Cette petite novella me faisait de l’œil depuis un moment, du coup quand j’ai acheté l’anthologie des Utopiales, je n’ai pu résister à la prendre avec (histoire d’obtenir l’anthologie Contrepoint dans la foulée, opération commerciale quand tu nous tiens). Et comme j’ai beaucoup apprécié la nouvelle de Nancy Kress dans l’anthologie des Utopiales, je me suis presque jetée sur ce texte derrière.
(Oui je sais cette chronique a un mois de retard, le WTT a un peu la priorité ces derniers temps, en même temps comme j’ai eu la bonne idée de la rédiger dans mon carnet au brouillon, ça ne devrait pas trop se voir, c’est comme si c’était encore frais dans ma tête !)
L’une rêve, l’autre pas (titre mystérieux qui pour le coup attire bien plus l’œil que le Beggars in Spain original) nous emmène dans un futur pas si éloigné que ça, où il est possible de passer commande d’un enfant génétiquement modifié. Et pendant que certains choisissent la couleur des cheveux ou des yeux sur catalogue, un père souhaite avoir une enfant qui ne dort jamais.
Mais par le plus grand des hasards, sa femme se retrouve enceinte non pas de une mais de deux enfants : la fille génétiquement modifiée, comme prévue, et une autre tout à fait normale, qui vont chacune suivre leur voie en grandissant, tandis que le monde réagit petit à petit à l’arrivée de ces « non-dormeurs ».
C’est assez étrange, parce qu’en dépit du fait que l’auteure présente l’abandon du sommeil comme quelque chose d’extrêmement positif (cela donne des enfants plus éveillés, avec de meilleures capacités d’analyse), l’idée m’a horrifiée pendant tout le livre.
Dormir, ce n’est pas uniquement reposer son corps, c’est aussi le moyen de faire une pause dans sa tête, de faire la part des choses, de digérer des évènements, alors ne jamais passer par cet état… brrr ! Il suffit de voir comme on est mal luné quand on ne dort pas assez !
Mais aussi dérangeante que soit cette idée, j’ai adoré la façon dont l’auteur l’utilise pour explorer, une fois encore, la question du rapport à l’Autre, au travers du parcours de Leisha de son plus jeune âge à l’âge adulte (et en pointillés, celui de sa sœur normale, Hélène, qui ne vit pas très bien le fait d’avoir une sœur « spéciale »).
Ironiquement, si bien sûr le rapport à l’Autre domine la novella (l’existence des non-dormeurs est mal acceptée, suscitant haine et reproches), j’ai trouvé que le texte offrait aussi une belle exploration de la famille : les deux filles se construisent autant en fonction de la différence de Leisha qu’en fonction du carcan familiale, pas franchement des plus stables avec ce père qui n’aime que sa fille spéciale, et cette mère qui au contraire ne reconnait que sa fille normale (bonjour le traumatisme !).
Ce que j’ai aimé dans L’une rêve, l’autre pas, outre la pertinence des réflexions (même le système de pensée de Kenzo Yagai est intéressant), c’est l’optimisme du texte. Leisha est une héroïne plutôt positive par nature, et en dépit des drames qui ponctuent l’intrigue, cela fait plaisir de referme le livre sur une note d’espoir, pas non plus complètement bisounours mais encourageante.
Cela en fait un texte touchant, qui à une époque assez morose, fait un bien fou. Cela confirme tout le bien que je pense de Nancy Kress, et je risque fort de continuer à explorer son œuvre, du moins pour ce qui a été traduit en français !
Il a l'air vraiment chouette ce bouquin, tout le modne en dit du bien.
RépondreSupprimerEt à raison je pense ^^
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