Silvère ?), Là-haut (faire chialer les gens pendant les dix premières minutes d’un film d’animation, fallait oser et c’est génial), et District Nine (une grande claque, tout simplement).

Max et les Maximonstres n’est pas loin derrière pour son coté doux-amer, et le Concert mérite un lot de consolation vu que son concerto occupe justement une belle place dans ma playlist de favoris. Ceci dit j'attends de voir comment ces deux-là vieillissent.

A part ça, 2009 sera pour moi l’année où j’ai découvert Nolife, une chaine de la télé ADSL (la chaine des geeks et des otakus) qui est la seule que je regarde. Elle ne parle que de jeux vidéo, de trucs japonais et autres loisirs de geeks, et ses émissions sont bien conçues et drôles. Je vous en ferais peut-être l’apologie un jour, en attendant sachez que c’est grâce à la Minute du Geek que j’ai pu expliquer ce que voulait dire « geek » à ma famille, justement.

Accessoirement, c’est la chaine qui diffuse les excellentissimes séries Noob et Flander’s Company, ce qui la rend indispensable (la vie sans Hippolyte et Sparadrap serait beaucoup moins drôle). Bref, abonnez-vous pour soutenir cette chaine unique en son genre et pouvoir regarder sur internet toutes les émissions qu’on a raté et/ou jamais vu.

Quoi d’autre sinon ? Ah oui, le livre VI de Kaamelott est génial (et unique en son genre, lui aussi).

Voilà, j’ai fait le tour de mes incontournables de 2009 (une petite quinzaine, c’est raisonnable), liste terriblement subjective, même que si ça se trouve j’aurais changé d’avis d’ici 2010, à savoir demain (je suis une fille après tout !). Vous noterez que je n’ai cité Neil Gaiman à aucun moment, comme quoi, je ne suis pas SI irrécupérable que ça.

Sur ce, je vous souhaite une bonne année 2010, riche en découvertes de lecture, de séries télé, de cinéma, et en tout ce que vous voulez en général : amour, travail, bonheur, horoscope, gagner au loto, manger un farçon…, je vous laisse compléter la liste, et à l'année prochaine !

samedi 26 décembre 2009

Max et les Maximonstres – Spike Jonze



J’ai découvert très tardivement l’album dont est tiré ce film, en cours de littérature jeunesse il y a trois ans de cela. Il fait parti de ces « jalons » incontournables du domaine, et on le trouve souvent cité de partout (et notamment dans le Dieu dans l’Ombre de Megan Linholm). Il s’est vendu à des millions d’exemplaires mais a été fort critiqué lors de sa sortie en 1963.

A la lecture, je n’ai pas trop compris le pourquoi du scandale, en même temps quand je lis sur internet les avis de certains parents sur certains livres jeunesse, et que j’observe la réaction des enfants (mon filleul, en l’occurrence) qui les lisent, on ne peut que constater que certains ont oublié ce que c’était d’être un enfant.

Spike Jonze, lui, n’a pas oublié, et ça se ressent tout au long de ce film un peu OVNI, qui s’adresse peut-être plus à l’enfant en nous qu’aux enfants tout court.

Max a neuf ans, et c’est un enfant, tout simplement : débordant d’énergie, toujours en manque d’attention et d’affection, il voudrait sa mère pour lui tout seul, que sa sœur joue avec lui, qu’on ne mange pas encore du maïs congelé…

Un soir, il s’enfuit de chez lui, monte dans un bateau et débarque sur une île habité par les Maximonstres, qui font de lui leur Roi. Mais finalement, Max découvrira que être roi n’est pas si simple (et marrant que ça), et finira par rentrer chez lui.

Oui, je vous raconte la fin sans vergogne, mais c’est uniquement la trame de l’album. Là-dessus, le film, s’offre le luxe de développer la vie de Max, son règne sur l’île, les différents monstres qui l’habitent… Et c’est ce qui est à découvrir.

Max et les Maximonstres est un délice de douceur et d’amertume confondues. Ne croyiez pas aller voir juste une jolie histoire toute rose, c’est un film sans concession qui parle de l’enfance dans toute sa complexité : les idées démesurées d’une imagination sans limite, la joie des jeux et découvertes, le besoin d’exister et de se faire remarquer, la difficulté des relations avec la famille et les amis, le besoin d’extérioriser ses émotions (y compris dans une tornade dévastatrice)…

Tout ça se retrouve en Max et dans les monstres, qui sont tous, en fait, des enfants (le meilleur ami, la râleuse, celle qui réfléchit, celui que personne n’écoute) voir une facette de la personnalité de Max. De multiples interprétations sont possibles et chacun se fera la sienne.

L’univers dans lequel évolue Max évoque sans conteste l’enfance et fait rêver : Les Maximonstres sont des créatures cosmopolites mi nounours mi monstres, qui vivent dans des paysages assez dénudés (forêt, plage, désert) et construisent des huttes improbables.

Mais il est aussi sombre et peut surprendre par sa violence. Les Maximonstres restent des monstres, qui pourraient manger Max à tout moment, et leur colère fait peur à voir. Même leurs jeux d’enfants sont extrêmement violents.

On oublie souvent cet aspect là de l’enfance (ou on le refuse), de même qu’on oublie trop souvent que les contes de fées ne se limitent pas juste à la fin heureuse signée Disney. Mais ce film-là rend magnifiquement compte de ce difficile apprentissage de la vie.

Ce n’est peut-être pas autant un film pour enfants (ceci dit je ne vois pas pourquoi ça ne leur plairait pas) qu’un film pour parler de l’enfance, mais en tout cas c’est un beau moment d’émotion.

lundi 21 décembre 2009

Avatar – James Cameron



Le film de l’année, à en juger par la couverture médiatique qui dépasse largement celle de Twilight et Harry Potter réunis. Il contamine jusqu’aux publicités, si bien qu’on ne saura désormais que trop bien que boire du coca-cola zéro est dangereux pour la santé (on risque de se prendre une flèche dans la tronche !).

Mais je commence par le mauvais bout. Avatar est la dernière réalisation au budget astronomique signée par James Cameron. Le film nous emmène sur Pandora, planète jungle où toute la faune et la flore sont atteints de gigantisme, y compris les habitants locaux, les Na’Vis, de grands félins bipèdes bleus. La planète recèle des gisements de minerais qui attirent l’attention des terriens, d’où l’installation d’une colonie, sauf que pour trouver du minerai, il faut déloger les aliens de leurs habitations naturelles.

Par le biais d’avatars (des Na’Vis « fait maison » contrôlés par des humains à distance), les hommes tentent de convaincre les habitants locaux de déménager. C’est dans ce cadre qu’arrive notre héros, Jack Sully, marine paraplégique pour qui l’avatar va lui permettre de retrouver ses jambes. Sauf qu’il va très vite se retrouver coincé entre deux peuples, celui des Na’Vis dans lequel il a appris à vivre, et l’armée à qui il doit obéissance…

Voilà pour le synopsis, et malheureusement, il résume quasi entièrement le film. Avatar a couté dans les 300 millions de dollars, mais il est certain que cet argent n’est pas allé dans le scénario.

Visuellement et techniquement, c’est un très beau film. Les images de synthèse sont magnifiques, que ce soit pour rendre les Na’vis, toute la faune et la flore de la planète, les paysages, etc. Rien à dire là-dessus, c’est à couper le souffle et nul doute qu’en 3D, l’impression doit être encore meilleure.

Le problème, c’est qu’au-delà de cette réussite visuelle, il n’y pas grand-chose, pour un film qui dure pratiquement 3h. L’histoire est simple, trop simple, et manque de tout, à commencer par de vrais personnages, et non pas une galerie de clichés.

Le héros est un héros type américain, militaire, avec un peu de bagou, suivant les ordres mais qui finalement se retourne contre ses chefs. Et c’est tout, sans même l'ombre d'un véritable tiraillement intérieur. Même sa paralysie, qui aurait pu être exploitée, reste franchement anecdotique, et pourtant.

Et face à lui, on a un méchant militaire qui veut tuer tout le monde, et un vil capitaliste qui défend les profits des actionnaires. On a vu plus original, et moins manichéen. Bref un casting qui laisse de marbre, et le fait qu’on ne rentre pas dans les personnages n’aide pas.

Par-dessus le propos écolo est assez creux, sur le mode « vivons en harmonie avec la nature », et l’histoire rappelle les procédés scénaristiques des premiers Stargate (c'est quand même finalement le terrien qui sauve la mise)… et la bataille des ewoks dans le retour du Jedi. Si si, en fait, ce film, c’est la bataille des ewoks géants bleus, avec des moyens techniques plus évolués. Dans l’esprit, c’est pareil !

C’est dommage, parce qu’il y a du potentiel. La culture Na’Vis, création pour le film, aurait pu être intéressante, mais se résume à un peuple de chasseurs en symbiose avec leur environnement (des elfes quoi !). Leur grande taille, par exemple, qui fait vraiment leur étrangeté pour le coup, est vite oubliée et ressort peu à l’écran.

Même leur langue est assez mal employée, en tout cas sans cohérence : un jour ils parlent anglais, un jour non ; même problème pour les sous-titres qui pourraient disparaitre parfois pour rappeler que c'est une langue extra-terrestre (les ewoks sont pas sous-titrés, eux !).

Du grand spectacle pour les amateurs du genre, une prouesse technique (quoique ce soit surtout l'aboutissement d'une technique), sûrement des effets sympas en version 3D (je m'en suis tenue à la 2D personnellement), par contre pour ceux qui aiment la SF intelligente (et les belles histoires complexes), passez votre chemin. Après la grande claque de District 9, Avatar fait un peu léger.

samedi 19 décembre 2009

Le Concert - Radu Mihaileanu



Pas vraiment le film que j’avais prévu d’aller voir, jusqu’à que ma mère m’en fasse l’éloge, et me signale en passant une très belle musique, et une réalisation signée par le même qui a fait Va, vis, et deviens. Il ne m’en fallait pas plus.

Au début, ça fait un peu penser aux Virtuoses, pour le coté comédie sociale et musicale (mais pas comédie musicale, attention, juste une comédie sur la musique !).

Andrei Filipov est un chef d’orchestre talentueux mis à la retraite par le régime soviétique pour avoir refuser de se séparer de ses musiciens juifs. Vingt ans plus, désormais homme de ménage, il intercepte un fax pour le directeur du Bolchoï, proposant au fameux orchestre du Bolchoï de venir donner un concert à Paris, au Châtelet.

Il se lance alors dans un projet fou, remonter son orchestre et l’emmener à Paris en le faisant passer pour le Bolchoï. Le voilà donc installé dans l’ambulance de son ami Sacha (ex violoncelliste, maintenant ambulancier) à faire la tournée de ses anciens musiciens pour les convaincre de reprendre du service.

La première partie du film est placée sous le signe de la franche comédie, avec une bonne dose de parodie (assez juste, je pense, de la situation en Russie), de situations cocasses (entre la location des figurants et les passeports), de répliques qui fusent et d’un français russe plus qu’improbable (« Pouvez-vous m’introduire s’il vous sied ? »)

Cela se poursuit en deuxième partie avec l’improbable orchestre lâché dans Paris qui n’en fait qu’à sa tête (et ne parlons même pas du manager de l’orchestre, Ivan Gavrilov, mémorable).

Seul, au milieu de tout ça, Andrei semble assez imperturbable. Sans doute parce qu’il porte l’autre histoire qui se déploie en deuxième partie, et qui parle de musique, tout simplement, et d’Icare qui a brulé ses ailes en s’approchant trop du soleil (oui, ce soir je suis dans l’image). Ses répliques en mauvais français sont particulièrement émouvantes (et ça n’est pas forcément évident de faire passer l’émotion au travers de phrases parfois pleines de contresens).

Plus sérieuse, cette histoire cachée sous la comédie offre une conclusion tout en beauté avec pratiquement quinze minutes de musique sans interruption et peu de dialogues, un vrai « concert », donc.

Du coup, malgré un début parfois un peu maladroit, le résultat est un bon film. Pas le film du siècle, mais un très bon moment à passer. On rit beaucoup, mais pas uniquement, ce qui marque plus l’esprit du spectateur qu’une simple comédie. Pour preuve, la BO tourne en boucle chez moi depuis que je l’ai vu (merci Deezer). Ah Tchaïkovski… (et Armand Amar, celui-là aussi je l’adore !).

jeudi 17 décembre 2009

L’Imaginarium du Docteur Parnassus – Terry Gilliam



Je me méfie toujours des films de Terry Gilliam. J’ai beau aimé son imagination débordante et son incroyable capacité à créer des univers baroques et déjantés, je trouve toujours ses réalisations un peu bancales, comme s’il manquait quelque chose. Un peu comme si à force de déployer ses images féériques, il en oubliait un peu l’histoire.

Ce qui ne m’empêche pas d’aller systématiquement voir ses films au cinéma, notez la contradiction. Pour celui-ci, l’avis de Tortoise m’a convaincu de me jeter à l’eau.

L’histoire est assez difficile à résumer en quelques lignes, sans tomber dans la vulgarisation. Nous avons d’un coté le Docteur Parnassus, qui tient un étrange spectacle de magie (dirons-nous) dans la roulotte, et de l’autre un certain M. Nick (le Diable, semble-t-il), avec qui il enchaine les paris sur des âmes à sauver.

La petite troupe du docteur se compose de sa fille Valentina (Lily Cole, plus que charmante), de Percy, un nain doté d’une grande gueule, et de Anton, jeune homme qui pince pour la fille citée auparavant. Et puis, vient se joindre à eux un ex-pendu ex-mort, et amnésique par-dessus le marché, Tony.

Alors que Parnassus s’est lancé dans un nouveau pari avec M. Nick, Tony pourrait bien l’aider à le gagner et à garder sa fille… à moins que ce ne soit un piège ?

L’histoire est à la fois très simple, et très compliqué, car si la narration reste assez linéaire (avec quelques flash-back) et semble se reposer sur des thèmes classiques (il y a du Faust là-dedans), la quantité de questions laissées en suspens donne une certaine épaisseur à l’ensemble.

C’est sans doute volontaire, de laisser planer le doute sur tant de choses et de ne pas éclaircir tant d’éléments obscurs (pour le coup un 2e visionnage ne ferait pas de mal), pour un film qui parle de l’imagination et des rêves. C’est loin d’être un domaine limpide en règle générale.

L’Imaginarium du Docteur Parnassus est un beau film, mais il nécessite un effort, car l’exposition est très longue. Gilliam prend son temps pour poser l’histoire, comme s’il avait la vie devant lui, sans être pour autant très clair. Heureusement, la patience du spectateur est ensuite récompensée.

Une fois calé dans son fauteuil, et convaincu de ranger ses questions au placard pour plus tard (après la séance par exemple), on voit le rythme s’accélèrer suffisamment pour qu’on ne s’ennuie pas, et surtout, qu'on en prenne plein la vue.

Visuellement, l’Imaginarium est vraiment très réussi. Les univers imaginés, délicieux et fantasmagoriques à souhait sont un véritable plaisir pour les yeux (et non, je n’en dirais pas plus pour réserver la surprise, mais la forêt qu’on visite en premier offre déjà un bel aperçu).

Et puis la partie dans la « réalité » n’est pas en reste. Dans un Londres glauque qu’on visite rarement, on voit passer une roulotte qui semble sortie d’un autre âge avec ses décors kitchs et ses acteurs en costumes féériques ou mythologiques. Pour le coup, ça a un petit air de Neverwhere (les univers de l’Imaginarium aussi, maintenant que j’y pense).

Ajoutez à ça un vieux fou, une fille avec une tête de princesse de conte de fées qui ne rêve d’une vie normale, et un amnésique au passé trouble qui s’offre le plaisir de changer de tête régulièrement… Oui, Tony, c’est feu Heath Ledger, du coup ses amis (Johnny Depp, Jude Law, Colin Farell), se sont relayés pour le remplacer, ce qui donne un coté encore plus fou à l’ensemble.

Bref cette fantasy urbaine délirante est un plaisir pour les yeux, et s’accompagne aussi d’une musique qui peut vous hanter un moment (la chanson des enfants m'a poursuivi toute la soirée). Un petit tour derrière le miroir de Terry Gilliam, ça ne se refuse pas !

vendredi 11 décembre 2009

Le dernier enchantement (Cycle de Merlin 3) – Mary Stewart



Suite et fin (quoique pas vraiment en fait) de la relecture arthurienne de Mary Stewart, on reprend là où on en était, à l’arrivée d’Arthur sur le trône, et on suit, toujours d’après les souvenirs de notre ami Merlin, les déboires de la légende jusqu’à l’arrivée sur le devant de la scène de Mordred, une quinzaine d’années plus tard.

L’histoire s’arrête là, et le cycle également en français, mais il faut savoir que Mary Stewart a écrit deux romans derrière sur le cycle arthurien, dont un du point de vue de Mordred sur les évènements tragiques qui clotûrent généralement la légende arthurienne. Une fois n’est pas coutume, on n’aura pas l’occasion de jeter un œil à la partie sans doute la plus intéressante.

Parce que bon, Merlin, à force, ça devient longuet. Je ne sais pas si c’est par lassitude, mais s’il est sympa dans sa jeunesse, vieux, il est presque ennuyeux. A part dans les premiers chapitres où il enquête sur l’existence de Mordred, il reste au chaud dans sa chaumière et suit les pérégrinations de loin. C’est normal, c’est dans les textes originaux. Mais du coup le lecteur se sent un poil exclu !

Ceci dit le roman se lit bien, mieux que le tome 2, sans doute parce qu’on y retrouve plus ses marques : la construction de Camelot, la méchante Morgause, la méchante Morgane (pauvre Arthur, il a vraiment de bol avec ses sœurs !), Nimuë la séductrice de Merlin (oh ! une histoire d’amour), le Graal qui passe en faisant coucou de la main…

Et il y a quelques bons passages, comme les échanges entre Merlin et Arthur (notamment sur la relation entre Guenièvre et Bedwyr –ici sorte de Lancelot archaïque-).

Pour ceux qui n’ont jamais mis le nez dans la fantasy arthurienne, c’est un plutôt un bon moyen de commencer dans le domaine. Ca se lit bien, et le mélange légende/« réalité » historique est bien dosé, avec autant d’éléments qui font d'époque (Mithra a un rôle assez important, c’est plutôt original) que d’autres purement tirés des textes (comme les différentes épouses d’Arthur).

Les grands classiques sont déformés juste ce qu’il faut, et l’auteur a fait un gros travail pour synthétiser les différentes sources historiques, apporter sa propre interprétation (la table ronde n’est pas une table !), et offrir un ensemble cohérent (ce qui n’est pas forcément facile, comme intégrer l’épisode de la folie de Merlin à l'histoire).

En plus, à la fin de chaque ouvrage on trouve un résumé de la légende et des commentaires de Mary Stewart sur ses choix sue deux ou trois pages, juste ce qu’il faut pour apprécier son travail sans tomber dans le narcissisme.

Cependant, pour les habitués du genre, ce cycle n’apporte rien de bien nouveau, même s'il a pour lui son ancienneté (plus vieux que les Dames du Lac) et le choix du point de vue de Merlin (et encore ça se retrouve aussi chez Lawhead).

Sans doute parce que sa matière a été énormément reprise par d’autres auteurs. J’ai trouvé quelques similitudes avec le Guenièvre de Nancy McKenzie, notamment. Du coup, ça m’a surtout donné envie de relire d’autres textes, comme les Dames du lac (Marion Zimmer-Bradley) qui peut ennuyer par son féminisme militant, mais qui est quand même plus original dans son point de vue !

mardi 8 décembre 2009

Les petites fées de New York – Martin Millar



Non, je n’ai pas acheté ce roman pour la préface de Neil Gaiman, même si j’avoue que ça m’a légèrement influencée (il est quand même très convaincant quand aux qualités de ce petit bouquin). Heureusement, car la couverture à elle toute seule, elle ne m’aurait pas convaincue.

Certes on peut voir dans ce tissu écossais vert fluo une référence aux deux héroïnes féériques, mais franchement, pour un livre de ce genre, on plagie plutôt le style des couvertures de Pratchett, ça serait bien plus adapté !

Les petites fées de New York (Good Fairies of New York en VO) débute sur l’arrivée inopinée de deux fées écossaises, Heather et Morag, dans l’appartement du pire violoniste de New York. Au lieu de dire bonjour, elles commencent par vomir sur le tapis. Oui, ça commence bien, mais le vomi de fée sent la rose pour les humains, il parait. Le locataire, Dinnie, n’est pas très content, en même temps, il n’est jamais content, en grand frustré de la vie qu’il est.

La suite est assez compliquée, et implique en vrac une révolte des fées, un roi furieux, un alphabet de fleurs celtes, des cambriolages de banque, des écureuils, un général grec, des instruments de musique magiques, beaucoup d’alcool, un fantôme qui cherche sa guitare, une fleur qui passe de main en main, des champignons hallucinogènes, et je suis sûre que j’en oublie en route.

Tout ça se mélange dans une intrigue foisonnante avec des retournements de situation à tous les paragraphes, et des imprévus de partout, qui se succèdent à un rythme fou, à tel point qu’on se demande où tout ça va s’arrêter. C’est donc un roman où on ne s’ennuie jamais, plutôt léger et drôle (quoique non dénué d’un certain cynisme sur la vie new-yorkaise dans certains passages) et qui se dévore en un rien de temps.

On se prend très vite au jeu des péripéties de Morag et de Heather qui sèment le chaos sur leur passage, l’une essayant d’aider le pire violoniste à apprendre à jouer, l’autre aidant une hippie à réaliser son alphabet de fleurs. On se croirait même tombé dans Spirou à New York, quand on voit sortir les fées italiennes et chinoises !

L’humour est surtout un comique de situation et de quiproquo, avec quelques running gag fort amusants, comme les annonces de chaines X à la télé qui ponctuent de manière complètement folle certains dialogues (d’ailleurs j’espère que personne n’a eu la bonne idée de lire par-dessus mon épaule dans le métro, sinon ils n’ont pas dû être déçus du voyage), ou le cas du pavot à trois têtes qui ne reste jamais longtemps dans la même main.

C’est de la très bonne fantasy urbaine qui prend un pur élément de fantasy, les fées, et l’adapte à la sauce moderne en les plongeant dans un monde contemporain qu’elles ne connaissent pas (ou alors très mal), ce qui donne une ambiance avec juste ce qu’il faut d’étrange et juste ce qu’il faut de réalisme.

De même Neverwhere qui m’a permis d’améliorer ma connaissance de Londres et de son métro, j’ai idée que si on met les pieds à New York, on se prendra vite au jeu de repérer les lieux citer dans le roman, et imaginer ce qu’il a pu s’y passer.

Très chouette donc, et pour reprendre les mots de Neil Gaiman, mais pourquoi n’en a encore jamais fait de comédie musicale ?

jeudi 3 décembre 2009

Hero Corp - Saison 1



Je ne pouvais pas décemment parler de Hero Corp sans citer la Flander’s Company qui lui ressemble énormément, ce qui explique sans doute pourquoi cette chronique traine dans le fond du tiroir depuis un bon mois, de cette sympathique série qui pourrait se décrire comme une sorte de jumeau maléfique (enfin bénéfique plutôt) de la Flander’s avec un bon petit air de Kaamelott adapté aux temps modernes (le casting comprend d’ailleurs pas mal d’habitués de Kaamelott).

C’est un peu normal, vu qu’il s’agit d’une série écrite et réalisée par Simon Astier (petit frère du grand Alexandre), qui nous raconte la vie d’une bande de super-héros un peu rouillés mis à la retraite dans un village du fin fond de la Lozère et confrontés soudainement à la réapparition dans leur vie pépère du très méchant vilain pas beau The Lord.

Enfin ça, c’est ce qu’on apprend en voyant le générique (très beau générique façon BD que je vous recommande, à voir ici), mais il faut bien 3 épisodes au héros de l’histoire, John pour découvrir ça, vu qu’il vient juste de débarquer dans la place pour l’enterrement de sa tante (qui n’est pas morte, d’ailleurs). Il avait l’impression d’être juste tombé dans un village de fous furieux, et bien non ! Surtout qu’il est lui-même promis à une beau Destin (la majuscule a son importance).

L’ensemble est bien évidemment une vaste parodie de l’univers de super-héros, qui peut rappeler un peu les Indestructibles, mais en bien plus fondu. Même si on n’atteint pas le niveau de la Flander’s Company, en terme de pouvoirs pourris, de personnages cinglés et d’aventures ubuesques, y’a déjà de quoi se faire plaisir.

Après une phase d’échauffement sur les mystères du village et John qui essaye de fuir par tous les moyens, on s’amuse avec la rencontre de supers-héros tous aussi moisis les uns que les autres, les complots entre villageois, les séances d’entrainement, le travail sur les costumes et les gimmicks. Entre deux, on relèvera la magnifique histoire d’amour de John avec sa « copine » (la seule habitante « normale » du village), à coté de laquelle celle de Bella et Edward passe pour une plaisanterie !

Avec 30 minutes par épisode, cela permet d’avoir une vraie histoire, de bien présenter les différents personnages, et de conclure sur des chutes rigolotes ou des cliffhangers pseudo-haletants. Globalement il y a très peu de retournements non prévisibles, ça fait aussi partie de la parodie à mon avis. D’ailleurs j’attends toujours la révélation de type « je suis ton père », ça ne détonnerait pas dans le paysage.

C’est plutôt sympathique à suivre, même si y’a quelques points pas très cohérents (notamment sur John), et quelques fils laissés en suspens comme s’ils avaient été oubliés en route.

Néanmoins, c’est une série qui se regarde très bien malgré ses (très) rares défauts, et quand on a commencé à plonger dedans, il est difficile de s’arrêter, surtout avec un rythme de plus en plus rapide sur la fin. C’est drôle, plutôt bien ficelé, et on s’attache assez vite à John, héros malgré lui particulièrement doué en répliques sarcastiques.

La série compte 15 épisodes. Les 14 premiers forment l’intrigue principale, tandis que le suivant fait plus introduction à la saison 2 (ça se ressent dans le rythme et les lieux de tournage). D’ailleurs ne le regardez pas avant que celle-ci arrive à la télé, parce que c’est hyper frustrant !

mardi 1 décembre 2009

Cristal qui songe – Theodore Sturgeon


Lecture du mois du Cercle d’Atuan, Cristal qui songe est un tout petit roman, à mi chemin entre la SF et le fantastique (la 4e de couv parle de « l’étrange », c’est tout à fait adapté), qui, du haut de ses 245 pages, se révèle plus riche qu’on ne l’aurait cru.

Il raconte l’histoire d’Horty, étrange enfant qui ne se sépare jamais de son Diable en boite dont les yeux sont des cristaux. Renvoyé de l’école parce qu’il mangeait les fourmis, il fuit ses affreux parents adoptifs et trouve refuge au sein d’un cirque dirigé par le Cannibale, un être étrange qui n’aime personne et qui est obsédé par des étranges cristaux.

Tout au long du livre, avec une écriture efficace qui va droit au but, on suit les traces d’Horty de son enfance à l’âge adulte, parfois directement, parfois par des faits rapportés, l’auteur changeant souvent de point de vue au cours de l’histoire, ce qui permet de semer le doute dans l’esprit du lecteur, et de se poser encore plus de questions.

Car des questions, ce roman en pose beaucoup. Il fourmille en effet de mystères (qui ou qu’est Horty ? Comment réussit-il ces prodiges ? Pourquoi Zena agit-elle comme elle le fait ? Que sont ou font ces cristaux ? Pourquoi le Cannibale serait-il intéressé par Horty ?), dont on ne découvre la solution (ou la vérité) dans les dernières pages. Auparavant, l’auteur prend plaisir à nous égarer parfois dans des impasses, et à glisser quelques allusions par ci par là.

Et surtout, Cristal qui songe interroge sans cesse sur la question de la différence, et de ce qui fait un être humain. Les humains « normaux » de la série semblent tous les plus horribles les uns que les autres (comme Armand Bluett, ou le Cannibale), tandis que les « monstres » (les nains comme Zena, Horty qui mange des fourmis) sont ceux qui font le plus preuve de qualités humaines (avec toutes les notions de compassion et de sympathie que peut sous-entendre l’adjectif).

Certains passages, tout particulièrement ceux concernant Zena (le plus beau personnage du roman) et sa recherche d’« humanité », sont tout simplement poignants, sur le sujet : « L’humanité est un concept familier aux anormaux : à leur grand désespoir, ils s’en sentent en effet tout proches ; ils expriment leur parenté avec elle dans un sanglot de regret et ne cessent jamais de tendre vers elle leurs bras difformes ».

Pour un roman qui date de 1950, Cristal qui songe conserve donc une portée assez universelle, et montre peu de signes de vieillissement à quelques détails près. On peut citer quelques anecdotes rigolotes comme l’emploi du terme geek pour désigner, je cite « quelqu’un qui avale des tas de saleté et qui coupe avec ses dents des têtes de lapins et de poulets vivants ». Le terme a sacrément évolué depuis !

Une lecture fort intéressante, et je ne manquerais point de jeter un œil à son autre chef d’œuvre, les Plus qu’humains, en passant à la bibliothèque.

Avis des autres atuaniens :  Acr0, Arutha, Chimère, El Jc, Kactusss, Olya, Ryuuchan, Spocky, Tigger Lilly, Tortoise