En ce moment, la librairie Scylla lance une campagne de financement participatif pour la publication de deux ouvrages : une réédition, Roche-Nuée de Garry Kilworth, et une novella, Il faudrait grandir pour oublier la frontière de Sébastien Juillard.
Personnellement lorsque j’ai participé, c’était avant tout pour Roche-Nuée, parce que j’ai bien aimé ce que j’ai lu de l’auteur, et accessoirement le qualificatif « ethno-SF » m’a tout de suite plu. Il faudrait grandir était le petit bonus (surtout que je ne savais pas de quoi ce texte parlait).
Et puis j’ai lu la nouvelle La Cigarette (disponible ici gratuitement), excellente porte d’entrée, et je suis tombée sous le charme. Difficile après ça de résister à la possibilité de lire la novella en avant-première pour en faire la promotion. Oui c’est de la pub, mais de la pub sincère !
Il faudrait pour grandir oublier la frontière est le premier titre de la collection 111 111, qui comme son nom l’indique ne publie que des textes de 111 111 signes, de la première lettre du titre au point final de l’histoire. C’est assez marrant parce qu’à la lecture j’ai eu une impression de texte peaufiné au mot près, je me demande si j’aurais eu la même sensation sans le contexte de la collection !
Cette novella nous emmène en Palestine, dans un futur indéterminé (il est aussi possible que j’ai zappé une éventuelle mention de date, dans ce cas je m’en excuse) que seul trahit la présence de technologies avancées telles que des drones dans tous les sens, des clones et ainsi de suite.
Nous sommes dans le futur, mais la situation semble n’avoir guère bougé depuis notre époque : attentats-suicides, représailles d’Israël et ainsi de suite… Pourtant quelques avancées vers la paix semblent avoir été faites, comme cette école qui enseigne l’hébreu à des femmes palestiniennes, pour leur donner la possibilité d’émigrer.
Dans ce cadre évoluent différents personnages : une lieutenante de l’armée israélienne qui enseigne dans cette école, un scientifique spécialiste de la prothèse de récupération, un potentat local qui œuvre pour la paix, mais entretient toujours des liens troubles notamment avec un fanatique avec qui il a séjourné en prison, le dit fanatique n’étant guère favorable à l’idée de paix…
Tous ces personnages se connaissent, se croisent, et on les regarde évoluer et réfléchir dans ce monde qu’on aimerait voir changer, mais qui semble trop souvent au cours des pages tourner en rond.
Il faudrait pour grandir oublier la frontière n’a pas vraiment d’intrigue, enfin en tout cas ce n’est définitivement pas là que se trouve son intérêt. C’est une novella où tout est dans l’atmosphère, les multiples portraits, la confrontation des points de vue des personnages.
Des romans de SF qui évoquent le conflit israélo-palestinien, on en trouve, mais tous ceux que j’ai lus se contentaient de l’évoquer, ou tombaient souvent dans les clichés. Dans cette novella, on plonge en plein dedans, et on évite les écueils habituels. Pas vraiment de parti-pris (à part un désir de paix) et surtout beaucoup de nuances de gris.
Il faudrait pour grandir oublier la frontière m’a touchée, tout simplement. J’ai aimé son thème évidemment, et la façon dont il est abordé. J’ai aimé son écriture aussi, ciselée. Le seul défaut à noter est celui de toutes les novella : cette impression de texte à la fois trop court et trop long. La cigarette, à titre de comparaison, m’a semblé plus « complet » comme texte à la lecture.
Une dernière note avant de conclure : j’ai plongé dans les textes de Sébastien Juillard sans avoir la moindre d’idée d’où je mettais les pieds (à vrai dire j’avais à peine regardé la couverture), et je me demande si l’effet de surprise n’a pas joué, alors que j’attaque toujours mes lectures avec un bagage d’informations conséquent à leur sujet.
Du coup j’ai longtemps hésité à parler réellement de l’intrigue dans ma chronique pour ne pas vous gâcher l’effet (j’ai aussi envisagé une chronique en 1 111 ou 11 111 signes avant de jeter l’éponge faute d’en avoir la patience !). En même temps, si vous avez lu mon avis, c’est que le mystère seul ne suffisait pas à vous convaincre de vous intéresser à ce texte, et que vous vouliez en savoir plus. J’espère donc vous avoir donné envie, et ne pas en avoir trop dit !
La campagne de financement participatif des éditions Scylla pour Roche-Nuée et Il faudrait pour grandir oublier la frontière se déroule à cette adresse jusqu’à fin février, n’hésitez pas à visiter le site pour plus d'informations si vous voulez participer.
Je viens de participer et cette chronique tombe à pic! :)
RépondreSupprimer@Alys
RépondreSupprimerTu ne vas pas regretter ton investissement je pense ^^
Intéressant... Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, du coup ça s'éclaircit un peu. ;)
RépondreSupprimer@Lorhkan
RépondreSupprimerRavie d'avoir été utile ^^
Je le termine juste. Un thème difficile, traité comme tu le dis sans parti pris, autre que dire nous sommes tous humains. Beau texte.
RépondreSupprimer@Lune
RépondreSupprimerTout à fait.
Très intéressant. J'ai déjà participé donc voilà mais ça me donne encore plus envie.
RépondreSupprimer@Tigger Lilly
RépondreSupprimerTant mieux !