jeudi 15 septembre 2011

Sans âme - Gail Carriger

Mademoiselle Tarabotti leur apparaissait comme une vieille fille dont la triste condition résultait de toute évidence de la combinaison d’une personnalité dominatrice, d’un teint mat et d’un visage aux traits trop prononcés. Alexia considérait qu’expliquer l’absence d’âme aux masses mal informées n’en valait pas la peine. C’était presque, mais pas tout à fait, aussi embarrassant que l’on sache que son père était à la fois mort et italien.
Comme j’étais un peu en panne d’inspiration pour commencer cette chronique, j’ai préféré attaquer directement par un petit extrait, qui donne bien le ton de ce roman drôlement frais qu’est Sans âme, premier tome du Protectorat de l’Ombrelle.

L’intrigue se situe en pleine ère victorienne, mais une ère victorienne légèrement uchronique, puisqu’on y trouve des vampires, des loups-garous, et des fantômes, relativement bien acceptés par la population, et régulés par le BUR (Bureau du Registre des non-naturels, j’imagine qu’en VO c’est unnatural d’où le U).

Alexia Tarabotti, jeune (vieille) fille de bonne famille à la langue bien acérée, a la particularité d’être une paranaturelle, c'est-à-dire qu’elle n’a pas d’âme. De ce fait, dès qu’elle touche un être surnaturel, ses pouvoirs sont annulés. Ce qui se révèle très pratique quand un vampire mal élevé ose s’en prendre à elle dans une soirée mondaine…

Cette attaque inexplicable attire l’attention du BUR et de son chef, Lord Maccon, « beau et compliqué, écossais et loup-garou » (pour citer la quatrième de couverture), avec qui Alexia entretient une relation à base de répliques cinglantes assez tumultueuse. Mais d’où sort donc ce mystérieux vampire ? Lord Maccon comme Mademoiselle Tarabotti vont tenter de le découvrir (et forcément, ils n’ont pas fini de se croiser !).

Je vous avoue que je ne savais pas quoi penser de ce livre avant le l’ouvrir, entre le scénario, l'illustration de la couverture (croisement improbable entre le steampunk et les collections sentimentales), et le fait que dans les extraits de critiques on trouve le Romantic Times (ça existe vraiment cette revue !?) qui le qualifie de « premier roman impressionnant ». On peut s’attendre au pire comme au meilleur.

Je ne ferais pas durer le suspense, à l’intérieur ne se trouve que le meilleur. Sans âme est en effet un roman assez improbable, qui fait penser à de la bit-lit, mais de la bit-lit époque victorienne, société truffée de conventions incluses.

Le cœur de l’ouvrage, sous couvert d’un mystère surnaturel, est bien une histoire sentimentale tout ce qu’il y a de plus classique (elle m’a largement rappelé mes quelques lectures de Harlequin), mais l’écriture fait que cela passe comme une lettre à la poste. C’est un peu comme tout en faisant du Harlequin, l’auteur s’en moquait délibérément du genre, ce qui fait qu’on passe pratiquement les 300 pages à se gondoler devant son livre.

Il faut dire que mademoiselle Tarabotti a son caractère, et ses échanges avec lord Maccon (sans parler d’Ivy, de lord Akeldama et des autres) sont tout simplement délicieux. Et c’est d’autant plus drôle que cela se déroule dans le cadre ultra-rigide de la société victorienne (dont seul débord de temps à autre lord Maccon, mais il faut l’excuser, c’est un loup-garou écossais), ce qui donne une ambiance improbable absolument géniale.
« Lord Maccon, dit mademoiselle Tarabotti, comment se fait-il que lorsque vous êtes là je finis toujours à plat ventre dans une position inconvenante ? »
Le comte souleva un sourcil élégant. « La première fois que nous nous sommes rencontrés, je crois que c’est moi qui ai fait une chute particulièrement indigne.
- Comme je vous en ai déjà informé, précisant Alexia en brossant sa robe, je n’avais pas laissé ce hérisson là intentionnellement. Comment pouvais-je savoir que vous alliez vous asseoir sur cette malheureuse créature ? »
Bref, difficile de lâcher le bouquin, tant on passe un bon moment à rire en suivant les aventures surnaturelles d’Alexia. C’est un roman sans prise de tête, rafraîchissant, qui se lit avec grand plaisir, ce qui ne l’empêche pas d’être particulièrement bien écrit (surtout par rapport à un Harlequin normal).

Si tous les romans sentimentaux ressemblaient à ça, j’en lirais tous les jours personnellement. Remarquez, l’auteur a déjà écrit trois suites à ce premier roman (et une quatrième sort en 2012), alors je reviendrais sûrement sur les aventures d’Alexia et de son ombrelle à une autre occasion.

CITRIQ

10 commentaires:

Marion a dit…

Au début de ton article, je me disais : mais merde c'est quoi ce livre ? Bizarre que Vert soit tombée là dedans, à part pour se payer une bonne tranche de rire.

Et pis au fil de ton article, tu nous dis que c'est sympa. Du coup, tu m'as vachement donné envie :D
Comment est ce que tu es tombée sur ce bouquin ?

Marion a dit…

Il se trouve que ce bouquin est à la médiathèque :D Je vais le réserver ^^

Vladkergan a dit…

Une sorte de retour aux source du vampire pour la Bitlit, qui retrouve le chemin de l'époque victorienne dans ce premier opus franchement savoureux, autant par sa galerie de personnage (et son héroïne) que par son scénario aux moults rebondissements.

Ma chronique de Sans âme de Cail Carriger

Vert a dit…

@Olya
Bah j'en avais entendu parlé (et que en bien) sur pas mal de blogs, du coup j'ai sauté sur l'occasion quand je l'ai vu à la biblio ^^

@Vladkergan
Je n'aurais pas dit "moult" rebondissements, mais il est vrai que quand rebondissement il y a, c'est souvent extraordinaire (je crois que la partie dans les cachots m'a achevé, je pleurais presque de rire sur mon livre xD)

Cachou a dit…

Même si j'ai ri aussi, c'était quand même un peu trop rose pour moi (et pourtant je lis du Meg Cabot)(c'est ça que je ne comprends pas).

Vert a dit…

Bah c'est encore l'histoire des goûts et des couleurs, j'imagine ^^

Acr0 a dit…

J'ai lu de bonnes chroniques (mais pas forcément de bloggeurs que je qualifie de "on peut compter sur son avis") et des plutôt mauvaises (de bloggeurs que j'apprécie)... C'est donc tout bénéfique de tomber sur la tienne :) J'espère que le côté humoristique saura m'emporter (parce que je suis pas supra fan des histoires d'amûr)

Vert a dit…

Bah faut le lire sans se prendre la tête, c'est comme cela qu'on l'apprécie le mieux. Et se laisser porter par l'histoire d'amour complètement ubuesque aussi :D

Endea a dit…

J'ai vraiment adoré et effectivement les échanges entre Lord Maccon et Alexia sont vraiment délicieux, complètement burlesques. Tout semble poussé à l'extrême dans ce roman au haut niveau d'humour. Vraiment très chouette ^^

Vert a dit…

J'espère que tu apprécieras tout autant la suite ^^