mercredi 28 juin 2017

American Gods – Saison 1


Après une gestation plutôt longue, l’adaptation de American Gods a enfin vu le jour sous forme de série télé. En fan inconditionnelle du bouquin, j’avais quelques réserves à son sujet. Pourtant dès le premier épisode, elles ont toutes pris la poudre d’escampette, grâce une adaptation fidèle, enrichissante et qui n’a pas peur d’oser.

Pour ceux qui ne connaissent pas l’excellent roman de Neil Gaiman, posons quelques bases : dans l’Amérique moderne, Shadow Moon, qui vient de purger une peine de prison, est recruté comme homme à tout faire par le très mystérieux Mr. Wednesday (Voyageur en VF). Très vite, il va se retrouver pris à parti dans une guerre secrète qui voit se confronter anciens et nouveaux dieux.


Peut-être que j’en dis déjà trop avec ce résumé, car le premier épisode est loin de donner toutes les clés en la matière. En fait je ne saurais même pas vous dire à partir de quel épisode un spectateur qui n’a pas lu le livre commence à comprendre à quoi il a affaire. La série est à l’image du livre, son rythme est lent et elle distille petit à petit des éléments.

C’est extrêmement osé, mais je pense que c’est ce qui fait tout son charme : American Gods est une série qui prend son temps et qui n’a pas peur de faire des digressions (parfois à l’échelle d’un épisode entier). En matière de narration, c’est assez couillu : il serait facile de perdre son public à force de l’égarer, mais en même temps c’est surprenant, intriguant, et cela change du schéma standard des séries.


En tout cas pour ce qui est de l'adaptation, il n’y a vraiment aucun reproche à faire : la série est fidèle au roman à tout point de vue (allant jusqu’à reprendre les digressions à priori sans rapport avec l’intrigue qui servent d’introduction à chaque épisode), tout en offrant du contenu inédit qui ravira les lecteurs du livre. Des nouveaux venus font leur apparition, et certains personnages gagnent en épaisseur.

La conséquence, c’est que les huit épisodes de cette première saison n’adaptent guère que les évènements des cent premières pages du roman. Et ce n’est pas plus mal, car American Gods est une histoire qui a besoin de prendre son temps, sur papier comme à l’écran.


Visuellement la série est étonnante également. Certaines scènes jouent un peu trop la débauche de sexe et de sang à mon goût (c’est les passages HBO, comme on dit chez nous), mais les décors, la photographie, tout concourt à donner une atmosphère vraiment étonnante à la série, à mi-chemin entre la déco kitsch d’un Toby Whitehouse dans Being Human et les couleurs acidulées parfois sinistres de Utopia.

Quant au casting, je ne pense pas qu’on aurait pu trouver de meilleurs interprètes. Ricky Whittle est un excellent Shadow Moon et Emily Browning est absolument géniale dans le rôle de sa femme (et ce n’est pas un rôle facile, loin de là). Ian McShane incarne un Mr. Wednesday qui semble sorti droit des pages du roman, et chaque apparition de Media (jouée par une Gillian Anderson en mode caméléon) vaut le détour.


A tout point de vue, American Gods est donc une excellente adaptation qui ravira sans peine les lecteurs du livre (moi la première). Pour les non-initiés, c’est l’occasion de se plonger dans une série étonnante, avec un univers original et complexe qui pourrait bien vous donner envie de vous ruer sur le livre. Une belle surprise donc !

PS : En fait le seul défaut de cette série c’est d’avoir été diffusée en même temps que The Handmaid’s Tale, du coup c’est presque trop tentant de les comparer (alors que leur seul point commun est d’être des adaptations). Et comme The Handmaid’s Tale est comme une grosse claque qui a tendance à faire oublier toutes les autres séries… mais ça c’est le programme de la prochaine chronique !

D’autres avis : Check The Film, Just a word


8 commentaires:

lutin82 a dit…

Allez vendu!
mais je ne suis pas fan des scènes HBO...

Vert a dit…

@lutin82
Rassure toi c'est moins flagrant que dans Game of Thrones (et certaines ont leur utilité ^^). La débauche graphique peut perturber au début par contre.

Chroniques des marches de l'ouest a dit…

Assez d'accord avec ton retour. Idem, je trouve qu'il y a un peu trop de scènes hbo aussi. Par contre, je trouve Ricky Whittle moins convaincant pour ma part. On dirait qu'il sort d'une série policière à la con, genre les experts ou esprit criminel, dommage le casting est très bien sinon !

Fánaríë a dit…

Je me demandais quand tu allais sortir cet article.
J'ai beaucoup aimé, mais néanmoins trouvé la mise en scène étrange ; que de digressions.
Vivement la suite, mais connaissance Amazon, cela va probablement faire comme pour comme pour "The Man in the High Castle", et durer un an.

Vert a dit…

@Samuel Ziterman
C'est vrai qu'il ne détonnerait pas dans une série policière. Ceci dit je trouve qu'il arrive bien à incarner la perplexité et l'incrédulité du personnage. Et j'aime bien le fait qu'il soit plus bavard que dans le livre (c'était nécessaire) sans que ça le dénature complètement ^^.

Vert a dit…

@Fánaríë
Tu avais lu le roman ? (parce qu'en matière de disgressions...). La série a été renouvelée en mai donc j'imagine qu'on a une bonne année d'attente devant nous. En même temps si ça permet d'avoir un résultat aussi soigné, tant mieux !

Fánaríë a dit…

il est dans la PàL

Vert a dit…

@Fánaríë
Cool, c'est bien ça !