Lecture du mois du Cercle d’Atuan, Cristal qui songe est un tout petit roman, à mi chemin entre la SF et le fantastique (la 4e de couv parle de « l’étrange », c’est tout à fait adapté), qui, du haut de ses 245 pages, se révèle plus riche qu’on ne l’aurait cru.
Il raconte l’histoire d’Horty, étrange enfant qui ne se sépare jamais de son Diable en boite dont les yeux sont des cristaux. Renvoyé de l’école parce qu’il mangeait les fourmis, il fuit ses affreux parents adoptifs et trouve refuge au sein d’un cirque dirigé par le Cannibale, un être étrange qui n’aime personne et qui est obsédé par des étranges cristaux.
Tout au long du livre, avec une écriture efficace qui va droit au but, on suit les traces d’Horty de son enfance à l’âge adulte, parfois directement, parfois par des faits rapportés, l’auteur changeant souvent de point de vue au cours de l’histoire, ce qui permet de semer le doute dans l’esprit du lecteur, et de se poser encore plus de questions.
Car des questions, ce roman en pose beaucoup. Il fourmille en effet de mystères (qui ou qu’est Horty ? Comment réussit-il ces prodiges ? Pourquoi Zena agit-elle comme elle le fait ? Que sont ou font ces cristaux ? Pourquoi le Cannibale serait-il intéressé par Horty ?), dont on ne découvre la solution (ou la vérité) dans les dernières pages. Auparavant, l’auteur prend plaisir à nous égarer parfois dans des impasses, et à glisser quelques allusions par ci par là.
Et surtout, Cristal qui songe interroge sans cesse sur la question de la différence, et de ce qui fait un être humain. Les humains « normaux » de la série semblent tous les plus horribles les uns que les autres (comme Armand Bluett, ou le Cannibale), tandis que les « monstres » (les nains comme Zena, Horty qui mange des fourmis) sont ceux qui font le plus preuve de qualités humaines (avec toutes les notions de compassion et de sympathie que peut sous-entendre l’adjectif).
Certains passages, tout particulièrement ceux concernant Zena (le plus beau personnage du roman) et sa recherche d’« humanité », sont tout simplement poignants, sur le sujet : « L’humanité est un concept familier aux anormaux : à leur grand désespoir, ils s’en sentent en effet tout proches ; ils expriment leur parenté avec elle dans un sanglot de regret et ne cessent jamais de tendre vers elle leurs bras difformes ».
Pour un roman qui date de 1950, Cristal qui songe conserve donc une portée assez universelle, et montre peu de signes de vieillissement à quelques détails près. On peut citer quelques anecdotes rigolotes comme l’emploi du terme geek pour désigner, je cite « quelqu’un qui avale des tas de saleté et qui coupe avec ses dents des têtes de lapins et de poulets vivants ». Le terme a sacrément évolué depuis !
Moi aussi, j'aime beaucoup Zena :)
RépondreSupprimerOn m'a vivement conseillé "les plus qu'humains".
Et si cela peut t'intéresser, il y a eu dans les années 2000, une adataptation (la 2e série n'a pas été terminée, faute de budget) télévisée appelée "Carnival". On peut la trouver apparemment en français sous le titre de "La caravane étrange" :)
Ce fus un excellent moment de lecture commune. Voilà une oeuvre qui mérite bien de figurer dans un top 100 de la littérature de l'imaginaire
RépondreSupprimerOh, je l'ai lu il y a plusieurs années, et ce fut vraiment un plaisir je dois dire!
RépondreSupprimerCe livre est vraiment bien, un peu dans la lignée de Bradbury...