vendredi 31 juillet 2015

Aucune étoile aussi lointaine – Serge Lehman


Déniché il y a très longtemps dans un bac de livres d’occasion, ce roman a pris la poussière pendant pas mal d’années jusqu’à que je me décide à le rapatrier de la maison de mon père. Je l’ai regardé de travers un bon moment, un peu inquiète à l’idée de lire un Serge Lehman pas toujours facile à suivre (déjà en scénariste en BD), mais j’ai fini par me jeter à l’eau.

Et finalement je m’inquiétais pour pas grande chose, puisque Aucune étoile aussi lointaine est un roman très fluide et aisé à lire, bien qu’un peu atypique par certains aspects.

Dans ce roman, on suit les pas de Arkadih, héritier d’une dynastie d’explorateurs spatiales qui se destine à la même profession, jusqu’à que l’arrivée du Toboggan (un moyen de transport instantané entre les planètes) vienne mettre un frein à ses ambitions. Notre jeune héros est donc obligé de se trouver une nouvelle voie, sauf s’il écoute une voix qui lui parle depuis son plus jeune âge.

Aucune étoile aussi lointaine débute donc un peu comme un roman d’apprentissage, si bien qu’il m’a fait penser (dans une moindre mesure) aux Maîtres des brisants d’Erik L’Homme, à cause de la jeunesse du héros et de l’univers de space-opera bien daté.

Confédération galactique, aliens étranges (dont les Davellins, des chats géants dont les animaux domestiques ressemblent à des humains miniatures !), conflits gigantesques… on est vraiment dans une pure atmosphère de space-opera qui ne s’impose guère de limite, un peu à la façon des textes des années 50-60.

Et en même temps, tout est extrêmement structuré par les histoires qui jalonnent l’intrigue. C’est même d’ailleurs l’élément moteur du roman. En effet, une fois passé le premier tiers du roman, on s’embarque pour un voyage extraordinaire, où le héros passe la plupart de son temps à écouter des légendes et des témoignages, tout en essayant de survivre à la solitude des voyages spatiaux.

Du coup il n’y a pas beaucoup d’action dans Aucune étoile aussi lointaine (il faut le savoir), et le héros semble parfois plus tenir un rôle de témoin qu’avoir une réelle influence, mais la promenade dans cet univers très riche, qui avec ses légendes semble parfois s’aventurer aux frontières de la fantasy, est plutôt agréable.

CITRIQ



mardi 28 juillet 2015

Mass Effect 3

 

Cela faisait déjà un bon moment que j’avais terminé Mass Effect 2, mais il me manquait deux choses pour attaquer le dernier volet de la trilogie : du temps libre et surtout un ordinateur ne se prenant pas pour Dark Vador à chaque fois qu’on lance un jeu vidéo ! Une fois ces conditions remplies et quelques 50 heures de jeu plus tard, j’ai enfin pu connaître la conclusion des aventures de Shepard.

A la fin de Mass Effect 2, j’avais laissé ma Shepard (porte-étendard de son état et adepte du « je fonce dans le tas ») sur le point de se rendre sur Terre après les évènements du DLC L’Arrivée. Six mois plus tard, je l’ai retrouvée aux arrêts sur Terre, jusqu’à que les Moissonneurs débarquent en force. A peine le temps de retrouver quelques visages familiers (Coucou Kaidan ! Coucou Liara !), on monte à bord du Normandy et c’est reparti pour une séance de « Sauvons la galaxie ».


On n’a aucun mal à passer du 2 au 3 puisqu’à l’exception de graphismes sont un peu plus fins (il me semble), il n’y a que très peu de changements majeurs à signaler en matière de gameplay. Ce n’est pas un mal, le 2 était déjà plus que satisfaisant dans le domaine. Quelques petits ajouts ont cependant été faits au niveau des combats, du coup la mêlée devient une vraie option plutôt fun (mais dangereuse), et on a de temps en temps l’occasion d’abattre des ennemis dans le dos (je ne me souviens pas avoir eu cette possibilité dans le 2).

Après un deuxième volet où la question avait été oubliée, Mass Effect 3 marque le grand retour des améliorations d’armes, pour le meilleur et pour le pire : les options sont nombreuses, du coup si comme moi on ne sait pas où donner de la tête, on finit par se ruiner ! Ceci dit comme j’ai joué en mode facile pour profiter de l’histoire, les combats n’ont jamais vraiment été un problème, ce n’est donc pas grave si j’ai fait n’importe quoi !


Côté histoire, j’avoue avoir eu un peu de mal avec le début de l’histoire. Le fait que la Terre soit la première planète attaquée et que tout se joue autour d’elle a un petit côté humano-centrique presque agaçant, et on a du mal à aller sauver des chatons dans les arbres des survivants à droite à gauche pendant que les Moissonneurs ravagent des mondes.

Mais après une ou deux missions parfois très impressionnantes dans leur résolution, et à force de visiter une galaxie qui est peu à peu dévastée, on se prend au jeu et on se lance à corps perdu dans l’objectif du jeu : recruter un maximum d’alliés pour aller casser la gueule aux Moissonneurs (et il en faut du monde !).

Cela on peut le faire par le biais de grandes missions (tiens, si on allait demander de l’aide aux Turians ou aux Krogans ?), par des quêtes secondaires (qui ont tendance à avoir une date d’expiration, méfiez-vous), mais aussi grâce à ses actions dans les jeux précédents, qui vont grandement influer sur les personnes qu’on rencontre et leurs réactions.


Si dans le deuxième volet l’import de sauvegarde ajoutait un arrière-plan sympathique sans avoir forcément une influence capitale, c’est tout le contraire dans Mass Effect 3. Nombreuses sont les quêtes ou rencontres dans les jeux précédents qui vous permettront de récupérer quelques alliés supplémentaires (ou non selon la façon dont vous avez géré l’affaire), et petit à petit cela fait gonfler votre force militaire.

Cela donne au jeu un côté très vivant et pas du tout linéaire (alors qu’il l’est en fait). Chaque partie peut ainsi prendre une tournure assez différente en fonction de ses antécédents (déjà rien que le nombre d’équipiers dépend de vos choix et des aléas des jeux précédents), et tout au long de l’histoire, on se demande si on ne va pas relancer une partie depuis le premier jeu juste pour tester les différentes options.

D’ailleurs le jeu ne manque pas de variété dans les missions et leur résolution, et il est parfois difficile de faire son choix (faut-il penser à court terme ou à long terme ?) ou d’obtenir la résolution qui nous plairait. Dans tous les cas il faudra faire des sacrifices, et accepte la défaite de temps à autre (une des missions principales est un énorme fiasco quoi qu’on fasse, et ça accompagne merveilleusement l’histoire).


Je ne vous parle finalement assez peu des combats (même si je soupçonne qu’ils doivent plutôt techniques en dehors du mode facile), sans doute parce que l’aspect qui me plait le plus dans Mass Effect, c’est l’aspect « humain ».

Et de ce côté-là, à l’image des précédents volets, Mass Effect 3 est un régal : on a le droit à une galerie de personnages très travaillés (en même temps vu que la plupart étaient présentés dans les opus précédents, ils ont eu le temps de s’étoffer), et c’est un vrai plaisir d’échanger avec eux, ou de les voir intervenir en mission (d’ailleurs c’est toujours un crève-cœur de sélectionner qui on emmène).

Les dialogues sont souvent très drôles (ah le concours de blagues entre Garrus et Joker…), mais ils savent aussi parfois faire vibrer la corde émotionnelle. La sensation de vie est renforcée par le fait que les équipiers ne sont plus aussi statiques : entre deux missions, ils se déplacent à bord du vaisseau ou dans la Citadelle, et discutent même entre eux !

Côté histoires d’amour, c’est un peu le festival, entre les possibilités de continuer celles déjà en cours ou d’en commencer des nouvelles. Si on ajoute à ça le fait que Shepard flirte avec à peu près tout le monde (ou alors j’ai le don de choisir les mauvaises options de dialogue, allez savoir), parfois on se demande si on est bien en guerre ou dans un nouvel épisode de L’amour est dans le vaisseau spatial ! (mais c’est ce qui est drôle, justement).


Bref vous l’aurez compris, après les deux premiers volets de Mass Effect, on aurait bien tort de se priver d’un dernier tour dans cet univers de space-opera délicieux, même si j’ai cru comprendre qu’il valait mieux installer le DLC gratuit Extended Cut pour vraiment apprécier la fin (en tout cas j’ai joué avec et je n’ai aucun reproche à faire sur le sujet).

En parlant des DLC, si on laisse de côté les armes bonus, ils sont au nombre de quatre, et si c’est un peu énervant qu’ils reviennent actuellement plus cher que le jeu en lui-même, ils sont très bien intégrés à l’histoire, bien peaufinés et fort sympathiques au demeurant.

Surgi des cendres permet de refaire un saut sur Eden Prime (souvenir, souvenir…) pour recruter un personnage supplémentaire bien bourrin et très bien intégré dans le jeu. Léviathan permet d’en apprendre un peu plus sur l’histoire des Reapers dans une quête qui fait voir du pays. Omega offre la possibilité d’aller reconquérir la station spatiale avec Aria, un grand moment de baston (et du coup c’est l’une des plus longues quêtes sans pause Normandy du jeu).

Quant à Citadelle, c’est la parenthèse humoristique à faire avant le grand final, qui développe grandement les interactions avec les personnages (autour de l’organisation d’une grande fiesta) et offre une mission délirante qui m’a parfois donné l’impression de tomber dans un film de Tarantino (et qui offre l’une des très rares occasions de voir l’ensemble de ses équipiers en action).


Maintenant ça me fait tout bizarre de terminer enfin cette série de jeux vidéo (à vrai dire je n’ai qu’une envie, recommencer depuis le début), heureusement, un quatrième volet sortira l’année prochaine, et même si Shepard n’est pas de la partie, je suis sûre qu’on devrait bien s’y amuser !

jeudi 23 juillet 2015

Sandman intégrale 6 - Neil Gaiman


Après la petite pause dans l’auberge Au bout des mondes du tome précédent, Sandman entre dans sa dernière phase avec cette sixième intégrale qui se compose d’un seul et unique récit, Les Bienveillantes, aussi important par sa taille (350 pages !) que par son contenu.

Tout commence lorsque le fils de Lyta (vous vous souvenez de La Maison de poupées ?), Daniel est enlevé. Sa mère, persuadée que le Rêve en est responsable, sombre dans la folie et cherche à se venger en faisant appel aux Furies (ou Bienveillantes, pour ne pas les offenser), les divinités gréco-romaines chargées de punir les meurtriers. Voilà qui pourrait bien mettre en péril le Royaume du Rêve.

Présentée comme cela, l’intrigue des Bienveillantes pourrait être incroyablement simple (et terriblement basique, on imagine déjà l’affrontement à coups d’effets spéciaux), mais univers de Sandman oblige, il n’en est rien. Au contraire, c’est de loin le récit le plus complexe de toute la série. Et il fallait bien ça pour écrire la conclusion de cette série gigantesque (les récits publiés après ne sont qu’épilogues et bonus).

Il est assez difficile de rentrer dans les détails, déjà parce je serais forcée de vous spoiler l’intrigue (à ce sujet, si vous êtes un nouveau lecteur, n’oubliez pas de sauter la préface !), mais aussi parce que même au bout de je-ne-sais combien de relectures, j’ai toujours du mal à comprendre comment Gaiman a réussi à écrire un truc aussi magistral et inattendu.

Les Bienveillantes est un récit en apparence linéaire, mais qui pourtant se déploie à la façon d’un arbre gigantesque, basculant d’un monde à un autre, d’un personnage à un autre, d’un niveau de lecture à un autre. Le résultat pourrait ressembler à un gigantesque bazar, mais pourtant tout est extrêmement structuré, rien n’est laissé au hasard et personne n’a été oublié.

C’est d’ailleurs l’élément qui m’avait bluffé dès la première lecture : l’ampleur du casting. Nombreux sont les personnages des tomes précédents à y tenir un rôle (que leur histoire soit restée en suspens ou non), et leur présence ne relève jamais du clin d’œil, elle participe à l’histoire.

Et quelle histoire avec ça ! Il est assez difficile de la décrire en quelques mots, mais je ne peux m’empêcher de lui trouver d’incroyables qualités littéraires, ce qui peut sembler un peu étrange pour un comic. Et pourtant, dans la construction, il y a vraiment de ça. Alors que cette histoire ne tiendrait pas la route sur un autre support, sans le scénario de Gaiman et les dessins de Marc Hempel (en apparence simplistes mais très expressifs et idéaux pour cette histoire).

Les Bienveillantes est donc le final en apothéose qu’on était en droit d’attendre pour une série telle que Sandman, et si vous avez apprécié votre lecture jusque-là, vous ne pourrez que savourer ce tome-ci.

Côté bonus, cette intégrale est plutôt maigrichonne (le script d’un chapitre et les traditionnels entretiens & analyses), mais comme d’habitude ils apportent de nombreux éclaircissements bienvenus. Et au moins il n’est pas mentionné au dos que cette histoire peut se lire indépendamment des autres (n’est-ce pas Panini ?).

CITRIQ

lundi 20 juillet 2015

Pêcheur de la mer intérieure – Ursula K. Le Guin


Je continue à explorer l’œuvre d’Ursula K. Le Guin en fonction des challenges et autres contraintes. Par exemple, si je me suis lancée dans Pêcheur de la mer intérieure, qui est son dernier recueil de nouvelles paru en France (en 2010, alors que la VO remonte à 1994), c’est que c’était mon dernier achat de 2013 à rester dans ma Pile à Lire, il était donc temps de s’en occuper !

Huit nouvelles composent ce recueil, après (comme toujours) une excellente préface de l’auteure, Sur les raisons de ne pas lire de science-fiction, un texte qui justement met très bien en avant les raisons de lire de la SF.

Première rencontre avec les Gorgonides est un texte humoristique qui relate une rencontre avec des aliens. Il est rare de voir Ursula Le Guin exercer dans ce registre, mais le résultat est plutôt sympathique (quoique un peu poussif).

Le Sommeil de Newton nous fait visiter une station spatiale où se sont réfugiés des savants et leurs familles pour échapper au chaos sur Terre. Comme toujours avec Ursula K. Le Guin, on ne peut qu’apprécier la façon dont elle met en scène la vie dans une station spatiale, avec tous les problèmes que cela peut causer, notamment quand certaines personnes commencent à avoir des hallucinations.

L'Ascension de la face nord est le deuxième texte humoristique du recueil, une petite légèreté vite lue et vite oubliée.

La Première Pierre m’a fait penser aux Dépossédés et à Ceux qui partent d’Omelas, avec son histoire de serviteurs qui se révoltent contre leurs maîtres grâce à la couleur. Je n’en dis pas plus, mais la nouvelle reste en tête après la lecture.

Le Kerastion est un texte qui nous fait visiter une culture aux mœurs étranges, où les artistes sculptent le sable. Il est court, trop court même, mais on se régale de cette culture très étrange qu’il met en scène.

Les trois derniers textes, L'Histoire des Shobies, La Danse de Ganam et Le Pêcheur de la mer intérieure fonctionnent ensemble et se raccordent au cycle de Hain. Ils explorent tous les trois l’apparition d’une technologie, le churten, qui est au transport ce que l’ansible est à la communication : la possibilité d’un déplacement instantané. Cette « trilogie » de nouvelles justifie pratiquement à elle-seule la lecture du recueil.

Le premier texte, L'Histoire des Shobies, n’est pas facile à lire car il relate l’expérience du premier équipage qui teste le churten, et qui perd en quelque sorte contact avec la réalité. L’auteur en fait une occasion pour parler récit et narration, c’est fascinant comme concept mais je suis obligée d’avouer que je me suis égarée en route.

La Danse de Ganam, bien qu’elle garde un peu de cette confusion propre au churten, est bien plus aisée à lire et permet de se régaler avec la visite d’une planète aux mœurs comme toujours très étranges et avec le portrait d’un héros de l’espace.

Le Pêcheur de la mer intérieure est la dernière nouvelle du recueil, et de loin la meilleure. On y suit un enfant du monde d’O (avec sa culture des mariages à 4 déjà évoquée dans deux nouvelles de L’anniversaire du monde) qui étudie le churten et laisse sa famille derrière lui pour aller étudier et poursuivre ses recherches sur Hain. Forcément, lui aussi est confronté à des bizarreries, de nature temporelle… d’où un double récit, porté par un personnage sensible dans une culture très intéressante. Bref, c’est un très beau texte !

CITRIQ




Lisez du Ursula K. Le Guin, non seulement c'est très bien mais c'est accessoirement une source inépuisable de combos pour les challenges : recueil de nouvelles de 277 p. qui tape autant dans le space-opera que dans le voyage dans le temps, qui dit mieux ?

vendredi 17 juillet 2015

Muséums (anthologie)



Comme j’ai fait des études en histoire de l’art, j’ai toujours eu un faible pour les textes de SF ou de fantastique mettant en scène des musées. Je gardais un bon souvenir de l’anthologie Musées, des mondes énigmatiques, lue il y a très longtemps, il était donc tout naturel que je m’intéresse à l’anthologie Muséums parue un peu plus récemment (si si 2011 c’est récent !)

Cette anthologie compte pas moins de 34 nouvelles variées, qui parlent beaucoup de muséums d’histoire naturelle, mais aussi un peu de musées d’art ou d’histoire, dans des atmosphères généralement très fantastiques, et parfois légèrement science-fictives.

Comme j’ai passé quelques années à passer pratiquement mes journées dans les musées, j’ai adoré lire cette anthologie qui m’a emmené visiter des musées improbables et cachés, parfois (voire souvent) dangereux, peuplés d’objets étranges, parfois maléfiques, parfois magiques.

Beaucoup de variété au programme, mais du fait de la petite taille des nouvelles, toutes ressemblent un peu à des visites guidées qui brillent par leur ambiance (j’ai eu très peu de déceptions dans le domaine), mais qui ne marquent pas forcément l’esprit après coup, faute d’une intrigue vraiment développée. Ce n’est pas un réel défaut, mais il faut savoir que c’est une anthologie qu’on lit avant tout pour l’ambiance, plus que pour les scénarios ou les personnages.

Difficile donc de vous faire un compte rendu détaillé, d’autant plus que j’ai eu tendance à enchaîner les nouvelles, mais je vais néanmoins en évoquer quelques-unes pour vous mettre l’eau à la bouche :

La véritable histoire du Quetzalcoatlus de Régine Philippe suit les pas d’un petit garçon qui s’entraîne à devenir taxidermiste avec son voisin, gardien du Muséum d’histoire naturel fermé pendant la guerre. L’atmosphère unique de ce musée à l’abandon m’a vraiment marqué.

Art Nouveau de Cédric Citharel est une des rares nouvelles franchement SF du recueil, et nous fait découvrir une forme d’art différente, loin de tout ce qu’on a connu jusqu’à présent.

Reliques de Pascal Sacré s’amuse avec le concept des objets maudits/maléfiques/etc., sous forme de statues de déesses précolombiennes. Une histoire plutôt horrible qu’on lit en rigolant.

Le musée des vapeurs de Franck Ferric est un des établissements les plus étranges qu’on visite durant toute l’anthologie, et il est difficile de résister à son écriture très soignée et à son atmosphère Belle Epoque très bien rendue.

Hors de l’Eden de Romain d’Huissier joue avec l’histoire secrète et les dinosaures, un mélange tout à fait délicieux. L’objet K de A. Kowsky s’inscrit un peu dans la même veine (mais sans les dinosaures), et on s’amuse durant les deux textes (en fait ils sont horribles mais moi ça me fait sourire, allez comprendre !)

Et puis en guise de dessert, L’éveil de Aurélie Ligier nous permet de visiter un musée peu commun, situé dans l’univers des contes de fées !

CITRIQ


mardi 14 juillet 2015

L'âge des étoiles - Robert Heinlein


La dernière fois que je suis allée à la bibliothèque, j’étais en pleine relecture de Morwenna, et c’est sous l’influence du roman que je suis allée jeter un œil aux livres de Heinlein, auteur dont je n’avais jamais rien lu, à quelques nouvelles près. Après avoir parcouru quelques quatrièmes de couverture, c’est L’âge des étoiles, avec ses histoires de jumeaux et de conquête spatiale, qui est reparti avec moi.

Dans un futur où la Terre souffre de surpopulation, il faut trouver de nouvelles planètes pour installer des colonies, et réussir à sortir du système solaire. Si la technologie permet à des vaisseaux de se rapprocher de la vitesse de la lumière, l’impossibilité de communiquer avec eux complique toute expédition.

Mais voilà que l’Institut de Recherches Prospectives trouve la solution au problème : la télépathie, un don fréquemment utilisé par les jumeaux, sans même qu’ils ne s’en rendent compte. Pat et Tom, des vrais jumeaux, vont donc participer à l’aventure : l’un d’eux partira dans l’espace pendant que l’autre restera sur Terre, et ils vont communiquer tout au long du trajet.

Quand on aime rêver à la conquête spatiale et au voyage interstellaire, on ne peut que tomber sous le charme de L’âge des étoiles qui contient à peu près tout ce qu’on est en droit d’attendre d’un tel roman : des vaisseaux-mondes, des voyages vers des mondes étranges, et un équipage qui ne vieillit bien évidemment pas au même rythme que sur Terre, ce qui créé des décalages délicieux.

L’utilisation des jumeaux télépathes est l’élément original du livre, et c’est une vraie valeur ajoutée, pour prendre conscience du décalage bien sûr (l’un des jumeaux vieillit plus vite que l’autre), mais aussi pour donner une vraie humanité au roman, via ce personnage qui doute beaucoup et qui a une relation d’amour/haine complexe avec son frère.

Bien qu’il ait plus de cinquante ans (il date de 1956), L’âge des étoiles a plutôt bien vieilli côté technologie, à quelques détails près. C’est plutôt sur les idées qu’il peut susciter des soupirs, notamment sur la place de la femme (à côté Poul Anderson passe presque pour un progressiste), ou sur cette vision très guerrière de la conquête d’autres mondes (aussi subtil qu’un blockbuster américain).

Si on laisse de côté ces petits défauts acquis avec le temps, L’âge des étoiles se révèle une lecture très agréable et prenante presque jusqu’à la fin (j’ai beaucoup aimé la façon dont l’histoire se termine, sauf les dernières pages en fait !). Après cette première tentative plutôt convaincante, je reviendrais sûrement à Robert Heinlein à l’occasion.

CITRIQ

284 p.

dimanche 12 juillet 2015

Pavés & Recueils: deux challenges supplémentaires

Oui j’avais dit que j’allais y aller mollo sur les challenges, c’est pour cela que j’ai décidé de m’inscrire à deux de plus, mais avec une excellente justification : ils m’ont m’aider à vider ma PàL !

Pavé de l’été



Dernier de la trilogie estivale, le challenge organisé par Brize est fort simple : lire des pavés, c’est-à-dire des livres de 600 pages ou plus, avant le 1er octobre. Ça tombe à pic, j’en ai encore quelques-uns dans ma Pile à Lire :

  • Prière à l’ange obscur – Sheri S. Tepper – 637 p. (ramassé dans un bac à Boulinier, j’ai un peu peur du contenu mais à quoi sert l’été si on n’en profite pas pour lire des choses étranges)
  • Le fleuve des dieux – Ian McDonald – 848 p. (qui me fait aussi un peu peur, mais pour des raisons complètement différentes !)
(et sans doute quelques trucs en numérique mais je ne me suis pas penchée sur la question encore)

Les inscriptions se font sur cette page avant le 1er août.

Challenge Recueils and Anthologies Addict (CRAAA pour les infimes)



Point de contrainte de taille pour ce challenge, mais une contrainte de format puisque le CRAAA, dernier challenge en date de Cornwall, permet de se consacrer aux recueils de nouvelles et aux anthologies. Encore une excellente occasion de vider ma PàL, la preuve :

  • Pour Clara : prix 2007 (anthologie de nouvelles d'ados)
  • Le livre d'or de la SF : J.G. Ballard
  • Le livre d'or de la SF : John Brunner
  • Le livre d'or de la SF : Theodore Sturgeon
  • Le livre d'or de la SF : Science-fiction allemande
  • Les quatre vents du désir - Ursula K. Le Guin
  • Quatre chemins de pardon - Ursula K. Le Guin
  • Aux confins de l'étrange - Connie Willis
(les titres en gras sont ceux tirés au sort par Cornwall qui me vaudront plus de points si je les chronique d'ici la fin du challenge)

Du coup avec huit candidats, je me suis inscrite au niveau de L’âne lettré, et j’espère bien que d’ici le 15 juillet 2016, date de fin du challenge, tous ces livres auront disparu de ma PàL ! Si vous voulez nous rejoindre, c’est par ici que cela se passe.

Du coup j’ai fait les comptes, il reste dans ma PàL quatre livres (plus deux emprunts) qui ne cadrent avec aucun challenge en cours, y’a comme un vide à combler, non ?

mardi 7 juillet 2015

Recueil factice - Juin 2015

Les affaires reprennent ce mois-ci ! La différence n’est peut-être pas flagrante pour vous, mais j’ai retrouvé plus de temps pour lire et bloguer… sauf quand je me laisse distraire par la tablette ou mon nouvel ordinateur !

LIVRES



La patrouille du temps – Poul Anderson

La tour de Babylone – Ted Chiang

Roche-Nuée – Garry Kilworth

Le fond des forêts – David Mitchell

Le sang des tyrans (Téméraire 8) – Naomi Novik

Morwenna – Jo Walton (relecture)

FILMS

 
A la poursuite de demain – Brad Bird
Un film vu un peu par curiosité, et dont je suis sortie mitigée. Il déborde de bonnes idées, de sacrés moments (le magasin geek notamment, et bien sûr les vues de la cité) et de SF qui tire vers le haut (ça nous change des zombies !), mais j'ai eu du mal à accrocher à l'ensemble, à cause d'une intrigue qui met bien trop longtemps à démarrer, et une étrange impression d'éparpillement à vouloir dire trop de choses et toucher trop de publics. Le résultat est plein de promesses, mais largement perfectible (sauf pour l'aspect visuel qui lui en met plein la vue).

Chinatown – Roman Polanski
Début juin, je suis allée voir un concert de musiques de films composées par Jerry Goldsmith, durant lequel le chef d'orchestre a évoqué Chinatown dont il n'avait pu se procurer les partitions... ce qui m'a donné une excellente excuse pour voir enfin ce film qui très noir, qui m'a frappé par son aspect visuel très lumineux (il se passe en Californie) qui contraste radicalement avec son ambiance.

Ex-Machina - Alex Garland
Au milieu des nombreux films de SF bourrés d’explosion, ce film en huis-clos sur les questions des robots et de l’intelligence artificielle détonne un peu. Tout en sobriété, avec un rythme lent, c’est sans doute le film le plus SF que j’ai eu l’occasion de voir ces dernières années, tant il est intelligent et prend le temps de mener sa réflexion.

Hapiness Therapy – David O. Russell
Cette comédie américaine se laisse plutôt agréablement regarder, et je comprends son succès. La trame de fond n'a rien de vraiment extraordinaire (au final c'est encore une histoire d'amour), mais le fait qu'elle mette en scène des personnages qui ont tous un grain lui donne un certain charme et donne lieu à des séquences assez inattendues !

Kung Fury - David Sandberg

Moon – Duncan Jones
Ce petit film de SF sans prétention nous fait suivre les pas d’un astronaute envoyé seul sur la Lune pendant trois ans pour superviser l’extraction d’hélium 3, qui voit sa mission arriver à son terme. L’intrigue est plutôt prévisible, mais le film avoir plus vocation à montrer qu’à surprendre, et de ce côté-là on se régale de cet environnement lunaire plus vrai que nature.

SERIES


Daredevil – Saison 1

Game of Thrones – Saison 5
Un peu de nouveauté dans cette saison qui semble enfin prendre ses distances avec le livre sur certaines intrigues (notamment Sansa ou Tyrion) pour finalement retomber relativement sur ses pattes à la fin. J’ai bien aimé le fait que pour une fois tout n’était pas prévu d’avance si on a lu les tomes 4 et 5, et les déviations de l’intrigue sont plutôt bien trouvées. A voir ce que cela donne par la suite, maintenant que le matériel des livres est pratiquement épuise. Le plus dur va être d’échapper aux spoilers, heureusement que ceux que je n’ai pas pu éviter m’étaient déjà familiers pour cette fois !

EN JUILLET...

Côté livres, La voix du feu sera la LC du mois (j’espère bien l’éliminer enfin de ma PàL !) et L’âge des étoiles de Robert Heinlein est en cours de lecture (et même fini à l'heure où je publie cet article). Pour le reste, je ne désespère de profiter de l’été pour vider petit à petit les vieilleries de ma PàL au gré des challenges.

Côté films, je dois encore rattraper Vice-Versa, Comme un avion et Jurrasic World. Du coup je n'ai même pas regardé les prochaines sorties !

Côté séries, pas grand chose en ce moment à part Penny Dreadful, je lorgne un peu sur l'adaptation de Jonathan Strange & M. Norell, je reprendrais bien les vieux Doctor Who mais je manque de temps car…

Côté jeux vidéo, comme je le disais plus haut, j’ai un PC tout neuf (qui répond au doux nom de Légion) qui ne demande qu’à frimer avec toute sa puissance, du coup je suis partie dans Mass Effect 3 (15h de jeu déjà, sans doute plus quand cet article sera publié), et je compte bien enchaîner sur Dreamfall Chapters et Pillars of Eternity.

dimanche 5 juillet 2015

La tour de Babylone - Ted Chiang


Lecture du mois du Cercle d’Atuan, La tour de Babylone est un recueil de huit nouvelles de Ted Chiang, un auteur américain pas forcément très prolifique (ce recueil reprend tous ses textes écrits entre 1990 et 2002) mais apparemment de qualité, si on se fie à l’incroyable quantité de prix littéraires évoqués en couverture. Il fallait bien que je vérifie si sa réputation était méritée !

Le recueil s’ouvre sur La tour de Babylone, qui nous permet d’assister à la construction de la fameuse tour du même nom avec une approche très rationnelle (conception de la tour, approvisionnement…), ce qui en fait un texte fort appréciable quand on est féru d’histoire ancienne.

Comprends, la deuxième nouvelle, évoque un peu Des fleurs pour Algernon ou Barrière mentale par sa thématique : celle de l’homme qui voit son intelligence s’accroître et largement dépasser celle de l’humain au moyen. Le phénomène est bien rendu et plutôt fascinant à suivre, bien qu’un peu déprimant sur la fin.

On enchaîne ensuite sur Division par zéro, une nouvelle au récit décousu (ça a l’air d’être une spécialité de l’auteur) qui se penche sur une mathématicienne qui découvre un théorème mathématique qui prouve que toutes les mathématiques sont fausses. L’idée est intéressante, et la construction plutôt bien fichue, même si on termine finalement avec un goût de pas assez.

L'Histoire de ta vie adopte la même construction alambiquée que Division par zéro (une sorte de désordre chronologique extrêmement maîtrisé) pour nous parler d’une linguiste qui communique avec des aliens et tente de comprendre leur langage et leur mode de pensée. La construction est brillante, de même que le contenu sur le langage, par contre j’ai terminé aussi sur un goût de pas assez (et j’ai cru comprendre qu’en conséquence j’étais passée à côté d’un chef d’œuvre !).

On parle toujours de langage dans Soixante-douze lettres, mais dans une forme bien différente puisqu’on visite un monde où la technologie s’est développée autour des golems (qu’on anime avec des noms), et où le personnage principal, spécialiste dans la création de noms, se retrouve à travailler pour sauver l’humanité de la stérilité qui la menace. Cette nouvelle est assez savoureuse pour son côté rétro-futuriste, où on se demande jusqu’où l’auteur va pousser sa démonstration.

L'Évolution de la science humaine est un court texte publié à l’origine dans la revue Nature sur le destin d’une revue scientifique humaine dans un futur où elle en serait réduite à tenter de comprendre le destin d’humains supérieurs. Ecrite à la façon d’un article de revue scientifique, cette nouvelle est un sympathique exercice de style.

Le texte suivant, L'Enfer, quand Dieu n'est pas présent, est assez surprenant (et finalement pas tellement quand on repense à La tour de Babylone) dans sa façon d’aborder des questions religieuses d’une façon très pragmatique, dans un monde où les visites d’anges sont autant des miracles que des catastrophes naturelles. C’est vraiment original et déstabilisant comme approche, c’est donc forcément très intéressant à lire (même si la fin m’a laissé un peu sceptique).

Enfin le recueil se termine sur Aimer ce que l'on voit : un documentaire, qui pour moi a été un peu le final en apothéose, tant ce texte qui s’interroge sur la perception de la beauté, la façon dont cela nous influence et l’usage qu’en font les publicitaires m’a touché. La construction façon reportage est très bien orchestrée, et l’auteur pousse vraiment son idée jusqu’au bout en confrontant les multiples points de vue et en permettant au personnage principal d’explorer la question à son rythme.

Dans l’ensemble j’ai trouvé que tous les textes de ce recueil étaient brillants. Les idées sont excellentes, et leur démonstration certes très scientifique est didactique et facile à suivre en règle générale. Sacré contenu, sans pour autant négliger la forme vu que Ted Chiang n’hésite pas à utiliser des formats de récits originaux ou parfois un peu alambiqués qui donnent vraiment envie d’avancer dans l’intrigue.

D’un point de vue personnel, j’ai été un peu dérangée cependant par les personnages assez froids (pour le coup ce n’est pas son atout), et par des fins qui m’ont soit échappé, soit déçu (et on ne pardonne difficilement à une nouvelle de passer à côté de sa fin). Cependant je pense que je serais ravie de lire d’autres textes de Ted Chiang, rien que pour la fulgurance des idées qu'ils contiennent.

Avis des autres participants : Lorhkan, MqlSz

CITRIQ

mercredi 1 juillet 2015

Relire Morwenna


L'an dernier, je me suis lancée avec entrain dans le challenge Morwenna's List. Au début, à chaque livre de la liste lu, je m'amusais à parcourir le roman pour retrouver dans quelles circonstances Morwenna en avait parlé, mais comme cela relevait parfois de la quête de l'aiguille dans la botte de foin, j'ai préféré programmer une relecture de Morwenna en guise de conclusion au challenge.

Lorsque Morwenna a été publié en France l'année dernière, il a été tellement encensé sur les blogs que cela m'a un peu gâché la lecture, que j'aurais dû apprécier plus que cela (d'ailleurs depuis je me méfie de l'effet buzz). Du coup, j'ai été contente de replonger dedans la tête vide d'interférences, c'était un peu comme si je redécouvrais le roman.

Ca a été d'autant plus plaisant qu'après avoir picoré des entrées de journal avant de dormir, j'ai pu lire le reste du roman pratiquement d'une traite dans les transports en commun, une après-midi où j'allais rendre des livres dans une bibliothèque à l'autre bout de Paris avant d'aller me réapprovisionner en SF dans une autre. Bref j'étais dans l'ambiance, ce qui fait que j'ai failli rater à plusieurs reprises mon arrêt de bus/train.

Relire Morwenna n'apporte en soi pas grand chose de neuf, mais on replonge néanmoins avec plaisir dans ce portrait d'adolescente dévoreuse de livres. Il faut dire qu'il est très facile de s'identifier à Morwenna, que presque chacune de ses paroles mériterait d'être extraite sous forme de citation, et qu'accessoirement c'est un roman qui fait du bien, tout simplement.

Entre temps, j'ai eu l'occasion de lire deux autres textes de Jo Walton (une nouvelle et Le Cercle de Farthing), j'ai donc d'autant plus apprécié l'écriture de l'auteure, très douce et extrêmement évocatrice : on ressent et on se représente très bien les choses tellement tout sonne vrai.

Et les références littéraires dans tout ça ? Ce qui était ma première motivation (ou presque) pour cette relecture est vite passée au second plan lorsque je me suis rendue qu'à quelques rares exceptions près, les titres de romans semblent plus là pour donner une vraie consistance de lectrice à Morwenna, et accessoirement un bel ancrage historique sous forme de name dropping.

Je m'attendais à retrouver plus d'avis critiques, mais finalement Morwenna évoque ses lectures de façon assez superficielle (et encore plus les titres que j'ai lu de sa liste). Cela ne l'empêche pas ceci dit d'avoir une influence prescriptrice, à force de l'entendre parler de Heinlein j'en ai emprunté un à la bibliothèque lorsque je terminais ma relecture !

Du coup nul doute que je continuerais à cocher des croix sur la liste de Morwenna, même après la fin du challenge. En attendant, voilà la liste à jour de tout ce que j'ai pu lire, avec les nouveautés en gras :