« Oiseau et ours, lièvre et poisson,
accordez à mon aimée son vœu le plus profond »
J’avais abandonné ma relecture de La Tour sombre il y a cinq ans faute de camarades de lecture commune et je désespérais de reprendre la route. Heureusement, Alys a décidé de se lancer dans l’aventure avant la sortie du film, et j’ai décidé de me joindre à elle (Lune, j’espère que tu ne m’en veux pas trop !), car il ne fait jamais bon de voyager seul dans ces sombres contrées…
Pour la petite anecdote, cinq ans, c’est presque le temps qu’a mis Stephen King à écrire le tome 4 (il y a eu six ans entre les deux tomes en fait), du coup je me suis lancée dans cette lecture aussi perdue qu’un fan ayant attendu la suite et ayant tout oublié. Heureusement Stephen King pense à tout et fournit un résumé des épisodes précédents (ouf !).
A la fin de Terres perdues, Roland et son ka-tet étaient au bord du précipice, métaphoriquement en tout cas. Installés à bord de Blaine, un train doté d’une IA complètement folle, il fallait qu’ils arrivent à le coller à un concours de devinettes pour ne pas finir en bouillie, tout un programme.
Magie et cristal reprend donc exactement à cet endroit et continue à narrer la progression du groupe de héros vers la Tour sombre, mais avec une longue pause. Roland décide en effet un soir de leur conter un évènement important de sa jeunesse afin de ne plus avoir de secrets pour ses compagnons. Et c’est son récit qui va occuper la majeure partie du livre.
Pourquoi je vous annonce le programme directement alors que la quatrième de couverture s’en abstient (pour une fois) ? Pour vous éviter peut-être la déception que j’ai eu la première fois que j’ai lu ce livre, et où ce flash-back majeur inattendu m’a déstabilisée. À trop attendre qu’il se termine, je suis sortie du livre un peu déçue.
En relisant Magie et cristal aujourd’hui, je savais à quoi m’attendre, je l’ai donc abordé différemment. Ce qui ne m’empêche pas de le trouver toujours un peu décevant, surtout après la grosse claque et le sans-faute des trois premiers tomes.
Ce qui n’empêche pas ce quatrième tome d’être très intéressant. Il permet de remonter le temps et d’en apprendre plus sur le personnage de Roland et sur la façon dont il a évolué du rôle du jeune apprenti pressé à celui du pistolero confirmé en quête de la Tour sombre. C’est l’occasion aussi de tisser d’étranges parallèles entre le ka-tet de son passé et celui qui l’accompagne actuellement.
Sans raconter toute sa vie, Magie et cristal se penche sur un moment majeur et permet de mieux comprendre ses motivations, tout en éclairant certains détails des tomes précédents. L’intrigue met du temps à se mettre en place mais ne laisse pas indifférent. Stephen King oblige, on a parfois du mal à lâcher le bouquin, tout en espérant en même temps que le prochain passage ne sera pas plus horrible.
[Pour la petite anecdote, il y a deux scènes qui m’ont horrifié à la première lecture, je m’en souvenais, j’étais préparée… et ça n’a servi à rien, elles sont toujours horribles !]
Flash-back oblige, on a l’occasion de découvrir le monde de Roland à l’époque où il tenait encore à peu près debout. C’est un univers vraiment barré quand j’y pense : s’il tire une bonne partie de son inspiration des westerns (avec un parler archaïque délicieux et bien rendu à la traduction), l’ajout d’éléments de fantasy (il y a parfois de gros appels du pied en direction de Tolkien ou de la mythologie arthurienne) et de post-apo (avec toutes ces technologies abandonnées) lui donne définitivement une saveur unique.
J’aime bien le fait que l’auteur y agrège également des éléments de sa propre mythologie (ici on a quelques allusions au Fléau notamment). Cela ne nuit pas à la lecture de celui qui n’a jamais lu de Stephen King, mais c’est une chouette récompense pour les fans. Tout comme les multiples renvois aux tomes précédents qui m’ont été signalés par Alys et qui m’avaient échappé vu que leur lecture date un peu (je suis bonne pour relire Le Pistolero !).
Mais aussi important que soit l’apport de Magie et cristal au cycle, je n’arrive pas à m’ôter de la tête que ce roman est beaucoup trop long, et un brin maladroit dans sa construction. Les transitions passé/présent sont artificielles (l’auteur s’en moque un peu d’ailleurs), et certaines scènes à la fin semblent trop téléguidées pour être crédibles.
L’auteur donne parfois un peu l’impression d’être dépassé par un flash-back devenu trop ambitieux, et je ne peux pas m’empêcher de faire le lien avec le cinquième tome de Harry Potter, lui aussi capital mais qui aurait gagné à être recoupé.
L’impression a été d’autant plus renforcée par mon exemplaire dont la police d’écriture est juste minuscule, ce qui a rendu la lecture un peu fastidieuse parfois. J’en ai même regretté de ne pas avoir une version numérique… sauf pour les illustrations intérieures.
Tous les tomes en sont dotés (enfin quand elles ont été conservés) mais la plupart ne m’inspirent pas plus que cela. Par contre j’ai un faible pour celles de Magie et cristal qui sont signés par Dave McKean (le grand copain de Gaiman qui a fait toutes les couvertures de Sandman, entre autres).
Elles ont un côté très dérangeant qui colle parfaitement au bouquin. Je les soupçonne d’ailleurs d’avoir contribué à graver dans ma tête certaines impressions malsaines que je garde depuis ma première lecture de ce tome. Pour les curieux, elles sont consultables (comme toutes les autres illustrations intérieures d’ailleurs) à cette adresse.
Voilà, je crois avoir fait le tour ! Même si je suis assez critique sur sa construction, Magie et cristal est une chouette lecture qui permet de continuer à explorer cet univers extraordinaire mis en scène par Stephen King. Ce n’est peut-être pas le tome le plus fort de la série et il est définitivement trop long, mais il n’en reste pas moins une étape indispensable sur la route de la Tour sombre !
HAAAAAAAAAH trop bien de relire ce bilan en un bloc. Bon tu sais déjà ce que j'en ai pensé donc je ne vais pas recommencer à zéro. Tu as réussi à ne donner aucun divulgâcheur sur l'intrigue, c'est bien! :)
RépondreSupprimerRapport à B(l)aine --> Tu as écrit Baine parce que le L disparaît en français ou par faute de frappe?
J'ai hâte, hâte, hâte de lire la suite.
@Alys
SupprimerNon j'ai juste confondu avec une carte d'Hearthstone xD
Il a l'air pas facile ce cycle de King. Je me demande si je le lirai un jour car je ne sais qu'en penser...
RépondreSupprimer@lutin82
SupprimerIl n'est pas vraiment difficile à lire (ça se lit même très bien) et il a un chouette univers mais c'est long (je pense qu'il y a bien 3000 pages en tout, à vérifier).
J'ai les deux intégrales (troooop bien) elles font 1500 pages chacune en effet :p Des bons gros dicos (indisponibles d'ailleurs)
SupprimerIl n'est pas à la hauteur des 3 premiers mais faut avouer que le truc avec le train et les énigmes est vachement prenant.
RépondreSupprimer@Tigger Lilly
SupprimerLe tout début du livre quoi :D
Je comprends que tu ne veuilles plus m'attendre au bout de 5 ans :p Je te pardonne :p
RépondreSupprimerNon sans déc je pense régulièrement à reprendre mais avec toutes les nouveautés qui sortent raaaa c'est trop trop trop.
Cela dit j'aurais du temps à partir de mi-septembre et peut-être jusqu'à fin octobre (sûrement plutôt mi-octobre) donc va savoir. Comme y a 5 ans quoi :D
Mais en fait j'ai envie de recommencer au début maintenant.
Et aucune réelle envie de voir le film par contre.
Quant à Magie et cristal c'est un des livres, peut-être le livre, du cycle que j'aime le moins, sauf pour Blaine le Mono bien sûr. Mais le côté magicien d'Oz m'a lourdé (je l'ai lu il y a longtemps cela dit alors peut-être que je le lirai autrement maintenant)
Bisous !!
@Lune
SupprimerC'est parfait ça, tu seras dispo pour lire La clé des vents :D
Pour le film j'attends de voir. Je suis un peu mitigée mais j'ai lu des choses qui m'ont fait relativiser, à voir donc...