Continuant tranquillement ma relecture au long cours de Terremer en VO, me voilà arrivée à l’avant-dernier volume, celui des Contes de Terremer. L’occasion de délaisser quelques temps Ged, Tenar et tous les autres pour se pencher sur le passé de l’univers, comme s’il fallait prendre du recul pour mieux voir le chemin restant à parcourir.
Composé de cinq nouvelles (dont trois inédites lors de sa sortie), les Contes de Terremer nous fait donc voyager dans le temps, comme en témoigne la première nouvelle, Le Trouvier (The Finder en VO), un très long texte qui revient sur les temps sombres durant lesquels a été fondée l’école de Roke.
Ma lecture en pointillés très espacée m’a empêché d’apprécier cette nouvelle autant que je l’aurais voulu, mais j’ai néanmoins aimé le héros atypique, tout sauf héroïque, et la part belle laissée aux femmes dans cette histoire, alors qu’on les retrouve exclues de Roke bien des années plus tard.
Rosenoire et Diamant (Darkrose and Diamond) peut sembler un texte anodin, étant donné qu’il s’agit d’une histoire d’amour. Pourtant, c’est un texte touchant, et surtout une excellente occasion d’explorer les rapports compliqués qu’entretiennent les mages avec les femmes et les relations amoureuses.
Après avoir exploré le lointain passé, la nouvelle Les Os de la terre (Bones of the earth) nous ramène presque au présent avec le récit d’une aventure d'un mage bien connu de Terremer (mais pas Ged pour une fois). C’est intéressant pour avoir un autre aperçu du personnage, tout en rappelant que dans les histoires héroïques, on ne retient pas toujours tous les participants.
Dans la nouvelle Dans le Grand Marais (On the High Marsh), on suit un sorcier qui s'est perdu (dans tous les sens du terme). L’histoire est plaisante mais j’ai été perturbée par son immédiate proximité chronologique qui donne envie de la raccrocher au reste du cycle de Terremer sans que ce soit nécessaire.
Enfin, Libellule (Dragonfly) nous ramène au présent, et même au futur. Avec cette histoire d’une jeune femme en quête de son identité, Ursula K. Le Guin s’interroge à nouveau sur l'exclusion des femmes de Roke et sur les liens entre les hommes et les dragons, tout en jetant un pont entre Tehanu et Le vent d’ailleurs, dernier roman du cycle.
L’ouvrage se termine sur une Description de Terremer (reléguée dans ma version intégrale à la toute fin de l’ouvrage), un complément sympathique pour ceux qui aiment les annexes à la Seigneur des Anneaux avec des descriptions du monde, de ses peuples et de son histoire.
Comme d’habitude, la plume d’Ursula K. Le Guin fait des merveilles. En effet, si en matière d’histoire, seules la première et la dernière nouvelle de ce recueil me semblent capitales pour enchaîner sur la suite, cela ne veut pas dire qu’on s’ennuie sur les autres textes, qui sont de très bons compléments pour toute personne ayant envie de continuer son voyage en Terremer.
Personnellement j’ai malheureusement relu cet opus beaucoup trop en pointillés pour vraiment l’apprécier (lire des nouvelles de façon discontinue n’est jamais bon, je vous laisse imaginer le massacre quand il s’agit en plus d’une lecture VO), mais cela ne m’a pas empêché d’apprécier la balade. Si les Contes de Terremer n’est peut-être pas le tome le plus marquant du cycle, il a son intérêt et l’on aurait tort de se priver de sa lecture, qu’on aime ou non les nouvelles.
Infos utiles : Les Contes de Terremer (Tales of Earthsea en VO) est le cinquième ou le troisième livre du cycle Terremer (selon si vous comptez ensemble les trois premiers romans ou non). Traduit en français par Pierre-Paul Durastanti, il a été publié chez Ailleurs et demain (Robert Laffont) puis au Livre de poche (440 pages en poche).
Pour ma part j’ai lu la VO dans la belle édition intégrale illustrée par Charles Vess. Vous pouvez également retrouver ces nouvelles dans l’édition intégrale VF sortie en 2018 au Livre de poche.
Je l'ai lu à sa sortie en grand format, et j'ai beaucoup aimé, comme tout ce que j'ai lu dans le cycle de Terremer. Je suis même toujours surpris et peiné de la modeste aura de ce cycle par rapport à d'autres. Libellule et Les os de la terre sont mes deux nouvelles préférées dans ce recueil.
RépondreSupprimerMerci pour cette très bonne critique !
@Apophis
SupprimerTerremer est un très beau cycle mais je pense qu'il ne cadre pas tout à fait avec ce qu'on attend d'un cycle de fantasy aujourd'hui, entre les premières histoires qui peuvent sembler vues et revues (bien qu'elles soient plutôt des précurseurs dans le domaine) et les dernières très posées. Mais ça reste un chouette cycle pour ceux qui aiment les façons de faire différentes ^^
Un jour... :)
RépondreSupprimer@Alys
SupprimerJ'espère que tu finiras par croiser une version VO en bouquinerie alors ^^
Ça n'a pas l'air d'être parmi ses textes les plus marquants mais ça reste diablement attirant.
RépondreSupprimer@Tigger Lilly
SupprimerC'est Terremer, ça mérite forcément le détour ^^
Pareil qu'Alys : un jour je tenterais les Contes !
RépondreSupprimer@Shaya
SupprimerTu as lu les romans précédents déjà ?
Cette lecture viendra après le reste. Il me faut poursuivre le cycle Terremer là où je l'ai laissé : 1er intégrale ^^
RépondreSupprimerMais vu que j'ai été séduite, y a pas de raison que ça me prenne des lustres (en principe)
@Ite
SupprimerJ'espère que tu apprécieras Tehanu et que tu continueras ton voyage alors ^^
Je peux enfin lire ta chronique puisque je l'ai enfin lu - le livre, pas ta chronique, sinon cette phrase n'a aucun sens voyons. On dit souvent, à raison, qu'il est très dur d'avoir un recueil sans "fausse note". Nouvelle preuve donc du talent d'Ursula Le Guin : un recueil homogène en qualité - et en haute qualité qui plus est !
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