mardi 17 septembre 2013

Le jeune homme, la mort et le temps - Richard Matheson


Ce n’était pas vraiment calculé pour à l’origine, mais alors que mon challenge se termine dans quelques jours, je n’aurais rêvé meilleur titre sur lequel conclure ma participation, tant ce roman démontre avec brio qu’on peut écrire d’excellentes histoires d’amour qui sont également de très bons textes fantastiques.

Accessoirement, c’est aussi l’opportunité pour moi de replonger dans l’œuvre de Richard Matheson (décédé en juin, snif snif). Je n’avais pas osé le faire depuis la claque qu’avait été Je suis une légende, mais comme Gromovar disait le plus grand bien de ce texte, j’ai sauté sur l’occasion. Et je l’ai même proposé en lecture du mois sur le Cercle d’Atuan, tant qu’à faire.

Le jeune homme, la mort et le temps nous emmène sur les pas de Richard, scénariste de profession (toute ressemblance avec l’auteur est purement fortuite bien sûr) qui n’a plus que quelques mois à vivre à cause d’une tumeur au cerveau.

Alors qu’il lâche tout et part à l’aventure pour profiter de ses derniers jours, il tombe amoureux d’une actrice de théâtre, Elise McKenna. Seul problème : celle-ci est morte depuis bien longtemps. Qu’à cela ne tienne, Richard va tout mettre en œuvre pour remonter le temps et la rencontrer.

Cela faisait très longtemps que je n’avais pas lu du Richard Matheson, mais j’ai retrouvé avec grand plaisir sa plume. Son écriture est d’une efficacité sans pareil, on n’a en effet aucun mal à se mettre dans la peau du narrateur, qui tantôt dicte (de façon très hachée), tantôt rédige son aventure pour se transporter dans le passé.

Par ailleurs, il y a une précision documentaire qui fait qu’on y croit complètement, tellement il est difficile de démêler le réel de l'inventé. La description des lieux et de l’époque, tout cela semble tellement crédible que j’en suis venue à chercher le nom d’Elise McKenna sur Wikipedia… pour découvrir qu’elle n’existe pas (elle est à priori inspirée d’une autre actrice de l’époque), contrairement à l’hôtel où se déroule l’intrigue, qui lui est tout ce qu’il y a de plus réel.

Du coup, sans être l’intrigue du siècle (certaines des péripéties semblent limite téléphonées, surtout que le protagoniste est scénariste, il devrait en voir les ficelles !), l’histoire fonctionne à merveille parce qu’elle est extrêmement aboutie : écriture efficace mais pas simpliste, univers incroyablement détaillé où l’on peine à démêler le réel de l’inventé… et bien sûr c’est une très belle histoire d’amour.

Sur le papier, c’est affreusement guimauve : tomber amoureux d’une photo et tout faire pour retrouver cette personne (et puis on imagine déjà les violons, le mariage et les enfants en guise de conclusion), il y a de quoi soupirer de désespoir. Et pourtant j’ai marché à fond.

Non vraiment, au début j’étais sceptique (surtout lorsqu’on voit la méthode de voyage dans le temps employée par Richard, qui a le mérite de sortir de l’ordinaire !) mais dès qu’on avance un peu dans l’intrigue, je suis complètement tombée sous le charme. J’ai même complètement fondu par moment, face à cette histoire de deux personnes qui à priori n’avaient aucune raison de se rencontrer, alors de s’aimer, on n’en parle même pas.

Richard, c’est le type tellement amoureux qu’il en perd les trois quarts de ses fonctions cérébrales… et pourtant c’est mignon. Parce qu’il est tombé amoureux d’une image, et qu’une fois qu’il découvre la vraie femme (qui est loin d’être la petite chose effacée qu’on pourrait imaginer), il est encore plus amoureux.

Une partie du charme de leur histoire vient je pense du fait qu’elle se déroule au XIXe siècle, où leurs « balbutiements » amoureux, extrêmement riches en dialogues, s’accordent avec justesse à l’époque. C’est assez difficile en fait de mettre le doigt exactement sur ce qui fait que l’ensemble fonctionne. Je sais juste que ça a très bien marché pour moi.

Du coup vous imaginez ma surprise : de l’auteur de Je suis une légende, un classique de la SF, j’attendais surtout une excellente exploitation du voyage dans le temps. Il y a de ça effectivement, mais Le jeune homme, la mort est le temps est aussi (et peut-être avant tout) une très belle histoire d’amour.

Pour une fois qu’on peut lire des niaiseries en public tout en ayant l’air plongé dans de la SF très respectable, ça serait dommage de se priver non ?

Avis des autres atuaniens : Euphemia

CITRIQ


4 commentaires:

JainaXF a dit…

Je crois que j'ai vu l'adaptation cinématographique qui n'était pas mal mais qui ne m'a pas marquée. Mais apparemment, le livre vaut vraiment le coup, je vais essayer de le dénicher (une belle histoire d'amour en SF, ce n'est pas si courant, en effet !) !

Vert a dit…

J'ai vu que ça avait été adapté, j'ai un peu peur de ce que ça peut donner à l'écran.
Mais oui c'est une jolie histoire d'amour ^^

Tigger Lilly a dit…

Ce n'est pas l'auteur sur lequel j'aurais parié si on m'avait demandé qu'est-ce qui serait lu pendant ton challenge ^^

Vert a dit…

Oh c'est pas la pire des bizarreries du challenge (enfin je vais ptêtre vérifier quand même)