mercredi 17 avril 2024

Magies et merveilles – Catherine L. Moore

Couverture de Magies et merveilles

Il y a deux ans, j’ai lu mon premier texte de Catherine L. Moore dans la collection Dyschroniques, découvrant par la même occasion une autrice de l’âge d’or de la SF. Grâce à des conseils avisés reçus sur les réseaux sociaux (oui ça arrive !), je me suis procurée ce recueil afin de continuer à explorer l’œuvre de cette autrice.

Magies et merveilles fait partie de ces recueils/anthologies créés de toutes pièces pour proposer en français le meilleur de la SF anglophone. Je vous ai souvent parlé du Livre d’or de la SF, cette fois-ci c’est un ouvrage paru dans la collection Autres temps, autres mondes – Anthologies qui s’inscrit clairement dans la même veine. Celui-ci est dirigé par un certain Alain Dorémieux (un illustre inconnu dans le milieu, clairement).

L’ouvrage en lui-même est le genre de livre que j’adore : on y trouve une préface qui apprend plein de choses sur l’autrice et chaque nouvelle est remise dans son contexte par une petite intro (même si j’aurais aimé qu’on en dise un peu moins sur le contenu des dites nouvelles…).

Voyons maintenant les nouvelles proposées :

L'Illusion lumineuse est un récit presque psychédélique qui met en scène un homme choisi par une entité supérieure pour être envoyer sur un autre monde pour y chasser le dieu en place là-bas (rien que ce résumé est perché). C'est très bizarre mais fascinant, on est obligé d'aller jusqu'au bout du truc.

Lire Plus puissants que les dieux m’a donné l’impression de tomber sur le prototype du roman Mes vrais enfants. Cette nouvelle imagine un homme confronté à deux futurs (selon la femme qu’il épouse). Certaines idées hérissent un peu le poil aujourd'hui (bonjour les stéréotypes sur les qualités et caractères associés à chaque genre) mais il y a une belle réflexion sur les choix et les futurs qui en découlent.

Nombreux sont les textes qui font référence à la Bible. Le Fruit de la connaissance est une réécriture d’une partie de la Bible, carrément. On se retrouve donc en pleine Genèse, vécue du point de vue de Lilith, première femme d’Adam. J’ai bien aimé cette manière un peu terre-à-terre d’aborder le mythe, la façon dont l’autrice interprète le rapport à la divinité, et clairement le personnage de Lilith mérite le détour.

La Porte du temps met en scène une entité supérieure collectionneuse de trésors dont la chasse la confronte à deux terriens. C’est un récit très old school d’aventure, un peu surchargé.

En commençant Le Code, on pense explorer une nouvelle sur la question du rajeunissement, sauf que le texte nous emmène très loin dans une autre direction. Il y a un petit côté désuet dans ce texte (notamment sur le rapport aux sciences et aux techniques) mais c’est aussi fascinant et j’aime bien la façon dont l’expérience vient s’associer à un récit plus ancien.

Le recueil se termine sur L'Héritier présomptif, une nouvelle assez difficile à résumer. Dans notre référentiel actuel, je pense que ça ferait un bon thriller avec ces deux anciens collaborateurs qui s’affrontent (parfois avec des armes, parfois avec leur esprit). Encore une fois je suis surprise des thématiques qui vont assez loin sur la question de l’intelligence collective et du transhumanisme. Je ne suis pas sûre d’avoir complètement tout saisi mais le texte est très prenant jusqu’à sa conclusion (très actuel finalement !).

Voilà pour ce petit tour d’horizon. Pour être totalement honnête je ne peux pas dire que cette lecture m’ait transportée. Ce sont des textes qui font leur âge : la narration parfois assez surchargée (assez typique des années 30-40 en fait) et la vision très genrée (peu de femmes et à l’exception de Lilith, elles sont cantonnées à des rôles très stéréotypés de femme amoureuse/femme à sauver) a un peu de mal à passer…

… mais d’un point de vue historique et découverte du matrimoine en SFFF, j’ai adoré. Il y a une certaine virtuosité dans ces nouvelles, les thématiques sont souvent très intéressantes et Catherine L. Moore nous emmène vraiment loin à chaque fois. Et j’ai tout à fait conscience que les défauts de ces nouvelles sont communs à pratiquement tous les textes que j’ai pu lire de cette époque (on arrive ou non à faire abstraction, ça dépend des fois).

Alors il est fort probable que Magies et merveilles ne soit pas ma dernière lecture de cette autrice, en fonction de ce qui croisera ma route chez les bouquinistes.

Fun fact : avec un titre comme Magies et merveilles, je m’attendais à de la fantasy époque âge d’or avec des grands guerriers héroïques et des sorcières séductrices, je n’ai pas été déçue, le recueil ne propose pratiquement que des nouvelles de SF ou s’appuyant sur des thématiques plutôt SF 🤣.

Infos utiles : Magies et merveilles est un recueil de nouvelles de Catherine L. Moore composé par Alain Dorémieux. Traduction des nouvelles par Arlette Rosenblum. Première parution en 1982. J’ai lu l’édition poche parue chez Pocket en 1988, avec une couverture de Wojtek Siudmak (qui comme d’habitude n’a rien à voir avec la choucroute mais c’est pour ça qu’on les aime). 314 p.

D’autres avis : Faites-moi signe si vous l’avez lu

3 commentaires:

Baroona a dit…

"une préface qui apprend plein de choses sur l’autrice et chaque nouvelle est remise dans son contexte par une petite intro" : comme quoi, la maquette extérieure avait beau être questionnable, l'intérieur avait de vraies qualités, ça on pourrait y revenir.
Je n'y viendrai certainement jamais, mais c'est effectivement une belle pièce pour le matrimoine.

shaya a dit…

C'est clair que le titre fait clairement penser à de la fantasy, et la couverture aussi. C'est super que tu aies réussi à apprécier ce texte malgré son côté daté ! Pas certaine d'y venir, mais qui sait !

Vert a dit…

@Baroona
Oui ça manque un peu ce genre d'ouvrage dans la production actuelle, heureusement que l'occasion existe !

@Shaya
Si jamais, tu sais à qui l'emprunter 😁