dimanche 18 juin 2017

Le petit répertoire des légendes rationnelles – Ugo Bellagamba


J’avais acquis aux dernières Utopiales L'Origine des Victoires afin de continuer à explorer l’œuvre d’Ugo Bellagamba (après avoir lu Tancrède il y a très longtemps), mais c’est finalement par ce petit recueil numérique que j’ai poursuivi ma route. Et je dois dire que le monsieur sait y faire pour construire des univers charmants.

Le petit répertoire des légendes rationnelles se compose de quinze nouvelles qui ont toutes (ou presque) été publiées dans des anthologies ou des revues. On y trouve de la SF, du fantastique et de la fantasy (le tout parfois mélangé). Chaque nouvelle est introduite par un petit texte de Ugo Bellagamba qui revient sur son contexte de création ou de publication.

J’ai lu ce recueil pendant mes vacances, et je dois dire qu’il m’a bien fait voyager avec ses univers très originaux. Il y a souvent un côté steampunk ou rétrofuturiste qui donne beaucoup de charme, et de manière générale j’ai trouvé qu’aucun texte ne nous baladait dans un terrain trop convenu.

Les nouvelles ne nous contentent pas de nous vendre du rêve, elles sont également bien écrites et bourrées de références (notamment à des auteurs anciens). Cela vient du fait qu’il s’agit d’œuvres « de commande », mais on sent également de manière générale que Ugo Bellagamba est un passionné.

Cela pourrait rendre certains textes obscurs mais il n’en est rien. Les textes introductifs donnent énormément d’explications, et même si parfois je voyais bien que je passais à côté de certaines choses… et bien ça ne m’a pas empêché d’apprécier l’aventure. Voyez un peu le programme de l’expédition :

Les Années d’orichalque est une excellente introduction qui mélange dragons, SF et mythologie nordique. J’ai juste adoré ce cocktail improbable, d’autant plus quand il commence à faire référence à un dessin animé de mon enfance.

On enchaîne ensuite avec Écrire l’humain, où l'on découvre ce qu'il se passe dans les bibliothèques après la fermeture. L’idée est rigolote et bien exploitée. Je me demande si mes manuels de marketing font la même chose là où je travaille…

La Fin de toutes les fêtes est un conte de Noël mettant en scène un personnage de l'histoire italienne et la Befana. L’ambiance est fort réussie, du coup même s’il m'a sans doute manqué quelques clés de lecture (notamment autour du héros), j’ai bien apprécié la balade.

Un hiver avec Fermi est un récit de la vie humaine réalisé par un narrateur original. Plutôt sympathique et méditatif comme texte (le titre vous donne un indice sur le contenu).

Avec ses vampires de l’espace, L’Icare hermétique exploite un concept assez improbable. Cela n'empêche pas l'auteur de mettre en scène un univers original et une jolie histoire sur la rébellion.

Journal d’un poliorcète repenti revisite par la fiction le printemps arabe de 2011. C’est très intéressant, autant pour l’univers très travaillé que toutes les questions que cela amène (je m’interroge très souvent d’ailleurs sur ce qu’on écrira dans nos livres d’histoire de la période actuelle).

Ma petite reine des neiges est un joli récit d'aventure bien steampunk mettant en scène Rudyard Kipling. Sympathique à lire.

J’ai beaucoup aimé La Maladie d’Alice un très beau texte qui mélange avec brio l'univers d'Alice au pays des merveilles et la maladie d'Azheimer (et je dois avouer que l’ensemble fonctionne à merveille !).

Non-absinthe est une jolie histoire sur le souvenir des disparus doublée d'un bel hommage à Jules Verne. Il m’a drôlement donné envie de lire le roman Le rayon vert, qui a l’air bien loin de ce que je connais de l’œuvre de Jules Verne.

Dans Purple Brain, il y a un petit côté « fanfiction » dans cette façon de mettre en scène l'astrophysicien André Brahic. Une nouvelle intéressante et débordante de bonnes idées, une fois encore.

Quand il y aura des pommiers sur Mars est une uchronie assez délirante (où l'on retrouve des communistes à tendance steampunk sur Mars) dont j’ai beaucoup apprécié le ton très positif au final.

J’ai eu un peu de mal avec Le Réducteur de possibilités, un texte hommage intéressant pour son univers décalé et touchant mais pas forcément facile à suivre.

Je connaissais déjà Le Suicide de la démocratie qui avait été publié dans l’anthologie Appel d’air. Il est toujours aussi percutant à la relecture (je ne vous le résume pas, le titre le fait très bien).

Il m’a sans doute manqué quelques éléments pour tout comprendre dans Le Tigre de la Lune mais j’ai néanmoins passé un bon moment en lisant cette histoire mettant en scène Barjavel (encore une fanfiction !)

Le recueil se termine sur La Véritable Histoire de Messire Gauvain et le Chevalier Vert, un excellent pastiche des histoires de la Table ronde, plus vrai que nature, avec une conclusion fort intéressante.

Voilà pour ce petit tour d’horizon qui vous aura donné envie de jeter un œil à ce recueil. Bien évidemment on ne ressort jamais convaincu de toutes les nouvelles qu’on a lu, mais pour ma part j’ai passé un excellent moment.

Les quatre textes qui m’ont le plus touchée sont Les Années d’orichalque, La Maladie d’Alice, Non-absinthe et La Véritable Histoire de Messire Gauvain et le Chevalier Vert. C’est assez rigolo parce qu’ils se situent au début, au milieu et à la fin du recueil, ce qui montre qu’il est bien construit, je n’ai jamais eu de baisse de régime du coup !

J’ajouterais en passant que ce recueil publié exclusivement en numérique est le genre de livre électronique que j’adore : on peut picorer dedans à loisir et découvrir plein de textes d’un auteur sans avoir à courir après une anthologie ou un numéro de revue épuisé depuis longtemps.

Le coût est modique pour le lecteur, et l’investissement est j’imagine relativement minime pour l’éditeur. Tout le monde y trouve son compte, y compris l’auteur dont les textes restent disponibles. Bref c’est une excellente initiative, et j’aimerais qu’on ait accès à ce type d’ouvrage pour plein d’autres auteurs !

D’autres avis :
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10 commentaires:

  1. Je n'aime pas du tout la couverture, mais bon, c'est sans doute le prix à payer pour un recueil en numérique... Je le note en tout cas, Tancrède était chouette dans mon souvenir !

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    1. @Shaya
      C'est vrai que la couv ne vend pas trop du rêve mais à ce prix-là (et en numérique), je suis pas trop regardante ^^

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    2. Vous allez rires, c'est justement la couverture qui m'a incité à acheter le livre.
      Profitant d'une promotion, je me suis demandé ce que pouvait receler ce titre original, la curiosité piquée par une illustration qui, j'ignore pourquoi, m'a suggéré du Jules Vernes.
      Le mélange des genres est une totale réussite, et encore n'ai-je pas encore tout lu.
      Il est clair que je vais suivre cet auteur de plus prêt, maintenant que je l'ai découvert.

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    3. @Ycarretier
      Dans le domaine des couvertures il faut bien qu'il y en ait pour tous les goûts, c'est chouette qu'elle ait permis une belle découverte ^^.

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  2. Allez, pourquoi pas!!
    Il faut bien que je découvre l'auteur un jour ou l'autre.

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    1. @lutin82
      Ca peut être un bon moyen de le découvrir à petit coût en effet ^^

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  3. Intéressant, je me note ça dans un coin de ma tête, merci. ;)

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    1. @Lorhkan
      Note donc, ça fait une bonne petite lecture entre deux pavés ^^.

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  4. Une amie m'a donné à lire le recueil, pour préparer des cours de littérature en lycée. Il y-a matière.
    Les illustrations sont splendides et invitent au rêve. Sauf peut-être pour la nouvelle qui a ma prédilection : "la maladie d'Alice". Le dessin vient d'un autre illustrateur ?

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    1. @octobre deuxmillequatorze
      C'est tout du même illustrateur si je me fie à la signature sur les images ^^. Je n'avais même pas vu certaines d'entre elles, ma liseuse est sans doute trop petite pour les afficher !

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