mardi 28 juillet 2009

Tyranaël – Elisabeth Vonarburg


1. Les Rêves de la Mer
2. Le jeu de la perfection
3. Mon frère l’ombre
4. L’Autre Rivage
5. La Mer allée avec le Soleil

Toujours dans mon cycle Vonarburg (encore deux recueils de nouvelles et je devrais avoir épuiser le fonds de la bibliothèque), voici venu le temps (des rires et des chants) d’un gros morceau, un cycle en 5 volumes : Tyranaël.

Sur un site, on qualifiait l’histoire de planet-opera, et y’a sûrement un peu de ça. De même qu’un space-opéra, parfois, c’est un peu de la fantasy avec des pistolasers (non je ne pense pas du tout à une hexalogie avec des types qui se battent avec des épées lumineuses), bah le planet-opera, c’est parfois un peu le roman historique du futur. En tout cas Tyranaël y ressemble, en un peu plus confus.

Explication : Tyranaël est une planète habitable assez semblable à la Terre, dans le système Altaïr. Dans un futur possible, les Terriens s’installent pour la coloniser, la Terre étant dans un état plus que désastreux. A la surface, on trouve des traces de vies indigène, et même pas que : des villes entières abandonnées, comme si les anciens habitants avaient déménagé. Et personne ne sait ce qu’ils sont devenus.

Accessoirement, la planète fait l’objet d’un étrange phénomène. Pendant la moitié de son année (qui dure 4 ans, de même que les journées font 35h et les semaines 14 jours), quelque chose recouvre les océans et les terres jusqu’à mille mètres d’altitude, annihilant toute forme de vie qu’elle touche, et empêchant accessoirement le fonctionnement des appareils électriques. Faute de savoir de quoi il s’agit, on l’appelle la Mer.

Voilà donc nos colons qui s’installent, qui sont en partie décimés par la première arrivée de la Mer, puis qui s’adaptent : on développe des techniques basées sur le gaz et la vapeur pour pallier à l’absence d’électricité, on s’installe au-delà de la limite de la Mer, etc.

Et nous voila partis pour une sacré tranche d’histoire de Tyranaël, sur une période plus que longue (au moins 500 ans terrestres si je ne m’abuse, c’est toujours dur à dire avec le fait qu’ils comptent en saisons).

A ce niveau-là, ça relève pratiquement de chroniques qui retracent toute l’histoire, en se penchant sur les différentes évolutions des colons. Majoritairement, on va parler un peu de culture, un peu de politique, et le nœud de l’histoire tourne autour de l’apparition de « pouvoirs psychiques », de « talents » parmi la population au cours des générations : télépathes, télékinésistes...

Pour apprécier ce cycle, il faut passer le premier tome qui est une véritable plaie à la lecture. Pas que ce soit mal fichu, bien au contraire, c’est un bel exercice de style, et il contient des masses d’informations, mais dans un bordel tel qu’on a du mal à s’y retrouver.

Les Rêves de la Mer correspond en fait à l’histoire d’une des habitantes originels de la planète, une Rani, qui a un talent spécial. C’est une Rêveuse, elle a sans cesse des visions d’autres gens, d’autres univers, et Rêve notamment l’arrivée des Terriens (les Etrangers), qui va bouleverser son peuple (le Rêve, hein, pas leur arrivée).

Du coup, on a en parallèle l’histoire de Elaï et les Rêves qu’elle fait. Rêves pour le moins décousu, par bien que globalement chronologiques, ils ne concernent pas tous la même personne, loin de là. En fait, avec ses Rêves, elle couvre le début de l’installation des terriens, en sautant parfois du coq à l’âne et en laissant en suspens pas mal d’histoires. Sa propre vie, en parallèle, est tout aussi décousue.

Difficile à lire donc, d’autant plus que la partie sur Elaï est riche en vocabulaire qui n’est bien évidemment jamais traduit (et pas de lexique à la fin bien évidemment, comme si E. Vonarburg allait nous faciliter le travail). Néanmoins, on perçoit les germes d’une histoire passionnante : qu’est-ce que la Mer ? Où ont disparu les Anciens (comme les appellent les terriens) ? Pourquoi les animaux de Virginia (ainsi qu’a été renommée la planète) ne s’habituent pas aux humains ?

Sans en dire plus sur la suite de l’histoire, j’avoue que les 4 tomes qui suivent, après une mise en bouche difficile, sont passionnants. Plus que l’histoire d’une planète par fragments, on suit l’histoire de personnes, qui ne sont pas juste des témoins ou des acteurs des évènements à venir, mais des êtres avec des sentiments, des histoires.

Il est difficile de ne pas plonger dans les histoires de Simon, Mathieu, Lian, dont certains passages prennent parfois sacrément aux tripes. Surtout la première partie de Mon frère l’Ombre si vous voulez mon avis.

A part ça, il faut relever un background assez fascinant. La civilisation Rani est passionnante à découvrir, avec ses différences et ses ressemblances avec les terriens, que ce soit en terme de biologie ou de culture. Ca parle d’évolution, de rencontre, de différence (beaucoup de différence, les héros sont quasiment tous des « différents »).

Et il faut reconnaître que comme dans la plupart des grandes histoires, on s’attache plus au voyage qu’à la destination. Si avoir les réponses à la plupart de ses questions est agréable, une fois le dernier livre fermé (parce que c’est là que se trouvent 90% des réponses, les autres tomes se contentent d’indices), c’est surtout de suivre les différentes destinées des personnages qui est fascinant. On plonge à chaque fois dans une époque différente, un monde différent, avec peu de fils conducteurs sinon la présence récurrente de familles qui traversent les siècles.

Je pense que c’est en partie dû au style de l’auteur, qui accroche au moins autant que dans les Chroniques du Pays des Mères. Elle s’amuse souvent notamment à raconter deux histoires en parallèle, en alternant par exemple passé/présent, ou réalité et fiction, ce qui est extrêmement sympathique et rend le récit dynamique (quand ce n’est pas aussi complexe que le tome 1) puisque les deux lignes d’histoire se répondent souvent.

Bref, tout cela vaut bien la peine de s’accrocher pendant le tome 1, que je relirais bien à l’occasion pour y voir plus clair d’ailleurs. Tyranaël est en effet un cycle fascinant pour ceux qui sont passionnés d’histoire avec un grand H. Dans le fond, c’est un peu de la fantasy dans le futur avec des vaisseaux spatiaux, ce qui prouve bien une fois n’est pas coutume que les étiquettes des littératures de l’imaginaire restent uniquement des étiquettes.

(et accessoirement je viens de comprendre que finalement, je m’en fiche un peu qu’ils utilisent la magie ou la science, pourvu que ce soit épique ^^).

3 commentaires:

El Jc a dit…

Merci de cette chronique que j'attendais avec impatience comme je te l'avais dis. Ta présentation donne réellement envie de découvrir ce cycle. Je l'inscrit donc sur mon petit carnet en vue d'une future PAL.

Anonyme a dit…

Saviez-vous qu'il existe une préquelle à la saga de Tyranaël ? Il s'agit du livre Contes de Tyranaël, aux éditions Québec/Amérique. Il retrace les principaux mythes de la civilisation rani (qui ici s'orthographie "hani", car "h" et "r" se prononcent pareil en langue rani).

Ce qu'il y a de fort intéressant, c'est que c'est la rêveuse Elaï qui nous raconte ces mythes. Une sorte d'entrée en matière avant de s'attaquer au grand cycle de cinq tomes...

... et devinez quoi ? il y a un lexique à la fin de ce petit livre !

Vert a dit…

Ah c'est intéressant, je verrais si je peux mettre la main dessus à l'occasion ^^ (mais j'ai pas trop la tête à me replonger dans ce cycle pour le moment).