Après le futur, le passé ! Cette semaine (enfin la semaine dernière, visiblement mon blog souffre d’un énième cas de « wibbly-wobbly timey-wimey stuff ») Bill visite Londres au XIXe siècle et en découvre un peu plus sur son mystérieux professeur. Une fois encore, les vieilles recettes sont de mise, et cela fonctionne merveilleusement bien, alors pourquoi s’en plaindre ? Spoilers, comme toujours.
J’ignore si Moffat a l’intention de continuer toute la saison, mais pour ces premiers épisodes le showrunner joue vraiment la carte du retour aux sources. Rien que le début d’épisode réussit à évoquer Rose (et sa première visite dans le passé où elle s’habille pour les circonstances) et Martha (qui s’inquiète des réactions à sa couleur de peau dans le passé).
On a même failli avoir le droit à une allusion de River Song qui a été coupée pour sans aucun doute plein de bonnes raisons, mais je suis ravie de voir que la scénariste (Sarah Dollard, une des rares femmes scénariste de Doctor Who, ça mérite d’être signalé) y ait pensé.
Le Doctor et Bill profitent donc de la dernière « Frost Fair » sur la Tamise, jusqu’à qu’ils découvrent pourquoi le TARDIS (comme au bon vieux temps) les a amené à cet endroit : pour enquêter sur des mystérieuses disparitions sous la glace.
Pour le Doctor, c’est une journée ordinaire. Pour Bill, c’est l’occasion de prendre conscience qu’elle ne voyage pas avec un professeur un peu déjenté, mais avec un vieil homme qui porte le poids de ses siècles de vies et d’horreurs auxquelles il a assisté. Mais qui ne perd pas la foi pour autant.
L’intrigue est vraiment très classique (M. Vert s’est d’ailleurs ennuyé) avec une bonne vieille histoire d’aliens à élucider, et bien évidemment le Doctor et Bill se jettent dans les ennuis et sauvent la situation à la fin (pour faire simple). C’est l’occasion néanmoins de placer quelques très jolies scènes qui permettent de développer la synergie entre les deux personnages.
- So, what are the rules?- Rules?- Yeah. Travelling to the past, there's got to be rules. If I step on a butterfly, it could send ripples through time that mean I'm not even born in the first place and I could just disappear.- Definitely. That's what happened to Pete.- Pete?- Your friend, Pete. He was standing there a moment ago, but he stepped on a butterfly and now you don't even remember him.
Rien que les premiers dialogues lorsqu’ils se mettent en route sont excellents, comme en témoigne cet échange sur les règles qui régissent le voyage dans le temps. Je n’arrive pas à savoir qui j’aime le plus, entre Bill qui est tellement éduquée en SF qu’elle pose des questions très pertinentes, et le Doctor et sa réponse humoristique qui pourrait être inquiétante s’il n’insistait pas aussi lourdement.
- Have you ever killed anyone ? There's a look in your eyes sometimes that makes me wonder. Have you ?- There are situations when the options available are limited...- Not what I asked !- Sometimes the choices are very...- That's not what I asked!- Yes.- How many ?- Don't tell me. You've moved on.- You know what happens if I don't move on ? More people die. There are kids living rough near here, they may well be next on the menu. Do you want to help me ? Do you want to stand here stamping your foot ? Because let me tell you something I'm 2,000 years old... and I have never had the time for the luxury of outrage.
Après pas mal de légèreté en visitant la foire, on rentre dans les choses sérieuses après la disparition d’un enfant, ce qui confronte pour la première fois Bill à la mort, et à l’apparente insouciance du Doctor à ce sujet.
J’aurais voulu vous citer toute la scène mais vous en auriez pris pour une page. C’est à ce moment-là qu’on se dit que l’épisode avec les robots n’était qu’une sympathique promenade. Les thèmes sérieux se trouvent dans cet épisode avec cette première confrontation.
Là encore j’ignore qui j’aime le plus, entre Bill qui pose des questions très difficiles sans se laisser faire, et le Doctor qui y répond avec simplicité, justesse et sans faire dans le pathos. Que Capaldi soit excellent, je le savais déjà, mais je suis ravie que Pearl Mackie, l’interprète de Bill, soit également à la hauteur !
Petite pause ensuite avec le Doctor qui lit une histoire aux enfants, comment voulez-vous résister ? Et on revient à l’enquête plus sérieusement, l’occasion de montrer que le Doctor suit toujours ses propres conseils…
« Always remember, Bill passion fights... but reason wins. »
Il a un bon coup de poing le Doctor. Mais heureusement il s’y entend en beaux discours aussi :
« Human progress isn't measured by industry... it's measured by the value you place on a life. An unimportant life. A life without privilege. The boy who died on the river, that boy's value is your value. That's what defines an age. That's...what defines a species. »
J’aime bien d’ailleurs le fait que le méchant de l’épisode ne soit pas un alien mais un simple humain crapuleux, tout n’est pas de la faute de ces égarés de l’espace qui n’ont pas leur pareil pour s’égarer sur notre belle planète !
Dans une veine très traditionnelle, le Doctor et Bill sont emprisonnés, attachés, laissés à la merci du monstre, etc. Mais c’est sans compter sur la ruse du Doctor, qui demande ensuite à Bill de choisir.
- So, what do you want to do, Bill ?- We already know the answers. Why are you even asking?- I don't know the answers. Only idiots know the answers.- But if your future is built on the suffering of that creature, what's your future worth ?- Why is it up to me?- Because it can't be up to me. Your people, your planet. I serve at the pleasure of the human race, and right now, that's you. Give me an order.[…]- Save her.
Voilà qui rappelle drôlement la situation de The Beast Below. L’épisode déborde d’ailleurs d’allusions à cet épisode : le monstre marin, les enfants à sauver… Cela rappelle aussi celui sur la Lune avec Clara pour tout ce qui est de la question des responsabilités.
Une fois la situation rétablie et les jeunes orphelins en sécurité, retour au présent. Toute cette expédition ne plait pas à Nardole qui nous reparle de ce mystérieux Vault, dont le contenu n’a guère envie de rester à l’intérieur. Heureusement, il ne frappe pas quatre fois, c’est déjà ça ! (j’espère d’ailleurs qu’on ne va pas nous faire poireauter trop longtemps).
Voilà donc pour Thin Ice, un épisode une fois encore de facture très classique qui ne révolutionne rien mais qui donne l’occasion à Bill de poser son personnage, pétillant toujours mais également très compétent pour demander des comptes au Doctor et l’aider à sauver le monde.
Autant il était difficile dans les saisons précédentes de prendre le train en route, autant il n’en est rien ici, j’ai idée qu’un novice pourrait regarder cette saison en premier pour se faire une idée sans ressentir de réel manque (sauf peut-être pour le personnage de Nardole).
C’est une bonne idée pour ceux qui n’ont pas envie de regarder dix saisons pour se faire une idée, d’autant plus que les premiers épisodes doivent parfois piquer un peu les yeux aujourd’hui (et je parle de ceux de 2005, pas de 1963 !).
D’autres avis : Yoda Bor, Zakath Nath
Je suis d'accord avec toi, c'est vraiment une saison Retour aux sources qui peut se regarder de manière indépendante. Sa compagne redonne de la légèreté comme les premières saisons.
RépondreSupprimerOn retrouve bien l’ambivalence du Docteur (jekyll et Hyde), insouciant, facétieux mais cachant une profonde et sombre solitude.
J'aurais choisi les même dialogues que toi. J'ai adoré le coup du Pete. Je pensais même à un moment que ce n'était pas forcément une blague.
@Le chien critique
SupprimerPete rappelle un peu le cas de Rory en fait ^^. Et je plussoie pour le côté ambivalent très prononcé, c'est pour ça que j'adore Capaldi d'ailleurs (entre plein d'autres raisons).