Et nous voilà déjà rendu à la fin de cette nouvelle saison. Forcément, c'est un peu triste, ceci dit ça va me permettre de bloguer un peu plus tranquillement. Jusqu'à maintenant, les saisons de Doctor Who que j'ai vu en direct étaient des demi-saisons, une durée raisonnable, mais douze semaines d'affilé à faire des comptes rendus, ça en deviendrait presque une corvée !
En route donc pour le dernier épisode avant Noël, qui sans être aussi bluffant que son prédécesseur, offre une conclusion qui relie tous les fils, et que n'aurait pas renié Russell T. Davies sur certains points. En avant pour les spoilers !
L'ouverture se fait sur le personnage de Clara, qu'on avait laissé en bien mauvaise posture à l'épisode précédent. Qu'à cela ne tienne, elle a déjà rencontré des Cybermen (sûrement à maintes reprises dans le passé du Doctor), elle sauve sa vie en se faisant passer pour lui !
Ce n'est pas comme si on allait vraiment croire à son histoire, mais on appréciera le fait que le générique soit modifié en conséquence : la voilà propulsée au premier rôle, et ce sont ses yeux qui apparaissent !
De son côté le Doctor n'en mène pas large, d'autant plus qu'il est entouré d'humains stupides qui ne pensent qu'à se faire photographiés avec les jolis robots (visiblement ils ont oublié la dernière invasion en date). L'idée n'est pas vraiment neuve, mais c'est toujours piquant de se rappeler qu'à l'heure actuelle, face à une situation, vous avez plus de chance de voir une personne prendre une photo et la poster sur Internet que de faire vraiment quelque chose.
Heureusement, Osgood est là, avec un nœud papillon (une vraie fangirl), ce qui veut dire UNIT, ce qui veut dire Kate Lethbridge-Stewart, bref la cavalerie est arrivée et pour une fois, elle fait preuve d'efficacité ! (c'est pas pour ça que ça leur réussit, mais au moins ils ont essayé !).
Les Cybermen prennent donc la poudre d'escampette, tandis que le Doctor et sa copine Time Lord sont évacués vers un lieu sécurisé (enfin vu comment l'histoire tourne ils auraient mieux fait de prendre un bateau, mais encore une fois... ils ont essayé !).
- In the event of full-scale invasion, an Earth president is inducted immediately, with complete authority over every nation state. There was only one practical candidate.
- That's your answer for everything, isn't it? Vote for an idiot.
- If you say so, Mr President.
Non mais c'est presque triste tout leur plan, parce qu'au moment où ils arrivent enfin à mettre un protocole qui permet au Doctor de faire son boulot tranquillement... il ne sert pas à grand chose parce que l'adversaire est trop fort (et surtout complètement cinglé). Mais ils ont ess... enfin vous avez compris !
Pendant ce temps, il pleut dans les cimetières, ce qui transforme en Cybermen tous les cadavres qui traînaient dans les parages... y compris un certain Danny Pink ! Et heureusement qu'il est là pour sortir Clara de la panade...
- Stories. Stories. Stories. I made them up. Look, ask anybody who knows me. I am an incredible liar.
- Correct.
Il est d'ailleurs assez ironique que Cyber-Danny « reconnaisse » Clara sur ses mensonges. Voilà qui ne contribue pas à créer une bonne ambiance... mais c'est à l'image des personnages principaux, qui pour la plupart passent l'épisode à mentir, ça en devient pratiquement le sujet principal. Du coup ça explique sans doute l'apparence étrange de ce final, qui se repose pas tellement sur l'action mais plutôt sur le relationnel.
Et j'aime bien le côté « nuit des morts-vivants » croisé avec l'apparence métallique des Cybermen, c'est le genre de cocktail improbable qu'on ne trouve que dans Doctor Who. Par contre c'était pas une raison pour déposer Clara en plein milieu d'un cimetière Mr. Pink, à croire que tu veux la tuer !
D'ailleurs en parlant de tuer, Osgood assassinée par Missy quelques minutes plus tard est vraiment un passage horrible. Déjà parce que le personnage nous est sympathique (c'est un peu la fangirl qui est montée en grade quand même, et maligne avec ça), mais surtout parce que c'est purement gratuit et cruel, et qu'on se doute bien qu'il n'y aura aucune potion magique, aucun tour de passe-passe pour qu'elle revienne à la vie (contrairement à Danny où la question se pose jusqu'au bout).
« The control freak and the man who should never be controlled. You'd go to hell, if she asked. And she would. »
La révélation sur le fait que c'est Missy qui a fait en sorte que Clara et le Doctor se rencontrent tombe un peu à plat par contre, en même temps ça n'a rien d'une surprise. Mais il faut reconnaître que ça interroge, pourquoi se donner tant de mal pour aider son meilleur ennemi finalement ?
Et donc retrouvailles dans le cimetière pour Clara, Danny et le Doctor. Danny qui veut que s'arrête la douleur (en même temps, on le comprend, il était peinard et mort jusque-là), Clara qui est prête à tout pour l'aider, y compris y laisser sa vie, et le Doctor qui n'a guère envie de la voir se suicider, mais qui a aussi besoin des infos que Danny ne lui donne pas.
« I had a friend once. We ran together, when I was little. And I thought we were the same. But when we grew up, we weren't. Now, she's trying to tear the world apart, and I can't run fast enough to hold it together. The difference... is this. Pain is a gift. Without the capacity for pain, we can't feel the hurt we inflict. »
Mais comme le fait si bien remarquer Danny :
« This is who the Doctor is. Watch the blood-soaked old general in action. I can't see properly, sir, because this needs activating. If you want to know what's coming, you have to switch... it... on. And didn't all of those beautiful speeches just disappear in the face of a tactical advantage ? »
Et c'est donc Clara qui prend la responsabilité de cet avantage tactique, tout ça pour pas grand chose vu que rien ne peut à priori stopper la pluie de Cybermen. Nous voilà donc aux 2/3 de l'épisode, et ce qu'on constate c'est que le Doctor est bien dans la mouise. C'est là où on ne peut qu'apprécier le Master (enfin Missy maintenant), ça c'est un adversaire de haut niveau !
Qui sait détendre l'atmosphère avec son atterrissage... enfin plus ou moins. Et on découvre enfin le fin mot de l'histoire !
- All of it, just to give me an army ? Well, I don't need one, do I ?
- Armies are for people who think they're right. And nobody thinks they're righter than you ! Give a good man firepower, and he'll never run out of people to kill.
- Why are you doing this ?
- I need you to know we're not so different. I need my friend back.
Cela montre à quel point The Mistress est siphonnée : elle a conçu une armée de Cybermen complètement invicible (elle se nourrit des morts), elle a mis Clara dans les pattes du Doctor pour qu'il soit obligé d'intervenir (du coup est-ce qu'elle est aussi responsable de la mort de Danny ? Mystère...), tout ça pour l'obliger à révéler sa noirceur.
C'est tellement tordu que ça lui ressemble, même s'il lui manque du coup le côté mégalomaniaque qui la caractérise habituellement. Après, comme l'histoire n'a probablement pas pris la direction qu'elle voulait, on ne saura jamais si elle disait la vérité, ou si elle prévoyait encore une entourloupe derrière...
« Thank you ! Thank you so much. I really didn't know. I wasn't sure. You lose sight sometimes. Thank you ! I am NOT a good man ! And I'm not a bad man. I am not a hero. And I'm definitely not a president. And, no, I'm not an officer. Do you know what I am ? »
« I... am... an idiot, with a box and a screwdriver. Passing through, helping out, learning. I don't need an army, I never have, because I've got them. Always them. Because love, it's not an emotion... love is a promise. And HE will NEVER hurt her. »
Et c'est donc finalement Danny, qui a réussi à résister à sa programmation, qui va prendre le contrôle des Cybermen et se sacrifier pour sauver l'humanité. Du coup le Doctor n'a qu'un rôle assez mineur dans cette histoire, si ce n'est qu'il a gardé les yeux ouverts sur tout. Et qu'il a plus ou moins surmonté son interrogation existentiel sur sa place dans l'univers.
Oui je sais tout ça pour ça, mais quand on voit ce que Missy a mis en place pour l'anniversaire de son ami d'enfance, ce n'est guère surprenant qu'il faille au Doctor une saison avec un enchaînement Dalek-Cybermen-Master pour retrouver une stabilité émotionnelle. Ah ces Time Lords, il faut toujours qu'ils en fassent des tonnes.
« 10-0-11-00 by 02. […] The current co-ordinates of Gallifrey. It's returned to it's original location. Didn't you ever think to look ? We can... We can go together. Just you and me, just like the old days. »
C'est assez rigolo parce qu'à l'ère Tennant, on retrouve le même discours, mais tenu par le Doctor (qui était prêt à tout pour rompre sa solitude). Mais le Doctor a évolué.
- If you have ever let this creature live, everything that happened today, is on you. All of it, on YOU. And you're not going to let her live again.
- Clara... all I'm doing is not letting you kill her. I never said I was letting her live.
- Really?
- If that's the only thing that will stop you... yes.
Carrément évolué même, vu qu'il n'hésite même pas une seconde à exécuter sa vieille némésis.
- Say something nice. Please ?
- You win.
- I know.
Et c'est finalement un autre Cyberman rebelle qui l'abat. Ceci dit, comme on a le droit à un effet spécial qui ne ressemble ni à la désintégration version Master, ni aux armes de Cybermen, il est tout à fait possible d'imaginer que Missy s'en est sortie.
Ca serait même tout à fait logique. Si cet épisode résout les énigmes posées en début de saison (qui est la mystérieuse femme ? Qui est vraiment le Doctor ?), je l'ai plus perçu lors de mon 2e visionnage comme une porte ouverte sur la suite. On reverra Missy à n'en point douter !
« Of course ! The Earth's darkest hour and mine. Where else would you be ? »
Petite séquence émotion ensuite avec la réapparition de Kate Stewart en vie (ouf, UNIT va perdurer), sauvée par son Cyber-Dad ! C'est une jolie manière de faire ses adieux au personnage du Brigadier bien après le décès de l'acteur. Et pour avoir fait sa connaissance très récemment dans les saisons du deuxième Doctor, j'en étais toute émue (et tant pis si c'est un gros Deus ex-machina).
Et on remet ça avec la dernière séquence entre Danny et Clara. Je vous avoue que je me doutais que ça se ne terminerait pas par des retrouvailles, puisque la scène semble reprendre le modèle de la fin de Doomsday (limite il ne manque que la musique). Et ça n'aurait pas été logique qu'on n'ait pas la fin de l'histoire pour le gamin.
- Why don't you like hugging, Doctor ?
- Never trust a hug... it's just a way to hide your face.
La scène de fin est juste sublime (et d'une tristesse infinie). Clara (qui n'a pas retrouvé Danny) et le Doctor (qui n'a pas trouvé Gallifrey, Missy lui ayant bien sûr menti), se mentent mutuellement lors de leurs adieux. Cela les met vraiment sur un pied d'égalité, et accessoirement ça montre à quel point ils vont bien ensemble, ces deux manipulateurs ! Sauf que voilà, leurs chemins se séparent...
- Thank you for making me feel special.
- Thank you for exactly the same.
S'il n'y avait pas le post-générique pour ouvrir une autre voie, j'aurais trouvé cette fin très étrange, mais j'aurais applaudi cette séparation qui change de l'ordinaire... En tout cas, visiblement, leurs routes n'ont pas fini de se croiser !
« Doctor ! You know it can't end like that ! Mm ? We need to get this sorted and quickly. She's not all right, you know. And neither are you. I'm coming in. Ah, there you are. I knew I'd get round to you eventually. Now, stop gawping, and tell me... what do you want for Christmas ? »
Et voilà, on n'a plus qu'à attendre Noël pour savoir la suite !
Je n'avais pas vraiment d'attentes sur cet épisode (c'est jamais bon de se faire des films), mais je dois dire qu'il ne ressemble à rien de ce que j'ai pu imaginer. Il n'y a pas vraiment de temps mort mais en même temps on dirait qu'il ne se passe pas grand chose, c'est un peu le fouillis. C'est plaisant à regarder, j'ai trouvé que les relations entre les personnages étaient très bien traitées, et que ça clôturait bien la saison, par contre je ne pense pas qu'il restera dans la catégorie des fins de saisons mémorables.
Le plus perturbant reste pour moi le fait que comme quelques autres épisodes de cette saison, je n'aurais pas été surprise de le trouver dans les saisons signées Russell T. Davies. Y'a plein de petits tics scénaristiques qui m'y font penser. Un peu comme si cette saison réussissait à fusionner les deux styles (ou peut-être que Moffat n'a plus besoin de s'en affranchir autant, allez savoir...).
En tout cas cette saison 8 a été un délice. Moffat a su faire évoluer le format en revenant à plus d'épisodes indépendants, et ce retour aux sources fait très plaisir. Le personnage de Clara a réussi à prendre de l'épaisseur, Capaldi a sauté dans les chaussures du Doctor sans aucun problème et semble avoir fait ça toute sa vie, autant dire que les grandes inquiétudes sur cette saison ont été balayées d'un revers de la main.
J'ai bien aimé qu'on ait l'occasion de revoir tous les méchants mythiques de la série, et qu'on ait du timey-wimey, de l'épisode qui se passe à côté de chez nous (façon RTD), du futur délirant, du qui-fait-peur, de l'historique... enfin bref un peu de tout. Il manque peut-être juste un deuxième vrai épisode historique (autre que celui qui ouvre la saison), mais on aura peut-être l'occasion de se rattraper par la suite.
Quant à l'ouverture vers un retour de Gallifrey proposée par les épisodes du 50e anniversaire, pour le moment on reste encore dans le flou (même si le retour du Master remue un peu les choses), mais ce n'est pas plus mal, ça permet au nouveau Doctor de prendre ses marques. Et puis un truc gros comme ça, j'aimerais autant que ça ne soit pas plié en une saison.
Sur ce je vous donne rendez-vous à Noël pour la suite des aventures, et d'ici-là n'amusez pas des voyages dans le temps (même si c'est la mode !).