lundi 20 juin 2011

Dehors les chiens, les infidèles - Maïa Mazaurette


Je pense que ce livre doit se trouver dans les bibliothèques de bon nombre de blogueurs vu la quantité de concours qui ont permis de le gagner pour les dix ans de Folio SF. Pour ma part, je n'en ai gagné aucun, Olya (qui est une sacrée veinarde !) en a gagné deux, et m'a gentiment fait don du second. Je la remercie donc grandement au passage.

Dehors les chiens, les infidèles s’ouvre (et tire son titre) d’une sympathique citation qui met tout de suite dans l’ambiance :
« Dehors les chiens, les enchanteurs, les impudiques, les meurtriers, les idolâtres. Moi, Jésus, je suis l’étoile brillante du matin »
Apocalypse de Jean, XXII, 15-15
L’histoire se situe en effet dans un univers médiéval (presque Renaissance, à en juger par certains détails) apocalyptique, un peu comme si la fin du monde était arrivée en l’an 1000.

En effet, dans ce monde médiéval où s’affrontent sans cesse les forces de la lumière (le royaume d’Auristelle et sa sympathique Sainte Inquisition) et celles des Ténèbres (l’Occidan noir, ses sacrifices de vierges, son Antépape, je vous laisse imaginer le reste) le ciel s’est assombrit au point d’en cacher le soleil le jour où Galaad, héros de la lumière a perdu la légendaire Etoile du Matin.

Depuis trois générations, les hommes vivent dans les ténèbres, ce qui n’est pas sans conséquence : le froid, la faim, et des enfants souvent malformés. Un véritable hiver nucléaire qui ne dit pas son nom ! Malédiction divine, c’est tellement plus joli.

Tous les cinq ans, Auristelle envoie donc en Quête un groupe de cinq adolescents pour essayer de retrouver l’Etoile du Matin et mettre fin à cette malédiction, et c’est un de ces groupes que l’on va suivre.

L’histoire démarre sur les chapeaux de roues (enfin disons qu’on rentre dans le vif du sujet directement), si bien que j’ai un peu pensé à la Horde du Contrevent (une bande de gamins envoyée dans une quête impossible, ça ne vous rappelle rien ?). Et puis en fait pas du tout.

De manière assez surprenante, on dévie très vite de cette idée de quête, et dans un enchainement de combats et de complots, on dévore littéralement les quatre cents pages de ce roman en prenant à peine le temps de respirer.

J’aime bien de temps en temps lire un pur page-turner, et Dehors les chiens, les infidèles correspond tout à fait ce genre de lecture. L’histoire est prenante, ce qui est un énorme avantage, mais l’univers aussi a quelque chose de fascinant.

Une fin du monde médiéval, des gens au bord du gouffre qui n’ont plus que la religion à quoi s’accrocher, le pouvoir temporel et spirituel qui essayent de se manipuler l’un et l’autre… au milieu de tout ça, les Quêteurs se révèlent tous des personnages plein de nuances.

Ce ne sont pas forcément des personnages qu’on peut aimer (surtout Astasie !) mais ils ont tous quelque chose de fascinant : de lourds secrets pour certains, un esprit tellement rivé sur une certaine définition du bien qu’il côtoie clairement la folie et l’obscurité, sans parler du fait qu’ils se prennent tous un grand pain dans la gueule (physiquement ou mentalement, souvent les deux) à un moment ou un autre.

On ne peut pas dire que l’auteur leur mène une vie facile, et même Spérance qui est de loin la figure la plus classique et la plus simple, se démarque du stéréotype avec quelques réflexions sympathiques sur le final.

Autant dire que c’est un roman que j’ai lu (que dis-je, je l’ai dévoré) avec plaisir, d’autant plus que ce n’est en aucun cas le premier tome d’une série en quinze volumes (du moins je ne le crois pas).

On y trouve tout ce qui fait un bon roman de fantasy, non sans une certaine pointe d’ironie envers certains clichés du genre dans certains passages (notamment quand Spérance s’étonne de ne pas savoir quoi faire alors que les héros dans les histoires le savent toujours !).

Et l’univers post-ap façon médiéval est tout à fait savoureux. Discrètement, on y retrouve une bonne partie des codes du genre, bien qu’ils ne soient jamais nommés. Je vous renvoie aux articles de mes collègues de lecture, il y en a qui ont un avis bien précis sur la question !

Lu en lecture commune avec : Cachou, Endea, Guillaume, Julien, Lhisbei, Nelfe, Val

Et comme je ne suis pas la seule à lui trouver un petit parfum de post-ap, ça m’en fera un de plus pour le challenge Fins du Monde (et sans zombies cette fois-ci !)

CITRIQ

20 commentaires:

Tigger Lilly a dit…

J'aurais bien participé à la lecture commune avec vous, mais c'était un peu chargé pour mon programme de lecture déjà titanesque... Je le lirai prochainement.

Bravo pour l'absence de zombies !

Cachou a dit…

Un petite parfum? Tout le flacon oui! ;-p

Moi, c'est surtout Spérance qui m'a exaspérée comme personnage, plus qu'Astasie qui, au moins, allait à fond dans ses convictions ^_^.

Endea a dit…

C'est marrant la façon dont nous pouvoir percevoir différemment les personnages, moi en fin de compte c'est Spérance que j'ai préférée, lol
J'ai trouvé des incohérences au récit mais il est quand même drôlement bien écrit ^^

Tana a dit…

Commentaire absolument inutile, mais je dirais que ce livre doit bien changer de ce que Maïa Mazaurette a l'habitude d'écrire...

Vert a dit…

@TG
Faut pas hésiter, c'est un petit bouquin distrayant ^^

@Cachou & Endea
Bah Spérance c'est la plus normale de tous (et sans doute la moins dingue), moi j'ai bien aimé tous ses incertitudes tout en gardant sa conviction à elle... C'est la plus facile à aimer en fait.
Astasie j'admire le personnage (sans l'aimer, c'est pas possible ça), Vaast est assez commun je trouve, quant à Cyprien, il me fait un peu pitié parce que pour moi il sera toujours manipulé.

@Tana
Ah tu es donc une lectrice de ses autres écrits, tu vas pouvoir nous dire, on se demandait ce que valait sa "revanche du clitoris" (et autres textes cités à la fin du Folio SF, ca fait un peu bizarre xD)

Luthien a dit…

J'en ai beaucoup entendu parler mais je me demandais si c'était réellement bien vu ce que l'auteur écrit couramment. Il m'a l'air intéressant, je le note en tout cas ! :)

Nelfe a dit…

Je l'ai aussi placé dans le challenge [fins du monde] ;)
Je pense que tu l'as plus apprécié que moi même si je l'ai trouvé sympathique et distrayant.

Lhisbei a dit…

Je ne l'ai pas placé dans le Challenge fins du monde mais en fait peu importe la période il s'agit d'un post apo' tout de même. je l'ai lu très vite parce qu'en effet il se dévore celui-là :)

Tana a dit…

Hep me fait pas dire ce que j'ai pas dit!
M'étant déjà retrouvée à ranger un rayon érotique, j'ai l'excuse d'y avoir croisé ses livres fortuitement...
Non mais pour qui tu me fait passer...

Vert a dit…

@Luthien
Bah écoute sans savoir ce qu'écrit l'auteur couramment, j'ai trouvé ça tout à fait sympathique.

@Nelfe
Vive la fantasy post ap :D

@Lhisbei
C'est tout l'intérêt, j'ai un goût parfois assez prononcé pour les trucs qui n'avancent pas (notamment Tolkien ces temps-ci), alors un bouquin qui se dévore, ça me fait toujours plaisir :D

@Tana
Bah moi je te fais passer pour rien du tout, c'est toi qui range les rayons érotiques :D

Unknown a dit…

Pour sûr, le personnage d'Astasie fascine. Il est d'ailleurs à mon avis plus complexe et construit que celui de Spérance (peut être trop normale et naïve à mon goût).

Vert a dit…

C'est le point d'entrée du lecteur Spérance (orpheline et tout le tralala). Je pense qu'elle équilibre un peu l'équipe, sinon si on n'avait pas Cyprien, Astasie et Vaast, ça serait pas pareil xD

Julien le Naufragé a dit…

Je progresse dans ma lecture maintenant que j'ai plus de temps (mais beaucoup de fatigue accumulée). Arrivé à la page 400 on est passé outre le début un peu trop typique et donc scabreux. La suite devient intéressante, les pages se tournent. Il reste des défauts mais il y'a de l'ambition. Malheureusement celle-ci ne semble pas portée au maximum mais si Maïa Mazaurette continue dans le genre, qu'elle pousse plus loin, il y'a de quoi sortir l'un ou l'autre bon roman de sa manche. Surfant sur les clichés, jouant avec, les égratignant au passage pour essayer de se démarquer du genre.

Vert a dit…

Tout à fait d'accord avec ta dernière remarque, je pense qu'elle a un bon potentiel dans le détournement des clichés ^^

Julien le Naufragé a dit…

Et hop, voici mon billet :
http://naufragesvolontaires.blogspot.com/2011/07/dehors-les-chiens-les-infideles-maia.html

Vert a dit…

J'ai mis à jour mon billet avec ton lien ^^

Acr0 a dit…

Sans aucun doute, ta chronique est la plus optimiste que j'ai lue concernant ce livre. Je connais la "plume" de Mazaurette via son blog ou dans des magazines mais je n'ai pas lu de livre d'elle (d'ailleurs, en a-t-elle plusieurs à son effectif?) Alors que je m'étais détournée de ce livre, voilà que tu attises ma curiosité :)

Vert a dit…

Bah je suis pas la seule, je me rappelle que Shaya avait beaucoup aimé (c'est un peu ce qui m'a convaincu de le lire d'ailleurs). Maia Mazaurette a écrit 2 romans dans le domaine de la SFFF je crois (ne me demande pas le titre de l'autre), et quelques nouvelles.

Guillmot a dit…

Hello, tu es au courant de cette republication de ton billet ?

http://lireetrelire.unblog.fr/2011/06/21/lu-pour-vous-dehors-les-chiens-les-infideles-maia-mazaurette/

Vert a dit…

Non, j'étais passée à côté... je vais m'en occuper, merci pour l'info.