lundi 31 août 2009

Le chevalier errant suivi de l’épée lige – George R. R. Martin


Ou les Préludes au Trône de Fer, pour ceux qui préfèrent les sous-titres. Ce qui est bien avec les hasards de la vie, c’est que j’ai failli acquérir d’occasion les premiers tomes du Trône de Fer à maintes reprises, sans jamais me décider.

Et évidemment le Cercle d’Atuan dissimulant pour moitié une secte d’adorateurs de G. R. R. Martin (y’a aussi quelques mordues d’Harry Potter mais ça c’est normal, où irait le monde sinon ?), il fallait bien qu’on se penche sur ce recueil de deux nouvelles pour le mois d’août.


Le chevalier errant et l’épée lige sont deux nouvelles originellement écrites pour les recueils Légendes (et Légendes de la Fantasy pour la 2e série) de Silverberg. Il s’agit de deux anthologies de nouvelles sur les cycles « célèbres » de la Fantasy, qui propose pour chaque univers une petite intro explicative et une nouvelle.


On y trouve donc en vrac du Anne McCaffrey pour les Dragons de Pern, du Robin Hobb pour l’Assassin Royal, du Stephen King pour le Pistolero, un Neil Gaiman, un pour American Gods (qui est pas franchement un cycle à proprement parlé menfin), etc.

Et entre les deux volumes, on trouve deux nouvelles se passant dans l’univers du Trône de Fer, que Pygmalion s’est fait une joie de rééditer en un ouvrage histoire de bien appâter le fan moyen, à l’image de Retour au Pays pour Robin Hobb et Dette d’os pour Goodkind. Vous l'aurez compris, ça m'exaspère ^^.

Bref revenons à nos moutons, ou plutôt à nos chevaliers.


Le Chevalier Errant, comme l’Epée Lige, sont deux nouvelles qui se situent dans l’univers du Trône de Fer. Pour ce que j’ai pu en appréhender, c’est un monde médiéval sans magie, avec une famille royale qui ferait rougir de honte un jeu de sept familles, pas mal d’histoires de politique, et une carte des territoires qui ressemble étrangement aux deux Amériques (c’est intéressant car peu courant).


L’histoire, dans le Chevalier Errant, est celle de Dunk, ou comme il se fait appeler, Ser Duncan le Grand. Longtemps écuyer d’un chevalier errant, il décide, à la mort de celui-ci, de poursuivre une belle carrière de chevalier, en commençant notamment par s’engager dans un tournoi.

Ce qui n’est pas une chose facile quand on est un chevalier errant inconnu, sans un sou et que personne ne connait… Ainsi commence donc l’histoire, qui prend assez vite un tour imprévu que je vous laisse découvrir.


L’Epée Lige revient sur le cas de Dunk et de son écuyer. Un an plus tard et au service d’un seigneur dont je n’ai pas trouvé le lieu de résidence sur la carte (damned !), il plonge jusqu’au coup dans un problème d’approvisionnement d’eau qui menace de dégénérer en guerre rangée entre voisins.


Je ne suis pas mécontente de cette lecture du mois. Même si je ne vais pas me jeter sur le Trône de Fer dans la première bibliothèque qui passe, je pense que j’y jetterais un œil un jour.

Tout particulièrement dans le Chevalier Errant, G. R. R. Martin dresse en quelques pages une quantité de portraits de personnages plutôt chouette. Il y a les plus importants bien sûr : Dunk, rare « vrai » chevalier à respecter les principes de la chevalerie ; l’Œuf, qui n’a pas la langue dans sa poche, et tous les autres, joueurs de marionnettes, forgerons, princes ou seigneurs.

C’est un peu dommage que la taille des récits ne laisse pas le temps d’en voir plus d’eux, mais bon c’est des nouvelles, pas des romans.

Autre point intéressant, c’est la qualité des dialogues qui sont vraiment bien écrits, avec des répliques acérées comme des couteaux qui ont tendance à fuser comme des boulets de canon. En comparaison, le reste du texte fait un peu pâle figure.

Enfin, sur une aussi petite l’échelle (à 100/120 pages la nouvelle), les intrigues se payent le luxe d’être retorses et riches en surprises, alors qu’elles tiendraient très bien la route sous une forme linéaire déjà.

Par contre, ce qui est un peu dommage (enfin ça dépend du point de vue), c’est que l’univers du Trône de Fer est assez complexe : une famille royale à tiroir, des noms de domaines et de seigneurs qui pleuvent de partout, et des liens compliqués entre tout ça. Le tout est très mal présenté, voir pas du tout, dans les nouvelles, et on nage souvent dans la plus grande perplexité dans certains passages.

C’est de toute évidence des clins d’œil laissés là pour les connaisseurs, mais parfois ils s’accumulent un peu trop pour la pauvre novice que je suis.

Ceci dit c’est un peu le défaut des nouvelles de Légendes. Je pense qu’elles sont plus destinées aux fans qu’aux nouveaux lecteurs (même si elles peuvent donner envie de lire), parce qu’elles s’amusent plus souvent à parler d’un à coté, d’un point de détail d’un univers.

Menfin, si ces nouvelles sont à moitié représentatives du Trône de Fer, et bien ça m’a l’air d’une série intéressante.

jeudi 27 août 2009

La fille du Roi des Elfes – Lord Dunsany


Ca fait parti des vieux trucs un peu moisis que je dégotte chez les bouquinistes pour trois francs six sous, et qui trainent des mois (en général en attendant un long séjour loin du monde) avant que je les ouvre.

Je l’ai acheté par curiosité. J’avais déjà lu un recueil de nouvelles plutôt « contes »de Lord Dunsany, les Dieux de Pegana ou le Livre des Merveilles, je sais plus, qui ne m’avait pas laissé un mauvais souvenir (une nouvelle qui parlait du bord du monde, je crois, notamment), j’irais bien le re-chercher à la bibliothèque d’ailleurs. La fille du Roi des Elfes, son unique roman (de fantasy) est présentée comme son chef d’œuvre.

Il s’agit de l’histoire d’Alveric, fils du Roi de la Vallée des Aulnes, qui part enlever Lirazel, la fille du Roi des Elfes parce que le Parlement de ce petit royaume veut « un prince enchanté ». Il se met en route, ramène donc sa belle et… on arrive à peine au tiers du livre. L’action principale, c’est ce qui se passe « après » : le Roi qui essaye de récupérer sa fille, Alveric qui part la chercher, leur fils qui grandit…

Le sujet n’est pas vraiment d’une franche originalité, on le croirait tiré de n’importe quel conte de fée. C’est probablement le cas, car l’histoire emprunte beaucoup à ce format dans sa structure.

Ce qui est intéressant, plus que la trame (bien qu’elle réserve quelques inattendus, en fait), c’est la façon dont Lord Dunsany raconte. Les descriptions sont épatantes : très riches, dans un langage bien ampoulé, et avec une nette tendance à inviter au voyage et surtout, à l’émerveillement. Le Royaume Enchanté dégage une impression d’étrangeté et de merveilleux qui ne laisse pas indifférent.

Le rythme aussi, joue, assez lent, finalement même si les premiers évènements arrivent en cascade. Par moment, ça exaspère, mais souvent, on se laisse juste bercés, porté par l’atmosphère onirique de l’ouvrage.

Ceci dit le roman en lui-même n’est pas exceptionnel : les personnages ne sont pas très développés (du coup on ne partage pas beaucoup avec eux), et la traduction (qui parait-il a été révisée pour la nouvelle édition) rend certains passages fort lourds, avec des phrases à la Marcel Proust qui s’étalent sur une demi-page sans jamais voir autre chose qu’une petite virgule. Et le récit, somme toute, reste assez basique.

Alors pourquoi ce roman est à lire ?

Et bien Lord Dunsany a écrit son livre en 1924. Il fait parti de ces « précurseurs oubliés » de la fantasy, bien avant le rouleau compresseur Tolkien des années 50. Quoique dans le cas de Dunsany je lui collerais plutôt l’étiquette de « merveilleux », ça se ressent comme tel.

Replacé dans son contexte, la simplicité de l’histoire couplée aux descriptions ampoulées a nettement plus de sens. Comme souvent avec ces vieux textes, il y a l’effet « tablette d’argile » où on croirait avoir déterré la version originale d’un mythe, et on s’amuse à faire le lien avec des textes modernes. Le parallèle avec Stardust de Neil Gaiman est inévitable.

Par ailleurs, le Royaume Enchanté en lui-même vaut le voyage pour son atmosphère féérique et étrange. Il n’y a d’ailleurs aucun elfe dans ce royaume, paradoxe du titre pour les habitués des oreilles pointues. Ici je pense que ça désigne plutôt les êtres féériques en général (attendez de voir les trolls pour voir comme on est loin de l’archétype moderne).

Pour les amateurs d’antiquités et de royaumes merveilleux à deux pas de chez soi, ça reste une bonne lecture, même si je garde un meilleur souvenir des nouvelles.

(et dès que je récupère mes contes de Beedle le Barde je conclus mon cycle HP, promis !)

mardi 11 août 2009

Harry Potter Reboot (7/8) : The end of all things


Harry Potter et les Reliques de la Mort
(spoilers comme d'habitude, vous l'aurez compris)

On en pensera ce qu'on veut, mais la lecture est un phénomène magique. Les mots ont une capacité à faire voyager si forte qu'en fermant le 7e tome des aventures d'Harry Potter, il ne reste qu'une sensation de vide, un peu comme si on devenait soudainement orphelin. Sans doute aussi parce que le petit sorcier à lunettes a rempli une partie de ma vie pendant longtemps. Quelque chose comme 7 ans de lectures, d'attentes, d'hypothèses, de débats.

Quand j'ai fini le 7 pour la première fois, je me rappelle d'avoir été partagée entre un sentiment de satiété (enfin, toutes les questions trouvaient des réponses !) et ce vide béant provoqué par le fait qu'il s'agissait du dernier tome. Après, je n'ai quasiment plus lu une fanfiction. C'est un retour récent les fics, causé par la relecture.

Bref contrairement aux autres tomes, ce tome-ci a été une vraie redécouverte, dans la mesure où je ne l'avais jamais lu en français, sinon pour quelques passages clés par curiosité. Avec une seule lecture au compteur, et en anglais, mes souvenirs étaient plus que flous. Du coup, c'était comme si je redécouvrais soudainement l'histoire et son foisonnement de détails passés inaperçus dans la langue de Shakespeare.

Ce qui frappe dans les Reliques de la Mort, c'est le rythme d'abord, et le ton ensuite. Contrairement aux autres qui démarrent doucement et montent en crescendo jusqu'à la fin, celui-là démarre sur les chapeaux de roues... et termine de même. J'avais ressenti un creux au milieu à la première lecture, mais il est passé inaperçu cette fois-ci. En fait, il s'agit du passage où l'action laisse la place à la réflexion. Quand on lit vite (et en anglais), cela se ressent comme un passage à vide. En français avec les détails, on se rend compte qu'il s'agit de réflexions au moins aussi intenses que si nos héros étaient en train de faire la révolution avec des piques et des fourches.

D'ailleurs, pour un tome qui aurait pu être (et s'annonçait quand même comme) une simple chasse au trésor (modèle magie noire niveau 7), on ne peut que relever la complexité de l'intrigue qui va chercher des éléments à droite à gauche sans qu'on ne comprenne de suite ce qu'ils viennent faire là : la vie de Dumbledore, les Reliques de la Mort, les Horcruxes, Rogue, Poudlard, le Ministère de la magie, les gobelins, les baguettes... On est bien content qu'on revienne de temps en temps sur les liens entre tout ça.

Quel joyeux bordel donc... quel affreux et angoissant bordel, plutôt. Le ton est dur, dans ce tome. S'il m'arrivait encore de rire dans les autres tomes, dans celui-ci, c'est très rare (sauf un peu au début). Les personnes tombent comme des mouches, sans qu'on puisse parfois s'attarder sur le pourquoi du comment de la raison. C'est un peu la leçon du tome d'ailleurs : il n'y a pas de morts "utiles", ici, toutes semblent injustes (Fred, Dobby, Hedwige), inutiles (Colin Creevey), inappropriées (Remus et Tonks quoi !).

En plus de l'hécatombe permanente, il y a quelque chose d'affreux que le salut du monde sorcier repose sur trois gamins qui ne savent même pas se faire à manger, ou transplaner correctement pour certains. Certes ils ne sont pas les seuls à œuvrer, on se rend vite compte en avançant de l'incroyable travail dans l'ombre de tous les résistants (l’émission de radio notamment), mais tout de même, les longs mois d'impasse à camper dans la forêt sont sérieusement perturbants de ce point de vue.

Il y a aussi l'horreur des actions de Voldemort qui tue tout le monde sur son passage, perdu dans son obsession d'Harry Potter (quoique bizarrement, c'est tellement cliché que ça frappe moins), il y a le Ministère qui fait froid dans le dos (et là j'ai du mal à ne pas faire d'analogies avec la 2de guerre mondiale sur certains points), il y a le drame de la vie de Rogue... et le drame de la vie d'Harry aussi (la lettre de Lily et la visite du cimetière sont poignants).

Bref un tome vraiment dur, mais qui s'offre aussi ses plus belles tranches d'action à couper le souffle (puisse David Yates ne pas en faire nawak au ciné) : le début avec les sept Harry Potter, l'infiltration du ministère, le passage chez les Malefoy, le cambriolage de Gringotts, la bataille de Poudlard. On s'en prend plein la tronche de ce coté-là.

En parallèle, on a des histoires passionnantes. Celle de Dumbledore permet enfin de boucher les trous dans l'histoire du personnage, notamment, même si comme je le disais, son plus bel hommage est encore dans le Prince de Sang-Mêlé. C'est étrange de voir que Grindelwald n'a pas toujours été sa némésis (alors qu'on aurait pu s'attendre à un parcours similaire à celui d'Harry), et quel point ses erreurs de jeunesse l'ont marqué à vie.

Quelque part, on comprend mieux son admiration pour Harry qui n'a jamais été tenté en dépit de leurs points communs, de devenir comme Voldemort (comme Dumbledore le dit si bien dans le Prince de Sang-Mêlé).

Ceci dit moi les Imperium -certes nécessaires- et le Doloris de la fin me font tiquer à ce sujet... Ca m'avait déjà choqué dans l'Ordre du Phénix, surtout vu le manque complet de conséquences à ce sujet, on n'en parle jamais. Dans la Coupe de Feu, il était clairement statué que c'était Impardonnable avec un grand I, pourtant.

C'est assez étonnant les réflexions que cela provoque chez Harry, la découverte du passé de Dumbledore. Déjà il est assez rare qu'Harry s'offre des pages entières d'introspection sur ses relations avec autrui (Cho et Ginny ne comptent pas, il a toujours un peu l'air d'un crétin à ces moments-là). C'est plus perturbant qu'il se sente trahi, lésé, surtout qu'arrivé à la fin de son histoire, il se rend finalement compte que ça ne change rien. En tout cas ça ne l'empêche pas d'accomplir la mission que Dumbledore lui avait confiée.

Harry est étonnant dans ce tome : fidèle à lui-même (colérique, borné, parfois un poil stupide et complètement imprudent), mais en même temps, il a vraiment atteint définitivement sa maturité. Il réfléchit beaucoup plus, résout aussi bien les énigmes qu'Hermione, bien que d'une manière différente, et assume son rôle de "chef".

Il utilise sa connexion avec Voldemort envers et contre tout, et c'est ce qui finalement lui donne la victoire. C'est assez étrange ce retournement par rapport au 5. Comme je le lisais à quelque part, le fait que cette histoire de lien soit complètement absente du tome 6 rend la chose un peu capilotractée. Ceci dit je ne peux m'empêcher de me demander si Dumbledore, voyant que Voldemort ne peut posséder Harry, n'aurait pas délibérément laissé Harry abandonner l'occlumancie dans le but qu'il puisse se servir de leur lien pour trouver les horcruxes.

Le grand talent d'Harry, dans ce tome, c'est son intuition. Contrairement à Hermione qui raisonne, Harry, lui, agit en suivant son instinct, parfois en mal, parfois en bien. Sa compréhension très intuitive de Voldemort est assez surprenante, mais étonnamment cohérente. Les leçons de Dumbledore ont porté leurs fruits.

D'ailleurs, il s'affirme fort bien comme l'héritier de Dumbledore sur la fin, quand on voit son dernier échange extrêmement intellectuel avec Voldemort par rapport à leurs dialogues habituels. Joli écho au tome 5, et belle réponse au tome 4 où Voldemort avait le dessus.

Je me rends compte que je n'ai toujours pas parlé des éléments clés de l'histoire dans tout ça. Le rôle de Rogue (et son passé), ne sont pas une surprise, mais c'est assez émouvant, et triste surtout. Quand on voit sa vie, on se dit que c'est quand même un personnage qui n'a jamais vraiment été heureux.

Et, pour quelqu'un qui a joué double-jeu pendant la moitié de sa vie, a été manipulé jusqu'à la fin de sa vie. C'est le personnage qui a été le plus manipulé par Dumbledore (bien plus qu'Harry qui avait des clés de compréhension), uniquement pour racheter ses fautes. Ca fait de la peine quand même.

La résolution de l'énigme des Horcruxes est plutôt dans la lignée de ce qu'on aurait pu prévoir : beaucoup de hasards et d'aides extérieures imprévues. J'aime le passage avec l'épée de Gryffondor, et le retour de Ron. Pour une fois, le rouquin acquiert un rôle autre que celui du meilleur pote d'Harry qui est toujours là mais qu’on ne le remarque pas tant que cela d'ordinaire.

L'histoire parallèle, celle des Reliques, est intéressante : riche en symboles, en réflexions, et typiquement Harrypotterienne avec ses mythes qui ont une réalité (c'est un peu comme la légende de la Chambre des Secrets).

Plus que les Horcruxes, c'est une quête, et je trouve assez intéressant que finalement, le maitre de la Mort ne soit pas celui qui retrouve les trois objets, mais bien celui qui accepte la mort comme le fait Harry.

C'est un des points intéressants de la fin. Je n'ai jamais été fan de la théorie "Harry=Horcruxe", parce qu'elle rendait caduc le fait qu'Harry détruise Voldemort (puisqu'il faudrait qu'il se tue avant). Cependant la façon dont J K Rowling aborde le problème rend la chose beaucoup plus intéressante : hasard des probabilités, et retournement des problèmes qui fait que ce qui protégeait Voldemort devient ce qui préserve la vie d'Harry.

Et accessoirement ce passage est un des plus forts du bouquin, avec le chapitre "King's Cross" qui est un peu la conclusion avant l'heure du roman. Bah oui une discussion avec Dumbledore, normalement, ça clôt un livre !

Sauf que ce n'est pas le cas et qu'on a encore quelques évènements derrière. La fin est... surprenante. L'épilogue fait débat, et je connais peu de gens qui l'apprécient. Moi je l'aime bien. Certes il est sommaire, peut-être un peu trop guimauve, et accessoirement il fait un peu incomplet quand on voit toutes les infos que JKR a donné dans les interviews et non dans le dit épilogue.

C'est un peu bête qu'elle ait préféré garder en quelque sorte la version originelle de son épilogue au lieu de le densifier un peu, ce qui n'aurait pas fait de mal je pense. On peut s'interroger en passant sur les noms des enfants (les pauvres, un psy aurait beaucoup à dire sur le sujet !)

Mais personnellement je reste persuadé qu'avec un prénom pareil, Albus Severus ira très loin dans la vie ! Et puis, il faut reconnaitre que ça permet de conclure l'histoire comme elle avait commencé.

Le tome 7 est en effet, malgré sa dureté, le tome le plus proche du tome 1 par certains aspects : il reprend des éléments abordés presque uniquement dans le tome 1 : le sacrifice de la mère d'Harry, Dumbledore et le miroir de Risèd, Ollivander, Gringotts, Godric's Hollow, la moto de Sirius, la cape d'invisibilité. J'ai même surpris un joli clin d'oeil avec un "Mais tu es un sorcier ou quoi" de Hermione à Ron (celui qui retrouve le chapitre me prévient).

Il n'y a pas à dire, c'est donc une très bonne fin de saga, si on omet un épilogue un peu bancal. Je l'aime moins que le 3 et 6, mais il vaut largement le 4 (avec le 5, puis le 2, derrière).

Voilà donc la presque fin de mon cycle Harry Potter de l'été. Reste à relire le Quidditch à travers les Ages, les Animaux Fantastiques, et les Contes de Beedle the Bard. Et en bonus je ferais peut-être une petite sélection de fanfictions. En ce moment je suis dans la suite du tome 7 qu'écrit Alixe, et c'est très chouette ma foi.

jeudi 6 août 2009

Harry Potter Reboot (6/8) : Souvenirs, potions et oh my…


Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé
(spoilers mais pour une fois je ne dis pas qui meurt à la fin)

Waouh, mes problèmes d’informatique s’améliorent, j’en suis à rédiger mes articles sur papier pour éviter les pertes lors des plantages. L’électronique s’envole, les écrits restent. Amis lecteurs, si vous vous sentez d’une âme généreuse pour mon anniversaire…

Mais ce n’est pas -trop- grave (même si quand même…), parce que ça me permet de lire le 6ème Harry Potter tranquille, et ça, c’est que du bonheur ! Voilà donc mes 6 pages écrites à la main sur mon petit cahier d’écriture vert.

C’est un tome que je lis avec une aisance et une facilité incroyable, au point d’en planifier ma lecture pour éviter qu’elle ne perturbe mes journées. Hier soir, je me suis consciencieusement arrêtée à la fin du chapitre « Les Horcruxes » afin d’arriver à une sorte de résolution sans pour autant être « happée » par le final et ne pas en dormir de la nuit avant de l’avoir lu.

Je trouve qu’il retrouve une certaine légèreté propre aux premiers tomes, sans pour autant négliger l’aspect dur et adulte de la situation. Sur un univers angoissant, le récit reste souple, et c’est fort plaisant après l’interminable Ordre du Phénix.

Je ne sais pas exactement ce qui fait qu’il fonctionne si bien (du moins pour moi). Déjà il commence sur de bonnes bases. Certes deux chapitres sans voir Harry, c’est long, mais ça pose pas mal d’éléments d’intrigues pour la suite : les actions de Voldemort et le changement de ministre ; la mystérieuse tâche de Drago ; la promesse de Rogue.

Ces fils vont hanter une bonne partie de l’ouvrage en arrière plan, sans être pour autant les éléments majeurs. Parce qu’il y a aussi l’histoire du Prince de Sang-Mêlé (c’est le titre du bouquin quand même !), et surtout parce qu’il y a les « leçons » de Dumbledore.

Albus (Perceval Wulfric Brian) Dumbledore. Sans doute la première (et la meilleure) raison pour lequel ce tome est incroyable. Bon certes, du coup, toute personne qui ne l’aime pas se voit fâchée avec cette histoire, mais pour les amateurs, le Prince de Sang-Mêlé, c’est l’apothéose de Dumbledore. On mange du APWBD un chapitre sur deux, on en voit tous les aspects, et on boit ses paroles comme du petit lait.

Le début chez les Dursleys est excellentissime. Et la suite ne dément pas en qualité : drôle ou sérieux, fou ou sage, parfois touchant, parfois énervant. Certes, le tome 7 nous raconte sa vie, mais le tome 6, lui parle du personnage avec brio. J’avoue que sa phrase « mais l’harmonica n’était rien d’autre qu’un harmonica » m’a hanté pendant longtemps comme la parfaite réplique Dumbledorienne aux cotés du « C’est ce que tu viens de faire mais tu peux recommencer », de la paire de chaussettes du Miroir du Risèd et du « Ce sont nos choix qui déterminent ce que nous sommes ».

Petite parenthèse fanfictionnaire, j’ai jadis travaillé sur un OS sur le pire souvenir de Dumbledore, à la suite de celui sur Salazar. Je ne l’ai jamais fini (voir pas commencé du tout en fait), et le tome 7 l’a rendu un peu caduc, mais c’est marrant de voir qu’avec le peu d’éléments du 6, j’avais imaginé des trucs pas totalement idiots. On y croisait notamment une mère qui élève seul ses enfants, une petite sœur au destin tragique et la présence de Grindelwald (mais dans un tout autre rôle). C’est toujours marrant de voir comment on peut toucher juste avec un peu d’intuition et trois phrases dans une cave… et y'en a des bien pires que moi dans le monde des fanfics.

Bref si les Reliques de la Mort comblent (de mémoire, je l’ai lu qu’une fois celui-là) des trous, le Prince de Sang-Mêlé met tout de même en scène la seule personne à avoir suivi les débuts et l’ascension de Voldemort, tout en cherchant en même temps à le contrer. Si on creuse un peu la chronologie, c’est quasiment 50 ans de recherches qu’il relate dans ses leçons.

L’histoire de Voldemort, en elle-même, est intéressante, mais ce qui la rend fascinante, c’est la façon dont Dumbledore la raconte : le récit se construit par fragments, par déductions, avec des allers-retours incessants entre passé et présent. Ca relève parfois de l’archéologie, parfois de l’enquête policière, et on attend avec impatience chaque épisode.

A chaque relecture du 6 (et il m’est arrivé de ne relire que les chapitres concernant Voldemort), je suis à chaque fois happée dans ce feuilleton à cliffhanger, ce puzzle humain. C’est étonnant, parce que si on regarde, Voldemort n’est pas un méchant hyper intéressant. Il est quand même complètement dénué de toute ambiguïté ou de nuance de gris. Il n’y a guère que l’histoire des trophées qui m’a fait haussé les sourcils de perplexité à l’époque. Pour le reste, il est juste fondamentalement mauvais jusqu’à la moelle. Mais peu d’ouvrages s’offrent une analyse comportementale aussi détaillée du big bad guy, tout de même.

L’histoire des horcruxes, en elle-même, est très bien trouvée et pas bête du tout. J’étais contente d’y avoir pensé moi-même avant la sortie du livre, mais il faut dire aussi qu’entre Planescape Torment et Baldur’s gate, le principe d’immortalité par l’objet ne m’était pas inconnu. Par contre le nombre ! Et la symbolique des objets surtout ! Du coup ça ouvre la voie à une intéressante chasse au trésor, ce qui plait forcément quand on aime l’archéologie de comptoir.

Ironie du sort, le lecteur attentif remarquera d’ailleurs (et même sans avoir lu le 7 pour les pires geeks HP) que Harry a croisé le chemin ou eut en main tous les horcruxes ou presque bien avant les Reliques de la Mort. Une bonne chose que le dernier tome ne tourne pas que autour de cela, sans quoi on aurait baillé d’ennui tout du long !

Pour le reste que dire d’autre ? Il y a l’arrivée de Slughorn, je vous renvoie à mon article sur l’Ordre du Phénix sous peine de me répéter, rayon nouveaux personnages. C’est sympa toutefois de noter le twist du professeur de potions, un de ces moments drôles au début de l’ouvrage où JK Rowling fait un pied de nez à ses lecteurs en rompant avec la tradition du nouveau prof de Défense.

(d’ailleurs en parlant de tradition, vous noterez qu’à partir du tome 5, l’éternel résumé qui donne le contexte et explique « Harry est un sorcier qui va à Poudlard et qui est célèbre parce qu’il a survécu à un sortilège de mort à l’âge de 1 an » disparaît quasi complètement, ça fait du bien en fait –parce que du coup les gens ne se sentent pas obligés d’en faire un dans leurs fics, ce qui était toujours profondément lourd)

Après, il y a des passages qui font rire, d’autres qui font pleurer –ou en tout cas qui prennent aux tripes, surtout les derniers chapitres. Il y a des histoires d’amour, oui, mais c’est loin de faire de livre à la façon dont elles font l’adaptation en film. Le Harry/Ginny est réduit (et la conclusion laisse sceptique, mais j’attend de relire le 7 pour me prononcer).

Et puis il y a l’énigme du Prince de Sang-Mêlé, qui semble presque peser trop lourd dans l’ouvrage tant Hermione revient dessus, alors que ça pourrait être anecdotique. Sauf que… Du coup à la fin, ça claque (même quand on le sait déjà), surtout couplée à la trahison de Rogue

En toute honnêteté je n’y ai jamais cru d’ailleurs, et je ne suis pas la seule à en juger par les réactions sur les forums à l’époque (et les avatars « I believe in Severus Snape » sur les LJ, tout un programme). C’est sans doute stupide mais pour moi Dumbledore ne pouvait pas se tromper de toute façon. Ce qui manquait au lecteur, c’était surtout la raison, l’explication, le mobile. C’est pour le 7 ça.

Harry, de son coté, est le seul fermement convaincu que Rogue est un connard de première (bon certes sur certains points…). C’est assez ironique parce que ça le place en porte à faux vis-à-vis du lecteur, alors que d’ordinaire Harry est le lecteur (du fait de son statut de narrateur, et accessoirement parce qu’il découvre en permanence le monde magique). Pour une fois, on se détache un peu de lui.

Ceci dit, pour le reste, notre binoclard a un comportement plus qu’honorable. Fini la crise d’adolescence, Monsieur a grandi, et pour le coup, c’est un homme, un adulte, que dis-je, il dit et pense même parfois des choses intelligentes ! On sent le héros qui se développe (un peu au sens tragédie grecque du terme menfin), notamment dans ses résolutions, lorsqu’il discute de la mort de Sirius avec Dumbledore, ou à la fin du chapitre des Horcruxes (décidément celui-là, on y revient tout le temps).

Y’a pas à dire, on sent que la fin est proche…
(A suivre si mon PC le veut bien)

mercredi 5 août 2009

Harry Potter Reboot (5/8) : Harritus Potteribus Irasciblus

Harry Potter et l’Ordre du Phénix
(spoilers et latin de cuisine en bonus)

C’est marrant ce qu’on déniche sur le net en cherchant des couvertures d’HP… pour le coup j’aurais bien aimé l’avoir celui-là de goodie, ça ferait fureur sur une porte de chambre. Et accessoirement évitez d'avoir l'esprit mal tourné comme le mien, parce qu'après on va se demander ce que vous fabriquez avec Harry !

Il faudra penser à remercier mon gentil PC, ses plantages répétitifs avec démarrage improbable voir impossible m’ont laissé l’autre soir avec rien d’autre à faire que lire le 5e tome d’Harry Potter en regardant faire les analyses de l’ordi. D'ailleurs j’ai perdu le compte du nombre de plantage pendant que j’écrivais ce matin, du coup un superbe paragraphe inspiré que je suis bien évidemment incapable de reproduire a fini dans les limbes (snif).

Le plus dur avec le tome 5, ce sont les trois cents premières pages quasiment. Les quatre cents premières même… En fait ça commence à devenir vraiment prenant à partir du chapitre « L’œil du serpent », c'est-à-dire aux alentours de la moitié du bouquin, on plonge dans l’histoire et en avant pour l’aventure. Mais le début… c’est comme la Chambre des Secrets, long à se mettre en place, sauf qu’ici le roman fait 900 pages et pas 300.

Le début est parfois chiant, voire ennuyeux (à se demander où est-ce qu’elle veut nous emmener), et souvent exaspérant, merci Harry. Honnêtement, en relisant les premiers chapitres, j’avais envie de lui coller une baffe pour qu’il arrête un peu son numéro du « Je suis incompris et particulièrement énervé ».

Je pense que s’il réussit si bien à taper sur les nerfs, c’est qu’il malheureusement difficile de ne pas y reconnaître l’ado terrible qu’on a tous été un jour ou l’autre. J’avoue, à ma première lecture du tome 5, j’étais de tout cœur avec lui dans sa colère perpétuelle contre le reste du monde. Maintenant ça me semble complètement stupide. Quelque chose me dit que j’aimerais pas non plus me revoir en pleine crise d’ado…

Harry est littéralement pétri de colère contre tous et le reste du monde, et ses relations avec autrui s’en ressentent sérieusement. D’ailleurs c’est un tome de « ressenti » plus que de « réfléchi ». Ca peut sembler un peu stupide comme ça mais j’ai commencé le tome 6, dans lequel Harry semble enfin se rappeler que le cerveau est un instrument fort utile lorsqu’on s’en sert pour réfléchir. Je vous jure, dans l’espace des premiers chapitres, j’ai perdu le compte des « je pense »/ « je suis sûr que » / « j’ai réfléchi » !

En comparaison, dans le tome 5, Harry se contente plutôt de réagir instinctivement, de préférence avec ses émotions, ce qui lui donne un peu l’air d’un babouin stupide, surtout lorsqu’il est confronté à Cho. Vous noterez d’ailleurs qu’il n’est pas beaucoup plus intelligent avec Ombrage (si mettre Cho et Dolores sur le même plan vous fait froid dans le dos, c’est normal !).

En parlant d’Ombrage d’ailleurs, s’il y a un élément à saluer dans ce tome, ce sont les nouveaux personnages, ceux qui sont assez importants pour mériter un titre de chapitre à eux tous seuls. Il y en deux : Ombrage et Luna.

Ombrage est… comment dire. Je n’aimais pas le rose avant de la connaître, maintenant j’ai une espèce de réaction viscérale quand j’en voie, surtout ce rose vif qu’ils ont utilisé dans le film. Avant la sortie du tome 5, JKR parlait d’un personnage « honey poisoned » (littéralement « miel empoisonné »). C’est très adapté quand on regarde, tant le personnage est une abomination qui se cache sous une couche de rose et de pseudo douceur.

Il n’y a que J K Rowling pour nous pondre des personnages comme ça, il suffit de voir Slughorn par la suite, qui est un sacré phénomène lui aussi. Ombrage, quand on a une nette tendance à se gaver de fanfictions, c’est la preuve ultime que JKR est seule maître à bord. Dans certains fandoms, il arrive que les fanfictions dépassent l’œuvre. Ca ne risque pas d’être le cas dans HP, personne n’a jamais réussi à inventer un personnage à la hauteur de Ombrage !

Pour Luna, c’est pareil, elle n’a aucun équivalent fanfictionnaire, et accessoirement j’ai trouvé peu de fanfictions où elle est écrite correctement, tellement ce personnage est unique.

Je ne sais pas si comme moi vous avez connu la grande époque des fanfictions pseudo tome 5 en attendant le vrai. Toutes s’appelaient Harry Potter et l’Ordre du Phénix, la moitié démarrait avec le faux extrait du tome 5 qui circulait en France (une grande comédie celui-là, sachant qu’il n’existait pas dans le monde anglophone !), et surtout, il y avait quasi systématiquement une Mary-Sue dont la principale fonction était de 1) d’être une élève transférée d’une autre école –de préférence les Etats-Unis-, 2) être fille/cousine/sœur/relation de famille d’un personnage du livre (de préférence Rogue, Dumbledore ou Sirius) et 3) sortir avec Harry.

Pour la petite anecdote, dans toutes ces fics, ça démarrait toujours par une rencontre dans le Poudlard Express, alors que Harry cherche un compartiment et qu’elle est toute seule dans un. Inutile de dire que quand on lit le chapitre « Luna Lovegood », pendant environ 3 lignes on a l’impression d’assister à un cliché de fanfiction, avant d’exploser de rire parce que franchement, c’est l’antithèse totale de toutes les Mary-Sue de fanfictions !

Elle ne vient pas d’une autre école, c’est juste qu’Harry ne la connaissait pas, et accessoirement elle est tellement bizarre que même Harry a tendance à la prendre pour une folle (et se sent hyper-rassurée qu’elle soit la seule à voir elle-aussi les Thestrals). Elle n’est pas plus intelligente qu’Hermione ou plus douée au quidditch que Harry. Et accessoirement Harry ne tombe pas fou amoureux d’elle au premier regard.

J’aime bien Luna d’ailleurs, j’ai toujours pensé qu’elle ferait un bien meilleur parti que Ginny pour Harry dans la vie. C’est un personnage fou mais qui a ses moments très attachants, il n’y a qu’à lire son échange avec Harry à la fin du tome 5.

Les autres personnages ne sont pas en reste, mais j’avoue que le tome 5 a tendance à vite choquer les consciences dans le fait qu’il présente les personnages sous un jour nouveau qui peut franchement perturber : Sirius n’est plus le sage parrain mais un jeune écervelé la moitié du temps ; Dumbledore est vieux et surtout capable de se tromper ; Trelawney suscite de la pitié ; le père d’Harry était un crétin ; l’enfance de Rogue n’était pas si éloignée de celle de Harry.

Le passage du souvenir de Rogue est d’ailleurs un des pires passages de l’histoire, plus que la mort de vous-savez-qui (à ne pas confondre avec Vous-Savez-Qui)… euh non peut-être pas mais quand même. Personnellement en tout cas ça m'a beaucoup plus frappé. Le fait que Harry ait désespérément besoin d’entendre une justification sur le comportement de son père montre à quel point il a été bouleversé par l’évènement, ayant l’impression de perdre son père (en fait l’image qu’il avait de lui mais c’est tout comme).

Dans ces moments là Harry est vraiment seul. Après un tome 4 riche en soutien, le tome 5 est celui de sa bataille seul contre tous et contre tout le monde. Il se dépatouille tout seul face à Cho (si si c’est une bataille ça) si on omet les conseils d’Hermione. Il tient à affronter Ombrage seul en cachant la nature de ses punitions. Il part en vengeance contre Bellatrix sans même réfléchir une seconde. Un peu comme s’il fallait justifier la réalité de la prophétie qui le place à part (« always a marked man », le genre de phrase qui marque).

(tiens pendant que je finis ma 2e page word –à croire que la taille de l’article est proportionnelle à la taille de l’ouvrage-, je me rend compte que le fait d’avoir lu la première fois ce tome en anglais se ressent, je privilégie instinctivement les VO sur les VF dans les citations, sans doute parce que quand on a lu la VO on trouve la VF un peu moins riche).

Le support des autres est bien moins présent dans ce tome comparé au tome 4 : pas de Dumbledore, peu de Sirius –et pas forcément celui qu’on attend-, son emportement perpétuel contre Ron et Hermione. Pourtant le final au Ministère lui rappelle qu’ils sont toujours là. Ceci dit il faudra attendre le tome 6 pour que le message passe vraiment (je compare beaucoup mais je suis déjà assez avancée dans le 6 pour faire la liste des différences).

Quelque part je pense que l’Ordre du Phénix fonctionne en diptyque avec la Coupe de feu, de même que le 6 et le 7. Chacun à leur manière le 4 et le 5 sont le pivot central de la série : la Coupe de feu met en branle des évènements décisifs, le 5, lui s’attache plutôt à donner un contexte à ces évènements (le passé, la situation actuelle), le tout pour arriver aux deux suivants.

Le tome 5, d’ailleurs, est le tome du monde réel : on n’a jamais suivi d’aussi près (ou même suivi tout court, à l’exception de l’évasion de Sirius Black mais comme il était supposé courir après Harry ça concernait Poudlard) la vie du monde sorcier : justice, politique, presse, on en observe tous les aspects (tous aussi moisis les uns que les autres d’ailleurs).

A coté de ça, on a largement le temps de profiter de l’ambiance scolaire, année des BUSE oblige : cours difficiles, surcharge de travail scolaire, on se demande comment ils arrivent à survivre à cela (quand je disais que c’était des héros de sauver le monde en faisant leurs devoirs, c’est encore plus vrai dans celui-ci !).

On parle orientation, examens… c’est vraiment un tome scolaire, mine de rien et en dépit de tout. Notez d’ailleurs qu’à la base, on vend la DA comme une association pour préparer son BUSE en Défense contre les forces du mal notamment. Ce qui n’empêche pas de traiter de la vie à Poudlard (clubs, histoires d’amour, quidditch…).

Il y a d’ailleurs de très bons passages autour de tout ça. Les meilleurs moments étant lorsque Umbrige perd complètement pied : face à McGonagall (excellente dans ses répliques du style « Bien sûr que j’ai eu votre message, sinon je vous demanderais ce que vous faites dans ma classe »), face aux jumeaux (quels phénomènes avec leurs inventions et les dialogues mordants), et de manière général face au bordel ambiant qui se met à régner en fin d’année, au point qu’on se demande comment tous trouvent encore le temps de préparer leurs exams.

Quand on revient dessus, il y a de très bons moments dans ce tome, même parfois on rigole. J’avoue que j’ai beaucoup ri au détriment d’Harry dans ses aventures amoureuses avec Cho (mais quelle horreur !). Accessoirement le tome est riche en informations à assimiler, et en émotions. La fin est à vous briser le cœur. Personnellement, j’ai toujours été profondément choquée par l'enchainement de la mort subite et inattendue de Sirius et Harry qui lance un Crucio (même s’il n’y arrive pas, ça reste un impardonnable !). Derrière, on a le chapitre « La Prophétie perdue » qui donne tellement de réponses en même temps qu’il y a de quoi être submergé.

Mais bon, la longueur n’aide pas, et le manque d’explications avant la fin maintient le lecteur dans la confusion à propos de beaucoup d’éléments (même si comme d’habitude tout s’emboîte à la fin). Bon certes ça justifie la colère perpétuelle d’Harry qui ne pige pas plus que le lecteur, mais quand même.

Bref, quelques coupes et éclaircissements n’auraient peut-être pas fait de mal. C’est assez paradoxal parce qu’on a un tome quand même assez capital à cause de la prophétie (et de plein d’autres choses qu’on ne comprendra qu’à la fin), mais il est long, et il ne se passe pas grand-chose.

Sentiment mitigé au final. Paradoxalement, pour un tome de cette importance, c’est le moins abouti de tous. Je pense qu’il a été dur à écrire de toute façon, sinon on ne l’aurait pas attendu aussi longtemps à l'époque.

Ca reste un passage obligatoire (car riche en informations). Et puis c’est pas grave, le 6 qui vient derrière est bien plus sympathique !