Cela faisait très longtemps que j'avais laissé en plan mon visionnage des anciennes saisons de Doctor Who, mais avec le 50e anniversaire qui approche (et sans doute pour combler le vide en l'attendant), j'ai remis le nez dans ces vieux épisodes en noir et blanc, et je suis redevenue bien vite accro.
Cette troisième saison de ma série télé favorite est encore plus bizarre que les précédentes. C'est une saison de transition clairement : les compagnons valsent d'un épisode à l'autre (il n'y a guère que Steven qui perdure et qui se retrouve à remplir tous les rôles), Hartnell sera remplacé en début de saison 4, l'équipe de production change...
Du coup c'est une véritable ère d'expérimentations, parfois hasardeuses, parfois délicieuses. Et mine de rien, en parallèle, c'est toute la mythologie de Doctor Who qui se met vraiment en place. Arrivé à la fin de cette saison, on pourrait avoir un Ten ou un Eleven qu'on ne verrait (presque) pas la différence !
Ceci dit ce n'est pas une saison facile à aborder, car elle a beaucoup souffert des purges de la BBC. Moins que la saison 4 qui n'a pas un seul serial complet, mais tout de même. Sur dix serials, seuls trois sont arrivés complets. Des 45 épisodes, il n'en reste que 17, aïe aïe aïe. Mais certains serials ont été très bien reconstitués (celui des Daleks notamment) au point qu'on finit presque par faire abstraction du côté diaporama. Ce qui n'enlève pas pour autant cette impression de gâchis...
Comme d'habitude je ne ménage pas mes spoilers dans mes comptes rendus d'épisode, soyez prévenus si vous préférez conserver la surprise (en même temps il n'y a rien de capital si on laisse de côté les mouvements de compagnons, on est loin de l'ère moderne côté twists scénaristiques).
La saison commence avec Galaxy Four, sympathique aventure spatiale qui démarre sur une lutte opposant deux vaisseaux spatiaux bloqués sur une planète sur le point d'exploser. J'ai bien aimé l'inversion des schémas classiques, puisque l'on se rend vite compte que les blondes sont les méchantes, et que les affreux aliens et leurs terrifiants robots sont des gentils.
Cela donne d'ailleurs lieu à de très jolis moments en fin d'épisode, quand le Doctor rencontre les dits aliens, qui rappellent mine de rien la grande spécificité de Doctor Who :
« You are different from us, of course, but at least you are intelligent. Importance lies in the character and to what use you put this intelligence. We respect you as we respect all life. »« It is easy to help others when they are so willing to help you. Though we are beings of separate planets, you from the solar system and we from another space, our ways of thought, at times, do not seem all that different. It has been an honour to know you and serve you. »
On enchaîne ensuite avec Mission to the unknown, certainement le plus original de tous les épisodes de la série puisque le Doctor n'y apparaît pas du tout, il n'est même pas mentionné ! C'est en fait une sorte de prologue à l'épisode des Daleks, qui servait aussi de test pour un éventuel spin-off centré sur les Daleks. Son intérêt est limité, même si le concept des cactus vivants a son charme.
The Myth Makers nous emmène en pleine Guerre de Troie, mais une Guerre de Troie revue et corrigée façon Doctor Who, si bien qu'en lieu et place de la tragédie épique on se retrouve avec une comédie où Ulysse est un connard de première et le Doctor se fait passer pour Zeus (et envisage de conquérir Troie avec des machines volantes parce qu'il ne croit pas à l'histoire du Cheval !).
Cet épisode marque le départ de Vicki, pas très bien amené d'ailleurs (j'ai trouvé son histoire d'amour peu crédible, mais peut-être qu'en images c'est plus convaincant). Je regrette vraiment le personnage, une Susan-bis plus fraîche et plus aventureuse. Son rôle aura bien du mal à être repris dans les épisodes suivants d'ailleurs.
Et puis on s'attaque au plus gros morceau de la saison : The Daleks' Master Plan, 12 épisodes, rien que ça (dont seuls trois ont survécu). Ce long serial souffre d'ailleurs de sa taille, car ce n'est pas parce que les Daleks ont (encore) décidé de conquérir l'univers qu’on a forcément de quoi remplir douze épisodes.
L’histoire prend son temps pour démarrer, avec les Daleks et leur conseil de méchants machiavéliques (dont Marvic Chen, absolument génial dans son délire mégalomaniaque), avant d’embrayer sur une course poursuite complètement délirante à travers le temps puis l’espace (The Chase en version améliorée, avec en prime The Monk qui revient pour ajouter du piment), pour se conclure sur un final sinistre et inattendu.
Ce serial est vraiment un OVNI, définitivement trop long, mais débordant de tellement d’idées (parfois complètement improbables) que je suis facilement tombée sous le charme. On a le droit au tout premier Christmas Special (qui pour le coup est vraiment spécial), à une démonstration du pouvoir de camouflage des TARDIS, à un Steven (qui jusque-là ne se démarquait pas) qui remet carrément le Doctor à sa place à la fin...
A noter que les compagnons s’y succèdent : Katerina, la remplaçante de Vicki récupérée à Troie persuadée d'être morte en entrant dans le TARDIS ne fait pas long feu. Elle est ensuite remplacée par Sara, qui défend drôlement bien son bout de gras (pendant que Steven se bat avec un type, elle en assomme deux toute seule!), ce qui ne l'empêche pas de mourir à la fin. Youhouh, on a juste deux décès de compagnons dans une seule histoire !
Et tant qu'à continuer sur un ton joyeux, on continue avec The Massacre of St Bartholomew's Eve, qui dans la droite ligne de The Reign of Terror, continue de nous raconter les plus belles heures de l'histoire de France !
Il y a très peu de comédie dans cet épisode, on a plutôt affaire à une longue reconstitution historique des intrigues de cette période, dans lesquelles prend légèrement Steven part (tandis que le Doctor… à vrai dire on ne le voit guère, il était même en vacances pendant le tournage d’un épisode). Ce serial est très sombre, jusque dans le final où Steven décide de quitter le Doctor, et le laisse seul dans son TARDIS :
« And now, they're all gone. All gone. None of them could understand. Not even my little Susan. Or Vicki. And as for Barbara and Chatterton — Chesterton — they were all too impatient to get back to their own time. And now, Steven. Perhaps I should go home. Back to my own planet. But I can't... I can't... »
Heureusement, la fin est un peu plus positive avec Steven qui décide de revenir, et l'arrivée d'une nouvelle venue dans la team TARDIS : Dodo Chaplet, nouvelle itération de Susan avec une cervelle de moineau, youpi !
Et pour son premier voyage, Dodo a le droit à The Ark, un des rares serials complets de cette saison. Cette histoire se déroule dans un futur extrêmement lointain qui se compte en millions d'années, alors que la Terre s'apprête à être détruite (c'est d'ailleurs assez rigolo d'imaginer que pendant que le premier Doctor contemple ça sur l'écran d'un vaisseau spatial, Nine fait la même chose avec Rose à proximité de la planète !).
C'est un serial surprenant, qui démarre de façon très classique en soulevant un point intéressant (que se passe-t-il si nos voyageurs temporels amènent leurs microbes avec eux) et prend une tournure assez inattendue ensuite en exploitant toutes les potentialités du voyage dans le temps.
On continue dans une veine expérimentale avec The Celestial Toymaker, qui s'amuse à inventer une nouvelle némésis au Doctor, The Celestial Toymaker (qui porte sans raison aucune une robe chinoise et veut juste des copains pour jouer avec lui... pour toujours mouahahah !). Les voilà donc obligés de jouer à ses jeux (truqués) pour gagner leur liberté.
Le Doctor n'a pas vraiment la part belle dans cette épisode (en fait il passe les trois quarts de l'histoire invisible et muet !), par contre le parcours de Steven et Dodo est plutôt rigolo. Pas vraiment épique mais côté inventivité visuelle on est servi entre les cartes de jeux, les poupées, les clowns et les plateaux de jeux. Il est fort dommage que tout ça ait disparu, sauf pour le dernier épisode.
On revient ensuite sur de l'historique avec The Gunfighters, qui nous emmène en plein western (parce que le Doctor a des maux de dents !) avec tout ce que ça implique de clichés (il est bien meilleur que A town called Mercy à ce jeu). C'est un serial absolument hilarant et je ne suis que trop heureuse qu'il ait pu parvenir jusqu'à nous entier.
On y croise notamment un « Doctor Who ? » qui m'a fait mourir de rire (l'usage en est beaucoup moins appuyé que dans la saison 7 actuelle), et surtout on est à deux doigts de l'épisode musical avec la chanson de saloon qui s'obstine à raconter l'histoire à l'arrière plan ce qui donne un côté très décalé à l'épisode (voir ici le final)
A partir de The Savages, on se surprend à trouver de plus en plus des germes d'éléments qui feront par la suite partie intégrante de la série. Sur un scénario classique (un monde idyllique très avancé technologiquement, qui vit en fait en volant l'énergie vitale de « sauvages » vivant à l'extérieur de la ville) se brosse une histoire qui contient quelques très bonnes trouvailles :
- Le Doctor arrive sur une planète qui attendait sa venue, son parcours de voyageur temporel étant connu, autant dire que pour la première fois on sent vraiment l'influence qu'il a sur l'histoire de l'univers !
- Le Doctor s'oppose vivement à la situation en place, et n'hésite pas à prendre les choses en main pour renverser la situation (à tel point que j'aurais cru entendre un de nos Doctor modernes quand il se fend d'un « Oppose you! Indeed I am going to oppose you - just as in the same way that I oppose the Daleks, or any other menace to common humanity ! »)
En prime on a un numéro d'imitation de William Hartnell (assez délirant) et le départ de Steven... au moins celui-ci a droit à un beau départ (et non à une mort horrible). Ce n'est pas un compagnon qui me manquera beaucoup (son personnage était tellement adapté aux besoins du scénario qu'il m'a toujours semblé un peu creux), mais snif quand même, il aura duré presque toute la saison lui !
La saison se termine sur The War Machines, qui m'a fait l'effet d'une grosse claque visuelle, et pas uniquement parce que le serial entier est parvenu jusqu'à nous. L'épisode a été tourné à Londres, du coup au lieu du cadre réduit des trois décors en carton, on a tout de suite une impression d'immensité.
Là encore on a beaucoup de germes de ce qui sera ensuite des classiques : histoire dans le Londres moderne avec une menace (ici non alien, c'est un ordinateur maléfique, si si je vous jure) ; le Doctor qui prend les choses en main ; l'intervention armée qui évoque ce que deviendra UNIT.
C'est aussi un épisode qui déborde de choses hilarantes : les Doctor Who qui retentissent à tout va, les War Machines qui ont l'air absolument ridicule, le départ de Dodo à peu près aussi pertinent que son entrée en scène (pire même). C'est un très bon final de saison qui marque vraiment un tournant dans la série (même les compagnons changent de type, avec l'arrivée de Ben et Polly qui ne sont clairement pas du même moule). Cela promet de belles choses pour la saison suivante !
(que j'ai commencé à regarder, peut-être que vous n'attendrez pas deux ans pour lire la suite!)
A raison d'un épisode sur deux qui implique des voyages dans l'espace, des civilisations à l'échelle galactique, des conflits entre aliens et autres joyeusetés, je suis raviede pourrir d'ouvrir mon Summer Star Wars avec Doctor Who !
A raison d'un épisode sur deux qui implique des voyages dans l'espace, des civilisations à l'échelle galactique, des conflits entre aliens et autres joyeusetés, je suis ravie
Il faut que je le fasse violence pour voir ces reconstitutions, j'avoue que j'ai plus de mal que toi...
RépondreSupprimerC'est dommage, parce qu'il y a des idées intéressantes dans la série classique et effectivement beaucoup de mises en place !
Tiens, moi aussi je vais pouvoir "pourrir" le challenge de Lhisbei : je n'ai pas encore fait le bilan de la saison 7 et il y a les Proms qui arrivent ! :-)
Et encore la saison 3 ça va, là j'ai laissé un peu en plan la saison 4, ça me décourage toute l'introduction du nouveau Doctor perdue à jamais (alors qu'il est absolument génial et complètement fou)
RépondreSupprimer(et oui c'est bien Doctor Who, on peut pourrir tous les challenges avec (j'ai pas encore trouvé de quoi pourrir le mien ceci dit xD)
que veut tu dire par "des purges de la BBC" ? ils ont supprimés des bandes intentionnellement ? quitte à ce qu'il y ai des histoires à trous ?!
RépondreSupprimerEn fait ils ont effacé les bandes pour les réutiliser (ça coûtait cher à l'époque), et certains épisodes ont juste été perdus (genre bande prêté et jamais rendue). Je pense qu'ils m'imaginaient pas que 50 ans plus tard la série existerait toujours.
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