mercredi 23 juin 2010

Summer Wars - Mamoru Hosoda


On est bien loin de la période où j’allais au ciné toutes les semaines, ça faisait bien un mois que je n’y avais pas mis les pieds. En même temps, il n’y avait pas grand-chose à y voir, et tout à coup, c’est l’avalanche (toutes proportions gardées). Du coup je suis sortie de mon lit dimanche matin pour aller voir Summer Wars.

J’ai entendu parler de ce film dans un des derniers J’irais loler sur vos tombes (plus précisément celui où Alexandre Astier était invité *bave*), où il était comparé simultanément à Juliette je t’aime, Yu-Gi-Oh ! et à Matrix dans la même phrase ou presque. De quoi attirer l’attention.

Il est vrai qu’il est difficile de présenter ce film sans partir dans des comparatifs étranges. Le film s’ouvre sur une présentation d’Oz, qu’on pourrait considérer comme un futur d’Internet, à quelque part entre Facebook, World of Warcraft et Ameli.fr. On y dispose d’un avatar, et on peut retrouver ses amis, faire ses achats, se battre en duel, contacter les administrations ou chercher un itinéraire. Bref, on peut y faire un peu n’importe quoi.

Puis on rebascule dans le monde réel pour suivre les pas de Kenji, surdoué en mathématiques mais pas franchement aidé coté relationnel, qui a la chance d’être « embauché » par Natsuki pour assister à la grande fête de famille ayant lieu pour l’anniversaire de sa grand-mère. Il est sensé jouer le rôle de son petit ami, mais ça il l’apprendra plus tard…

Le voilà donc parachuté dans une immense famille avec oncles et tantes, frères et sœurs, petits et grands cousins… la situation est facile à imaginer : ça court dans tous les sens, ça discute très fort, ça cuisine pour cinquante personnes, ça commente tout à tout bout de champ, le tout sous l’œil de la chef de la famille, une grand-mère dont je n’ai pas retenu le nom mais qu’on appellera « Super Mamie ».

(ça lui va comme un gant, quand je suis rentrée du ciné pour voir les dernières nouvelles question foot, je me suis dit qu’ils auraient bien eu besoin d’une grand-mère comme elle ^^)

Bref dans cette ambiance survoltée, Kenji reçoit un étrange message chiffré qu’il ne peut s’empêcher de déchiffrer, et voilà qu’il se retrouve accusé d’avoir lancé dans Oz un étrange virus qui sème la panique (parce qu’il suffit de pirater le compte du chef de l’Etat pour lancer une bombe atomique, c’est bien pensé comme système quand même). La suite se révèle à la fois chaotique et épique.

J’avoue que ça faisait longtemps que je n’avais pas autant ri au cinéma, presque à en pleurer. Après tout le coté quiproquo du début où Kenji joue tant bien que mal le petit ami dans cette famille de fous (comme toutes les familles, en fait), on bascule dans une histoire complètement déjantée où réel et virtuel se mélange allègrement, avec des péripéties parfois complètement improbables.

Même si je pense que n’importe qui peut apprécier ce film, il a vraiment un petit coté geek dans sa manière de caser ses références (et ses placements marketing aussi !). Il faut imaginer que la contre-attaque contre le virus ressemble un peu à un croisement entre MacGyver et Sailor Moon.

En fait c’est un peu comme si quand vous essayez de commander un billet de train sur le site de la SNCF et que vous n’arrivez pas à avoir vos 50%, vous pouviez défier l’administrateur système. Ensuite, avec votre avatar de pingouin en tongs, vous le cogniez avec des combo de jeux de bastons jusqu’à qu’il s’incline. Et voilà, vous avez vos 50%. Comment ça c’est surréaliste ?

Bref je m’égare, mais voir ça sur écran c’est assez fantastique, et carrément fendard. Et comme il ne suffit pas qu’un film soit juste drôle, Summer Wars est plutôt chouette visuellement, et a un coté assez émouvant dans ce coté repas de famille loin des clichés (en tout cas quand on se nourrit de films américains, c’est un changement plus qu’agréable) qui rappelle de suite des souvenirs.

lundi 21 juin 2010

Le Dit d'Aka - Ursula K. Le Guin


Vous n’êtes pas lassés d’Ursula Le Guin j’espère ? Normalement c’est mon dernier pour le moment, mais j’y reviendrais sûrement à l’occasion, pour ses recueils de nouvelles ou sa nouvelle série, les Chronique des rivages de l’Ouest. Il faut dire que plus j’avance dans ses textes, plus je les apprécie, et le Dit d’Aka ne fait pas exception.

Ce roman se situe toujours dans cet univers de l’Ekumen, mais bien après les autres romans, alors que la Terre vient de traverser une période sombre de théocratie où les anciens savoirs ont été détruits, les infidèles persécutés… c’est bien la première fois qu’on visite franchement la Terre dans un roman d’Ursula Le Guin, et ce n’est pas très encourageant.

Cependant, le Dit d’Aka se déroule principalement sur la planète Aka, où la société a été complètement bouleversée par l’arrivée des envoyés de l’Ekumen. Après des millénaires de statisme, l’arrivée de la technologie a entrainé de grands changements, et un régime bureaucratique axé sur le progrès technologique a été mis en place, bannissant tous les vestiges du passé, à commencer par toute l’histoire et les témoignages culturels de la planète.

Pour Sutty, une Terrienne d’origine indienne, il n’est pas facile de faire son travail d’envoyé de l’Ekumen chargée de collecter des informations sur le passé d’Aka, vu que tout a été détruit ou presque de cette culture qui a dominé la planète pendant tant d’années. Et il est difficile pour elle de mettre de coté son propre ressentiment envers cette destruction d’informations, à l’instar de celle qui a eu lieu sur Terre.

Une fois n’est pas coutume, le Dit d’Aka se révèle être un roman calme, où tout est dans la découverte, la promenade, et les réflexions que cela entraine. Sutty est en effet envoyée à la campagne pour essayer de retrouver des traces de ce passé détruit, et elle va ainsi mettre au jour toute une culture fascinante, complètement basée sur la littérature (écrite ou orale).

Le Dit d’Aka qui donne son nom au roman est l’appellation donnée par Sutty à défaut de trouver un terme réellement adapté à cet ensemble contenant poésie et histoires, pharmacie et charlatanerie, exercices de gymnastique et conseils d’alimentation qui constitue l’ancienne culture de cette planète.

On sent clairement les rêves d’utopie d’Ursula Le Guin, avec ce monde ancien où le meurtre et le crime n’existent pratiquement pas, même si comme toujours ce portrait rêvé se révèle assez ambigüe selon qui le dessine.

L’élément le plus étrange et le plus brillant est d’avoir réussi à construire une société où la religion n’existe pas telle qu’on la connait nous. Pas de prières, pas de figures tutélaires, pas de temples (sinon des sortes de bibliothèques collectant les écrits). Il y a clairement des inspirations des religions asiatiques, mais cela donne tout de même un univers étrange et fascinant à découvrir.

D’autant plus qu’on en a un aperçu très fragmentaire, puisque toute cette culture a été complètement effacée au profit d’une nouvelle société tournée « vers les étoiles », qui brûle les livres et efface les caractères sur les murs, s’approchant de très près d’un Fahrenheit 451, mais en plus tranquille.

Autant on sentait clairement l’ambiance de guerre froide dans ses romans des années 70, autant ici on sent clairement la critique de l’extrémisme sous toutes ses formes, mais toujours sans aucun manichéisme et avec des protagonistes très humains.

Sutty revient régulièrement sur son approche biaisée par son expérience sur Terre, et sa confrontation avec le Moniteur qui pourrait ressembler à une lutte du Bien contre le Mal chez d’autres auteurs prend ici une forme assez surprenante, très humaine en fait.

C’est vraiment le maitre-mot de ce cycle de l’Ekumen, et d’ailleurs c’est quasiment écrit mot pour mot dans ce roman :

« Elle ne se lassait pas de ces récits banals et fragmentaires de vies ordinaires. Ils contenaient tout ce que la littérature et la propagande officielle passaient sous silence dans leurs épopées. Entre les héros et les hernies, elle n’hésitait pas une seconde : elle choisissait les hernies. »

Et c’est un peu le propos de ce roman qui parle finalement beaucoup du banal et du quotidien, avec une approche très ethnologique de son sujet.

C’est un roman assez court, moins de 200 pages en grand format, je comprends mieux d’ailleurs qu’on lui ait adjoint Le Nom du Monde est forêt en vf (et un essai de Gérard Klein que j’ai survolé vite fait donc je ne vous en parlerais pas), même ces deux novellas sont complètement différentes à tout point de vue. Mais sa petitesse n’empêche en rien de s’offrir un beau voyage dans le futur qui ne laisse pas indifférent.

CITRIQ

vendredi 18 juin 2010

Les plus qu'humains - Theodore Sturgeon


Entre deux Ursula Le Guin, j’en ai profité pour continuer à explorer l’univers de Theodore Sturgeon avec son deuxième titre phare, dont on m’avait vanté les mérites à plusieurs reprises, les Plus qu’humains. Mais assez curieusement, autant j’ai accroché à Cristal qui songe et à Un peu de ton sang, autant là, non.

Pourtant on retrouve pas mal d’éléments communs. Les plus qu’humains, c’est la rencontre improbable de personnes plus qu’atypiques (un idiot du village, une télékinésiste, deux jumelles qui se téléportent, un télépathe et un bébé trisomique mais néanmoins un génie), qui ensemble sont comme les parties d’un même être, l’Homo Gestalt, sans doute l’étape suivante de l’évolution humaine.

Je ne sais pas si on peut vraiment parler d’un roman, celui-ci étant découpée en trois grosses nouvelles plutôt différentes, qui forment l’histoire (un peu comme l’Homo Gestalt, maintenant que j’y pense, il y a une certaine corrélation fond/forme).

Comme dans ses précédents romans, Theodore Sturgeon n’a pas son pareil pour parler des gens différents, des laissés-pour-compte, des solitaires, et avec sa manière bien particulière de se coller dans leur peau. Le début du roman, qui suit les traces de Tousseul, est tout à fait réussi dans le domaine (et m’a évoqué de suite Des fleurs pour Algernon).

Une recette prometteuse, et pourtant j’ai été un peu déçue par ce roman, sans doute parce que j’en attendais trop. Je l’ai trouvé plutôt confus, à cause des ellipses monstrueuses entre les trois parties (qui sont ensuite comblées, mais quand même), des points de vue très particuliers (Tousseul étant de loin le plus limpide de tous), et d’une impression de ne pas trop savoir où tout cela nous mène.

Paradoxalement, j’ai adoré la première partie plutôt émouvante, mais j’ai ensuite complètement bloqué sur la partie de Gerry qui est certes assez incroyable dans sa construction (une discussion avec un psychiatre racontée du point de vue du patient, où on ne sait jamais où s’arrêtent les souvenirs et où reprend la réalité, le tout sur un ton glacial), mais dont on ne ressort pas grand-chose. Et même impression sur la troisième.

En fait c’est comme si l’auteur en disait ou trop, ou pas assez sur son sujet. Je me demande si je ne devrais pas le relire pour m’en faire une meilleure idée… De toute façon je ne suis pas pour autant dégoûtée de Theodore Sturgeon, bien au contraire, je jetterais bien un œil à ses nouvelles un de ces quatre.

CITRIQ

mercredi 16 juin 2010

Fables 10 : Les Fils de l’Empire - Bill Willingham


C’est à ne rien y comprendre, j’ai l’impression que le tome 9 est sorti hier, et paf ! Voilà le tome 10, alors qu’il est arrivé d’attendre plus de six mois pour lire la suite de ma série de comics favorite. Je ne vais pas me plaindre, on a encore pas mal de retard sur la vo (on arrive au n°55 quand on approche du 100e en anglais).

Un volume plutôt court cette fois, qui ne contient qu’un seul story arc, Les Fils de l’Empire, en quatre numéros. On perd de vue nos tourtereaux de la dernière fois pour revenir du coté de l’Adversaire, occupé à préparer sa contre-attaque après les derniers faits d’arme de Fableville, et il faut le reconnaitre, c’est un vrai bonheur.

Après quelques numéros qui m’avaient laissé assez sceptique, j’ai l’impression de retrouver l’essence des premiers numéros : un ton sombre, promesse de beaux moments de bravoure, et des personnages complètement détournés de leur image première. Juste un mot : Hansel. Ca m’a pris un moment pour le re-situer celui-là. Tout cela est de très bon augure pour la suite…

L’action se déroule du coté de l’Empire, mais avec quelques passages sur notre bonne vieille Terre qui permettent de changer d’air. Quelques vignettes sur les personnages secondaires ponctuent le tout, dont une très appréciable sur la pauvre Raiponce pour qui sa malédiction n’est vraiment pas facile à vivre…

Bref un très bon tome, avec des couvertures tout simplement magnifiques qui plus est. J’attends la suite avec beaucoup d’impatience, cette fois-ci.

CITRIQ

dimanche 13 juin 2010

Un été sous le signe de la Force...

Comme j’avais peur de perdre mes racines cet été en commençant mon voyage pour la Terre du Milieu, j’ai décidé de m’offrir également un petit voyage dans une galaxie lointaine, très lointaine…


Tout d’abord, j’ai signé pour le swap Star Wars organisée par The Bursar, parce qu’il me faisait baver d’envie. Je n’ai jamais participé à aucun swap, et je me suis dit qu’il n’y aurait pas de meilleur sujet pour commencer. Pour ceux que cela intéresse, il est possible de s’inscrire jusqu’au 25 juin, plus d’infos à cette adresse.


Comme ça n’était pas assez (il faut compenser avec les Valar), je me suis également inscrite pour le challenge Summer Star Wars organisé par M. Lisbhei, qui consiste à lire au moins un roman de space-opera entre le 21 juin et le 22 septembre. Pour en savoir plus, c’est par ici, mais vu que la moitié de mes lecteurs y sont inscrits, je pense que vous connaissez le chemin ^^.

Ca me donnera l’occasion de lire et de chroniquer mes derniers achats Star Wars. Outre mes rattrapages en vf (si je mets la main sur le tome 2 de Legacy of the Force je vais pouvoir reprendre ce cycle), j’ai craqué sur Luke Skywalker & the Shadows of Mindor en VO, écrit par Matthew Stover (qui est un des meilleurs en terme de roman SW) et avec une couverture très classe signée Dave Seeley (je signale rarement les illustrateurs mais là comparé au SW habituel ça claque !).


Et si je m’ennuie vraiment, je pourrais même en profiter pour boucler le Guide Galactique !

jeudi 10 juin 2010

Les Dépossédés - Ursula K. Le Guin


Je continue mon exploration de l’œuvre SF de Ursula Le Guin avec un roman épais, complexe mais fort intéressant, les Dépossédés. Assez ironiquement, bien que ce soit son troisième roman dans ce cycle, chronologiquement il se déroule avant les autres, vu que l’ansible n’a pas été inventé (d’ailleurs ce terme que j’associais à Card et son cycle d’Ender a apparemment été inventé par Ursula figurez-vous). Mais comme d’habitude, pas besoin d’avoir lu le reste, sinon pour pouvoir reconnaitre quelques éléments du décor.

Après une planète au climat glacial et une forêt, cette fois-ci, nous visitons les planètes jumelles Urras et Anarres. Si Urras peut évoquer la Terre (on y trouve différentes nations occupées à se taper dessus, un système capitaliste), Anarres est beaucoup plus étrange. Planète plutôt inhospitalière (peu de pluies, beaucoup de poussières, pas d’animaux terrestres), elle est habitée par d’anciens Urrasiens qui ont quitté leur planète pour fonder une société nouvelle, une sorte d’utopie anarchiste, sans aucun gouvernement.

La présentation d’Anarres pourrait prendre des pages, tellement c’est une société fascinante : pas de gouvernement, pas de monnaie, une vie en communauté très peu tournée vers l’individu (le mariage n’existe pas, les enfants sont élevés dans des dortoirs). Une sorte de communisme rêvé, une vraie utopie, qui se révèle néanmoins ambigüe, comme l’auteur la qualifie elle-même.

Les Dépossédés raconte l’histoire de Shevek, un de ses habitants. Ce physicien est le premier depuis deux cent ans à se rendre sur Urras afin d’y poursuivre ses recherches en physique.

Il n’y a pas grand-chose de plus à résumer, car il ne se passe pas grand-chose dans ce livre, comme souvent chez Ursula Le Guin. On aime ou non, selon si on apprécie de se laisser porter ou non par le texte. L’intérêt de ce roman n’est cependant pas dans les péripéties mémorables du héros mais l’évocation tranquille de deux sociétés, de leur beauté et de leurs limites, ainsi que de leur rencontre.

Le livre est en fait une sorte de biographie de Shevek, puisqu’il raconte à la fois son passé sur Anarres jusqu’à son départ, et son présent sur Urras, en changeant d’un chapitre à l’autre, pour boucler la boucle sur la fin, l’avant dernier chapitre se déroulant juste avant le premier chapitre.

Cette alternance donne une belle dynamique, puisque les chapitres se répondent entre eux, les chapitres du passé venant éclairer le présent à postériori, et parfois vice-versa. Bien qu’il y ait peu d’action, le récit dispose assez ironiquement d’un très bon rythme.

Cela permet en plus de créer un véritable choc des cultures, en confrontant sans cesse les deux planètes au mode de vie et de gouvernement radicalement opposés. Cette confrontation pourrait être extrêmement manichéenne, elle se révèle pleine de subtilités.

L’utopie d’Anarres est véritablement ambigüe. Certains de ses aspects peuvent fasciner, mais on leur trouvera toujours un quelque chose de troublant. Par exemple, leur langue a été créé de façon artificielle en supprimant entre autre les possessifs (on ne parle pas de sa mère mais de « la » mère), et même les prénoms des enfants sont générés automatiquement et attribués par une machine pour assurer l’égalité entre les gens.

Même si bizarrement cette particularité est assez peu évoquée dans le roman (je regrette d’ailleurs que les spécificités d’expression ressortent finalement peu), je n’ai pu m’empêcher de penser qu’une langue aussi écrémée empêche l’expression de certaines idées, ce qui est une étrange manière de garantir la liberté, si on y réfléchit (ça m’a un peu évoqué 1984 pour le coup…).

Tout le roman joue à l’équilibriste sur les limites de la liberté, et les protagonistes eux-mêmes, Shevek le premier qui ne sent pas forcément libre sur Anarres (mais pas plus sur Urras), s’interrogent sans cesse sur les limites de la liberté, les lois qu’on se créé dans la tête et celles qu’on nous impose, la bureaucratie au service de la communauté qui semble parfois comploter contre l’individu…

Il se dégage d’ailleurs une certaine tristesse des Dépossédés, une sensation de doux-amer qui plane sans cesse sur le roman. Anarres est un rêve, mais parfois aussi un enfer, car c’est une terre pauvre, où la sécheresse engendre automatiquement la famine. Sa pauvreté ressort encore plus face à l’opulence de Urras (opulence de vert, d’animaux, de nourriture, de richesse…). Et question tristesse ambigüe, difficile de ne pas évoquer ce passage où une Terrienne explique à Shevek pourquoi Urras (vu comme un enfer pour les Anarriens) est pour elle un paradis, comparé à sa propre planète.

Il y a énormément à dire sur ce roman, il doit sûrement exister des bouquins entiers qui en parlent (du moins, je l’espère, car il le mérite). J’ai largement passé le cap de la page  de chronique tout en ayant l’impression d’avoir à peine effleuré le sujet. Je ne suis même pas sûre de l’avoir appréhendé dans son intégralité en fait.

Parce qu’il faut le reconnaitre, c’est un roman complexe, limite trop compliqué, et certains discours sont durs à suivre, d’autant plus qu’on a parfois affaire à de vrais pavés explicatifs. D’ailleurs, comme toujours dans les romans d’Ursula Le Guin (du moins en SF), il faut s’accrocher parce que le début n’est pas facile. Et prendre son temps, pour bien s’imprégner de l’ambiance. Ce n’est pas un roman qui se lit d’une traite, mais bien par chapitres, en faisant une pause entre chaque pour assimiler ce qu’on y a lu.

Mais cela en vaut la peine, car c'est un roman qui imprègne durablement, par ses idées mais aussi par ses personnages très attachants car tous très humains, Shevek le premier, à osciller sans cesse entre l'amour de son monde et la nécessité d'en sortir pour mener à bien ses recherches, mais aussi Takver, un personnage féminin loin de tous les stéréotypes, et même tous ceux qui n'apparaissent que quelques pages avant de disparaitre. Un vrai petit monde, que je vous encourage à visiter.

CITRIQ

lundi 7 juin 2010

The Middle Earth Challenge


J’avoue en général ne pas être très challenge en règle générale, mais il y en a un qui m’est passé sous le nez récemment que je ne pouvais pas résister vu qu’il collait pile poil avec mes projets de lecture, et plus encore.

Après ma relecture d’Harry Potter l’été dernier, je m’étais dit que je me relirais bien le Seigneur des Anneaux et autres textes de Tolkien, et voilà que Remiranda et The Bursar ont débarqué avec leur challenge The Middle Earth Challenge, pour découvrir ou redécouvrir l’univers de Tolkien.

Histoire qu’il y en ait pour tous les goûts, elles ont prévu plusieurs niveaux de lecture en fonction de l’envie (ou de la folie, vous allez comprendre).
- Challenge Hobbit : lecture d'un seul ouvrage de Tolkien.  

- Challenge de l'Anneau : lecture de Bilbo le Hobbit et du Seigneur des Anneaux.  

- Challenge Elfique : la lecture du Silmarillon, des Contes et légendes inachevés, de Bilbo le Hobbit, du Seigneur des Anneaux, et d'un ouvrage sur Tolkien ou son œuvre, ou inspiré de celui-ci comme les parodies ou les adaptations en bande-dessinées. 

- Challenge Valar : lecture du Silmarillon, des Contes et légendes inachevés, de Bilbo le Hobbit, du Seigneur des Anneaux, des Enfants de Hurin, la légende de Sigurd et Gudrun, les 5 premiers tomes de l'Histoire de la Terre du Milieu, ainsi que dans la lecture d'un ouvrage sur Tolkien ou son œuvre et d'une de ses sources d'inspirations telles que Beowulf, les Edda, la saga Völsunga, le Kalevala, ou Crist de Cynewulf.
    Le dernier a été créé sur une suggestion de Isil, et bien évidemment j’ai signé pour, parce que quitte à replonger dans Tolkien, autant aller jusqu’au bout (et jusqu’au fond de mon portefeuille, par la même occasion ^^).

    Le challenge dure jusqu’à décembre 2011, donc j’ai le temps de voir venir. Pour le moment j’envisage même de lire le Hobbit et le Seigneur des Anneaux en anglais, parce que c’est quelque chose que je voulais faire. Pour l’ouvrage sur Tolkien, c’est l’occasion d’enfin finir l’étude de Vincent Ferré. Et pour la source d’inspiration, on verra bien, le Kalevala me tenterait bien mais je suis ouverte aux suggestions (sauf Beowulf dont j'ai fait le tour avec Mr Gaiman…).

    Bref, si cela vous intéresse de participer aussi à ce challenge, les inscriptions se font chez The Bursar, et le récapitulatif des articles se trouve chez Remiranda. Et moi je m'en vais préparer mon programme, après tout cela ne fait QUE dix-sept livres à lire...

    samedi 5 juin 2010

    Le Nom du monde est forêt - Ursula K. Le Guin


    Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, ou plutôt l’été dernier, je m’étais lancée dans la lecture de la Main gauche de la Nuit, premier roman du cycle de l’Ekumen de Ursula Le Guin, qui m’avait laissé une très bonne impression.

    Je viens seulement d’emprunter les suites (enfin si on peut utiliser ce qualificatif, il s’agit de romans indépendants qui ne partagent guère qu’un univers commun) pour poursuivre ma lecture, en commençant par le deuxième par ordre d’écriture, le Nom du monde est forêt, qu’il faut savoir dénicher.

    Pour la petite anecdote, il n’est plus édité en tant que roman seul, mais uniquement à la fin du Dit d’Aka (quatrième roman du cycle écrit juste 20 ans après). Je me suis demandée pourquoi ce roman qui a quand même reçu un prix Hugo était fourni comme bonus, jusqu'à que tout s’éclaire à la lecture. Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs.

    Le nom du monde est forêt, ou the word for world is forest (c’est un peu plus poétique en VO) nous fait voyager jusqu’à la planète Athshe, dont les quelques terres émergées sont littéralement couvertes de forêt, habitée par des êtres intelligents ressemblant à des singes verts. Les Terriens, lancés dans une campagne de colonisation (le bois étant une denrée rare sur Terre), les ont surnommé « créates ».

    La colonisation humaine n’est pas une jolie affaire, comme on le constate dès les premières pages : le déboisement massif entraine l’érosion des terres, et les créates, sous couvert d’un « service volontaire », ont été asservis par les nouveaux venus, qui les utilisent pour toutes les basses besognes.

    Mais voilà qu’un jour, alors que la planète s’apprête à recevoir ses premières femmes (oui c’est très misogyne, on importe les femmes quand la planète est « conquise »), les créates se révoltent et massacrent un camp entier, eux qu’on croyait incapable de violence.

    J’ai beaucoup pensé à Avatar en lisant ce roman, la faute à la forêt certes, mais surtout au Capitaine Davidson, un des protagonistes principaux, qui ressemble au méchant du film comme deux gouttes d’eau (bon en même temps le militaire borné et raciste et avide de violence, on le connait…).

    Il y a des idées intéressantes dans ce roman, à commencer par les créates en eux-mêmes, qui passent leur temps à rêver éveillés, avec leur société technologiquement peu avancé mais qui semblent bien plus avancés spirituellement/psychiquement. ll y avait déjà de ça dans la Main gauche de la nuit, et ça m’a tout l’air d’un motif récurrent dans la science-fiction de Ursula Le Guin, qui se base moins souvent sur une question de technologie que sur des questions de société et de mode de pensées.

    J’ai beaucoup aimé le parti pris de faire quelque chose de réaliste sur ce clash entre deux espèces humaines (les créates s’appelant aussi hommes et considérent les terriens comme des umins, c'est-à-dire des géants). Pour suivre la comparaison avec Avatar, là où le film évènement distingue clairement les gentils et les méchants, ici ce n’est pas le cas, et même si fondamentalement l’idée que le terrien est destructeur ressort clairement, les créates ne sont pas forcément absous de leurs actes qui dérangent également.

    Le problème de ce roman, c’est qu’il a vieilli, contrairement à la main gauche de la nuit. Sans être manichéen, il est assez simpliste, et sa trop petite taille ne donne pas la possibilité de développer une vraie intrigue dense et complexe comme est capable de le faire Ursula Le Guin, ce qui explique sans doute sa réédition en fin de cycle. Il contient des éléments intéressants sur son univers de l'Ekumen, mais il reste en dessous des autres romans.

    En témoigne d’ailleurs mes premières impressions du roman suivant, les Dépossédés, presque 400 pages, et qui pour le coup se révèle incroyablement riche (presque trop). Mais ceci est une autre histoire…

    CITRIQ

    jeudi 3 juin 2010

    Happy (belated) birthday Nolife


    Avec mon sens inné de l’organisation, j’avais prévu de rédiger ce billet le 31 pour qu’il soit juste prêt pour le premier juin, date d’anniversaire de la chaine. Sauf que je ne l’ai pas fait, et j’ai donc prévu de le faire le 1er avant la soirée d’anniversaire, mais je ne pensais pas que deux heures de compte à rebours en hexadécimal puisse être aussi prenant…

    Bref, après cette soirée anniversaire qui m’a fait verser une petite larme d’émotion avant de me faire pleurer de rire, je tiens à adresser tous mes vœux bien en retard à cette chaine qui justifie la présence d’une télévision chez moi.

    Chaque soir c’est un plaisir de regarder 101%, autant pour ses différentes émissions (qui parlent de jeux vidéo, d’animation, d’informatique, de musique japonaise, et de jeux vidéo, en autre…) que pour les animateurs qui partent en permanence dans des histoires de fous. En témoigne une semaine entière consacrée à l’art de faire de détourner les propos des gens à la télé, ou ces derniers jours où on a pu suivre une parodie de Bollywood.

    C’est bien simple, je ne rate plus une seule Minute du Geek (qui en quelques minutes aborde des sujets aussi variés que la mythologie nordique les Mary-Sue ou l’origine des smileys), ni un seul Retro&Magic (qui revient sur les vieux jeux vidéo de notre enfance, même que la fois où l’émission portait sur Caesar 3, je me suis racheté un exemplaire du jeu une heure après !).

    J’aime beaucoup leur façon de traiter les sujets avec rigueur et humour, et d’être aussi très proche des téléspectateurs, en prenant le temps de leur expliquer l’envers du décor dans le Debug Mode, ou en l’impliquant dans des concepts d’émission complètement fous comme Mon Nolife à moi, où chaque mois on vote sur le forum pour voir une émission d’une autre chaine sur Nolife (en version revue et corrigée par la chaine bien sûr…).

    En plus, c’est la chaine qui m’a fait découvrir les superbes (web)séries que sont Noob, Nerdz, la Flander’s Company et le Visiteur du futur !

    Mais hélas, comme elle se positionne sur une niche, les rentrées d’argent ne sont pas au rendez-vous, et la chaine a du mal à s’en sortir (la soirée des 3 ans s’appelait « Still alive :3 », tout un programme)… elle a du coup mis en place un système d’abonnement.

    La chaine reste diffusée gratuitement, mais moyennant 3 à 5 euros par mois, on peut revoir à peu près toutes les anciennes émissions sur Internet. Ce qui est hyper utile pour éviter de courir après les rediffusions, ou éviter de passer pour l’asociale de la famille en sortant des trucs comme « Je ne peux pas rester manger, y’a une soirée Monkey Island à la télé » (oui je l’ai presque déjà faite celle-là mais la soirée en valait la peine !).

    Bref cette chaine est géniale, et j’espère avoir piqué votre curiosité à son sujet. Si vous avez envie d’y jeter un œil, Nolife est diffusé sur à peu près toutes les box ADSL, et vous pouvez également consulter quelques émissions sur son Nolife Online (cliquez sur gratuit pour avoir les émissions en libre accès).

    Et encore un bon anniversaire à Nolife, j’espère bien qu’elle fêtera son 4e, son 30e anniversaire et même plus encore si on se fie au visiteur du futur