mercredi 9 octobre 2024

Les âmes de feu – Annie Francé-Harrar

Couverture du roman Les âmes de feu

Visiblement, je n’avais pas lu assez de vieilleries dernièrement puisque j’ai accepté en service de presse ce roman sorti fin septembre, inédit en France jusqu’à aujourd’hui mais paru il y a plus d’un siècle. En même temps on parle d’un roman oublié, écrit par une autrice qui plus est, comment diable aurais-je pu résister ?

Les âmes de feu est un roman d’anticipation écrit et publié en 1920 par Annie Francé-Harrar, une autrice autrichienne qui a effectué de nombreux travaux et études sur la microbiologie des sols.

Dans ce roman, on découvre dans un futur plus ou moins éloigné que presque tous les humains vivent désormais dans des cités presque utopiques où l’on travaille peu et où l’on se consacre à la Culture. En dehors des villes vivent encore quelques cabaniers qui cultivent la terre et élèvent des animaux.

Au début, on a découvert comment synthétiser de la nourriture à partir de l’air, ce qui semble résoudre tout problème d’approvisionnement. Un scientifique commence néanmoins à relever des signes inquiétants au niveau du climat ou des sols. Vous vous en doutez, la suite ne sera pas réjouissante.

Les âmes de feu est un roman parfois avec ses concepts sont à côté de la plaque vu qu’on n’avait pas les mêmes connaissances scientifiques à l’époque (d’ailleurs étonnamment l’idée la plus fumeuse m’a un peu rappelé La mort de la Terre de Rosny Ainé, paru lui en 1910). Et les femmes n’y sont clairement pas à leur avantage.

Mais c’est aussi un roman très rigoureux dans certaines de ses descriptions, car l’autrice a injecté une partie de ses recherches sur le sol dans le récit, ce qui donne beaucoup de crédibilité à certains passages.

J’ai beaucoup apprécié la vision du futur imaginée par l’autrice était intéressante parce qu’on y voit des concepts qui seront amplement développés dans d’autres œuvres, telles que ces mégalopoles et leurs millions de citadins qui contrastent avec les quelques hommes qui vivent encore à la campagne, ou encore cette évolution de l’espèce humaine, tant concentrée sur les activités intellectuelles qu’elle finit par en perdre la capacité à se déplacer sans aide.

Les âmes de feu, c’est également un roman qui voit juste en mettant en scène une humanité qui cherche à s’affranchir des cycles naturels et qui finit par détruire son environnement. À ce titre, c’est un récit qui a quelque chose de visionnaire… et d’un peu déprimant. C’est fou de se dire que déjà en 1920 on mettait en scène des scientifiques prédisant l’épuisement des ressources et le changement climatique et que déjà à l’époque on ne les écoutait pas.

Si vous aimez découvrir d’anciens textes de science-fiction, Les âmes de feu est donc un texte intéressant à découvrir, qui réussit encore à résonner un siècle plus tard.

Infos utiles : Les âmes de feu (Die Feuerseelen) est un roman de Annie Francé-Harrar publié en 1920. La version française est sortie en 2024 aux éditions Belfond, avec une traduction d’Erwann Perchoc et une couverture de Carlijn Kingma. 224 p.

D’autres avis : Quoi de neuf sur ma pile, Les critiques de Yuyine

6 commentaires:

  1. De l'archéoSF typique en quelque sorte, pas le plus palpitant mais une épatante modernité de certaines idées. Nos textes actuels auront-ils la même portée dans un siècle, telle est la question. (s'il y a encore quelqu'un pour les lire 🙊)

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    1. @Baroona
      T'es d'humeur très positive toi dis donc 🤣

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  2. Ça a l'air super intéressant. Merci pour la découverte!
    "ces mégalopoles et leurs millions de citadins qui contrastent avec les quelques hommes qui vivent encore à la campagne": ah, Barjavel l'avait peut-être lu et s'en est inspiré pour Ravage 😂😂
    "l’espèce humaine [...] finit par en perdre la capacité à se déplacer sans aide": ah, les gens de Pixar l'avaient peut-être lu et s'en sont inspirés pour Wall-E 😂😂
    (Purée quelle déprime, en vrai!!)

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    1. @Alys
      Je pense que c'est des schémas classiques (pour les mégalopoles ça m'a beaucoup fait penser aux Monades urbaines)

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  3. Toujours intéressant de découvrir le fonds matrimonial de SF, je suis contente de ce genre de publication qui se multiplient ces dernières années.

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    1. @Tigger Lilly
      Oui, c'est chouette toutes ces redécouvertes !

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