mercredi 7 novembre 2012

High Fantasy 1 : Le manoir des roses (anthologie)


A une époque, j’achetais beaucoup de vieux machins chez les bouquinistes, vieux machins qui tendaient à rester trèèèèèès longtemps à attendre d’être lus. Dans le cas de cette anthologie, je l’avais achetée parce qu’elle contenait une nouvelle de Tanith Lee, et une fois celle-ci lue, je l’ai rangé dans un coin.

Mais après la lecture de La dame de la haute tour, j’ai voulu continuer à m’intéresser à cette collection Livre d’or de la SF / Grand temple de la SF, et du coup ce livre a trouvé un intérêt tout neuf à mes yeux (comme quoi des fois il ne faut pas hésiter à faire poireauter un livre des années !).

Le manoir des roses fait partie d’une série, L’épopée fantastique, composée de quatre anthologies réalisées par Marc Duveau à la fin des années 70 sur la fantasy. Premier volume de la série, celui-ci s’intéresse à la high fantasy, comme l’indique le titre de l’édition Pocket, High Fantasy 1 : Le manoir des roses (le volume suivant s’appelle Heroic Fantasy 2 : la citadelle écarlate, c’est le genre de numérotation insensée qui exaspère la bibliothécaire qui est en moi mais passons).

J’ai un peu de mal à comprendre la définition que cherche à donner ici Marc Daveau de la high fantasy (que j’apparente moi plutôt aux grandes épopées à la Tolkien). Ici, on dirait qu’il a délibérément sélectionné des textes assez anciens, plutôt axés contes et mythes, et surtout très éloignés de l'heroic fantasy (enfin surtout aux multiples histoires de sword and sorcery à la Conan et confrères).

Le résultat est un volume très éclectique qui contient certes des nouvelles, quelques illustrations, mais aussi des poèmes et une pièce de théâtre ( !), d’auteurs plutôt récents ou anciens (Ursula Le Guin et Tanith Lee côtoient Jack Vance, Mervyn Peake, Lord Dunsany, William Morris, Lin Carter et Thomas Burnett Swann, entre autres).

Comme toujours, on accroche plus ou moins aux textes ainsi présentés, mais si quelque chose m’a frappé dans l’ensemble, c’est que le caractère très précieux des histoires. Chaque texte est ciselé avec une précision d’orfèvre. C’était une qualité que j'avais déjà rencontré dans les textes de Lord Dunsany, et j’ai adoré le découvrir chez d’autres auteurs.

A noter que les poèmes sont présentés en version bilingue, version vo et vf. J’ai beaucoup apprécié la perspicacité de l’anthologiste à ce sujet, des fois j’ai l’impression que les éditeurs de SF avaient un peu plus de bon sens (et d’estime pour leurs lecteurs) il y a 30 ans qu’aujourd’hui…

Cela confirme qu’en dépit de leur ancienneté, les anthologies Livre d’or de la SF / Grand temple de la SF sont vraiment des valeurs sûres, et d’excellents moyens de découvrir des auteurs. Vu le plaisir que j'ai eu à parcourir ce volume-ci, j’hésite d’ailleurs à me dénicher les trois autres volumes de L'épopée fantastique désormais.

Quelques-uns de mes textes favoris pour finir :

- La boite d’ombre d’Ursula K. Le Guin, qui ne m’a pas forcément marqué à la lecture, mais qui laisse comme un arrière-goût étrange après la lecture. Et puis c’est Ursula, en matière d’écriture, c’est forcément un délice !

- Les enfants du nixe de Poul Anderson, réécriture d’un vieux conte scandinave si j’ai bien suivi, qui m’a complètement happé d’un bout à l’autre. Il va vraiment falloir que je m’intéresse à Poul Anderson, qui a l’air de partager avec Tolkien un certain goût pour les mythes nordiques (et une belle plume pour en parler) ;

- Les dieux de Niom Parma de Lin Carter, très jolie histoire de dieux voulant détruire une ville, et qui envoient l’un des leurs la visiter pour arrêter leur décision ;

- La trève de Tanith Lee, seule nouvelle de SF du recueil (si si). Je me rappelais de la chute en fait, mais j’adore toujours comment avec un sujet SF post-ap, l’auteur arrive à en tirer une histoire de fantasy avec un côté presque mythique ;

- Le forgeur de rêves de André Norton (qui est une femme comme son nom ne l’indique pas), qui ressemble à un conte avec une forte teinte onirique (rien d’étonnant vu le titre) ;

- Deux roses à la brune, rouges sur fond de lune de William Morris. L’auteur est un préraphaélite, si vous voyez à quel genre d'oeuvre d'art cela peut correspondre, imaginez la même chose en poésie, ça résume très bien ce joli texte (plus joli en vo sous le titre Two red roses accross the moon) ;

There was a lady lived in a hall,
Large in the eyes, and slim and tall;
And ever she sung from noon to noon,
Two red roses across the moon

- Le manoir des roses de Thomas Burnett Swann, qui donne son titre au recueil, superbe histoire dans une Angleterre médiévale en pleine période de croisade dotée d’une atmosphère féérique dans tout ce que cela implique de beauté et de noirceur, autant dire que c’est avec un beau bouquet final qu’on termine ce recueil.


CITRIQ

2 commentaires:

Marion a dit…

La couv' est quand même sacrément ... fin j'sais pas, on dirait que la nénette est en plein orgasme :D
Mouahahaha :D

Alors, p'têt qu'il y a 30 ans, les éditeurs de SF avaient plus de bon sens et tout et tout, mais question couverture, on repassera ! :D

Vert a dit…

Euh franchement, à côté d'une couverture de bit-lit, je trouve ça soft *siffle*