jeudi 28 novembre 2013

Alcatraz contre les infâmes bibliothécaires - Brandon Sanderson


A la fin du mois d’octobre, alors que j’avais le moral dans les choux, Olya m’a fait un très joli cadeau d’anniversaire en avance : Alcatraz contre les infâmes bibliothécaires, premier tome d’une série de romans jeunesse signés Brandon Sanderson.

Forcément, avec un titre comme ça, je ne pouvais que me jeter dessus, ne serait-ce que pour y chercher des idées pour pimenter la vie de mes lecteurs. Malheureusement nous nous sommes récemment débarrassés de notre encyclopédie papier au boulot, je ne pourrais donc pas m’en servir pour construire un autel pour sacrifier les lecteurs en retard !

Alcatraz contre les infâmes bibliothécaires nous raconte donc l’histoire d’un jeune homme de 13 ans (classique), orphelin (classique), cynique et accessoirement doté d’une telle capacité à casser les choses qu’on aurait du mal à prendre ça pour de la maladresse (là par contre c’est plutôt original).

Le jour de ses treize ans, après avoir cassé par mégarde la cuisine de sa famille d’accueil (ce qui lui promet de changer encore de foyer), Alcatraz reçoit un étrange paquet envoyé par ses parents, puis la visite d’un vieux fou qui se prétend son grand-père et l’embarque dans une aventure folle pour lutter contre les infâmes bibliothécaires qui cherchent à contrôler le monde.

Alcatraz découvre donc qu’il a une famille, que la Terre est bien vaste qu’il ne l’imaginait (il ne faut jamais croire ce que disent les livres, après tout ils sont contrôlés par les bibliothécaires). Par ailleurs, il apprend que sa capacité à casser les choses est en fait un authentique Talent (bref son pouvoir est magique).

Il y a un petit quelque chose de Roald Dahl dans ce Alcatraz contre les infâmes bibliothécaires : l’humour, la réécriture subversive de la réalité, l’association grands-parents/petits-enfants contre des adultes méchants ou ignorants… Avec une référence pareille, vous comprendrez qu’on a affaire à un excellent texte pour la jeunesse.

Ce qui est chouette dans ce roman, c’est qu’on a affaire à un héros qui est vraiment l’adolescent typique presque normal, auquel il est très facile de s’identifier. Il évolue au cours de son aventure, mais il ne devient pas soudainement un grand héros, il apprend juste finalement à tisser des liens avec sa nouvelle famille et à se servir de son cerveau (au lieu de développer un super-pouvoir qui annihilerait le méchant).

Par ailleurs j’ai beaucoup aimé l’histoire des Talents, parce qu’il y a quelque chose de très réconfortant dans cette transformation de défauts (retard perpétuel, désastre ambulant, incorrigible bavard) en d’authentiques pouvoirs qui peuvent amener à la victoire. C’est un peu une manière de dire qu’on peut tirer quelque chose même de nos pires défauts.

Là-dessus, il faut ajouter une narration absolument délicieuse, raconté par Alcatraz himself avec une chouette mise en abîme sur le récit et sur l’auteur, grâce à de nombreuses remarques pleines de malice sur l’écriture des histoires (le rythme, les fins de chapitre, le suspens, les allusions discrètes de l’auteur…). Bref non content d’offrir une belle aventure, ce roman est aussi un bel hommage à la littérature en général.

Et puis il est difficile pour moi de ne pas m’attarder si tout le détournement qui est fait de l’image du bibliothécaire. C’est quand même assez osé de transformer un stéréotype de personnage généralement effacé en génie du mal, d’autant plus quand il transforme la mission de mise à disposition de l’information en dictature presque orwellienne où les bibliothécaires contrôlent le monde en limitant la connaissance de celui-ci.

Je soupçonne presque Brandon Sanderson d’avoir ciblé son public : quel bibliothécaire pourrait résister à la lecture d’un tel ouvrage ? Du coup il est sûr de trouver son roman dans de très nombreuses bibliothèques (peut-être même en présentoir), et donc d’attirer un maximum de lecteurs. Un plan machiavélique je vous dis !

Bref vous l’aurez compris, Alcatraz contre les infâmes bibliothécaires est un livre qui m’a charmé. C’est drôle, extrêmement bien fichu et diablement intelligent avec ça. C’est donc un excellent titre jeunesse qui peut plaire à à des jeunes comme à des moins jeunes. Je commence du coup à comprendre tout le bien qu’on dit de Brandon Sanderson.

Par contre je ne sais finalement pas si je dois remercier Olya de son cadeau. Après tout, qui va devoir acheter la suite maintenant ?
« Peut-être qu'on vous a déjà donné des conseils de lecture. Peut être même que des amis, des parents, des profs vous ont mis un bouquin entre les mains en vous disant : « Tu dois lire ça ». Ces livres sont systématiquement décrits comme « importants », ce qui, d'après mon humble expérience, signifie qu'ils sont d'un ennui mortel. […]
Si le héros de ce type d'histoires est un garçon, je vous parie à dix contre un qu'il ne part pas à l'aventure se battre contre des Bibliothécaires, des monstres de papier et des Occulateurs Noirs cyclopéens. En fait, notre jeune ami n'aura droit à aucune aventure et ne combattra rien ni personne. Au lieu de ça, son chien mourra. Ou, dans certains cas, sa mère mourra. S'il s'agit d'un roman très sérieux, et le chien et la mère casseront leur pipe. (Apparemment, la plupart des écrivains ont une dent contre les canidés et les mères.) »

CITRIQ

9 commentaires:

  1. Ça a l'air bien sympa ! Ça me fait un peu penser aux Minijusticiers, mais en bien plus complet.
    J'ai juste un problème : c'est quoi ce nom de héros ? Je ne peux pas m'empêcher de penser à la prison =|

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  2. Je l'ai fini la semaine dernière et j'ai aussi beaucoup aimé découvrir les dessous de l'histoire, les rappels aux chapitres futurs ou au travail d'écriture. Très jolie surprise pour moi (mais j'ai la flemme d'en faire un billet :p)

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  3. Tu sais vraiment donner envie ! J'aime beaucoup les séries de fantasy de Sanderson, mais je n'avais pas encore eu l'occasion de lire cette série jeunesse !

    La présence de l'humour et des clins d’œil au médium, sans compter le détournement de la figure de la bibliothécaire me font mettre ce livre en haut de ma PAA (pile à acquérir) !

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  4. Han, moi aussi je veux transformer ma maladresse terrible en talent ! (bon, c'est du Sanderson, j'ai très envie de tenter du coup ^^)

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  5. @Baroona
    C'est fait exprès qu'une bonne partie des personnages aient des noms qui évoquent des prisons apparemment, après le pourquoi du comment de la chose, je l'ignore ^^

    @Roz
    Roh, tu te laisses dominer par les infâmes bibliothécaires là, il faut parler de ce livre !

    @JainaXF
    C'est mon boulot de bien le vendre :P

    @Shaya
    Je te le recommande vivement en effet (plutôt que les horreurs qu'on a pu voir au rayon jeunesse de Gibert :P)

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  6. C'est trop drôle ce principe! :)

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  7. une domination du monde par les bibliothécaires... Je sais pas pourquoi mais dans notre monde actuel, je serais franchement pas contre ! ^^ bon, peut être qu'après avoir lu ce bouquin, je serais moins enthousiaste... huhu une lecture qui fait envie !

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  8. @Raven
    Oui moi aussi j'aimerais bien partir à la conquête du monde, mais va expliquer ce projet pendant ton entretien annuel :P

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