mercredi 26 octobre 2011

Légendes de la Garde : Automne et Hiver 1152 - David Petersen


Je ne sais plus trop ce qui m’a poussé à acheter le premier tome de cette série. Le graphisme, sans doute, le format carré (qu’on ne croise pas si souvent que ça) sûrement, et assurément une certaine nostalgie pour la série d’albums La famille souris dont j’ai lu et relu les aventures dans ma jeunesse.

A l’époque mon doudou était une souris, j’adorais Tom et Jerry, et je lisais La famille souris, la fille déjà pas monomaniaque sur les bords ! Ca n’a pas du tout changé d’ailleurs…

Ceci dit les Légendes de la Garde n’ont que peu de choses en commun avec la famille souris, si ce n’est que les protagonistes sont eux aussi (quelle surprise !) des souris. Sauf qu’on quitte le domaine du livre pour enfant pour celui du comic pour adulte.

En effet, on est plus proche du roman de bonne vieille fantasy avec héros valeureux, traîtres, complots et batailles (il n’y a guère que la magie qui manque à l’appel) qu’autre chose. C’est un peu Redwall de Brian Jacques, mais en beaucoup moins gentillet, et surtout à une échelle bien plus souris.

C’est peut-être ce qui m’a le plus frappé dans cette série, la « crédibilité » de cet univers où on voit des villes de souris calées entre deux racines d’arbres, sous un rocher… Les prédateurs naturels sont principalement les serpents et les rapaces (qui apparaissent comme gigantesques du coup), et toutes les souris se baladent à poil (c’est le cas de le dire !) à l’exception des membres de la Garde.

Parlons-en justement de la Garde, après tout, c’est le sujet de cette série. C’est une force armée qui jadis renversa le tyran furet, et assure désormais la protection du territoire souris, composé de différentes cités indépendantes dispatchées ci et là. Ses membres jouent le rôle de guides, d’éclaireurs, d’escortes, bref ils maintiennent une certaine cohésion entre les souris.

Dans le premier tome, Automne 1152, trois membres de la Garde, à la recherche d’un marchand disparu, mettent au jour un complot d’une souris qui souhaite prendre le contrôle de l’ensemble des villes et détruire la Garde. Si son compte est réglé à la fin du premier tome, les conséquences de son action se feront ressentir jusqu’à la fin de l’Hiver 1152, sa suite.

Comme je le disais, l’histoire a un ton très fantasy (on y trouve même le jeune guerrier prometteur et le vieux héros à la retraite) assez délicieux, d’autant plus que les images rendent ce ton avec brio. J’aime tout particulièrement le découpage en grandes cases (on a rarement plus de quatre cases par page) qui rendent particulièrement bien dans les scènes d’action.

L’autre élément que j’ai beaucoup apprécié, c’est la discrétion des textes. Pourtant d’habitude j’ai du mal à lire les BDs quasiment dépourvues de texte, mais dans ce cas ça ne m’a posé aucun problème, j’ai même adoré ça, l'image qui prend complètement le pas sur le reste.

Chaque chapitre est précédé d’une page d’introduction qui résume la situation (citation de vieux texte souris à l’appui), mais après cela les dialogues sont généralement succincts, et les éléments de narration plutôt rares, à l’exception de la conclusion. Cette économie de mots confère du coup à l'histoire un caractère héroïque plutôt impressionnant.

Couplé à de très jolis dessins, le tout donne une belle patine à la série, qui se révèle aussi passionnante à suivre qu’une bonne vieille trilogie de fantasy, grâce à son ton très sérieux et parfois un peu noir. Bien qu'on n'y croise aucun barbare, je lui trouve une petite parenté avec la fantasy épique et efficace à la Conan.

J'espère bien que Gallimard (oui c'est édité chez Gallimard !) continuera à éditer les albums suivants, j'aimerais bien retrouver Liam, Sadie et les autres. En tout cas, à l’occasion, n’hésitez pas à découvrir cette très jolie série.

CITRIQ

12 commentaires:

SBM a dit…

j'ai bien aimé le tome 1, pas encore lu le 2. Mais ça n'a pas à voir avec la fantasy, ce sont juste des aventures animalières, comme la série Rougemuraille. Il n'y a pas de magie ici, juste des animaux à la place des hommes comme dans les fables de La Fontaine ou le Petit Ours Brun qui fait caca popo... pas de la fantasy tout ça, de l'aventure juste.

Munin a dit…

Je suis sûr que Gallimard éditera la suite, je suis moins sûr que celle-ci sorte rapidement vu la rapidité d'écriture de l'auteur. Mais vu la qualité de ses livres, on ne va pas trop le bousculer, hein ? :)

Vert a dit…

@SBM
Techniquement si c'est de la fantasy, c'est ce qu'on appelle de la fantasy animalière justement, ce genre d'histoire qui met en scène des animaux. Comme Rougemuraille ou le Vent dans les Saules.
Menfin pour moi c'est surtout le type d'histoire qui fait très fantasy (plus l'univers créé de toutes pièces). De toute façon ce ne sont que des étiquettes au final ^^.

@Philippe
Non c'est sûr, mais j'ai vu qu'il y avait déjà une suite de sortie en VO, j'espère qu'on ne l'attendra pas trop longtemps ^^

SBM a dit…

ben non, la fantasy, qu'elle soit animalière ou pas, implique de la magie ou du merveilleux ou un élément qui fait que c'est de la littérature non mimétique... c'est la définition même des littératures de l'Imaginaire...

Vert a dit…

Techniquement il y a deux éléments considérés comme caractéristiques de la fantasy (qu'on retrouve dans toutes les études sur le sujet) : la magie ET la présence d'un univers secondaire (qui peut être un monde créé de toutes pièces à la Tolkien, ou quelque chose plus en lien avec le notre comme le Londres d'en bas de Gaiman).

En théorie c'est la présence des deux qui définirait comme ouvrage de fantasy, mais en pratique il y a tas d'ouvrages qui n'ont qu'un seul de ces deux éléments.
Le Trône de fer, si je ne m'abuse, n'implique aucune magie et est pourtant considéré comme de la fantasy, et si on prend American Gods (bon ok ce bouquin est inclassable donc discutable), y'a à mon avis pas d'univers secondaire clairement défini.

Donc vu qu'on a là un bel univers secondaire construit de toutes pièces, ça me dérange pas de classer Légendes de la garde comme de la fantasy.

Anonyme a dit…

N'est-ce pas le pendant romanesque du JDR Mouse Guard ?

PS: Il y a de la magie dans le Trône de fer. American Gods est je crois plus du fantastique que de la fantasy (même si en anglais le terme "fantasy" a tendance à englober les deux genres). Mais effectivement c'est bien moins important que de savoir si l'ouvrage est de qualité ou non. :)

Vert a dit…

C'est fort probable. J'en ai jamais entendu parlé mais comme ma connaissance des JdR se limite à D&D... Tiens d'ailleurs sur ton site ils parlent de "médiévale fantastique" pour cet univers, ça nous avance bien tiens xD

Mais comme tu dis ça n'a pas franchement d'importance, j'avoue que je suis assez ouverte sur les classifications, du coup c'est plutôt quand on me dit que ce n'est pas un tel genre que ça me dérange xD

Theoma a dit…

le graphisme est assez époustouflant, j'ai passé un bon moment !

Vert a dit…

Vi il y a quelque chose dans le graphisme, c'est difficile à expliquer mais j'aime beaucoup aussi.

Alys a dit…

Diable! Il me les faut absolument!!!
(Désolée j'avais loupé le lien dans ton TTT. Le gros boulet ne voit pas les mots en *vert* hihihi).

Vert a dit…

@Alys
En fait j'avais oublié de le mettre le lien à la base *siffle*.

Alys a dit…

Hahaha lol :) Je suis rassurée.