lundi 1 octobre 2018

Écrits fantômes – David Mitchell


Depuis que j’ai fait la connaissance de David Mitchell par le biais de Cartographie des nuages, roman brillamment porté à l’écran par les Wachowski et Tom Tykwer, j’explore petit à petit la bibliographie du Monsieur. L’an dernier, je lisais son dernier roman traduit en date, L’âme des horloges. Cette année, c’est au tour de son tout premier texte publié, Écrits fantômes, que j’ai lu en compagnie d'Alys.

Sur le papier, Écrits fantômes ressemble à un recueil de nouvelles. Ses neuf chapitres (le dixième tient plus de la conclusion qu’autre chose) nous font voyager à travers le monde, avec à chaque fois un personne différent.

On suivra donc tour à tour le membre d’une secte japonaise, un jeune vendeur de disques à Tokyo, un trader à Hong-Kong, une femme tenant une maison de thé sur une montagne chinoise, un globe-trotter qui traverse la Mongolie, une gardienne de musées en Russie, un écrivain fantôme (oui oui un « ghostwritter ») à Londres, une physicienne en Irlande et un animateur de radio New York.

Chaque récit a sa personnalité, et si le style reste globalement le même (avec pas mal d’allers-retours dans le temps) on apprécie ces récits aux tonalités très différentes, notamment quand on passe du trader au bout du rouleau dont on suit les pas sur une courte période, à la paysanne chinoise dont la vie s’étale sur de nombreuses années, excellente occasion de mettre en scène l’histoire moderne de la Chine.

Si vous connaissez un peu David Mitchell, vous vous doutez bien que ces histoires ne sont absolument pas indépendantes. Chacune tisse des liens avec les autres, que ce soit par le biais de lieux, de rencontres fortuites ou de liens plus éloignés entre les personnages. Ainsi un coup de téléphone passé dans la première histoire se retrouve dans la deuxième, le personnage de la deuxième histoire apparaît brièvement dans la troisième et ainsi de suite.

Avant de commencer ma lecture, j’ai regardé s’il n’était pas possible d’emprunter une version numérique pour pouvoir poursuivre ma lecture le soir sans réveiller Mini-Vert, mais je n’ai finalement pas regretté d’avoir la version papier, c’est beaucoup plus facile de faire des allers-retours entre les parties pour comprendre comment tout s’emboîte.

Je pourrais vous parler de chaque partie individuellement (c’est ce qu’on a fait avec Alys durant notre lecture commune et c’était fort chouette), mais cela ne vous parlera pas des masses si vous n’avez pas lu l’ouvrage. A la place, je peux vous dire qu’il s’agit à chaque fois de très jolis portraits de personnages, souvent très touchants (parfois en dépit du bon sens).

Comme dans tous romans de David Mitchell que j’ai lus jusque-là, tous ces récits emboîtés (qu’on aimerait plus long mais qui ont finalement juste la bonne taille) savent très bien parler de la vie en général, dans ses bons et ses mauvais côtés. On y parle d’amour (mais pas toujours dans sa forme la plus rose), de famille, de travail et des choix que l’on fait dans la vie.

Ces différents récits sont également d’authentiques invitations au voyage, l’auteur étant clairement aussi doué pour les portraits de personnages que pour ceux de villes ou de pays. Cela culmine dans le chapitre sur Londres, mais la balade sur la Montagne sacrée est pas mal également.

En fait, la seule chose qui manque pour rendre l’expérience de lecture complètement satisfaisante, c’est un vrai fil rouge (ou en tout cas un qui est clairement visible). Bien sûr il y a clairement des fantômes (au propre ou au figuré) qui hantent les personnages, il y a toute une interrogation sur la destinée très intéressante, mais on termine la lecture avec une difficulté à vraiment donner du sens au puzzle.

Ca n’en reste pas moins un très joli puzzle, superbement écrit avec ça. Plus je lis David Mitchell, plus son écriture me fait penser à celle de Neil Gaiman parce qu’elle est confortable. On rentre très facilement dans ses écrits (malgré leur complexité) et en commençant Écrits fantômes j’avais même cette impression curieuse de rentrer à la maison.

Pour un premier roman, David Mitchell met donc la barre très haut. Écrits fantômes est un très beau roman pour qui aime les histoires qui s’emboîtent, les morceaux de vie et les beaux portraits de personnage et de lieux. Certes il manque peut-être un vrai fil conducteur pour relier l’ensemble, mais cela n’en reste pas moins une très belle lecture, avec un petit grain de folie parfois quand le récit s’oriente ici et là vers la SFFF.

~*~

Un point sur la « galaxie » Mitchell pour finir : David Mitchell ne se contente pas de tisser des liens entre ses histoires à l’intérieur des romans, ses romans communiquent aussi entre eux. Ainsi dans Écrits fantômes on croise entre autres deux des héros de Cloud Atlas, une tache de naissance en forme de comète et un personnage que l’on retrouvera dans L’âme des horloges.

Voilà qui me donne envie de lire ses autres textes. Si j’ai fait le tour de sa bibliographie en VF, j’ai encore deux romans à découvrir en VO : number9dream, paru en 2001 (qui ne sera donc probablement jamais traduit) et Slade House paru en 2015. Et bien sûr il y a aussi la novella enterrée dans une forêt norvégienne jusqu’en 2114 mais celle-là je doute de pouvoir la lire un jour !!

Lecture commune avec Alys (qui m'a patiemment attendu sans quoi elle aurait fini le roman avant que je ne termine le premier chapitre :)

15 commentaires:

Alys a dit…

Mais mais mais c'est qui le personnage de l'âme des horloges? *_*
Je suis carrément motivée pour faire une autre lecture commune sur ce brillant écrivain :D Il faut juste que je trouve ses autres bouquins :D

Tigger Lilly a dit…

Il faut VRAIMENT que je découvre cet auteur. Ça a l'air vraiment trop bien et j'adore les liens d'un roman à l'autre.
"Et bien sûr il y a aussi la novella enterrée dans une forêt norvégienne jusqu’en 2114 mais celle-là je doute de pouvoir la lire un jour !!" C'est quoi cette histoire ?

Vert a dit…

@Alys
C'est la physicienne qui réapparait selon la page Wiki du roman, pas pu vérifier par contre (mais vu qu'un chapitre se passe en Irlande c'est pas incohérent)

Vert a dit…

@Tigger Lilly
Mince je pensais que tout le monde connaissait, j'ajoute le lien du coup :https://www.francetvinfo.fr/monde/norvege/dans-la-foret-d-oslo-pousse-la-bibliotheque-du-futur-et-vous-ne-lirez-jamais-ses-livres-ils-vont-sommeiller-durant-cent-ans_2736685.html

Baroona a dit…

Comme Tigger Lilly, il faut que je lise du David Mitchell. Celui-ci pourrait être bien pour commencer du coup, tant parce qu'il est le premier paru que parce qu'il est un peu moins gros que les autres (j'ai l'impression ?). ^^

Le Maki a dit…

Oui, il faut lire David Michell !

Celui-ci me tente bien aussi du coup. Merci.

Vert a dit…

@Baroona
Je pense que le plus court c'est Le fond des forêts, à vérifier...
*accio Google*
C'est ça, moins de 500 pages et pas vraiment de la SFFF, c'est le plus court ^^

Vert a dit…

@Yogo
Cool, j'espère qu'il te plaira ^^

Valeriane a dit…

T'as gagné!! j'ai envie de le lire :-)
Bon donc, tu conseilles de commencer par celui-là? Ou les autres?
Je pensais à Cloud Atlas à sa "sortie", puis il y a eu celui avec les horloges,... maintenant ça que je vois passer...

Vert a dit…

@Valeriane
Cloud Atlas est un bon point de départ je pense. Le fond des forêts est chouette aussi (et plus linéaire surtout !)

Valeriane a dit…

Je note! Merci du conseil!!

Shaya a dit…

Il faut que je le teste un jour cet auteur. (Sinon, je suis totalement contre cette idée d'aller enterrer des livres qui seront (peut-être) lus dans un siècle.

Vert a dit…

@Shaya
Oui il faut tester ^^
(et oui en plus les jeunes du siècle prochain trouveront peut-être son texte très ringard xD)

Lorhkan a dit…

Après "L'âme des horloges", je ne peux décemment pas m'arrêter là avec les romans de David Mitchell. Donc je vais m'intéresser à celui-là un jour ou l'autre. Faudra juste pas être trop pressé hein ! :D
Mais quel auteur, quel talent ce Mitchell ! Un jour aux Utopiales (ça ne doit pas être donné de le faire venir...) ? ;)

Vert a dit…

@Lorhkan
J'aurais bien aimé qu'il soit invité. On peut toujours espérer un jour... (bon ça veut dire qu'il aura pas de prix cette année sans doute ;p)