samedi 26 décembre 2009

Max et les Maximonstres – Spike Jonze



J’ai découvert très tardivement l’album dont est tiré ce film, en cours de littérature jeunesse il y a trois ans de cela. Il fait parti de ces « jalons » incontournables du domaine, et on le trouve souvent cité de partout (et notamment dans le Dieu dans l’Ombre de Megan Linholm). Il s’est vendu à des millions d’exemplaires mais a été fort critiqué lors de sa sortie en 1963.

A la lecture, je n’ai pas trop compris le pourquoi du scandale, en même temps quand je lis sur internet les avis de certains parents sur certains livres jeunesse, et que j’observe la réaction des enfants (mon filleul, en l’occurrence) qui les lisent, on ne peut que constater que certains ont oublié ce que c’était d’être un enfant.

Spike Jonze, lui, n’a pas oublié, et ça se ressent tout au long de ce film un peu OVNI, qui s’adresse peut-être plus à l’enfant en nous qu’aux enfants tout court.

Max a neuf ans, et c’est un enfant, tout simplement : débordant d’énergie, toujours en manque d’attention et d’affection, il voudrait sa mère pour lui tout seul, que sa sœur joue avec lui, qu’on ne mange pas encore du maïs congelé…

Un soir, il s’enfuit de chez lui, monte dans un bateau et débarque sur une île habité par les Maximonstres, qui font de lui leur Roi. Mais finalement, Max découvrira que être roi n’est pas si simple (et marrant que ça), et finira par rentrer chez lui.

Oui, je vous raconte la fin sans vergogne, mais c’est uniquement la trame de l’album. Là-dessus, le film, s’offre le luxe de développer la vie de Max, son règne sur l’île, les différents monstres qui l’habitent… Et c’est ce qui est à découvrir.

Max et les Maximonstres est un délice de douceur et d’amertume confondues. Ne croyiez pas aller voir juste une jolie histoire toute rose, c’est un film sans concession qui parle de l’enfance dans toute sa complexité : les idées démesurées d’une imagination sans limite, la joie des jeux et découvertes, le besoin d’exister et de se faire remarquer, la difficulté des relations avec la famille et les amis, le besoin d’extérioriser ses émotions (y compris dans une tornade dévastatrice)…

Tout ça se retrouve en Max et dans les monstres, qui sont tous, en fait, des enfants (le meilleur ami, la râleuse, celle qui réfléchit, celui que personne n’écoute) voir une facette de la personnalité de Max. De multiples interprétations sont possibles et chacun se fera la sienne.

L’univers dans lequel évolue Max évoque sans conteste l’enfance et fait rêver : Les Maximonstres sont des créatures cosmopolites mi nounours mi monstres, qui vivent dans des paysages assez dénudés (forêt, plage, désert) et construisent des huttes improbables.

Mais il est aussi sombre et peut surprendre par sa violence. Les Maximonstres restent des monstres, qui pourraient manger Max à tout moment, et leur colère fait peur à voir. Même leurs jeux d’enfants sont extrêmement violents.

On oublie souvent cet aspect là de l’enfance (ou on le refuse), de même qu’on oublie trop souvent que les contes de fées ne se limitent pas juste à la fin heureuse signée Disney. Mais ce film-là rend magnifiquement compte de ce difficile apprentissage de la vie.

Ce n’est peut-être pas autant un film pour enfants (ceci dit je ne vois pas pourquoi ça ne leur plairait pas) qu’un film pour parler de l’enfance, mais en tout cas c’est un beau moment d’émotion.

3 commentaires:

stephane a dit…

Merci de nous faire découvrir, avec précision, et une écriture très claire, tout l'intérêt de cette oeuvre que je ne connaissais pas.
Cela m'a donné envie de voir ce film !
Il y a des oeuvres dîtes pour enfants qui sont souvent plus destinées à un oeil adulte. Je pense par exemple à Alice au Pays des Merveilles qui ressemble à une certaine apologie de la drogue via la substance que consomme l'héroïne.

Olya a dit…

J'ai vu la bande annonce, et le film me donne envie !

Je n'ai pas lu le livre, je n'ai donc pas lu ta critique en entier, parce que j'ai peur de me faire spoiler avant de l'avoir vu, ou lu !

Je pense que lorsque je rentrerai à Strasbourg, il fera partie des films que je vais aller voir, et je pense ensuite m'acheter le bouquin :) Ou peut être le bouquin avant, avec ma sortie parisienne, dans les librairies d'occasion, qui sait ? ^^

Vert a dit…

Je pense par exemple à Alice au Pays des Merveilles qui ressemble à une certaine apologie de la drogue via la substance que consomme l'héroïne.
Mouais ça me parait quand même assez superficielle comme interprétation, et je vois pas trop ce que ça apporterait comme lecture.

je pense ensuite m'acheter le bouquin :)
Te plante pas, il y a l'album original et l'adaptation du film publiée au Diable (mais je ne sais pas ce qu'elle vaut).

(et je tiens à préciser que je mets jamais de spoiler dans mes critiques, ou bien je préviens d'office... ou bien comme ici je considère pas ça comme un spoiler, ok, j'avoue ça m'arrive exceptionnellement ^^)