Non mais ne prenez pas la fuite, je vous promets, plus qu’un après celui-là et je m’arrête. Enfin je vous dis ça, je lorgne sur la biographie de Tolkien par Humphrey Carpenter qui me parait un bon complément de sa correspondance, mais je m’égare.
La légende de Sigurd et Gudrún est un texte un peu à part dans la bibliographie de Tolkien, puisqu’à première vue, il n’a rien à voir avec la Terre du Milieu. Ceci dit, toute l’œuvre de Tolkien a un lien avec le Seigneur des Anneaux, et celle-ci ne fait pas exception au final.
J’étais rudement contente d’avoir lu l’Edda juste avant, ça m’a permis de suivre l’histoire avec une relative facilité, puis que la légende de Sigurd et Gudrún est une adaptation de J.R.R. Tolkien de la Völsunga saga, justement brièvement évoquée dans l’Edda.
On reconnait bien Tolkien dans le fait que pour adapter cette légende, plutôt que de faire ça comme tout le monde en prose bien moderne, il essaye de respecter la forme d’origine. On se retrouve donc avec un très long poème à la façon de la poésie norroise (donc avec des règles de métrique et de rime différentes de celles auxquelles on est habitué). Quelque chose de très technique, somme toute.
Cette légende est donc une sorte d’OLNI (objet littéraire non identifié pour ceux qui ne suivraient pas), mais qui se lit finalement assez bien, sans doute parce qu’au-delà de l’écriture elle-même, Tolkien a remanié l’histoire à sa sauce dans certains passages, ce qui permet souvent une plus grande clarté, du moins autant que faire se peut dans cette histoire très complexe.
D’ailleurs parlons-en de l’histoire. Je ne me lancerais certainement pas dans un résumé, pour faire simple il s’agit d’une saga familiale de descendants d’Odin et guerriers de renoms dont la vie est très mouvementée par des histoires d’amour qui finissent mal, des trahisons, des meurtres, un dragon et de l’or maudit.
C’est assez marrant, parce qu’en lisant l’Edda (qui évoque assez rapidement cette histoire), j’avais relevé le lien possible entre l’or maudit et l’Anneau. En lisant la légende de Sigurd et Gudrún, c’est la proximité avec les Enfants de Hurin qui m’a sauté aux yeux.
On y retrouve énormément d’éléments, jusque dans le combat de Sigurd contre le dragon Fafnir qui est vraiment très proche de celui de Turin contre Glaurung. Et l’or maudit également, qui joue son rôle aussi dans cette histoire et finit au fond d’une rivière (décidément, c’est une manie).
Mais si on laisse de côté ces rapprochements littéraires, la Légende de Sigurd et Gudrún est une distraction intéressante. Le format demande une phase d’adaptation (et certains passages restent assez obscurs sans les explications de Christopher Tolkien), mais c’est assez plaisant à lire, car concis et bien rythmé.
Je tiens à saluer au passage la traduction française, particulièrement soignée. La traductrice explique d’ailleurs son travail, elle s’est même limité à des vers de six syllabes pour « faire ressortir la nature poétique de l’œuvre en français ». On sent qu’elle s’est donné du mal, et cela paye puisque bien que VO et VF soient fournies, je me suis contentée de la VF pour cette lecture.
J’avais gardé ce texte pour la fin du challenge, un peu effrayée par son contenu mystérieux, mais finalement l’histoire se laisse bien lire, et offre une porte d’entrée intéressante vers les sagas nordiques, qui valent largement nos mythologiques gréco-romaines en matière d’épique, de romance et autres.
C’est un texte à réserver aux fans ultimes de Tolkien ceci dit, ou aux passionnés de mythologie et de poésie nordique, ça reste quand même quelque chose à part !
Waoh mais alors tu en as lu combien des Tolkien en tout ?
RépondreSupprimerBonjour !
RépondreSupprimerJe me suis permise de faire suivre votre critique à Christine Laferrière qui se réjouit que la traduction vous ait plu. :)
Merci pour cette critique !
@Endea
RépondreSupprimerCa m'en fera une petite vingtaine au final, récap à venir d'ici fin décembre.
@Zelphalya
Merci d'avoir fait suivre ^^