Sandman Death – Neil Gaiman

À la fin de l’année dernière, Urban Comics a complété le cycle de Sandman en traduisant enfin The Absolute Death, le recueil VO comprenant toutes les histoires mettant en scène grande sœur du Rêve. Même si je connaissais déjà toutes ces histoires ou presque, je n’ai pas résisté à l’achat histoire d’harmoniser ma collection (enfin…)

Si vous n’avez jamais lu Sandman (mais que faites-vous là ? Lisez ce comic… ou écoutez-le), Death/la Mort est donc l’incarnation de la Mort. Contrairement à la tradition, ce n’est pas un squelette qui tient une faux mais une jeune fille au look gothique qui multiplie les références de pop culture et qui semble déborder de joie de vivre.

Pas vraiment ce à quoi on s’attendait, et lorsqu’on la rencontre pour la première fois dans Sandman dans l’histoire Le bruit de ses ailes, difficile de ne pas tomber immédiatement sous le charme de ce personnage. Assez logiquement, c’est donc l’histoire qui ouvre ce comic. J’ai dû la lire des milliers de fois, et je ne lasse pas de ce portrait d’une figure guillerette et également soucieuse de ses devoirs.

On continue ensuite avec une autre histoire issue de Sandman, Façade. Je vous avoue que ce n’est pas une histoire que j’apprécie plus que ça parce que j’ai toujours l’impression que certaines choses m’échappent.

On enchaîne ensuite sur le gros morceau du recueil, et le principal intérêt de cette réédition : la mini-série consacrée à Death en deux histoires, The High Cost of Living et The Time of your Life.

En français les titres varient au gré des éditeurs. On a donc eu le droit à dans l’ordre :
-    La vie n’a pas de prix / Le choix d’une vie (éditions Le Téméraire)
-    La vie… à quel prix ! / Temps fort de la vie (éditions Panini)
-    Et *roulements de tambour* La vie a un prix / Une vie de rêve pour la présente édition Urban Comics

La première histoire, La vie a un prix, met en scène une anecdote mentionnée dans Sandman, à savoir la fameuse journée que passe chaque siècle la Mort dans une forme mortelle afin de mieux apprécier la valeur de la vie (son prix donc ?). Pour l’occasion, celle-ci choisit le XXe siècle, ce qui donne l’occasion de revoir certaines protagonistes de Sandman (et plus précisément de l’histoire Le jeu de soi).

La deuxième histoire, La vie a un prix se déroule quelques années plus tard et même en scène toujours les mêmes personnages. Les deux histoires forment un tout, mais j’avoue avoir une nette préférence pour la deuxième, très touchante, qui parle très bien des choix qu’on fait dans la vie.

On enchaîne ensuite deux courts récits : Un conte d’hiver est une petite histoire qui permet de comprendre comment la Mort est devenue celle qu’elle est (et pour paraphraser Neil Gaiman, comment elle s’est mise à sourire) ; La roue est une histoire écrite suite aux attentats du 11 septembre 2001 qui garde un côté assez réconfortant.

Le recueil propose ensuite une galerie de couvertures, dessins et sculptures de la Mort, au milieu desquels se glisse le petit fascicule La mort parle de la vie (où le personnage parle de sexe, de SIDA, et de prévention).

L’ensemble forme un bel ouvrage qui rend bien hommage au personnage, même s’il y a un peu de redite avec Sandman et qu’il manque quelques textes d’analyse (ici on se contente des préfaces d’origine). Mais si vous aimez Sandman, c’est un complément indispensable à la série principale.

Pour finir, deux choses qui me font râler.

D’abord, la quatrième de couverture présente Sandman Death comme « sans doute l’un des meilleurs points d’entrée dans la saga Sandman ». Alors NON.

C’est une spécialité des éditeurs français d’essayer de faire croire que Sandman est une série d’histoires indépendantes qu’on peut lire dans n’importe quel sens. Ce n’est absolument pas le cas. Si le côté recueil de certains tomes peut donner cette impression, c’est justement toute la réussite de cette série que son délicat jeu d’histoires qui s’entrelacent.

Bref lisez Sandman mais par pitié commencez par le tome 1. Ou le premier audiolivre qui (je me répète) d’excellente qualité. Et quand vous aurez tout lu (ou au moins jusqu’au tome 3 de l’édition Urban Comics), lisez Sandman Death pour vous aussi tomber sous le charme de la Mort !

Et deuxièmement, pour les amateurs de belles collections, voilà le dos du dernier volume :

Je me doute qu’une des raisons est la disparition récente du label Vertigo, mais pourquoi ne pas avoir gardé au moins la typo propre à la série ?

Infos utiles : Sandman Death (The Absolute Death) est un comic écrit par Neil Gaiman et illustré par de nombreux illustrateurs dont Chris Bachalo pour les deux mini-séries. J’ai lu l’édition français parue chez Urban Comics en 2021 avec une traduction de Patrick Marcel. Couverture de Dave McKean (who else ?). 366 p.

D’autres avis : Quoi de neuf sur ma pile