vendredi 6 mai 2011

La trilogie de Wielstadt - Pierre Pevel


Vous ne vous en êtes sans doute pas rendu compte, mais voilà bien trois semaines que je n’ai rien écrit pour ce blog, à l’exception de mes articles sur Doctor Who (mais ça ne compte pas ça). Pour le reste, j’éclusais les chroniques déjà écrites pendant que je potassais pour mes concours…

La première phase des épreuves étant passée, je me remets doucement dans le bain et je me relance dans l’écriture, et y’en a du boulot, parce qu’entre deux ouvrages sur la Dewey, l’influence du web 2.0 sur les bibliothèques et le code de déontologie des bibliothécaires, j’ai trouvé le moyen de descendre un paquet de bouquins.

A commencer par la trilogie de Wielstadt de Pierre Pevel, reprise en intégrale d’un de ses anciens cycles, publié entre 2001 et 2004, en trois volumes (normal pour une trilogie) : Les ombres de Wielstadt, Les masques de Wielstadt et enfin Le chevalier de Wielstadt.

Il y a définitivement un petit parfum de fantasy historique dans cette série qui se déroule à Wielstadt, une ville imaginaire du Saint Empire, installée à l’embouchure du Rhin, qui a la particularité d’être protégée par le dernier dragon d’Europe, ce qui empêche qui que ce soit de s’en emparer.

Ce n’est d’ailleurs pas la seule créature merveilleuse qu’on croise, puisque tout le bestiaire merveilleux s’y épanouit, entre autres nains, faunes et fées. Ainsi que quelques créatures plus liées à l’obscurité : fantômes, démons, goules et autres morts-vivants, parce que tout n’est pas rose dans cette charmante ville en 1620, bien au contraire.

Sans quoi le Chevalier Kantz mènerait une vie bien ennuyeuse, ce qui serait dommage puisqu’il s’agit de notre héros ! Mystérieux, renfermé sur lui-même, érudit et fin connaisseur des arts occultes (qu’il combat à sa manière, parfois seul, parfois en aidant aussi bien le Guet de la ville que les Templiers), le voilà confronté à une série de meurtres sanglants que rien ne relie… à priori.

Comme dans toute bonne enquête qui se respecte, en dire plus serait criminel, je m’arrêterais donc là pour le résumé. On retrouve un schéma assez similaire, avec quota d’enquêtes et de scènes plus « d’action » sur les tomes suivants, avec quelques variations, surtout sur le Chevalier de Wielstadt, de loin le plus sombre des trois.

L’univers déployé par Pevel dans sa trilogie de Wielstadt est vraiment chouette. C’était quelque chose qui m’avait déjà marqué dans les Enchantements d’Ambremer, il a un certain don pour assaisonner à la sauce fantasy une époque et un territoire (ici le Saint Empire en pleine guerre de trente ans).

Je ne suis pas une grande experte dans le domaine (en Histoire de l’Art, on commence par l’Italie et les Flandres, on enchaine sur la France, je vous laisse imaginer le peu de temps que ça laisse pour étudier le reste de l’Europe...), mais j’ai bien aimé sa façon de réutiliser tous les éléments de l’époque (notamment les sociétés secrètes diverses et variées) et d’y ajouter sa petite touche personnelle (le retour des Templiers par exemple).

Les intrigues permettent de bien faire le tour de ce monde quelque part entre uchronie et fantasy historique, et une fois les premières pages passées, on prend plaisir à suivre les pérégrinations de Kantz. C’est un bon page-turner, d’ailleurs j’ai enfilé les Masques puis le Chevalier de Wielstadt en presque une journée, entre 4h de train et l’attente chez le coiffeur.

En fait, si j’ai un reproche à faire à cette trilogie, et c’est un peu l’impression que j’avais déjà sur les Enchantements d’Ambremer, c’est que j’ai souvent l’impression de lire un parfait placement produit en fantasy.

S’il existait un cahier des charges du bon roman de fantasy qui marche, je pense qu’on se rendrait vite compte que la trilogie de Wielstadt lui correspond tout à fait. Il y a mélange bien dosé historique/fantasy (avec tout plein d’explications pour le lectorat), le héros un peu torturé qui a de très bons amis, les créatures magiques (notamment Chandelle), les scènes un peu sordides, les complots, les duels à l’épée, une pointe de mysticisme, etc.

Ce n’est pas un mal en soit, c’est un très bon roman de fantasy, mais c’est tellement (trop) bien calibré que je reste sur ma faim. Il manque un petit quelque chose qui fait la différence entre la lecture sympathique et le coup de coeur : un grain de folie, quelque chose qui se démarque vraiment, des personnages peut-être un peu moins lisses…

Si vous aimez la bonne vieille fantasy, cette trilogie vous plaira sûrement, c’est même un bon moment de lecture. Par contre, si vous êtes un peu blasés du genre (ce qui est mon cas), ça risque de vous laisser de marbre une fois l’histoire terminée. Vous voilà prévenus !

Un petit mot sur l’édition pour finir. Je suis toujours assez sceptique sur les intégrales, parce que ce sont des gros volumes peu aisés à lire et qui s’abiment vite, mais ce n’est pas le cas de celui-là. Le format n’est pas énorme (il n’est pas plus haut qu’un poche, juste plus large), la typographie de taille normale pour un poche, et le volume s’ouvre en grand sans que le dos se plie.J’apprécie la qualité de l’ouvrage, à défaut d’avoir adoré ma lecture !

Merci aux éditions Pocket pour le partenariat.

CITRIQ

14 commentaires:

Julien le Naufragé a dit…

Celui-ci j'espère me le commencer ce week-end. Il me donne bien envie et tu éveilles ma curiosité là!

Marion a dit…

Moi je crois que j'aime tellement Pierre Pevel, que toutes les critiques qu'on peut lui faire (notamment celle que tu pointes, où on a l'impression que tout est là où il faut, et que le cahier des charges est rempli) moi je ne peux m'empêcher d'adorer ses histoires, ses intrigues, ses personnages.

Et je trouve que Kantz n'est pas si lisse que ça quand même.

Bref moi j'ai adoré (mais tu le sais :D).

Unknown a dit…

Moi ça me donne vraiment envie. Et je crois que faire de la fantasy dans l’Allemagne du XVIIème siècle; on peut appeler ça un "grain de folie" non ?

Vert a dit…

@Julien
C'est bon de savoir que j'arrive à vendre un bouquin que j'ai pas forcément aimé xD

@Olya
Oui je sais, tu adores, mais je pense que ce que tu aimes chez lui est ce que je n'aime pas chez lui en fait :P

@Orkan
Comme je le disais il a de bons univers, et c'est vrai qu'utiliser l'Allemagne est assez original ^^. C'est plutôt le reste que je trouve très lisse (c'est pas évident à expliquer, c'est vraiment un sentiment qui me venait pendant que je lisais...)

Cachou a dit…

J'avais adoré "Les enchantements d'Ambremer", mais je dois dire que cette série-ci ne m'attire pas outre mesure. En plus, la taille du schmilblick a de quoi décourager, même moi ^_^.

Vert a dit…

C'est pas si long que ça en fait (enfin disons qu'une fois le premier tome passé, ça va vite ^^).

Unknown a dit…

En fait, je suis passé dans une librairie et j'ai regardé cette intégrale : j'ai été étonné de voir à quel point l'ouvrage était léger et l'écriture aérée

Vert a dit…

Oui, ça m'a beaucoup surprise aussi, ça se lit très bien comparé à certaines intégrales (j'avais emprunté celle de Narnia à une copine, c'était l'horreur tellement c'était écrit petit...)

Lhisbei a dit…

je suis en train de le lire (j'arrive à la fin du premier tome) et je suis assez d'accord avec toi sur le côté "calibré" mais je me rends compte que, même si j'en lis de moins en moins, la bonne vieille fantasy "cape et épées" me convient toujours autant ;)

Vert a dit…

Veinarde :D
Moi je crois que je développe presque une réaction allergique. A part pour Tolkien, j'ai vraiment du mal avec le genre en ce moment.

Endea a dit…

Je reviendrai par ici lorsque j'aurai achevé cette trilogie mais pour l'instant cela me plait beaucoup, j'aime les personnages de Pevel, après il est vrai qu'il n'y a aucun grain de folie dans tout cela et que les personnages ont un côté très coincé, xd

Vert a dit…

C'est pas moi qui l'ai dit :P

Endea a dit…

Alors maintenant que j'ai lu toute la trilogie, je reviens au peu su mon jugement, certes les personnages ne sont jamais pris de folie, pour autant je ne les trouve pas lisses, au contraire Kantz gagne en profondeur au fil des romans. Bon en tout cas j'ai vraiment aimé cette trilogie là, je ne dois pas être encore blasée du genre, lol.

Vert a dit…

Qu'est ce que tu veux, moi et Pevel on n'est pas fait pour s'entendre je crois xD