dimanche 14 juin 2020

Les miscellanées de Jean-Philippe Jaworski – Jean-Philippe Jaworski


L’an dernier aux Imaginales, j’ai profité de la présence de Jean-Philippe Jaworski en dédicace pour faire l’acquisition de ce petit ouvrage à tirage limité reprenant des textes de l’auteur dispersés dans différents livres. Ayant tendance à penser qu’on n’a jamais trop de Jaworski à lire, j’ai apprécié l’initiative, même si la mise en forme m’a semblé un peu discutable.

Les miscellanées de Jean-Philippe Jaworski porte en tout cas très bien son nom, tant ce livre ressemble un pêle-mêle : on y trouve quatre nouvelles, une pièce de théâtre, trois articles et deux entretiens avec l’auteur. Les quatre nouvelles sont de loin la partie la plus intéressante (ou en tout cas la plus attirante).

Celles qui marchent dans l'ombre a été publiée à l’origine dans l’anthologie Mythophages aux éditions de l’Oxymore en 2004 (oui oui, bien avant Janua Vera). Ils périront sur les plaines de Mimante provient de l’anthologie SOS Terre & Mer sortie en 2018. Préquelle faisait partie de l’anthologie 2009 des Utopiales. Enfin Kenningar est issue de l’anthologie L'O10ssée : L'odyssée Folio SF en 10 nouvelles, un ouvrage promotionnel sorti à l’occasion des 10 ans de Folio SF (une rareté quoi !).

Si chacune porte sur un sujet différent, elles s’inscrivent toutes dans une veine de réécriture de mythe ou de grand moment historique. La première nous plonge dans les mythes grecs, la deuxième et la troisième nous emmènent en pleine période des invasions barbares et la dernière revisite une saga islandaise.

En lisant ces nouvelles, je me suis rendue compte que je les avais toutes lues ailleurs. Cela m’a cependant fait plaisir de les relire, surtout Celles qui marchent dans l’ombre, très forte, lorsque l’on sait de quoi l’auteur parle (ce qui n’est pas forcément évident au premier abord). J’aime également beaucoup la façon dont l’auteur traite avec discrétion des faits historiques. Si on ne reconnaît pas les noms, il faut souvent attendre la fin de la nouvelle pour replacer le contexte.

Après les nouvelles, vient une pièce de théâtre, Le Petit coucher de Stanislas. Elle a été jouée à Nancy en 2016. Je vais être d’une transparence totale : j’ai lu deux pages, je n’ai rien compris, je suis passée à la suite !

Viennent ensuite trois articles de l’auteur. Le premier, Évasion diégétique, avait été publié en 2009 dans un numéro de la revue Yellow Submarine avant d’être repris dans le Panorama de la fantasy et du merveilleux (nouvelle édition de 2015). Il cherche à donner des lettres de noblesse au jeu de rôle. Je n’ai pas vraiment besoin d’être convaincue sur le sujet, mais j’ai trouvé la démonstration très intéressante.

Le second, Le Seigneur des Anneaux, roman mythopoétique, provient du Bifrost de 2014 consacré à Tolkien. Vous n’aurez aucun mal à deviner le sujet. C’est un très beau texte où Jaworski montre qu’il connaît et comprend très bien l’œuvre de Tolkien.

Le dernier, Julien Gracq aux lisières de la fantasy ne m’a pas trop parlé. Du coup je l’ai survolé sans scrupules. C’est aussi un article qui a été publié dans le Panorama de la fantasy et du merveilleux (nouvelle édition de 2015).

L’ouvrage se termine avec deux entretiens bien fournis. Le premier réalisé par Daria Heinbuch est consacré à Même pas mort, dont elle est la traductrice russe. Je l’ai survolé pour ne pas me faire spoiler mais c’est assez riche.

Le second réalisé par Fabienne Matuszynski Campos porte sur cycle du Vieux Royaume. Je l’ai lu avec attention contrairement au précédent, et je dois dire que c’est une vraie mine d’informations. Fabienne Matuszynski Campos ayant consacré un mémoire et un article paru dans un ouvrage consacré à la représentation de la Renaissance dans l’imaginaire contemporain au sujet du Vieux Royaume, je soupçonne que l’entretien provient de ses recherches.

Arrivé à ce stade, vous vous demandez peut-être pourquoi je m’échine à chercher et indiquer les sources de tous les textes. Tout simplement parce que ce recueil ne le précise pas. Il y a un sommaire (c’est toujours plus que la première édition du Sentiment du fer mais était-ce la peine de le répéter en quatrième de couverture ?) et cela s’arrête-là.

J’ai bien conscience que l’histoire éditoriale de cet ouvrage n’invite pas à plus de matière : après tout ce livre a été édité comme un « bonus » dans le cadre des paliers d’une campagne de crowdfunding. C’est un tirage limité à 800 exemplaires, il n’est à priori pas diffusé en librairie et d’ici quelques temps j’imagine qu’il ne sera plus disponible qu’au format électronique.

Mais à défaut de fournir un vrai matériel d’accompagnement, je trouve dommage de ne pas indiquer au moins la première publication de chaque texte. Cela prive le lecteur de son histoire bibliographique et de son contexte de production.

C’est peut-être une déformation professionnelle de ma part (ce n’est pas comme si je ne passais pas parfois mes journées à râler sur un éditeur parce que j’ai perdu deux heures à vérifier l’intégration d’un livre dans une collection ou une date d’édition incorrecte), mais c’est le genre de détail qui compte aussi : je suis personnellement bien plus attirée par un recueil bien travaillé que par un simple empilement de textes.

Bref, si j’ai bien apprécié de voir réunies ici de très jolis textes, je termine ma lecture avec une impression un peu désagréable de raclage de fond de tiroir. À vous de voir, en fonction de l’intérêt que vous portez à Jaworski et au contenu proposé, l’ouvrage mérite le détour ou non.

Infos utiles : Les miscellanées de Jean-Philippe Jaworski est un recueil de textes de Jean-Philippe Jaworski édité par Les moutons électriques en 2019. Couverture de Melchior Ascaride d’après Wenceslas Hollar. 186 p.

D’autres avis : Au pays des Cave Trolls, Babelio

Semaine 19

12 commentaires:

Le chien critique a dit…

Et bien, on dit sans vergogne qu'on ne lit pas tout. Pas très pro tout cela.
Pour les sources, je suis comme toi, j'aime bien que l'info soit présente. Déjà car cela permet de voir que ce n'est pas de la nouveauté.
J'étais passé à côté de cet ouvrage et tu m'as donné l'envie d'en découvrir plus, surtout pour les entretiens.

Tigger Lilly a dit…

J'aime pas non plus quand les précédentes éditions ne sont pas indiquées.
Mis à part les 2 premières nouvelles et la pièce de théâtre j'ai tout lu ailleurs.
Au suivant :p
Et en tout cas bravo pour faire le boulot que l'éditeur ne fait pas :D

Baroona a dit…

On croirait que c'est la moindre des choses d'indiquer les sources, mais à priori non. Ça m'avait choqué aussi dans "Le Sentiment du fer". Je me demande si on peut trouver un point commun entre ces deux ouvrages ? O=)
Les deux interviews ont l'air particulièrement intéressantes. Celle de la traductrice est amusante d'ailleurs, on a plus l'habitude de voir un traducteur français interviewer un auteur étranger, pas l'inverse. ^^

Ksidra a dit…

Dommage pour la finition éditoriale. Je passe mon tour aussi, j'ai déjà bien à faire avec ses autres livres...

Vert a dit…

@Le chien critique
C'est un des droits fondamentaux du lecteur de sauter des pages :D

Vert a dit…

@Tigger Lilly
Merci de m'avoir aidé pour le panorama ^^

Vert a dit…

@Baroona
Du point de vue du lecteur russe, c'est tout à fait normal par contre :D

Vert a dit…

@Ksidra
C'est vraiment de l'ouvrage pour les fans ^^

Alys a dit…

Si je fréquentais encore un certain Discord, je pointerais du doigt l'éditeur.... ^^ Tout ceci est néanmoins fort intéressant. Les titres des nouvelles Celles qui marchent dans l'ombre et Ils périront sur les plaines de Mimante sont superbes!

Vert a dit…

@Alys
Oui les titres ont la classe en effet
(ça change du traditionnel "Le/La/Les X de Y" ^^)

shaya a dit…

Petit projet ou pas c'est bien dommage de ne pas indiquer sources et éditions précédentes ! Je passe mon tour, pas assez fan de Jaworski ^^

Vert a dit…

@Shaya
C'est normal de passer son tour alors ;)