mardi 28 juin 2022

Aucune femme au monde – Catherine Lucille Moore

Aucune femme au monde - Couverture

Dyschroniques est une collection de nouvelles qui depuis quelques années s’attache à sortir des tiroirs de vieilles nouvelles de SF pour les remettre en lumière. Les auteurs sont souvent très connus, mais pas toujours, et c’est parfois l’occasion d’en redécouvrir certains. C’est le cas avec cet ouvrage qui m’a permis de découvrir Catherine Lucille Moore.

À vrai dire, je connaissais cette autrice de nom, mais c’est bien la première fois que je la croisais sous son nom complet (en général on se contente d’un Catherine L. Moore voire d’un C. L. Moore) et sans être associée à son mari Henry Kuttner avec qui elle co-écrivait la plupart de ses textes.

La nouvelle proposée ici, Aucune femme au monde, n’avait pas été rééditée depuis sa première parution en France dans l’anthologie Histoires de médecins en 1983.

Aucune femme au monde nous parle d’une star de la télévision qui suite à un tragique accident, renait dans un corps robotisé. C’est un vrai miracle, mais son entourage s’interroge sur son devenir, son humanité et la façon dont cela va affecter ses relations avec le public.

C’est un texte fascinant, rien que dans la façon de présenter la nouvelle Deirdre, très éloigné de l’imaginaire actuel des robots et pleine de sense of wonder. Mais c’est aussi un texte très juste sur ce qu’est un être humain et sur la déshumanisation que peut entraîner le passage à un corps artificiel. L’autrice tape juste pour un texte écrit en 1944.

Lire ce texte avec un regard actuel amène à s’interroger sur le point de vue adopté, celui de deux hommes persuadés de vouloir le meilleur pour Deirdre, alors qu’on n’a jamais son point de vue à elle, qui a subi la transformation.

Mais cette femme a du caractère et ne laisse pas faire, et même si une part de moi se dit qu’elle ne dit certainement pas tout à son entourage, je ne peux que saluer la force du personnage qu’on rencontre, très marquant même si on ne la connaît que par la vision qu’en ont les deux autres personnages de l’histoire.

La nouvelle est accompagnée d’une présentation de l’autrice et de la nouvelle ainsi que d’un petit historique sur le sujet de la robotique. C’est un complément bienvenu qui permet de remettre les choses dans leur contexte.

Aucune femme au monde est donc une très jolie remise en avant d’un texte tombé dans l’oubli, qui m’a donné l’opportunité de découvrir une autrice que je connaissais de nom sans savoir ce qu’elle avait réellement écrit. N’hésitez pas à y jeter un œil, cela vaut le détour.

(et c’est le troisième titre de la collection écrit par une autrice –un quatrième a été publié depuis–. J’espère que l’éditeur va continuer à remettre en avant des autrices un peu oubliées, on en a besoin !)

Infos utiles : Aucune femme au monde (No Woman Born) est une nouvelle de Catherine Lucille Moore publiée en VO en 1944. Traduite en français en 1983, elle est ici rééditée dans la collection Dyschroniques de la maison d’édition Le passager clandestin. Traduction de Arlette Rosenblum revue par Dominique Bellec. Couverture de Yanni Panajotopoulos. 138 p.

D’autres avis : De l’autre côté des livres, RSF Blog

5 commentaires:

Baroona a dit…

"découvrir une autrice que je connaissais de nom sans savoir ce qu’elle avait réellement écrit" : je suis complètement dans ce cas, j'ai l'impression de voir son nom de temps en temps dans des listes d'autrices, mais à part ça... Le jour où je me déciderai enfin à commander des Dyschroniques, je tâcherai de ne pas oublier ce texte.

Tigger Lilly a dit…

Très intéressant, le paratexte m'intéresse. Parce que la nouvelle en fait, je l'ai déjà puisque j'ai Histoire de médecins ^^

shaya a dit…

Le texte a l'air chouette en tout cas, merci pour la découverte !

Alys a dit…

Génial! Bravo à la maison d'édition!

Vert a dit…

@Baroona
Oui il ne faut pas l'oublier ^^

@Tigger Lilly
Je croyais qu'ils n'étaient pas dans ta PàL ceux-là, tu vas être obligée d'acheter/emprunter cette version pour lire la nouvelle 🤪

@Shaya
Je peux te le prêter si tu veux.

@Alys
Oui c'est bien qu'ils publient un peu plus d'autrices.