dimanche 8 novembre 2009

Les Voies d’Anubis – Tim Powers



A la base, je voulais lire de cet auteur Sur des mers plus qu’ignorées (alias On stranger tides), qui est le roman qui va servir de base pour le prochain Pirates des Caraïbes, et accessoirement qui a déjà bien inspiré les premiers volets (ce serait l’inspiration de l’auteur des premiers Monkey Island aussi).

Mais comme il n’était pas disponible à la bibliothèque, je me suis rabattue sur celui-là qui avait l’air d’être un incontournable de… de quoi exactement ? La bibliothèque et ses étiquettes le classent en SF, la Cartographie du Merveilleux le cite en référence (donc de fantasy).

Faut dire que ça parle de voyage dans le passé (donc de science) et de magie en même temps, un joyeux mélange des genres qui se déroule en plein XIXe siècle. Oui, c’est du steampunk, et de première qualité en plus.

Il faut dire que le terme a été forgé par l'auteur, Tim Powers (avec K.W. Jeter et James Blaylock) plus ou moins comme une plaisanterie face au genre cyberpunk. Cette bonne blague a la vie dure, finalement, vu le nombre de bouquins qui se raccrochent à ce genre un peu foutoir quelque part entre fantasy et SF, généralement bourré de références historiques et littéraires.

En fait je suis incapable de vous pondre une définition convenable, mais pour les ingrédients incontournables du genre, comptez sur un cadre historique du XIXe siècle (à quelques exceptions), la présence d’un élément de SF ou de fantasy (extra-terrestres, technologie avancée, dragons), et des caméos de personnages célèbres de l’époque (de Jules Verne à Sherlock Holmes en passant par Napoléon).

Pour le coup on retrouve les trois dans Les Voies d’Anubis, qui nous raconte les péripéties d’un spécialiste  en poésie anglaise du XIXe siècle, Brendan Doyle, qui se retrouve coincé dans le passé après avoir assisté à une conférence de Coleridge (poète anglais du XIXe, pour les ignares dans mon genre).

Il n’est pas très heureux de la situation, malgré l’unique opportunité d’étudier ses poètes favoris en vrai. Il faut dire qu’un étrange magicien lui court après, avec une horde de romanichels et de mendiants pour l’assister, qu’un espèce de loup-garou fait des ravages dans le Londres de l’époque, et que la mort lui pend au nez en l’absence de médicaments efficaces pour soigner sa toux.

En fait on dirait que l’époque toute entière conspire à se débarrasser de lui. L’objectif de Brendan Doyle va donc être de survivre et de rentrer à son époque, et cela ne s’annonce pas du tout être une partie de plaisir.

Par contre, quel plaisir pour le lecteur ! Les voies d’Anubis n’est pas franchement un roman fait pour réfléchir, mais plutôt pour se divertir. Les méchants sont très méchants, les gentils en prennent plein la tronche, les retournements de situation sont nombreux et si Brendan affirme qu’il a rendez-vous dans une taverne le soir même, vous pouvez être sûrs que s’il y arrive, ce sera forcément par le chemin le plus long.

Le Londres décrit est particulièrement glauque, c’est tout juste si on ne sent pas sa puanteur à travers les pages. En cela il est hyper réaliste et insiste bien sur la misère de l’époque (pas d’hygiène, pas de médecine, la crasse et la boue, les espèces de cours des miracles où se réunissent les mendiants…).

Accessoirement le roman déborde d’allusions à l’histoire et à la littérature de l’époque. Je manque sérieusement de culture anglaise pour arriver à toutes les saisir, mais le fait que tout cela s’inscrive dans l’Histoire avec un grand H est fort plaisant.

Même si c’est une lecture assez divertissante et facile, il faut cependant rester attentif, parce qu’entre les doubles magiques, les changements de noms et les voyageurs temporels (le concept est exploité jusqu’à la corde), il est assez facile de se mélanger les pinceaux et de griller un ou deux neurones à essayer de s’y retrouver et à rassembler les indices laissés en route.

Le seul défaut (mineur) est l’écriture pas franchement exceptionnelle (bon faut dire que je viens d’attaquer Gagner la guerre, la comparaison fait -très- mal !). C’est pas le point fort du bouquin (il n’en a pas besoin, l’intrigue suffit), mais je soupçonne surtout le traducteur d’avoir franchement alourdi le texte avec des phrases alambiquées.

Le début peut être un peu dur à avaler du coup, mais il ne faut pas hésiter à s’accrocher, parce c'est diablement distrayant. Tim Powers a l'air de s'y entendre pour créer des univers aussi fous que documentés historiquement, ce qui promet donc pour ma prochaine lecture de lui. Oui j'ai pu récupéré Sur des mers plus qu'ignorées, le challenge étant désormais de le finir avant la date fatidique de rendu à la bibliothèque, sachant que j'ai déjà deux autres livres en cours !).

4 commentaires:

El Jc a dit…

Une chronique plaisante, comme d'habitude en ce pages. Tu me donnes sacrément envie de m'y mettre ;o)

Vert a dit…

C'est que je fais bien mon boulot ;)

Nicolas a dit…

Je l'ai lu il y a plusieurs années et je m'en souviens encore avec précision. c'est original et riche en paradoxes, franchement un excellent roman sur les voyages dans le temps.

Anonyme a dit…

C'est sûrment pas pour faire de la pub, je suis tombé là par hasard, mais j'ai moi-même eu l'occasion de chroniquer le livre sur cette page-là : http://emaginaire.canalblog.com/archives/2008/04/23/8922342.html ,
sur un blog sur lequel tu pourrais aller jeter un oeil si tu es fan de Gaiman, c'est le cas de la personne qui gère le blog (qui n'est pas moi) également !
Mais sinon, ce que je voulais dire au départ est que si tu as aimé Les Voies d'Anubis, je te conseille, pour retrouver une ambiance semblable, de lire Le Poids De Son Regard, qui se situe aussi au 19ème siècle et possède pas mal de points communs, tout en proposant une histoire radicalement différente. Avec comme personnages de premier plan, entre autres, Mary Shelley et Lord Byron !
Voilà.
Zolg.