Poursuivant petit à petit mon visionnage des vieux épisodes de Doctor Who, j’ai bien cru que je ne viendrais jamais à bout de cette saison-là. Il faut dire que c’est de loin celle qui a le plus souffert des purges de la BBC, puisque sur 43 épisodes, seuls 10 ont survécu. C’est bien simple, il n’existe aucun serial complet !
Autant dire que ce n’est pas une partie de plaisir à regarder (en plus mes reconstitutions étaient de très mauvaise qualité), et c’est d’autant plus dommage que cette saison contient la toute première régénération, l’introduction du deuxième Doctor, le départ définitif (mais temporaire) des Daleks, les premiers épisodes avec des Cybermen et, détail ô combien important, un écossais en kilt.
Il y a donc du lourd au programme, et pourtant il n’est pas facile d’apprécier à leur juste valeur les premières aventures du deuxième Doctor. Mais ne perdons pas espoir, si certains épisodes de la saison 5 ont été retrouvés en 2013, qui sait, peut-être qu’un jour on complètera également un peu plus cette saison.
En attendant, comme d’habitude je vous livre un petit compte rendu, épisode par épisode. Les spoilers sont au rendez-vous, en même temps je vous fais une faveur, ça vous épargnera de longues heures de reconstitutions à regarder !
Nous avions laissé le Doctor en compagnie de Ben et Polly à la fin de la saison 3, nous les retrouvons dans The Smugglers en Cornouailles, au XVIIe siècle, avec des pirates. Je vais ouvrir d’office la symphonie des lamentations, quand on sait que cet épisode a été tourné en plein air (et non en studio comme d’habitude), il est bien triste de ne pouvoir profiter des décors.
Cela ne gâche pas complètement cette histoire de pirates plutôt sympathique qui n’épargne aucun cliché (un trésor caché, un capitaine avec un crochet, etc.). On y suit également les débuts de Ben et Polly qui ne sont pas inintéressants comme compagnons. Ils forment un duo sympathique et si Ben joue principalement des muscles, Polly s'intègre dans un rôle intermédiaire à mi-chemin entre une Barbara pleine de bonnes idées et une Susan qui prend soin de son grand-père.
Le deuxième serial, The Tenth Planet est un épisode mythique, puisqu’il introduit deux éléments essentiels de la mythologie Who : les Cybermen et la régénération. Fort heureusement on a presque toute l’histoire dans son intégralité. Seul le dernier épisode (le plus important forcément) est manquant, mais il a été reconstitué en film d’animation pour la sortie en DVD, l’honneur est sauf.
The Tenth Planet se déroule dans un lointain futur, en 1986 (!), dans une base spatiale au Pôle Sud où l’on suit à la trace une étrange planète qui s'approche de la Terre et vampirise son énergie. C'est assez rigolo que l'introduction des Cybermen repose sur une base aussi fumeuse que l'histoire de Mondas, planète jumelle de la Terre revenue lui piquer son énergie.
L'épisode se termine sur la régénération du Doctor, qui a dû choquer plus d'un téléspectateur à l'époque. C'est assez étrange car la cause de sa mort reste assez obscure (il meurt de vieillesse à priori mais ça n'est jamais précisé explicitement), et quand on pense au pataquès qu’entraîne une régénération à l'heure actuelle, forcément on reste un peu sur sa faim. Affaire à suivre avec le deuxième Doctor, incarné par Patrick Troughton.
On fait d’ailleurs vraiment connaissance avec ce nouveau Doctor dans The Power of the Daleks. Enfin autant que faire se peut avec les reconstitutions, qui ne sont pas vraiment à la hauteur de ce serial tout simplement grandiose.
Nous voilà donc sur Vulcan (!), une colonie de la planète Terre, perturbée par des mouvements de rébellion et par la découverte d'un mystérieux vaisseau spatial au fond d'une mare de mercure. Là dessus le nouveau Doctor, qui n'a clairement pas toute sa tête ne peut s'empêcher de mettre son nez là dedans, d'autant plus que les Daleks sont impliqués.
C'est l'histoire qui a inspiré l'épisode Victory of the Daleks (saison 5 de la nouvelle série), et je crois bien qu'il s'agit d'une des meilleures histoires de Dalek depuis leur toute première, tant ils y apparaissent comme dangereux et terriblement malins à jouer des humains pour mieux les exterminer ensuite.
En parallèle on fait connaissance avec ce nouveau Doctor définitivement dérangé du ciboulot (il passe un sacré bout de temps à jouer de la flûte à bec) et qui verse beaucoup plus dans la manipulation que son prédécesseur. Au bout d'un serial et sans même l'avoir réellement vu (juste entendu), je comprends à quel point son personnage a inspiré Matt Smith, on pourrait jouer au jeu des parallèles des heures durant !
Avec The Highlanders, ce que je soupçonnais se confirme : Two est complètement givré. Mais dans une veine tellement géniale qu'on ne peut que l'adorer. Dans cette aventure qui nous emmène au XVIIIe siècle en Ecosse, on le voit donc endosser rôle sur rôle (il se déguise même en vieille femme) pour arriver à ses fins. C'est absolument dément. Et donc complètement délicieux.
En parallèle, il faut aussi revenir sur Polly qui dans cette histoire s'inscrit bien dans la lignée de ces personnages féminins forts et débrouillards à la Barbara. Ses amis ont été enlevés ? Aucun problème, la voilà qui capture et fait chanter un soldat pour réussir à obtenir des informations ! L'épisode se termine avec l'arrivée de Jamie, authentique écossais du XVIIIe siècle à bord du Tardis. Avec deux garçons et une fille en guise de compagnons, on est loin des standards de la nouvelle série !
Et avec tout ce petit monde, on se retrouve face à The Underwater Menace. J'avais pas mal d'attentes sur ce serial qui s'intéresse à l'Atlantide (hiiii l'Atlantide quoi). Le résultat est... autant j'ai adoré les costumes complètement kitschs (masques de poissons, robes en coquillages et algues, hommes-poissons), autant j'ai eu plus de mal avec le scénario qui n'a pratiquement aucun sens : le mélange d’une antique société très religieuse avec un savant fou mégalomaniaque a un peu de mal à fonctionner.
Ceci dit ce serial a un énorme mérite, celui d’avoir deux épisodes qui ont survécu. On a donc enfin l’occasion de voir le deuxième Doctor bouger. Et jouer du pipeau. Et embrouiller les gens. Et se déguiser en n'importe quoi (ça devient une manie). Cela mérite bien de supporter les incohérences de l'histoire et les longs passages passés à courir dans les couloirs/grottes/etc.
The Moonbase est un serial que je n’aurais pas aimé voir à 10 ans. Cette histoire de base lunaire infiltrée par des Cybermen m'aurait filé des cauchemars pendant un mois au moins ! C'est vraiment un chouette serial (malgré la perte de deux épisodes), avec une ambiance bien flippante d’huis-clos.
On commence à voir le Doctor passer vraiment à l'action, ses compagnons se défendent bien aussi (certes Polly fait souvent le café, mais vu le rôle que joue son plateau à la fin, sans parler de son dissolvant, ça fait relativiser), et surtout on retrouve des Cybermen vraiment flippants.
Ils ont désormais des voix très mécaniques, sont capables de s'infiltrer si nécessaire (et après de sortir la grosse artillerie), et ils prennent le contrôle de certaines personnes. Ils sont vraiment malins, la seule fausse note est dans leur tendance à expliquer leur plan de A à Z. En tout cas très chouette serial, je comprends qu'ils aient reconstitué les deux épisodes manquants en animation pour une sortie DVD, ils le méritent !
Je vais continuer mes lamentations sur The Macra Terror, serial qui devait être bien sympathique à voir. L'intrigue est classique mais ô combien délicieuse : le Doctor débarque dans une colonie futuriste gouvernée par un bienveillant contrôleur, où tout est parfait (chansons et danses de majorette à l'appui). Sauf que tout cela n'est qu'une façade fort dystopique qui dissimule de sinistres aliens.
Entre le Doctor qui se donne à fond, Ben qui se fait laver le cerveau, Jamie qui s'échappe en dansant (si si je vous jure), avec en prime
une musique complètement décalée... les reconstitutions se regardent déjà avec plaisir, autant dire qu'on aimerait bien voir quelque chose, pas juste entendre !
Retour au présent (enfin…) avec The Faceless Ones qui nous ramène aux années 60, dans un aéroport où se trament de mystérieux éventements : on dirait bien que des méchants aliens cherchent à kidnapper des jeunes gens, bouh les vilains !
J'ai un peu trop étalé mon visionnage pour avoir une bonne vue d'ensemble de cette histoire, dont seuls deux des six épisodes sont parvenus jusqu’à nous. Mais j’ai apprécié cette étrange ambiance d’huis-clos aéroportuaire, et la première réaction de Jamie en voyant des avions (ils ont bien réussi à faire un personnage qui est étonné par les merveilles de la technologie, sans que ça devienne sa marque de fabrique pour autant).
C'est assez rigolo de voir le Doctor galérer pour arriver à bosser avec les autorités (alors que maintenant il est reconnu partout), et résoudre tout ça relativement à l'amiable, certes avec pas mal de bluff et chantage (délicieux), mais sans explosions ou autres coups d'éclats.
Ce serial marque le départ de Ben et Polly, expéditif comme toujours, et pas très flatteur pour Polly, pourtant si débrouillarde. Si le Doctor souhaite à Ben de devenir amiral, il conseille à Polly de prendre soin de Ben, bonjour l'ambition !
Enfin The Evil of the Daleks, dernier serial de la saison, est un épisode à retenir, puisqu'il devait s'agir de l'ultime histoire avec des Daleks (vu que leur créateur à l'époque avait prévu d'en faire une série à part). Encore une fois, on ne peut regretter que cette histoire ait disparu, car c'est une de ces excellentes histoires de Daleks comme on en fait plus aujourd'hui.
Certes elle est longue à se mettre en place (quatre épisodes auraient suffit à cette intrigue, le serial en compte sept… dont six ont disparu), mais c’est un vrai plaisir de trouver des Daleks vraiment dangereux et effrayants, qui ont un plan (terrible et mystérieux bien sûr) et qui manigancent pour tout que le Doctor se retrouve à l’exécuter pour eux.
Evidemment, le Doctor n’aime guère cela, et se retrouve à manigancer de son côté (donnant ainsi à voir tout son côté froid manipulateur, n’hésitant pas à jeter Jamie dans la fosse aux lions pour arriver à ses fins). Ca tourne à l’affrontement, mais jamais par les armes, uniquement par les mots, les actions, les ruses… du pur Doctor Who !
En voyant ce serial (enfin ce qu’il en reste), j’ai réalisé que ça faisait des lustres qu’on n’avait pas eu une bonne histoire de Daleks dans les nouvelles saisons de Doctor Who. La dernière c’était Victory of the Daleks à la saison 5, épisode pas extraordinaire mais qui avait le mérite de mettre en scène des Daleks machiavéliques. Depuis, on n’a eu que des Daleks gros bourrins mégalo, c’est un peu triste. Espérons que la saison 8 corrigera le tir.
Mais en attendant de voir ça, je m’attaque à la saison 5 de l’ancienne série, qui commence fort heureusement par un serial complet (alléluia !), The Tomb of the Cybermen. Avec 22 épisodes conservés sur 44, le visionnage devrait être un peu plus facile…
A noter que si vous avez envie de plonger dans les anciens épisodes sans pour autant en passer par de laborieuses reconstitutions,
le site de la BBC (où j'ai piqué mes illustrations) propose des résumés, des romans-photos, des galeries d'images ou d'extraits vidéo... c’est une excellente source d’information bien agréable à parcourir.