mardi 19 juin 2012

De rouille et d'os - Jacques Audiard


En voilà un film pas facile. Je voulais absolument le voir, je suis contente de l’avoir vu, mais force est de constater qu’il m’est très difficile d’en parler. Pardonnez donc par avance le caractère décousu de cette chronique.

De rouille et d’os raconte l’histoire de deux personnes dont le destin se croise (au détour d’une boite de nuit), alors qu’elles n’ont à priori que peu de choses en commun : Stéphanie est une dresseuse d’orque qui va perdre ses jambes dans un horrible accident ; Ali est un peu un paumé, un adepte des petits boulots (videur, vigile) et de la boxe, qui peine à s’occuper de son fils de cinq ans.

Ces deux personnages sont vraiment étranges. Pas faciles à aimer, ni l’un ni l’autre (Ali qui néglige son fils, Stéphanie dont tout semble tourner autour de son nombril parfois), et la façon dont se construit leur relation est atypique et pourtant touchante à sa façon.

C’est face à ce genre de personnages que je me rends compte à quel point il existe un cinéma « formaté » avec ses codes (de narration, de manière de filmer même), parce que j’ai passé la moitié de la séance à me dire que ce film n’y ressemblait vraiment pas (et qu’un réalisateur américain aurait pondu une grosse guimauve du même scénario).

C’est un film très brut, presque violent (pas forcément de manière visuelle, mais il agresse le spectateur). Et en même temps tout en nuances et en légèreté. La métamorphose de Stéphanie, de la loque en fauteuil qui se cache chez elle à celle qui n’hésite pas à porter une jupe sur ses prothèses se fait tout en douceur, sans jamais insister dessus.

Tout du long et jusqu’au final (dur et touchant à la fois), on retrouve cette dichotomie, qui à l’arrivée du générique m’a laissé dans un état second. De rouille et d’os est un film étrange, qu’on ne reverra pas une deuxième fois, mais qui vaut la peine d’être vu.

Je pensais n’avoir jamais vu de Audiard, mais j’ai vérifié en rédigeant cet article, j’avais déjà vu De battre mon cœur s’est arrêté…, qui finalement lui ressemble beaucoup (même violence, et il s’est lui aussi gravé dans ma mémoire, bien que je ne l’ai jamais revu).

C’est vraiment des films inhabituels, mais au milieu de toute cette production formatée (et j’avoue moi-même souvent privilégier cette production par flemme), cela fait le plus grand bien !

6 commentaires:

Cachou a dit…

J'ai ressenti la même chose pour les codes. Audiard choisit un style et ne respecte pas ce qui se fait d'habitude dans celui-ci (les personnages, mais aussi les "choix de carrière" (pour Stéphanie) ou, simplement, la fin (on s'attend tellement à l'autre "option"...). C'est ce que j'ai le plus apprécié dans ce film.

Vert a dit…

Oui la fin est assez étrange... la conversation téléphonique m'a vraiment surprise tellement c'est poignant.

Tigger Lilly a dit…

Je le reverrais bien quand même, enfin pas maintenant mais je sais s'il passe à la télé ou que le DVD pas cher traine dans les antres du mal vomissant leurs produits plus ou moins culturels. J'ai vraiment beaucoup aimé.

Vert a dit…

Il devrait sortir assez vite je pense (et Moonrise Kingdom encore plus vite je l'espère ^^)

Julien le Naufragé a dit…

J'irai peut-être bien le voir. Tentant, tu confirmes donc l'envie! ;-)

Vert a dit…

Au pire si tu as besoin d'arguments supplémentaires, demande à Tigger Lilly ;)