vendredi 18 mars 2011

Voix - Ursula K. Le Guin


Comme j’avais été sage et que j’avais terminé les Contes Perdus de Tolkien, peu faciles d’accès, je me suis octroyée une petite récompense bien méritée en ce deuxième tome des Chroniques des Rivages de l’Ouest, de Ursula Le Guin. Evidemment, comme je suis complètement accro, cette lecture a été expédiée en deux jours. Il faut vraiment que j’apprenne à faire durer mes livres…

Voix, de son titre exact, se déroule une vingtaine d’années après Dons, et nous emmène dans la ville d’Ansul, renommée pour ses bibliothèques et ses autels dissimulés à tous les coins de rue, les habitants du coin adorant une multitude de dieux (quoiqu’on soit plus dans le rituel quotidien que l’adoration et la prière).

La ville a été envahie par les Alds il y a quelques années, une peuplade venue du désert, qui vénère un dieu unique et refuse toute forme d’écriture. Toute forme de lecture a été bannie, et les livres détruits. Il n’y a que dans la maison du passemestre (ancienne figure d’autorité locale) qu’on en trouve encore, dissimulés dans une pièce secrète.

Faisant partie de cette maison par sa mère, Némar, une jeune orpheline, a pris l’habitude de se réfugier dans cette pièce, et a pu apprendre à lire, malgré les interdictions des Alds. Son univers va commencer à changer le jour où elle rencontre en se rendant en ville le poète Orrec et sa femme Gry.

Excusez l’introduction assez longue, elle est à l’image de celle du roman. Paradoxalement pour un deuxième tome, on repart pratiquement de zéro et il faut à nouveau se familiariser avec l’univers. On pourrait pratiquement se passer de la lecture du tome 1 en fait. Après tout la narratrice est Némar, un nouveau personnage, et bien qu’Orrec et Gry soient présents et aient un rôle à jouer, connaitre leur passé n’est pas forcément nécessaire.

Comme d’habitude, il ne faut pas longtemps pour retomber sous le charme d’Ursula Le Guin. Je ne sais pas comment elle fait, mais à tous les coups ça marche avec moi : les personnages sont attachants, les lieux enchanteurs, la magie discrète, et bien qu’il ne se passe finalement pas grand-chose dans l’histoire, on est happé d’un bout à l’autre !

La narration joue pour beaucoup : Némar, qui parle à la première personne, est un personnage touchant, une adolescente un peu à part, très intelligente (le fait d’avoir beaucoup lu fait qu’elle s’interroge et réfléchit beaucoup) et aussi pleine de colère. Elle ne parle pas souvent d’elle, mais ce sont toujours des moments assez poignants.

L’un des passages qui m’a le plus marqué est lors d’un échange entre Gry et Némar sur les Alds : Némar est haineuse, voudrait qu’ils disparaissent tous, qu’ils les laissent tranquilles, et on la comprend tout à fait (elle a des mots très durs avec un garçon Ald à un moment, j’en étais presque peinée pour lui). La vision de Gry est tout autre :

« Contrairement à toi, je n’avais aucune raison de leur en vouloir. C’était un peu comme de vivre parmi des animaux sauvages, des prédateurs. Ils sont dangereux et tout sauf raisonnables, selon nos critères. Ils rendent la vie pénible à tout le monde. J’éprouvais de la compassion pour ces hommes. […] Ils ressemblent à des étalons ou à des lièvres […]. A aucun moment ils ne cessent de s’inquiéter de la présence d’éventuels rivaux ou de la fuite d’une partenaire potentielle. Ils ne sont jamais libres. Ils remplissent leur monde d’ennemis… Mais ils sont courageux, respectent leurs engagements et ils honorent leurs invités. »

Dans n’importe quel bouquin de fantasy, on ne serait pas forcément soucié de nuancer la vision de « l’ennemi », mais typiquement, Ursula Le Guin prend le temps de le faire, et ça donne toute sa saveur à son histoire, pleine de nuances de gris.

Autant dire que comme d’habitude, j’ai dévoré ce livre, j’ai même regretté d’avoir été si vite sur la fin, je suis sûre d’être passée à côté de certaines choses… on verra ça à la relecture, sans doute. Le seul bémol que je mettrais sur ce roman, c’est le côté un peu téléphoné de la rencontre entre Orrec, Gry et Némar, un peu trop facile à mon goût (même si inévitable). C’est un bien petit défaut en regard du reste qui est de grande qualité, et j’attends avec impatience le 24 mars pour pouvoir lire la conclusion de cette trilogie.

CITRIQ

10 commentaires:

Phooka a dit…

J'ai moi aussi adoré ce tome 2 et j'attends avec impatience sa suite!

Vert a dit…

Et moi donc, heureusement que la semaine prochaine est bientôt là :D

Marion a dit…

J'ai pas lu ton article, mais je reviendrai quand le fameux "glandu" aura ramené Dons à la médiathèque et que j'aurai lu les deux tomes :D

Marion a dit…

Je l'ai commencé hier, et fini hier également :D Et j'ai adooooooré ! Beaucoup plus que le tome 1. Celui ci est plus intense, assez dur aussi. Bref, il est super.

Vert a dit…

Dur de le faire durer hein ? ^^
Je suis bien contente qu'il t'ait plus en tout cas, tu n'as plus qu'à patienter pour le 3 (ou venir me l'emprunter quand tu seras dans les parages :P)

Endea a dit…

En tout cas cela a l'air vraiment alléchant ^^

Vert a dit…

Il est très très bien ce livre, n'hésite pas à le lire :D

Anonyme a dit…

je dirais que l'auteur nous donne un point de vue intéressant sur : le livre, le rôle du poète ainsi que les croyances le tout sur un fond de liberté...miam !

Endea a dit…

C'est un beau billet. J'ai eu un tout petit plus de mal à entrer dans ce tome ci, par rapport à Dons mais au final c'est quand même un livre de grande qualité. De toute façon Le Guin, je suis vraiment vraiment charmée.

Vert a dit…

Mouahah bientôt tu ne pourras plus t'en passer :D