mardi 17 novembre 2009

The Longest Journey



(Oui, Silvère, tu vas enfin pouvoir le récupérer, ton jeu, ça fait juste un an et des brouettes que tu me l’as prêté !)

A défaut d’avoir l’ordinateur approprié pour faire tourner mes rpg favoris (et les nouveaux, auxquels j’évite de penser parce que Dragon Age fait bien envie, mine de rien), je continue à faire chauffer mes neurones avec les vieux jeux d’aventure, légers, faciles à installer, et pas trop bouffeurs de temps. Le dernier point étant relatif, si vous me cherchiez dimanche, j’ai bien peur d’avoir passé la journée à finir ce jeu…

Oui, une fois qu’on est lancé, on ne le lâche plus, ce petit The Longest Journey, finalement. Il s’agit d’un jeu d’aventure point’n’click norvégien datant de la fin du XXe siècle, et qui fête ses 10 ans cette année (il n’est sorti en France qu’en 2000 mais passons sur les détails).

Il suit les pas d’April Ryan, jeune étudiante en arts qui vit à Venise, banlieue tranquille de Newport, grande mégalopole des années 2200. Elle souffre de cauchemars récurrents ayant tendance à lui pourrir ses nuits, d’autant plus qu’ils sont remplis de monstres étranges, et notamment d’un dragon, pour ne citer que celui qui sert de prologue à l’histoire.

Evidemment, cela n’est pas dû au hasard, et April va vite être appelée à une destinée hors du commun nettement plus passionnante que de peindre dans son atelier et servir des capuccino dans le café du coin. Je préfère ne pas rentrer trop dans les détails (d’ailleurs je vous déconseille vivement la lecture du résumé au dos de la boite, qui ôte une bonne partie du mystère qui plane sur le début de l’histoire) mais pour simplifier disons qu’elle ne visitera pas que son monde à elle.



Si l’histoire est un peu longue à démarrer, d’autant plus que les premiers chapitres sont ceux qui comprennent les énigmes les plus tordues (vous savez, celles à la Monkey Island, comme une où on improvise une canne à pêche à la McGyver avec un anneau en or, une bouée canard, une corde à linge et une pince récupérés de préférence aux 4 coins des zones de jeu) et des dialogues parfois assez longs qui sont là plus pour donner un contexte que pour le jeu en lui-même.

C’est d’ailleurs intéressant dans ce jeu, à quel point les concepteurs ont veillé à autant à l’histoire en elle-même qu’à donner une crédibilité à l’univers où elle se déroule, et aux personnages qui y évoluent. Du coup, on ramasse des objets inutiles (non ne cherchez pas, la feuille en plastique organique ne vous servira jamais !), on discute avec les potes de tout et de rien, et on écoute de longs monologues juste pour l’ambiance. Un des exemples les plus frappants est une visite dans une bibliothèque où un seul ouvrage est à consulter pour faire avancer le jeu. Les autres sont uniquement là pour la culture.

Une fois les personnages et la trame posée, c’est un véritable plaisir. A l’exception de quelques passages, on avance assez facilement, pourvu qu’on ait relativement bien exploré les zones, repéré de suite les éléments utiles et pensé à inspecter les objets dans l’inventaire, histoire de bien connaitre leurs capacités (bref ne faites pas comme moi !).

C’est l’histoire, surtout, qui est fort prenante. Elle brasse allègrement les grands poncifs de la fantasy : une héroïne avec un don et une destinée, sur qui repose les espoirs de tous ; un ou deux vieux sages qui parlent souvent de façon sibylline ; un compagnon comique ; un méchant au rire machiavélique, et j’en passe des meilleurs.

April elle-même est vraiment l’archétype du héros, peu confiante en elle mais dotée d’une grande force intérieure quand même, qui affronte les épreuves avec courage mais se lamente entre deux qu’elle ne comprend pas pourquoi cela lui incombe, et qu’elle ne va jamais réussir. Et cerise sur le gâteau, elle soigne les bobos du monde en même temps que les siens, que demander de plus ?

Ca pourrait être lourd, c’est finalement prenant. April est une bonne héroïne, forte et fragile à la fois, drôle et amère, qui a une véritable personnalité, et dont les commentaires peuvent faire sourire, ou émouvoir. Elle tient d’ailleurs un journal intime régulièrement mis à jour qui est assez marrant à lire.

L’histoire ne détonne pas forcément pour son originalité, mais elle est bien menée et fonctionne très bien dans la mesure où les tâches à accomplir sont variées, font voir du pays, et le tout à un rythme assez élevé. Si les deux premiers chapitres sont relativement calmes, à partir du moment où l’on commence à voyager entre les mondes, tout s’accélère, d’autant plus qu’il arrive qu’on laisse une quête en plan à un endroit pour la reprendre bien plus tard.

Dans un univers de jeu d’aventure où on a généralement un certain nombre de tâches à accomplir pour conclure une partie, c’est assez surprenant de devoir laisser comme ça les choses en plan.

La plupart des dialogues sont très réalistes et bien écrits, avec pas mal d’humour et un ton qui se veut assez adulte dans ses allusions. Il est possible parfois de choisir entre différentes attitudes, ce qui ajoute une petite valeur ajoutée même si ça n’a pas une grande influence sur le jeu (il n’y a qu’un seul choix qui influence le jeu, et ça ne concerne que la vidéo de fin du chapitre 1).

Le seul problème vient de la traduction française, littéralement truffée de fautes d’orthographe, et des énormes en plus (genre des « touts » par exemple), ce qui est franchement bête pour un jeu qui repose quand même sur ses dialogues.



L’autre point fort du jeu est la large gamme de paysages et d’ambiances visitées. On a de la ville futuriste avec un petit air de Blade Runner, avec ses bas-quartiers glauques et son élite dans les hauteurs. Et, dans l’autre monde, on a la cité type de medieval fantasy, la forêt mystérieuse, les marais, les voyages en mer, les îles perdues, avec un bestiaire très diversifié… bref, on voit du pays, normal vu le titre.

Le rendu est plutôt agréable pour ce qui est des décors. Coté animation des personnages, par contre, c’est loin d’être magnifique. Les personnages sont assez rigides et peu gracieux (le prix de l’animation la plus moche revient à April mettant un oiseau dans sa poche). C’est de la 3D, et j’ai tendance à trouver que ça vieillit bien plus vite que la bonne vieille 2D finalement (personnellement le seul intérêt que je vois à la nouvelle édition de Monkey Island 1, c’est le doublage, c’est dire !).

Les cinématiques, nombreuses mais brèves sont assez belles par contre, ce qui compense. D’autant plus qu’une fois rentré dans l’histoire, on ne prête plus guère attention aux graphismes. Bref sans le qualifier de « un des titres les plus passionnants que le PC ait connu » et autres superlatifs comme la boite l’indique (parce que bon rien ne vaut Planescape Torment !), c’est un très beau jeu d’aventure qui fait rêver sans avoir à trop se prendre la tête sur les énigmes, un très bon divertissement donc.

J’hésite d’ailleurs à le refaire une fois histoire de bien tout comprendre, parce que certains détails m’ont un peu échappé, pressée que j’étais de le finir. Il existe aussi une suite, Dreamfall, mais j’hésite à m’y mettre vu qu’il finit parait-il en cliffhanger et que la suite se fait sérieusement attendre (ça me rappelle Gabriel Knight tiens…). Du coup autant rester sur la fin de The Longest Journey, non ?

8 commentaires:

Tigger Lilly a dit…

Ça a l'air sympa mais les fautes d'ortho ça me rebute un peu. Je retiens le nom si je tombe dessus en seconde main.

Vert a dit…

N'hésite pas, ça vaut la peine de supporter les coquilles et fautes d'accord... surtout que vu son prix neuf il doit y avoir moyen de le trouver pour vraiment pas cher d'occasion...

Grishka a dit…

Je me sentirai comme un imposteur si je me lançait dans ce jeu (depuis le temps) sans avoir fini correctement monkey island 1 ^^

Vert a dit…

C'est une honte :P

stephane a dit…

Je suis un grand fan de Monkey Island auquel j'avais joué en anglais lors de ses premières sorties. Je pense d'ailleurs que ce jeu a contribué à améliorer mon anglais. D'où l'intérêt pédagogique de certains jeux !
Quant à The longest Journey, j'ai obtenu une version gratuite dans un Joystick je crois, qui m'avait déçu à cause d'une certaine longueur au départ, comme tu le soulignes. Ta critique m'encourage à m'y replonger.

asn83 a dit…

Dernièrement je me suis remise un peu plus activement aux jeux vidéos (j'envisage d'ailleurs d'ajouter une catégorie sur le sujet à mon blog) et un ami m'a très fortement conseillé ce jeu (un de ses préférés apparemment). Je découvre avec ton article qu'il s'agit d'une création norvégienne, ce qui est un argument positif (c'est bien de sortir du cercle des œuvres françaises-américaines-anglaises). Seul problème, the Longest Journey ne semble pas disponible sur Mac (et oui j'ai un Mac, et mis à part pour ça, j'en suis très contente). Va falloir que je trouve une solution pour pouvoir le tester quand même...

Vert a dit…

@asn83
Y'a toujours l'option d'installer Windows sur ton mac, mais parfois ça donne des résultats bizarres ^^.

asn83 a dit…

J'ai bien envisagé cette option mais j'ai peur que se soit trop compliqué pour par grand chose, et j'ai surtout peur que ça affecte mon ordinateur. Je ne suis pas prête à prendre ce risque ^^