Si je me suis plongée dans le livre de la Jungle, c’est encore de la faute à Neil Gaiman, parce que j’ai lu je sais plus où que son dernier roman, The Graveyard Book (aka l’Etrange vie de Nobody Owens) était inspiré du Livre de la Jungle.
(ah oui après vérification Neil le dit lui-même dans sa postface, au moins c’est clair)
Donc histoire de faire de ma prochaine relecture en français de The Graveyard Book une lecture intelligente, je suis allée jeter un œil au Livre de la Jungle (et puis accessoirement comme il est souvent cité dans les ouvrages sur la fantasy, je fais d’une pierre deux coups).
Ma première pensée a été « Remboursez ! ». Dans le Livre de la Jungle, Mowgli n’occupe même pas la moitié du bouquin. Sur sept nouvelles, seules trois lui sont consacrées. Les autres ne parlent pas de lui, et encore moins de jungle pour certaines. On va donc séparer en deux. Le « mythique » Livre de la Jungle que tout le monde connait, sinon de nom, et le reste.
Les trois nouvelles avec Mowgli sont intéressantes. Alors que la Jungle est souvent l’archétype d’un monde sans pitié et sans règles, ici, la jungle est étonnamment « civilisée ». Il y a des lois, un conseil de clan, un chef plus ou moins élu, et même un système de parrainage : Mowgli reste parce qu’il a été accepté parce que lors du conseil deux membres du clan ont parlé en sa faveur, en plus de ses « parents » loups. Il s’agit bien sûr de Baloo et Bagheera.
Bref c’est pas vraiment la loi de la jungle sans faire de mauvais jeux de mots. D’ailleurs je me demande si l’expression « Loi de la jungle » vient du Livre de la Jungle et a été complètement détournée, ou si c’est le contraire…
Paradoxalement, les moins « civilisés » de tous, ceux qui n’ont aucune culture, pas de chef ni rien, ce sont les singes, que l’on rencontre dans la deuxième nouvelle. En comparaison, il vaut mieux fréquenter les pythons et les vautours, bien plus sympathiques (enfin pour le python, tout est relatif, privilégiez la période de digestion).
Même si le format est court, les nouvelles sont assez dures. Sous l’aspect assez éducatif des nouvelles, il y a une certaine amertume : Mowgli n’est pas vraiment un loup, mais il n’est pas vraiment humain non plus, et la dernière nouvelle (« Au tigre, au tigre ! ») le montre clairement alors qu’il part chez les hommes… avant d’en revenir. Ceci dit l’histoire dit qu’il se maria quelques années plus tard alors…
D’ailleurs il existe un Second Jungle Book avec d’autres histoires de Mowgli apparemment, mais on dirait bien qu’il n’a jamais été traduit –ah si il est sur le site des ebooks gratuits… m’en vais y jeter un œil…
Petit apparté Disney... je n'ai jamais vu l'adaptation dessin animé, mais le hasard a fait que j'ai lu une version livre pour enfants de quatre ans avec joli puzzle... je vous avoue que le ton gentillet choque par rapport à l'original !
Quant aux autres nouvelles, elles sont très diversifiées. On y parle de phoques, d’une mangouste, d’éléphants, et d’animaux sur les champs de bataille.
Les trois premières font assez conte, ou en tout cas récit pour enfant : pas de magie mais un phoque qui cherche une terre d’exil pour son peuple, afin que les hommes ne les déciment pas ; une mangouste recueillie par les hommes qui les protègent des méchants serpents (dont une certaine Nagaina...), un éléphant qui s’en va danser, son futur cornac sur le dos.
La dernière nouvelle m’a laissé assez songeuse : imaginez un peu un dialogue entre mulets, chevaux de cavalerie, dromadaire, éléphant, et bœufs sur leur rôle dans la guerre. C’est vraiment bizarre comme truc.
Et à la fin de chacune des sept nouvelles, on trouve une chanson autour des évènements de la nouvelle. Elles sont coriaces en français, mais j’ai l’impression que c’est pas beaucoup mieux en anglais. Bizarre bizarre…
Bref au final je ne sais pas trop quoi penser de ce bouquin. C’est une lecture instructive (c’est un classique tout de même), surtout en ce qui concerne Mowgli (qui apparait dans les Fables de Willingham d’ailleurs... ça devrait donner un nouvel éclairage à ses apparitions aussi).
Les autres nouvelles, elles… bah disons qu’elles témoignent bien de la fantasy animalière, si courante chez les Anglais alors qu’on sait tout juste ce que c’est chez nous (les Fables de La Fontaine, ça compte ?), sauf dans les histoires pour très (très) jeunes. Ceci dit, quitte à taper dans ce genre, je préfère nettement la série Redwall de Brian Jacques.
c'est marrant, ça doit être un de mes tout premiers Disney, et surement mon préféré...
RépondreSupprimerUn classique que comme tant d'autre j'ai négligé pour le moment. Mais ta chronique réveille l'intérêt...
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