Harry Potter et les Reliques de la Mort
(spoilers comme d'habitude, vous l'aurez compris)
(spoilers comme d'habitude, vous l'aurez compris)
On en pensera ce qu'on veut, mais la lecture est un phénomène magique. Les mots ont une capacité à faire voyager si forte qu'en fermant le 7e tome des aventures d'Harry Potter, il ne reste qu'une sensation de vide, un peu comme si on devenait soudainement orphelin. Sans doute aussi parce que le petit sorcier à lunettes a rempli une partie de ma vie pendant longtemps. Quelque chose comme 7 ans de lectures, d'attentes, d'hypothèses, de débats.
Quand j'ai fini le 7 pour la première fois, je me rappelle d'avoir été partagée entre un sentiment de satiété (enfin, toutes les questions trouvaient des réponses !) et ce vide béant provoqué par le fait qu'il s'agissait du dernier tome. Après, je n'ai quasiment plus lu une fanfiction. C'est un retour récent les fics, causé par la relecture.
Bref contrairement aux autres tomes, ce tome-ci a été une vraie redécouverte, dans la mesure où je ne l'avais jamais lu en français, sinon pour quelques passages clés par curiosité. Avec une seule lecture au compteur, et en anglais, mes souvenirs étaient plus que flous. Du coup, c'était comme si je redécouvrais soudainement l'histoire et son foisonnement de détails passés inaperçus dans la langue de Shakespeare.
Ce qui frappe dans les Reliques de la Mort, c'est le rythme d'abord, et le ton ensuite. Contrairement aux autres qui démarrent doucement et montent en crescendo jusqu'à la fin, celui-là démarre sur les chapeaux de roues... et termine de même. J'avais ressenti un creux au milieu à la première lecture, mais il est passé inaperçu cette fois-ci. En fait, il s'agit du passage où l'action laisse la place à la réflexion. Quand on lit vite (et en anglais), cela se ressent comme un passage à vide. En français avec les détails, on se rend compte qu'il s'agit de réflexions au moins aussi intenses que si nos héros étaient en train de faire la révolution avec des piques et des fourches.
D'ailleurs, pour un tome qui aurait pu être (et s'annonçait quand même comme) une simple chasse au trésor (modèle magie noire niveau 7), on ne peut que relever la complexité de l'intrigue qui va chercher des éléments à droite à gauche sans qu'on ne comprenne de suite ce qu'ils viennent faire là : la vie de Dumbledore, les Reliques de la Mort, les Horcruxes, Rogue, Poudlard, le Ministère de la magie, les gobelins, les baguettes... On est bien content qu'on revienne de temps en temps sur les liens entre tout ça.
Quel joyeux bordel donc... quel affreux et angoissant bordel, plutôt. Le ton est dur, dans ce tome. S'il m'arrivait encore de rire dans les autres tomes, dans celui-ci, c'est très rare (sauf un peu au début). Les personnes tombent comme des mouches, sans qu'on puisse parfois s'attarder sur le pourquoi du comment de la raison. C'est un peu la leçon du tome d'ailleurs : il n'y a pas de morts "utiles", ici, toutes semblent injustes (Fred, Dobby, Hedwige), inutiles (Colin Creevey), inappropriées (Remus et Tonks quoi !).
En plus de l'hécatombe permanente, il y a quelque chose d'affreux que le salut du monde sorcier repose sur trois gamins qui ne savent même pas se faire à manger, ou transplaner correctement pour certains. Certes ils ne sont pas les seuls à œuvrer, on se rend vite compte en avançant de l'incroyable travail dans l'ombre de tous les résistants (l’émission de radio notamment), mais tout de même, les longs mois d'impasse à camper dans la forêt sont sérieusement perturbants de ce point de vue.
Il y a aussi l'horreur des actions de Voldemort qui tue tout le monde sur son passage, perdu dans son obsession d'Harry Potter (quoique bizarrement, c'est tellement cliché que ça frappe moins), il y a le Ministère qui fait froid dans le dos (et là j'ai du mal à ne pas faire d'analogies avec la 2de guerre mondiale sur certains points), il y a le drame de la vie de Rogue... et le drame de la vie d'Harry aussi (la lettre de Lily et la visite du cimetière sont poignants).
Bref un tome vraiment dur, mais qui s'offre aussi ses plus belles tranches d'action à couper le souffle (puisse David Yates ne pas en faire nawak au ciné) : le début avec les sept Harry Potter, l'infiltration du ministère, le passage chez les Malefoy, le cambriolage de Gringotts, la bataille de Poudlard. On s'en prend plein la tronche de ce coté-là.
En parallèle, on a des histoires passionnantes. Celle de Dumbledore permet enfin de boucher les trous dans l'histoire du personnage, notamment, même si comme je le disais, son plus bel hommage est encore dans le Prince de Sang-Mêlé. C'est étrange de voir que Grindelwald n'a pas toujours été sa némésis (alors qu'on aurait pu s'attendre à un parcours similaire à celui d'Harry), et quel point ses erreurs de jeunesse l'ont marqué à vie.
Quelque part, on comprend mieux son admiration pour Harry qui n'a jamais été tenté en dépit de leurs points communs, de devenir comme Voldemort (comme Dumbledore le dit si bien dans le Prince de Sang-Mêlé).
Ceci dit moi les Imperium -certes nécessaires- et le Doloris de la fin me font tiquer à ce sujet... Ca m'avait déjà choqué dans l'Ordre du Phénix, surtout vu le manque complet de conséquences à ce sujet, on n'en parle jamais. Dans la Coupe de Feu, il était clairement statué que c'était Impardonnable avec un grand I, pourtant.
C'est assez étonnant les réflexions que cela provoque chez Harry, la découverte du passé de Dumbledore. Déjà il est assez rare qu'Harry s'offre des pages entières d'introspection sur ses relations avec autrui (Cho et Ginny ne comptent pas, il a toujours un peu l'air d'un crétin à ces moments-là). C'est plus perturbant qu'il se sente trahi, lésé, surtout qu'arrivé à la fin de son histoire, il se rend finalement compte que ça ne change rien. En tout cas ça ne l'empêche pas d'accomplir la mission que Dumbledore lui avait confiée.
Harry est étonnant dans ce tome : fidèle à lui-même (colérique, borné, parfois un poil stupide et complètement imprudent), mais en même temps, il a vraiment atteint définitivement sa maturité. Il réfléchit beaucoup plus, résout aussi bien les énigmes qu'Hermione, bien que d'une manière différente, et assume son rôle de "chef".
Il utilise sa connexion avec Voldemort envers et contre tout, et c'est ce qui finalement lui donne la victoire. C'est assez étrange ce retournement par rapport au 5. Comme je le lisais à quelque part, le fait que cette histoire de lien soit complètement absente du tome 6 rend la chose un peu capilotractée. Ceci dit je ne peux m'empêcher de me demander si Dumbledore, voyant que Voldemort ne peut posséder Harry, n'aurait pas délibérément laissé Harry abandonner l'occlumancie dans le but qu'il puisse se servir de leur lien pour trouver les horcruxes.
Le grand talent d'Harry, dans ce tome, c'est son intuition. Contrairement à Hermione qui raisonne, Harry, lui, agit en suivant son instinct, parfois en mal, parfois en bien. Sa compréhension très intuitive de Voldemort est assez surprenante, mais étonnamment cohérente. Les leçons de Dumbledore ont porté leurs fruits.
D'ailleurs, il s'affirme fort bien comme l'héritier de Dumbledore sur la fin, quand on voit son dernier échange extrêmement intellectuel avec Voldemort par rapport à leurs dialogues habituels. Joli écho au tome 5, et belle réponse au tome 4 où Voldemort avait le dessus.
Je me rends compte que je n'ai toujours pas parlé des éléments clés de l'histoire dans tout ça. Le rôle de Rogue (et son passé), ne sont pas une surprise, mais c'est assez émouvant, et triste surtout. Quand on voit sa vie, on se dit que c'est quand même un personnage qui n'a jamais vraiment été heureux.
Et, pour quelqu'un qui a joué double-jeu pendant la moitié de sa vie, a été manipulé jusqu'à la fin de sa vie. C'est le personnage qui a été le plus manipulé par Dumbledore (bien plus qu'Harry qui avait des clés de compréhension), uniquement pour racheter ses fautes. Ca fait de la peine quand même.
La résolution de l'énigme des Horcruxes est plutôt dans la lignée de ce qu'on aurait pu prévoir : beaucoup de hasards et d'aides extérieures imprévues. J'aime le passage avec l'épée de Gryffondor, et le retour de Ron. Pour une fois, le rouquin acquiert un rôle autre que celui du meilleur pote d'Harry qui est toujours là mais qu’on ne le remarque pas tant que cela d'ordinaire.
L'histoire parallèle, celle des Reliques, est intéressante : riche en symboles, en réflexions, et typiquement Harrypotterienne avec ses mythes qui ont une réalité (c'est un peu comme la légende de la Chambre des Secrets).
Plus que les Horcruxes, c'est une quête, et je trouve assez intéressant que finalement, le maitre de la Mort ne soit pas celui qui retrouve les trois objets, mais bien celui qui accepte la mort comme le fait Harry.
C'est un des points intéressants de la fin. Je n'ai jamais été fan de la théorie "Harry=Horcruxe", parce qu'elle rendait caduc le fait qu'Harry détruise Voldemort (puisqu'il faudrait qu'il se tue avant). Cependant la façon dont J K Rowling aborde le problème rend la chose beaucoup plus intéressante : hasard des probabilités, et retournement des problèmes qui fait que ce qui protégeait Voldemort devient ce qui préserve la vie d'Harry.
Et accessoirement ce passage est un des plus forts du bouquin, avec le chapitre "King's Cross" qui est un peu la conclusion avant l'heure du roman. Bah oui une discussion avec Dumbledore, normalement, ça clôt un livre !
Sauf que ce n'est pas le cas et qu'on a encore quelques évènements derrière. La fin est... surprenante. L'épilogue fait débat, et je connais peu de gens qui l'apprécient. Moi je l'aime bien. Certes il est sommaire, peut-être un peu trop guimauve, et accessoirement il fait un peu incomplet quand on voit toutes les infos que JKR a donné dans les interviews et non dans le dit épilogue.
C'est un peu bête qu'elle ait préféré garder en quelque sorte la version originelle de son épilogue au lieu de le densifier un peu, ce qui n'aurait pas fait de mal je pense. On peut s'interroger en passant sur les noms des enfants (les pauvres, un psy aurait beaucoup à dire sur le sujet !)
Mais personnellement je reste persuadé qu'avec un prénom pareil, Albus Severus ira très loin dans la vie ! Et puis, il faut reconnaitre que ça permet de conclure l'histoire comme elle avait commencé.
Le tome 7 est en effet, malgré sa dureté, le tome le plus proche du tome 1 par certains aspects : il reprend des éléments abordés presque uniquement dans le tome 1 : le sacrifice de la mère d'Harry, Dumbledore et le miroir de Risèd, Ollivander, Gringotts, Godric's Hollow, la moto de Sirius, la cape d'invisibilité. J'ai même surpris un joli clin d'oeil avec un "Mais tu es un sorcier ou quoi" de Hermione à Ron (celui qui retrouve le chapitre me prévient).
Il n'y a pas à dire, c'est donc une très bonne fin de saga, si on omet un épilogue un peu bancal. Je l'aime moins que le 3 et 6, mais il vaut largement le 4 (avec le 5, puis le 2, derrière).
Voilà donc la presque fin de mon cycle Harry Potter de l'été. Reste à relire le Quidditch à travers les Ages, les Animaux Fantastiques, et les Contes de Beedle the Bard. Et en bonus je ferais peut-être une petite sélection de fanfictions. En ce moment je suis dans la suite du tome 7 qu'écrit Alixe, et c'est très chouette ma foi.
Tes commentaires sur les Harry Potter sont vraiment tous complets, et très bien faits. Si tu savais à quel point ils me donnent envie de relire mes livres tout de suite quand je lis tes commentaires, alors que je me retiens depuis juin, car j'ai d'autres livres en route.
RépondreSupprimerMais je pense que je vais très prochainement les relire !
Le moins bon de la série selon moi: il ne se déroule pas dans Poudlard, et la première moitié repose sur nos trois héros. Donc forcément Ron et Harry se disputent: Ron s'en va et revient (quelle surprise). Cela dit, j'ai aimé l'affaire Rogue mais la fin m'a également déçu. Bref, le seul épisode qui m'ai déçu dans toute la saga. Dommage.
RépondreSupprimerUN billet vraiment super complet et intéressant ^^
RépondreSupprimerEn tout cas j'ai énormément apprécié ce tome 7 dans lequel on trouve tous les éclaircissements qui restaient encore dans l'ombre et surtout des révélations sur certains personnages comme Dumbledore et Rogues qui sont passionnantes.
Vi c'est une bonne conclusion à la série ^^
RépondreSupprimerMon point de vue sur ce livre est plus négatif que le tien.
RépondreSupprimerJe pense que HP7 aurait été bien mieux si :
+Harry osait un peu se salir les mains ; je voulais qu'une chose, c'est qu'il apprenne à utiliser Avada Kedavra ou autre méthode mortelle pour battre Voldemort ! Un bon méchant est un méchant mort !
+Ou alors, si il veut vraiment jouer les purs, qu'il dise clairement, dans le tome 6 ou 7, qu'il n'a pas envie de tuer qui que ce soit, même Voldemort, et qu'il échaffaude un plan avec ses potes pour trouver un autre moyen d'écarter le vilain anti-moldus.
+Et Ginny ? Il est pas censé sortir avec ? Pourquoi ne sont-ils pas complices, tous les deux, dans le 7 ? Le pouvoir de l'amour n'aurait-il pas été plus cohérent avec ce duo ?
+La fin de Voldemort, plus classe, s'il vous plait...
+Le passage avec la tente, nul. L'auteure aurait pu bricoler en mettant une cabane dans une forêt avec une putain d'ambiance de forêt sombre... Mais non. 50 pages d'ennui.
+Ce tome n'introduit aucune nouvelle notion de l'univers de Harry Potter. Dommage, je prenais grand plaisir à savourer tous ces petits détails, bonbons, sorts, farces et attrapes, qui m'émerveillaient, découverte par découverte. Quand on n'introduit aucune nouvelle notion dans un dernier tome, la moindre des choses, c'est que les personnages appliquent tout ce qu'ils savent et fassent tout ce qu'il peuvent comme des gros malades, faisant apparaitre les notions comme autant d'éléments à utiliser. Rowling ne l'a pas fait. En même temps, cette "moindre des choses" nécessite une activité cérébrale assez délirante pour tenir le coup sur des centaines de pages d'écriture à simplement l'imaginer, quand on peut pas, ben on introduit des nouveaux concepts parce que c'est plus facile et que ça marche.
+Dans ce tome, on sent que le thème de la mort est celui qui se dégage de la série. C'est un thème intéressant, assez classe : Rowling a réussi à le foutre complètement à l'eau avec un Harry qui se retrouve dans un monde parallèle, vivant, alors qu'il a reçu Avada Kedavra, on sait même pas pourquoi, et après il revient vivant dans son monde de départ, on sait même pas comment. Même pas une théorie sur les fantômes, rien. Et puis la pudeur du passage de King's Cross de la version anglaise est d'un ridicule...
+L'épilogue, il est mal tourné. Il inspire la satisfaction inerte, molle. Il aurait fallu quelque chose de plus dynamique, des discussions sur comment régler les problèmes qui restent de l'après-Voldemort, la discrimination, la maison Serpentard, les Mangemorts à mater/récupérer... Un truc qui pose des problématiques et offre une certaine ouverture : "Voldemort n'est plus là, mais on a encore beaucoup de boulot, les gars !".
Bon, j'aurai été très direct sur ce post, excusez moi pour ceux qui pensent différemment, mais moi ça me fait du bien ^_^ .