jeudi 29 octobre 2015

Le livre d’or de la science-fiction : John Brunner – John Brunner


Cela faisait un petit moment que j’avais laissé en plan mes lectures des livres d’or de la SF, jusqu’à qu’une envie de nouvelles me décide à m’y remettre. Après maintes hésitations, j’ai opté pour celui sur John Brunner, complément idéal à la lecture du génial Tous à Zanzibar faite en début d’année.

Comme ses collègues, ce livre d’or commence par une excellente présentation de l’auteur signée par George W. Barlow, qui en évoquant tout ce qu’a écrit John Brunner jusqu’à la sortie de ce recueil, n’a aucun mal à nous donner l’eau à la bouche. Et comme souvent dans cette collection, la qualité de la préface présage de la qualité des nouvelles qui suivent.

On démarre avec D'un autre œil, très classique récit de SF où l’être humain rencontre l’Autre. La chute est plutôt prévisible, mais l’histoire parallèle entre le Peintre, très « sophistiqué » et le groupe d’humains qui ne l’est pas du tout est fort sympathique et témoigne d’un bel effort d’écriture.

Coelacanthe est une novella consacrée aux vaisseaux générationnels, et sur la façon dont pourrait évoluer une génération entière d’êtres humains nés à bord d’un vaisseau dans le cadre d’un trajet qui dure plusieurs décennies. Là encore, la thématique est classique (du moins aujourd’hui), mais la querelle des Anciens et des Modernes mise en scène est fort bien rendue, avec une belle conclusion. C’est une de mes nouvelles préférées.

Dans Puissance quatre, des scientifiques font des expériences sur les possibilités de multiplier les connexions entre les neurones. Lorsqu’un volontaire humain joue au cobaye, les résultats sont plutôt inattendus. Ici point d’étude intérieure façon Daniel Keyes, mais une observation plutôt froide accompagnée d’une réflexion sur ce qui fait l’être humain et d’une conclusion presque loufoque.

Faute de temps est une histoire à mystère : un médecin trouve sur le pas de sa porte un vagabond atteint d’une maladie rare qu’il est presque le seul à pouvoir identifier. En cherchant à remonter le cours de l’histoire pour savoir comment il est arrivé là, le médecin va peu à peu plonger dans le domaine de l’impossible (sauf en SF bien sûr !).

Un élixir pour l'empereur n’a pas grand-chose de science-fictif (un air de fantastique, oui par contre) mais permet de se frotter au volet historique de l’œuvre de John Brunner. On y suit le parcours d’un général qui devient empereur à la manière de l’époque (je ne vous fais pas un dessin). Classique mais ça se lit bien.

On continue dans le registre historique avec Une passion pour les clous, où l’on revisite un évènement fort connu du point de vue du bourreau. Là encore, un récit qui se lit également bien, même s’il ne laisse pas un souvenir impérissable.

Le Frère d'Orphée s’intéresse aux mythes modernes, et tout particulièrement à ces stars qui deviennent des dieux en ayant la bonne idée de mourir jeune, en jouant ici sur les parallèles avec la figure d’Orphée. Je vous avoue être passée un peu à côté.

Avec La Parole est d'argent, on revient à la SF. On y suit les pas d’un homme qui « perd sa voix » le jour où il passe un casting pour servir de modèle pour un étrange appareil. Il n’y a pas vraiment de débauche de technologie, juste une étonnante capacité à se projeter qui fait que cette nouvelle reste étonnement actuelle.

Chances égales tisse d’étranges parallèles autour d’une histoire qui joue avec la crainte du nucléaire à après la Seconde guerre mondiale. Si j’ai assez vite vu vers quoi la nouvelle se dirigeait, j’ai été surprise de la conclusion.

Dans Cinquième commandement, un retraité sans enfants qui passe sa retraite dans un lieu idyllique n’arrive pas à trouver la paix. Cette nouvelle est étrange, à la fois elle est assez prévisible, mais pourtant la fin est plutôt surprenante (bien que le titre soit un indice).

Enfin le recueil se termine sur L'Age des artères, une intéressante interprétation de la notion de ville (que n’aurait pas renié Neil Gaiman).

Comme toujours avec les recueils de nouvelles, je n’ai pas forcément accroché à tout. Certaines choses me sont restées en tête, d’autre moins. Mais globalement j’ai eu grand plaisir à lire ce livre d’or car tous les textes sont extrêmement bien écrits (à l’image de Tous à Zanzibar) et soulèvent des idées intéressantes.

Je mettrais juste un bémol sur les thématiques, qui avec un regard de lecteur actuel peuvent sembler très classiques (ce qui explique sans doute la prévisibilité de certaines chutes), mais ces nouvelles ont été publiées entre 1957 et 1974, époque où elles devaient sans aucun doute sembler plus « fraiches ».

En tout cas ce recueil confirme tout le bien que je pensais de John Brunner, et me donne envie de lire d’autres titres de lui. Il ne reste qu’à faire mon choix dans son immense bibliographie présentée à la fin du livre d’or (qui n’est même pas complète vu qu’elle s’arrête en 1978 !).

CITRIQ

5 commentaires:

Tigger Lilly a dit…

Jamais lu cet auteur à ma connaissance, mais en tout cas la couv vend du rêve :p

Vert a dit…

@Tigger Lilly
Tu as au moins lu quelques pages de lui si tu as ouvert Tous à Zanzibar ;)
(et franchement pour un livre d'or c'est le haut du panier comme couv, elle évoque un peu les thèmes de la nouvelle Coelacanthe)

Lorhkan a dit…

Moi je la trouve très belle cette couverture ! :D

Ce recueil était dispo à la librairie d'occasions des Utopiales, j'ai bien failli l'acheter mais la quatrième de couverture avait une grosse pliure, du coup je ne l'ai pas fait.

Mais ce n'est que partie remise, d'autant que cet auteur m'intéresse beaucoup, et que ce recueil fait partie de mes priorités dans la collection.

Vert a dit…

@Lorhkan
Je pense pas qu'il soit difficile à trouver (après j'ai peut-être eu une monstre chance de le dégotter à 50 cts dans une brocante xD)

Lorhkan a dit…

Il est tout à fait trouvable en effet. Faut juste que je surveille un peu le "marché" de l'occasion, ce que je ne fais plus vraiment depuis, un moment.
À 50 centimes, c'est clairement une affaire (surtout s'il est en bon état). ;)