dimanche 31 mars 2013

Oz: The Great and Powerful - Sam Raimi


Toujours dans le rayon « Printemps du cinéma », je me suis laissée tenter par le dernier film de Sam Raimi, que je suis même allée voir en 3D de mon plein gré, fait assez rare pour être signalé !

Oz: The Great and Powerful (ou Le monde fantastique d’Oz si vous préférez le titre vf tout pourri) se présente comme un prequel du célèbre roman de Frank L. Baum, Le magicien d’Oz, mais visuellement, il est difficile de ne pas le considérer comme une prequel du célèbre film de 1939 (ce qui a apparemment donné lieu à une belle guéguerre autour du droit d’auteur et du copyright).

On y apprend donc comment Oz, prestidigitateur accumulant les conquêtes féminines, prétendument couard et cupide, se retrouve dans le mystérieux pays d’Oz, à diriger le pays depuis la Cité d’Emeraude, lorsque la jeune Dorothy Gale s’y trouve transportée au début du roman.


Visuellement, ce film est une véritable tuerie. Le générique est un petit bijou (qui exploite merveilleusement la 3D), l’introduction du film en noir et blanc est un délice (c’est typiquement là qu’on se rend compte qu’il est bien plus fait référence au film de 1939 qu’au livre originel), et lorsque Oz arrive en Oz, les paysages sont à couper le souffle.

En plus, chose assez rare pour être mentionnée, il y a une vraie impression de relief dans ce film : objets placés judicieusement au premier plan, créatures qui sortent de l’écran, paysages avec une vraie profondeur, ce qui fait que pour une fois, on n’a pas l’impression de porter ses lunettes 3D pour rien, il y a du spectacle.

Ce n’est pas surprenant pour un film qui est sans doute constitué à 99% d’images de synthèse (il est beaucoup plus facile d’y intégrer du relief), mais c’est de la belle image de synthèse, et en plus on sent qu’un réel effort a été fait pour la 3D, ce qui fait passer plus facilement le supplément de 2 euros sur la place (plus un euro si vous oubliez vos lunettes, vous comprendrez pourquoi je râle régulièrement contre le procédé).


Hélas, aussi beau qu’il soit visuellement, ce film est complètement desservi par son scénario affreusement calibré et prévisible. Clairement voulu comme le film familial où l’on emmène toute la petite famille voir un beau spectacle, il manque cruellement de subtilité ou de surprise.

On se retrouve en effet avec les stéréotypes du héros soit disant vaurien mais qui finalement se révèle avoir un bon fond (qu’il découvre grâce à l’intervention d’une enfant toute mignonne et orpheline, forcément) et du side-kick comique qui reste ami avec le héros envers et contre tout.

Et ne parlons même pas du fait que la gentille sorcière est blonde (mais plutôt maligne, en cela ce n’est pas un stéréotype), et les méchantes brunes, avec une prédisposition aux pantalons de cuir noir moulant ou aux robes fourreaux à paillette (tout un programme !).

Je ne m’étendrais pas plus (même si on pourrait écrire des pages sur les codes couleurs de ce film, si si je vous jure), mais pour faire simple, c’est le genre de film un peu navet qu’on a surtout envie de voir entre amis pour rire de ses défauts, mais manque de chance, je suis allée le voir toute seule !


Bref si j’ai apprécié l’esthétique (je me répète, mais de ce côté-là c’est vraiment un sans-faute) qui vaut le coup d’œil, ne vous attendez pas à des miracles côté scénario. A part quelques petits clins sympathiques à l’œuvre de Frank L. Baum, l’ensemble ne vole vraiment pas haut !

vendredi 29 mars 2013

Porcelaine : légende du tigre et de la tisseuse - Estelle Faye


Ca ne sera pas la première fois que je craque sur un bouquin des Moutons électriques uniquement pour la couverture, bien au contraire. Et puis une histoire de légende chinoise (moi qui dévorais les Pearl Buck dans ma jeunesse), comment voulez-vous résister ? J’ai donc « testé » l’auteur sur une nouvelle, et une heure plus tard je repartais avec l’ouvrage fraichement dédicacé !

(Ne me regardez pas comme ça, j’ai juste lu la nouvelle avant d’aller à Zone Franche où dédicaçait l’auteure, tout simplement, c’est juste une affaire d’organisation et de timing niveau bus !)

Porcelaine : légende du tigre et de la tisseuse nous emmène sur les traces de Xiao Chen, un jeune garçon un jour frappé d’une malédiction, qui le condamnera à une vie d’errance en compagnie d’un cirque ambulant… jusqu’à que bien des années plus tard, sa route croise celle de Li Mei, fille d’un marchand de soie.

Mélangeant habilement mythes et contes, dieux et créatures féériques, Porcelaine porte très bien son sous-titre, les premières pages m’ayant immédiatement évoqué le souffle légendaire de Princesse Mononoke dans cette façon de mettre en scène mythologie et folklore asiatique (d’ailleurs j’écris cette chronique avec la BO en toile de fond, ça fonctionne tout à fait).

A ce titre, Porcelaine est un très beau roman, qui mêle habilement tout ce qu’on peut attendre d’une promenade mythique en Chine : entre deux créatures féériques cruelles, on évoque fabrication de la soie, poterie (la technique de la porcelaine y est détaillée avec beaucoup de précision) et théâtre-cirque ambulant.

On laisse facilement porté par cette ambiance au gré des péripéties qui nous emmène des petits villages au bord du Fleuve Jaune à la Cité Interdite de Pékin, via la visite de monuments légendaires (dont ce que je présume être le tombeau de Qin) et les steppes mongoles (spéciale dédicace à Tigger Lilly !).

En cela, Porcelaine m’a évoqué les textes de Léa Silhol ou de Tanith Lee, mais dans un style beaucoup moins baroque. On trouve bien pire comme affiliation dans le domaine de l’exploitation du conte et du mythe !

Mais (oui parce qu’il y a un mais), deux choses m’ont tout de même dérangé à la lecture. La première, c’est la quatrième de couverture qui m’a induit en erreur (léger spoiler, mais rien de critique) :
« […] Pendant près de quinze siècles, rivalités et amour s’entrecroisent, tissant une histoire de passion, de tendresse et de sacrifice, sur fond de magie et de théâtre. ».
Très jolie formule, sauf que l’histoire ne se déroule absolument pas sur quinze siècles. Enfin plus précisément, elle se déroule au IIIe siècle ap. J.C. (époque des Trois Royaumes), PUIS au XVIIIe siècle (dynastie des Qing), avec entre les deux une monstrueuse ellipse, à propos de laquelle on a bien peu d’éléments.

Moi qui m’attendais à traverser l’Histoire, ça m’a complètement frustrée, ce qui est vraiment dommage parce que je l'ai remâché tout au long du roman, me gâchant pas qu'un peu la lecture.

La deuxième, c’est que j’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans les personnages, à compatir, à partager leurs émotions.

Li Mei est quasi-parfaite, telle une princesse de conte de fées, et finalement elle se caractérise avant tout par ses nombreuses qualités (son don pour les costumes, son courage, etc.), plus que par ses sentiments (elle aime Xiao Chen, certes, mais ça ne m’a pas fait vibrer, et elle, tout le monde l’aime ou presque).

Même chose pour Xiao Chen, passé par la première partie, à part une envie de le secouer par moment, il m’a laissé un peu froid. En fait ce sont des authentiques personnages de conte : ils appellent au rêve, mais ce sont un peu des figures archétypales qui semblent venir de toutes les histoires plutôt que d'une seule (le prince maudit, la jeune fille qui va vaincre la malédiction, etc.), on ne vibre pas forcément avec eux.

Un bilan un peu mitigé donc, à modérer tout de même. Si cette quatrième de couverture ne m’avait pas induit en erreur (scrogneugneu), j’aurais passé un bien meilleur moment de lecture. D’ailleurs à feuilleter l’ouvrage pour le chroniquer, j’avais presque envie de le relire, cette fois-ci avec les bonnes cartes en main, pour en avoir un meilleur avis.

Si on laisse de côté cela donc, Porcelaine est un roman tout à fait honorable dans la veine « mythologique » de la fantasy. Il a de plus le mérite d’exploiter un terrain encore relativement frais (du moins de mon expérience de lectrice, je n’ai pas lu beaucoup de romans exploitant la mythologie chinoise, à l’exception de la Magnificence des Oiseaux de Barry Hughart).

Et puis, parce que parfois ça compte, il faut reconnaitre que l’objet en lui-même est superbe : la couverture (signée Amandine Labarre) se poursuit sur les rabats intérieurs, et le motif de l’arbre est repris sur les premières pages… Porcelaine est un livre vraiment agréable à lire, qu’on contemple avec plaisir.



Il serait facile d’opter pour la version numérique (à 6 euros !), mais ce serait bien dommage de se priver d’un beau livre comme ça, qui ne coûte finalement « que » vingt euros, ce qui n’est pas excessif pour un (beau) bouquin des Moutons électriques.

CITRIQ

mercredi 27 mars 2013

Cloud Atlas - Andy & Lana Wachowski, Tom Tykwer


A défaut d’avoir un abonnement, j’ai bien profité du printemps du cinéma la semaine dernière, autant dire que vous allez manger de la chronique film pendant un petit moment, à commencer par mon dernier coup de cœur en date, Cloud Atlas.

Dernier film en date des frères Wachowski, Cloud Atlas adapte à l’écran le roman de David Mitchell, Cartographie des nuages. C’est un récit complexe qui entremêle à travers les siècles six histoires différentes :
  • un jeune américain confronté à la question de l’esclavage lors d’un voyage d’affaires au XIXe siècle ;
  • un jeune compositeur qui cherche à écrire son chef d’œuvre ;
  • une journaliste enquêtant sur un complot autour d’un réacteur nucléaire dans les années 1970 ;
  • un éditeur légèrement maudit par le sort, à notre époque ;
  • une serveuse-clone dans un restaurant du XXIIe siècle, qui découvre la liberté ;
  • un homme qui vit sur une Terre dévastée post-apocalypse revenue pour sa majeure partie à la préhistoire, qui va aider une chercheuse dans sa quête pour contacter les anciens.

 

Evidemment, toutes ces histoires ont un lien entre elles, que je ne vous dévoilerais pas, et l’ensemble forme un film incroyable dense de 2h45, qui réussit à sauter d’une histoire à l’autre sans jamais tomber dans le confus.

Ce film m’a fait un bien fou, à moi qui ai ces temps-ci une tendance assez prononcée à m’ennuyer au cinéma, et à trouver le temps long même quand le film dure moins de deux heures et que l’intrigue est intéressante. Autant dire que cela m’a carrément surprise de ne pas m’être ennuyée une seule minute lors de cette séance !

C’est principalement grâce à l’histoire (les histoires, devrais-je dire), qui nécessite de rester attentif si on veut raccrocher tous les fils ensemble (et tant bien même, je pense qu’un deuxième visionnage s’impose dans mon cas, ce que je ferais avec plaisir une fois le film sorti en DVD). Chaque histoire adopte un ton et une forme très différente (récit de voyage, lettre à son amour, thriller, comédie, SF noire et quête qui relève presque de la fantasy), ce qui donne à Cloud Atlas un côté très complet.


Et si l’histoire ne suffisait pas en elle-même, il y a la réalisation en elle-même. C’est un très beau film, extrêmement bien filmé, bien monté (toutes les transitions fonctionnent à merveille sans susciter de confusion), et à part quelques scènes de combat qui font un peu trop Matrix à mon goût (mais rien de surprenant me direz-vous vu les réalisateurs, c’est juste que c’est un style qui me lasse un peu personnellement), c’est un vrai plaisir à regarder.

D’autant plus que ce film n’est pas en 3D. Ca n’a l’air de rien comme ça, mais mine de rien cela donne une netteté à l’image, même dans les combats, qui est plus qu’appréciable.

Et puis il y a la partie « technique ». D’abord toutes Les reconstitutions du passé sont fort chouettes, et les visions du futur de toute beauté (visuellement, surtout pour la partie à Néo-Séoul, mais j’aime bien aussi comment la dernière histoire post-apo utilise une langue déformée).


Mais il faut aussi parler des acteurs, puisque c’est la particularité de Cloud Atlas. Le casting est en effet plutôt réduit pour une histoire d’une telle ampleur, puisqu’une douzaine d’acteurs assument la majeur partie des rôles, apparaissant dans chaque histoire sous une forme différente. C’est un vrai jeu de les reconnaitre, jeu à laquelle j’ai été odieusement mauvaise d’ailleurs.

A part pour Hugo Weaving qui se repère très facile (il faut dire qu’il a toujours des rôles de méchant, ça se repère facilement), il y en a un certain nombre que j’ai à peine reconnu plus d’une fois (la palme revenant à Hugh Grant que j’ai capté uniquement quand il faisait son Hugh Grant !). Un autre argument pour un deuxième visionnage…


Complexe, passionnant, visuellement à couper le souffle, Cloud Atlas est un très beau film. Certes il a bien quelques défauts (je trouve notamment qu’il se focalise un peu trop sur Somni à mi-parcours, semblant oublier les autres histoires), mais rien de bien grave à mes yeux. Autant dire que je vous le recommande vivement, de préférence dans une belle salle de cinéma pour apprécier le spectacle.

Quant à moi, je vais sans nul doute m’intéresser au livre d’origine…


lundi 25 mars 2013

L'une rêve, l'autre pas - Nancy Kress


Cette petite novella me faisait de l’œil depuis un moment, du coup quand j’ai acheté l’anthologie des Utopiales, je n’ai pu résister à la prendre avec (histoire d’obtenir l’anthologie Contrepoint dans la foulée, opération commerciale quand tu nous tiens). Et comme j’ai beaucoup apprécié la nouvelle de Nancy Kress dans l’anthologie des Utopiales, je me suis presque jetée sur ce texte derrière.

(Oui je sais cette chronique a un mois de retard, le WTT a un peu la priorité ces derniers temps, en même temps comme j’ai eu la bonne idée de la rédiger dans mon carnet au brouillon, ça ne devrait pas trop se voir, c’est comme si c’était encore frais dans ma tête !)

L’une rêve, l’autre pas (titre mystérieux qui pour le coup attire bien plus l’œil que le Beggars in Spain original) nous emmène dans un futur pas si éloigné que ça, où il est possible de passer commande d’un enfant génétiquement modifié. Et pendant que certains choisissent la couleur des cheveux ou des yeux sur catalogue, un père souhaite avoir une enfant qui ne dort jamais.

Mais par le plus grand des hasards, sa femme se retrouve enceinte non pas de une mais de deux enfants : la fille génétiquement modifiée, comme prévue, et une autre tout à fait normale, qui vont chacune suivre leur voie en grandissant, tandis que le monde réagit petit à petit à l’arrivée de ces « non-dormeurs ».

C’est assez étrange, parce qu’en dépit du fait que l’auteure présente l’abandon du sommeil comme quelque chose d’extrêmement positif (cela donne des enfants plus éveillés, avec de meilleures capacités d’analyse), l’idée m’a horrifiée pendant tout le livre.

Dormir, ce n’est pas uniquement reposer son corps, c’est aussi le moyen de faire une pause dans sa tête, de faire la part des choses, de digérer des évènements, alors ne jamais passer par cet état… brrr ! Il suffit de voir comme on est mal luné quand on ne dort pas assez !

Mais aussi dérangeante que soit cette idée, j’ai adoré la façon dont l’auteur l’utilise pour explorer, une fois encore, la question du rapport à l’Autre, au travers du parcours de Leisha de son plus jeune âge à l’âge adulte (et en pointillés, celui de sa sœur normale, Hélène, qui ne vit pas très bien le fait d’avoir une sœur « spéciale »).

Ironiquement, si bien sûr le rapport à l’Autre domine la novella (l’existence des non-dormeurs est mal acceptée, suscitant haine et reproches), j’ai trouvé que le texte offrait aussi une belle exploration de la famille : les deux filles se construisent autant en fonction de la différence de Leisha qu’en fonction du carcan familiale, pas franchement des plus stables avec ce père qui n’aime que sa fille spéciale, et cette mère qui au contraire ne reconnait que sa fille normale (bonjour le traumatisme !).

Ce que j’ai aimé dans L’une rêve, l’autre pas, outre la pertinence des réflexions (même le système de pensée de Kenzo Yagai est intéressant), c’est l’optimisme du texte. Leisha est une héroïne plutôt positive par nature, et en dépit des drames qui ponctuent l’intrigue, cela fait plaisir de referme le livre sur une note d’espoir, pas non plus complètement bisounours mais encourageante.

Cela en fait un texte touchant, qui à une époque assez morose, fait un bien fou. Cela confirme tout le bien que je pense de Nancy Kress, et je risque fort de continuer à explorer son œuvre, du moins pour ce qui a été traduit en français !


CITRIQ

jeudi 21 mars 2013

Doctor Who et les voyages dans le temps



Comme je vous l’avais promis, je ne pouvais conclure cette saison consacrée aux uchronies et aux voyages dans le temps sans vous proposer un petit article de synthèse sur ma série préférée (ah bon ? Vous ne saviez pas ?), Doctor Who.

Rassurez-vous cependant, je ne vais pas me lancer dans une histoire détaillée de cette série qui fête ses cinquante ans à la fin de l’année (quand même !), mais me focaliser sur l’aspect qui nous intéresse le plus dans le cadre de ce challenge, à savoir le voyage dans le temps. Les spoilers sont bien sûr au rendez-vous, ça vous surprend ?


La série classique


Ce qui est assez marrant, c’est qu’au tout début de la série, le voyage dans le temps n’est pas si important que ça, c’est juste un prétexte qui permet de faire des leçons d’histoire ou qui justifie la visite de civilisations futuristes.

N’oublions pas qu’il s’agit à la base d’une série voulue comme éducative (si si, je vous jure), un peu comme C’est pas sorcier à la mode british, sauf qu’en guise de camion on a une boite bleue qui voyage à travers le temps et l’espace, et qu’un alien assez caractériel amateur de sensations fortes tient lieu de présentateur.

La conséquence, c’est qu’au début de la série, le voyage dans le temps fonctionne avec une règle stricte extrêmement pratique : quand on est dans le passé, on ne peut aucunement influencer les évènements. Le futur, c’est une autre histoire, après tout, comme on ne le connait pas, il peut bien s’y passer n’importe quoi (à fortiori dans une galaxie lointaine).

D’ailleurs, il est intéressant de noter que dans la première saison, les épisodes dits « historiques » sont dénués de toute présence alien, si bien qu’on est à la limite de la reconstitution historique façon documentaire du samedi soir sur Arte, à ceci près que les héros font tout pour s’en sortir vivant (sans passer par la case guillotine par exemple, comme dans The Reign of Terror).


C’est toute la base du serial The Aztecs, dans lequel Barbara tente de faire renoncer les Aztèques aux sacrifices humains pour préserver leur civilisation, et échoue sur toute la ligne. Prévisible, me direz-vous, mais il n’empêche que cette problématique élève sacrément le niveau, et fait de ce serial  le meilleur de la saison 1, à mon humble avis.

Ceci dit, ce code de conduite strict s’assouplit assez vite, puisque dès la saison 2, on observe des entorses. Dans le serial The Romans, on voit en effet le Doctor inspirer à Néron le grand incendie de Rome (et trouver ça drôle !), autant dire que pour la non-influence, on repassera, même si la cohérence historique est bien entendue respectée.


Il me faut aussi parler de The Chase, course-poursuite à travers l’espace et le temps qui fait un crochet par la Mary Céleste, et éclaircit à sa façon le destin de ce navire fantôme…En fait si Doctor Who ne modifie pas l’histoire, il n’aime rien de mieux que de se glisser dans ses passages obscurs pour y ajouter sa touche personnelle.

D’ailleurs, si le Doctor affirme haut et fort qu’on ne peut modifier le passé, on croise à la fin de la saison 2 dans The Time Meddler, un autre Time Lord (même s’il n’est jamais nommé comme tel) qui s’évertue à réécrire l’histoire de l’Angleterre, autant dire que cette règle semble ne pas être suivie par grand monde.

Même le TARDIS semble s’en jouer dans The Space Museum : le vaisseau « saute une piste » (je vous rappelle qu’à l’époque on écoutait des disques vinyles) pour donner un aperçu du futur à son équipage, et c’est ensuite à eux de tout faire pour que l’horrible destin qui les attend ne se produise pas. L’intrigue qui suit est affreusement plate, mais il est tout de même marrant de voir que déjà à l’époque, les scénaristes commençaient déjà à saisir le potentiel narratif du timey-wimey !

Sautons maintenant quelques décennies de saisons que je n’ai toujours pas visionné (du coup vous vous épargnez cent pages de dissertation) pour passer à l'ère moderne.


La série actuelle


Si on regarde la première saison, en 2005, on reste sur un schéma assez similaire : on ne peut pas modifier le passé, par contre, pour le futur, c’est open-bar ! Ceci dit, il y a quand même une différence majeure.

Là où le premier Doctor s’efforçait de passer sans faire de vagues (façon documentaire), les Doctors « modernes » arrivent systématiquement en plein complot alien, et c’est à eux de rétablir la situation pour assurer la conservation de la ligne temporelle. De simple voyageur, le Doctor est pratiquement devenu un gardien de l’Histoire.

C’est flagrant lorsqu’on se retrouve avec un épisode comme The Long Game, où le Doctor arrive à une époque et s’étonne de ne pas la trouver comme elle devrait être. Cela prend une dimension encore plus tragique dans The Fires of Pompeii, où s’étonnant de l’absence de signes avant-coureurs en débarquant juste avant l’éruption du Vésuve, le Doctor se retrouve obliger de provoquer l’éruption…

Mais si on laisse de côté cet épisode tragique, le Doctor s’amuse surtout le plus souvent à ajouter sa touche personnelle à l’histoire. Ainsi s’éclaircissent, entre tant d’autres, une mystérieuse absence d’Agatha Christie (The Wasp and the Unicorn), comment Dickens en est venu à écrire des histoires de fantômes (The Unquiet Dead), ou encore, plus récemment, ce qu’il est advenu de Néfertiti (Dinosaurs in the Spaceship).


Ceci dit, on trouve quelques épisodes qui sortent de ce schéma traditionnel :
  • Father Day (saison 1)
On assiste dans cet épisode à une réécriture de l’histoire en direct, ce qui entraîne ni plus ni moins que la fin du monde (ce qui semble un peu déplacé quand on pense qu’on a juste sauvé la vie du père de Rose !). Aujourd’hui je trouve l’histoire des reapers, sortes de nettoyeurs professionnels des accidents temporels un peu absurde (je préfère autant quand le temps « explose » façon Wedding of River Song), mais je garde beaucoup d’affection pour cette histoire, qui s’inscrit dans une veine très intimiste du voyage dans le temps.
  • Utopia / The Sound of the Drums / The Last of the Time Lords (saison 3)
Ce triple épisode qui conclut la saison trois est pour moi un des chefs d’œuvre de l’époque R. T. Davies, en lui-même, mais aussi pour la relecture qu’il apporte de toute la saison 3. En effet, c’est le voyage du Doctor et de Martha dans Utopia qui met en branle les évènements de toute la saison 3 (avec ce cher Harold Saxon). Une authentique boucle temporelle dans toute sa splendeur !
  • Turn Left (saison 4)
La théorie du chaos adapté au voyage dans le temps, il n’y a rien de mieux. Quoi de plus fascinant de découvrir qu’il suffise de tourner à droite ou à gauche à un carrefour pour réécrire toute l’histoire ? C’est ce qui arrive à Donna, et ce changement infime conduit à la mort du Doctor, ce qui n’est pas sans entraîner un sacré boxon (quand je vous disais qu’il assurait la sauvegarde des lignes temporelles). L’exercice a ses limites, mais cela donne quand même une chouette réécriture de deux saisons entières dans une vision (uchronique ?) bien noire.
  • Waters of Mars (Saison 4 Specials)
Et puis il y a cet épisode, assez traumatisant, qui explore justement la question du « Et si le Doctor décidait de ne plus obéir aux règles ? ». Et le voilà donc à un évènement fixé, capital, et le voilà qui décide de le changer, parce qu’il en a marre de voir des gens mourir, et un peu par arrogance, empruntant ainsi un bien dangereux sentier. La leçon est cruelle, car s’il change (arbitrairement finalement) le destin d’Adélaïde Brooke, cette femme au tempérament d’acier ne l’accepte pas.

Est-ce sa volonté de se révolter contre cet homme qui joue à être Dieu, ou sa mort est-elle inévitable car on ne réécrit pas l’histoire ? La question demeure. Une chose est sûre, réécrire l’histoire n’est pas une chose simple, même pour le dernier des Time Lords...

Le cas Moffat


Et là vous vous dites « Mais elle gagaterais un peu pas la Vert, à oublier certains épisodes majeurs ? ». Je vous rassure tout de suite, je gardais le cas Moffat pour la fin. Car Steven Moffat est presque un orfèvre du voyage dans le temps, dont il fait souvent le moteur de son intrigue (alors que rappelez-vous, le plus souvent dans la série, c’est juste un mode de transport original !)

Ca se voyait déjà dans sa parodie délirante Doctor Who and the Curse of Fatal Death (ou dans ses mini-épisodes Time Crash et Space & Time) qui en exploitait avec brio le potentiel comique, ça se pressentait dans le diptyque The Empty Child / The Doctor Dances (où il s’amusait allègrement à faire se croiser plusieurs voyageurs temporels), et après... voyons un peu ce qu’il nous a fourni en matière de stand-alone :
  • The Girl in the Fireplace (saison 2)
Très belle mise en image du concept de la « voie lente », a.k.a. ce qui se passe quand une personne recroise le même voyageur temporel à plusieurs périodes de sa vie, tandis que pour lui l’aventure ne dure que quelques heures. Porté par une esthétique assez magnifique (les robots steampunk), et dans le genre histoire intimiste qui vous fera pleurer comme une madeleine, cet épisode reste un des plus beaux de tout Doctor Who.
  • Blink (saison 3)
Ah, Blink. Le paradoxe d’un épisode stand-alone dont le Doctor est pratiquement absent (si bien qu’on peut le regarder sans aucune connaissance de la série), mais qui représente ce qui fait la saveur de Doctor Who. Des personnages attachants, une intrigue haletante, des monstres effrayants, de l’humour et surtout beaucoup de timey-wimey (l’expression vient de là).

En effet vous ne trouverez jamais mieux en terme de voyage temporel, avec des gens expédiés dans le passé, de la correspondance à travers le temps, et surtout une boucle temporelle stable tellement bien construite qu’on n’y trouve pas un fil de travers, tout colle ! C’est brillant, c’est fantastique, et si vous aimez les voyages dans le temps mais pas Doctor Who (ça existe ?), vous devez voir cet épisode !
  • Silence in the Library / Forest of the Dead  (saison 4)
Pour une fois, ce n’est pas le voyage dans le temps qui est au coeur de l’intrigue de ce double-épisode, du moins pas pour le Doctor et Donna. Mais cet épisode marque la première apparition de River Song, personnage ô combien intéressant. A l’époque, on sait fort peu de choses sur elle, mais le fait que cet épisode soit sa dernière rencontre avec le Doctor, qui lui ne l’a jamais rencontrée... micmac temporel, nous voilà, et quand on se rend compte qu’ils sont sûrement plus que de simples connaissances, le résultat est si poignant qu’on en oublie presque le reste de l’histoire avec sa librairie et ses piranhas de l’ombre !

Assez ironiquement, si ces trois histoires sont pensées (et fonctionnent) comme des stand-alone, Moffat n’aura cesse de revisiter leurs motifs lorsqu’il prendra la direction de la série à la saison 5 : Amy elle-aussi connait les affres de la « voie lente » dans The Eleventh Hour, les Weeping Angels reviendront ici et là, quant à River Song... Spoilers ?


Si tous les épisodes des saisons qu'il dirige n’utilisent pas le voyage dans le temps comme outil de narration (heureusement pour nos pauvres cerveaux, ai-je envie de dire !), dès The Eleventh Hour, justement, on sent bien qu’il jouera un rôle important dans l’intrigue globale.

C’est une direction assez étrange que prend l’histoire du Doctor, car après une trentaine de saisons à sauter d’une époque à l’autre sans se soucier des conséquences, tout à coup, non seulement cela prend fin, mais pire encore, voilà qu’on cherche à l’atteindre, à le tuer (ce qui implique une certaine coordination spatio-temporelle qui intrigue et force presque le respect).

Cela culmine durant la saison 6, qui s’ouvre, pardonnez le monstrueux spoiler, sur la mort du Doctor... ce qui ne l’empêche pas de pointer son nez cinq minutes après son décès définitif... mais avec deux cents ans de moins, inconscient du destin qui l’attend. C’est un coup à faire disjoncter tous vos neurones cette introduction !

Voilà donc une excellente opportunité d’explorer la thématique des prophéties. Lorsqu’on connaît le futur, doit-on tout faire pour le changer, ou ne peut-on rien faire ? La question travaille Amy un bon moment, puis le Doctor lorsqu’il découvre la vérité... et si la résolution est un peu facile, il y a quand même une certaine virtuosité dans cette intrigue qui au lieu de s’en tenir aux traditionnels évènements et personnalités historiques, applique les troubles de de la réécriture de l’histoire au Doctor lui-même !

(Avec des points bonus pour ce qu’il se passe quand on essaye de réécrire un point fixe. Non mais vraiment, l’Orient-Express qui conduit à la zone 51 dans la pyramide de Gizeh ?)

Après quoi le Doctor décide de se remettre à l’ombre (non il n’est pas mort finalement, c’est le héros de la série tout de même !), et si la première partie de la saison 7 semble relativement dénuée de timey-wimey (à l’exception d’une histoire de weeping angels et de points fixes qui tombent un peu trop à pic), l’arrivée de la nouvelle compagne, Clara, vient avec son lot de mystères temporels, autant dire qu’on s’oriente sûrement vers quelques belles prises de tête spatio-temporelles.


Cette nouvelle approche du voyage dans le temps à une aussi large échelle n’est pas sans défauts, l’histoire des points fixes finit presque par sembler douteuse, car pas toujours très logique. Elle nécessite donc une belle suspension consentie de l'incrédulité (encore plus que celle qu’on pratique d’instinct sur les voyages dans le temps !).

Mais il faut tout de même reconnaitre que toutes ces intrigues temporelles dynamisent énormément la série. Et puis à l’heure actuelle, on aurait bien du mal à concevoir une série télé de cette ampleur sans un côté blockbuster, même au niveau voyage dans le temps.

Je ne doute pas que cela passe de mode un jour (c’est même assuré), mais je suis sûre que les scénaristes trouveront alors d’autres idées... c’est là toute la force de la série, parce que ses personnages changent souvent, il lui est assez facile de se renouveler. Autant dire que Doctor Who a encore de très belles heures devant lui. A commencer par la deuxième partie de la saison 7 à partir du 30 mars...


Voilà, avec cette participation (affreusement longue, si vous avez tout lu vous êtes bien courageux !), je clôture mon Winter Time Travel, juste à temps !

mardi 19 mars 2013

Hero Corp 1 : Les origines - Simon Astier & Marco Failla


Cela faisait bien longtemps qu’on en parlait, de cette BD Hero Corp, depuis la sortie de la saison 2 en fait. Comme la saison 3 de la série, je désespérais de la voir sortir un jour, mais tout finit par arriver en 2013, BD comme nouvelle saison (insérez d’ailleurs ici les sautillements de joie de circonstance).

Je me méfie toujours des changements de support, mais dans le cas de Hero Corp, le passage à la bande dessinée semblait couler de source, puisque la série comprenait déjà ses propres pages de comics. Autant dire qu’il n’y avait pas de meilleur moyen de raconter ce qui s’est déroulé avant la série.

Ce premier volume porte bien son nom, Les origines, puisqu’il nous ramène plus de vingt ans en arrière, lors de la naissance de John. Le chaos régne alors à Montréal (ce qui n’a pas tant changé d’ailleurs), Hero Corp n’existe pas encore, The Lord fait ses débuts de super-vilain sous un autre nom, et les super-héros tous pourris de la série sont à l’époque de vrais héros.

J’étais un peu hésitante à me lancer au début, un peu déçue par le fait que les dessins ne soient pas de la main d’Oliver Peru (qui était l’auteur des comics et du générique dans la série). Mais finalement Marco Failla s’en sort bien, avec une mise en page plutôt dynamique.


Je suis juste un peu déçue au niveau des visages, pas toujours très faciles à identifier (Mary notamment ressemble bien peu à son personnage dans la série, comme pas mal de têtes connues) et qui se ressemblent parfois un peu trop. Bon ceci dit c’est une question d’adaptation et j’avais moins le problème lorsque je l’ai relu tranquillement chez moi (et pas en 4e vitesse dans le métro).

Côté histoire, j’avoue avoir eu besoin d’un temps d’adaptation, car on nous balance en pleine action, on peut comme si on se lançait dans un comic en plein milieu d’un story-arc super compliqué, avec une intrigue à fils multiples entre lesquels il n’est pas toujours facile d’établir un lien. Cependant on retrouve assez vite le ton et les vannes débiles de la série, ça aide à se mettre dans l’ambiance.

C’est clairement un tome d’introduction, qui nous livre quelques éléments très intéressants, certes, mais laisse bien plus de questions en suspens qu’il ne donne de réponses (sans parler des éventuelles incohérences avec la série dont il est difficile de savoir si elles sont volontaires ou non).

C’est un poil frustrant, certes, mais ô combien alléchant, d’autant plus maintenant que l’on sait qu’on aura le droit à une saison 3 (qui éclaircira probablement tout ça, j’espère). Bref pour tous les fans de la série, c’est un ouvrage indispensable à lire.

Pour les autres… je doute que vous y trouviez de l’intérêt, mais comme Hero Corp est une série géniale, et qu’on n’a pas souvent l’occasion de voir des histoires de super-héros à la française, vous avez ordre de regarder la série, ça vous fera une excellente excuse pour vous intéresser au comic après !

dimanche 17 mars 2013

Doctor Who : Les Daleks – David Whitaker


Comme je sais que Lhisbei adore tout ce qui touche à Doctor Who, il fallait bien que je pourrisse un peu son challenge avec, et tant qu’à opter pour Doctor Who, autant le faire avec du collector, comme cette adaptation et traduction française d’une novelisation d’un des premiers épisodes de Doctor Who, présentée par les frères Bogdanoff (qui avaient acheté les droits à la fin des années 80 pour une diffusion dans leur émission Temps X).

Ceci dit je tiens à vous rassurer, je n’ai pas remué ciel et terre pour dénicher ce petit bijou, je suis tombée dessus dans un bac chez Boulinier, et pour un euro, comment aurais-je pu résister ? Notez que je n’avais pas vraiment prévu de le lire (c'était plus le côté collector qui m'intéressait), mais rien n’est trop bon pour le Winter Time Travel

Bref comme je le disais, Doctor Who : Les Daleks est la novelisation du serial Les Daleks (deuxième serial de la saison 1 de 1963, oui ça date), et raconte donc la toute première rencontre du Doctor avec les Daleks. A l’époque ce n’est pas franchement l’entente cordiale entre lui et Ian et Barbara (qu’il a plus ou moins kidnappés), et en dépit de son apparence âgée, le Doctor passe plus pour un gamin capricieux que pour un vieux sage.

Ce qui est savoureux dans cette histoire, c’est qu’il n’était certainement pas prévu à la base que les Daleks deviennent les méchants les plus emblématiques de la série, puisqu’ils sont vaincus, éliminés, etc. à la fin de l’histoire. Et pourtant, ils ne cesseront jamais de revenir de saison en saison.

Comment est-ce possible ? Et bien tout simplement, en faisant appel à des Daleks venant d’une époque antérieure à celle où le Doctor les rencontre la première fois. Ce qui explique qu’ils ne le reconnaissent pas lors de leur deuxième apparition, dans The Dalek Invasion of Earth.

Ce qui amène à se demander pourquoi du coup ils ne l’ont pas reconnu dans le premier épisode, s’ils l’avaient déjà rencontrés, eux, dans leur ligne temporelle, mais on commence à partir dans des considérations temporelles fort susceptibles de vous coller la migraine.

D’ailleurs toute tentative de cohérence temporelle sera vite jetée aux orties, puisque finalement, la seule chose qui compte, c’est que le Doctor a pour ennemi perpétuel les Daleks, et vice-versa ! Leurs histoires ont de toute façon sûrement été complètement réécrites une quinzaine de fois à force de se croiser à des époques différentes, si bien que je doute que l’épisode Les Daleks ait encore une existence concrète (sauf dans les souvenirs du Doctor).

Et la novélisation dans tout ça, me direz-vous ? Et bien je vous avoue que quand on a eu l’occasion de voir la série, elle n’apporte pas grand-chose, à part une pseudo romance un peu plus développée entre Ian et Barbara. Et encore, c’est tellement subtil que j’en suis venue à suspecter des coupes à la traduction…

Du coup je suis allée regarder l’aperçu de l’édition VO actuelle, et grand bien m’en fit. Je sais bien que quand un livre est « adapté », c’est rarement bon signe, mais je ne pensais pas que c’était à ce point. En effet, la traduction française a carrément coupé les deux premiers chapitres (d’introduction je pense), au profit de deux pages de mise en situation rapide.

Mieux (enfin pire) encore, c’est une réécriture complète puisque l’histoire est racontée à l’origine à la première personne par Ian (du coup je comprends mieux pourquoi on n’a que son point de vue), et passe à la troisième personne en français ! Ah, les traductions… En plus ils n’ont pas non plus inclus les illustrations intérieures (bon ok elles sont laides, et alors ?).

Bref, à part pour le côté collector de l’objet, inutile de remuer ciel et terre pour vous procurer ce livre au prix fort. A choisir, autant investir dans la VO, qui a l’avantage d’avoir été rééditée récemment (avec une préface de Neil Gaiman, mais moi je dis ça, je dis rien...) et de ne pas avoir été traduite par un cyberman (« Delete ! Delete ! »).

Je conclurais juste en vous donnant la quatrième de couverture, qui vaut elle aussi son pesant de cacahuètes :
« Un milliard d'admirateurs à travers le monde !
Seigneur du temps, héros de l’Éternité, le Docteur Who connaît aujourd'hui une fantastique popularité. Le succès inégalé de la série télévisée qui lui a donné naissance, la fascination qu'il exerce sur un immense public à travers plus de cent pays contribuent à faire de ce personnage un véritable mythe pour la première fois révélé en France

En débarquant sur la planète Skaro, le docteur Who s’allie aux pacifiques Thals pour combattre le plan diabolique des hideux Daleks. N’est-il déjà pas trop tard ? »

vendredi 15 mars 2013

Au bout du conte - Agnès Jaoui



Comme j’avais une petite semaine de vacances début mars, je voulais en profiter pour aller au cinéma et rattraper tous mes films en retard, mais je me suis tellement bien débrouillée que je n’en ai vu aucun, et que le seul que j’ai vu n’était pas spécialement inscrit dans mon programme ! 

Mais c’était le seul film qui nous tentait ma maman et moi, et surtout le seul film pas trop déprimant à passer au cinéma près de chez elle ! D'ailleurs le cinéma en question propose maintenant des places numérotées, ce qui est de loin l'idée la plus absurde que je n'ai jamais vu (ne serait-ce que pour la perte de temps que cela engendre).

Au bout du conte, comme son titre l’indique, est une comédie décalée truffée de références aux contes de fées.

Ce film, c’est avant tout une flopée de personnages : Marianne qui monte des contes de fées en pièces de théâtre avec des enfants, qui ne sait rien faire toute seule (y compris conduire), qui a une enfant, Nina, qui s’est prise de passion pour la Bible, et une nièce, Laura, qui cherche le prince charmant.

Son prince charmant prendra la forme de Sandro, un jeune musicien plus ou moins en froid avec son père, moniteur d’auto-école rationnel au possible qui pète un boulon parce qu’une voyante lui a prédit la date de sa mort. Et puis il y a toute une myriade de seconds rôles : Clémence la clémente, le très mystérieux et très détestable Maxime et tant d’autres…


Là-dessus se brode une histoire assez bordélique qui implique principalement des couples qui se font, se défont et se refont. C’est presque insatisfaisant, ce manque de ligne directrice claire, mais c’est aussi ce qui fait l’intérêt de ce film, il sort du terrain balisé de la comédie en refusant de faire quelque chose de simpliste. Le résultat est donc assez foutraque, mais très drôle et plutôt juste dans l’analyse des rapports humains.

Quant aux références aux contes de fées, si elles pèsent fortement sur le début du film (avec notamment des effets esthétiques un peu bizarres mais qui s’insèrent finalement bien dans l’ensemble), elles s’effacent pratiquement sur la fin (à part pour quelques allusions pas très subtiles ici et là).

Le résultat est un film assez étrange qui s’éparpille un peu trop. Ce n’est pas désagréable en soit, et on passe un bon moment à rire aux péripéties des personnages, mais il manque un petit quelque chose pour faire de Au bout du conte un film vraiment mémorable.


mercredi 13 mars 2013

Stargate et les voyages dans le temps


Lorsque Lhisbei a ouvert cette année son Winter Time Travel aux voyages dans le temps et aux séries télé, aussi bizarre que cela puisse paraître, je n’ai pas tout de suite pensé à Doctor Who, mais surtout à Stargate SG-1, série qui a bercé mon adolescence et qui a exploité à plusieurs reprises le filon avec brio.

Pour ceux qui auraient jamais connu cette série (il y en a vraiment ?), Stargate SG-1 reprend l’univers du film Stargate sorti en 1994 (un film un poil ennuyeux comparé à la série d’ailleurs), et nous fait suivre les aventures d’une équipe d’explorateurs terriens qui visitent d’autres planètes en utilisant la porte des étoiles, et passe ainsi une bonne partie de leur temps à se fritter avec des méchants mégalomaniaques portant généralement des noms de dieux égyptiens.

Stargate SG-1 est une série pour laquelle j’ai beaucoup d’affection, car malgré des scénarios parfois faiblards et des raccourcis pas toujours très heureux, c’est un excellent divertissement. C’est sans doute dû au fait que la série ne se prend pas trop au sérieux (en témoigne des épisodes plus que second degré comme Wormhole X-Treme), et en SF, c’est le meilleur moyen de faire passer les éventuels défauts.

Série de science-fiction oblige, si Stargate SG-1 nous parle souvent vaisseaux spatiaux, téléportation et autres poncifs du genre, elle s’est essayée au voyage dans le temps à plusieurs reprises. Et c’est une petite promenade à travers ces épisodes que je vous propose aujourd’hui. Je me limiterai par contre à la série originelle (je sais qu’il y en a aussi dans Atlantis et Universe, mais à force les schémas se répètent, et puis ça ne vaudra jamais SG-1 !)

Les spoilers sont au rendez-vous, vous vous en doutez. Mais pour ceux qui n’ont jamais regardé cette série, qui sait si cela ne vous donnera pas envie de vous y mettre…



2x21 : 1969
(un des rares cas de titres laissés tels quels d’ailleurs)

Le pitch : Alors qu’ils partent sur une mission de routine, SG-1 se retrouve sur Terre… en 1969. Avec pour seule aide un post-it peu limpide du général Hammond, il va leur falloir trouver un moyen de rentrer chez eux.

Je ne sais pas pour vous, mais dans mon hit des meilleurs épisodes de Stargate, 1969 occupe une très bonne place, tant cet épisode semble dénué de tout défaut (à part peut-être pour le petit détour par le futur à la fin, qui m’a sauté aux yeux comme une fausse note inutile à mon dernier revisionnage).

1969, c’est le schéma type de la boucle temporelle stable dans toute sa splendeur, puisque c’est le post-it du général qui leur permet de trouver une solution pour revenir à leur époque, et ce post-it leur a été donné car le général se souvenait de les avoir rencontré dans le passé. Wibbly-wobbly timey-wimey, nous voilà !

Ce que j’aime dans cet épisode, c’est que la partie « voyage dans le temps » est parfaitement maitrisée (avec les explications de Carter de rigueur sur pourquoi il ne faut surtout pas changer le passé), et que là-dessus les scénaristes se sont offerts un trip sixties absolument délicieux : van multicolore, hippies, visite à une jeune Catherine Langford avec un faux accent allemand, O’Neill qui se fait passer pour un certain Kirk, puis un certain Skywalker…

Tout cela fait de 1969 un épisode léger qui ne nécessite pas de sauver le monde, mais propose à la place de bons délires, sans pour autant négliger la cohérence de l’ensemble (ce qui n’est pas forcément le cas de toutes les histoires de voyages temporels).



4x06 : Window of Opportunity (L’Histoire sans fin)

Le pitch : A cause d’une machine à voyager dans le temps dysfonctionnelle, la Terre se retrouve bloquée dans une boucle temporelle où tout le monde revit sans cesse les dix mêmes heures. Seuls O’Neill et Teal’c ont conscience du phénomène, c’est donc à eux deux de réussir à briser cette boucle.

A vrai dire ce n’est pas un « vrai » épisode de voyage dans le temps (quoique…), Windows of Opportunity, comme son titre VO l’indique si bien, est surtout prétexte à de gros délires de la part de l’équipe (plus que la partie de golf dans la salle d’embarquement, c’est Jack O’Neill faisant de la poterie qui m’a toujours traumatisée, allez savoir pourquoi !).

Mais quand même, il y a une certaine virtuosité dans l’écriture de ces scènes qui se répètent sans cesse (O’Neill et les céréales, Daniel et ses papiers, Sam et le général Hammond qui se disent qu’ils ne se souviendront pas de cette conversation la prochaine fois), avec juste assez de changements pour qu’on ne se lasse pas, et mieux encore, qu’on en rigole, tandis que Jack et Teal’c se démènent pour apprendre le latin, car leur mémoire est la seule chose qui n’est pas effacée à chaque retour en arrière !



4x16 : 2010

Le pitch : Il y a dix ans, SG-1 a rencontré les Aschen, qui les ont aidé à vaincre les Goa’ulds, et apporté maintes avancées technologies merveilleuses sur Terre. Sauf que les intentions des Aschen ne semblent pas être si bienfaisantes que cela, et pour éviter la disparition complète de l’espèce humaine, toute la bonne vieille bande de SG-1 ne voit qu’une solution : modifier le passé.

Autre épisode de voyage dans le temps, autre approche. Cette fois-ci, il n’est point question d’éviter de modifier le passé, bien au contraire. Ayant identifié le point de divergence idéal (la première rencontre avec les Aschen), les voilà qui se démènent pour faire dévier l’Histoire, mais de la façon la moins dangereuse possible, en se contentant d’un message.

2010 est un chouette épisode qui sait être très émouvant (dans son côté dix ans après notamment), mais aussi ménager quelques moments drôles (la visite de Cheyenne Moutain devenu un haut lieu touristique). Mais ce que j’aime le plus, c’est le duo qu’il forme avec l’épisode 2001, une saison plus tard.



5x10 : 2001 (Les faux-amis)

Le pitch : SG-1 revient d’une mission en vantant les mérites de leurs futurs alliés les Aschen. Aïe aïe aïe, se dit le spectateur, l’histoire se répètera-t-elle ? Heureusement, entre les suspicions naturelles du général Hammond, et les dons d’archéologues de Daniel, SG-1 découvrira plus vite la vérité sur les Aschen !

Je triche un peu avec cet épisode qui n’implique nul mécanisme temporel, mais en tant que suite directe de 2010, il est difficile de ne pas en parler. C’était une bonne idée de revenir sur les Aschen, et même si je pense qu’il aurait plus intéressant de développer leur histoire sur plus d’épisodes (ils avaient un potentiel de méchanceté plutôt intéressant je trouve), cet épisode est plutôt marrant à suivre, ne serait-ce que pour voir comment l’Histoire semble désespérément chercher à suivre son cours en dépit des interventions de SG-1 !

En cherchant des captures d’écran sur cet épisode, j’ai découvert qu’un troisième épisode avec les Aschen a été envisagé (où ils arriveraient sur Terre pour se venger, dans la grande tradition des vilains pas beaux), c’est presque dommage que cela soit resté à l’état de projet !



8x19&20 : Moebius (Retour vers le futur)

Le pitch : Après la mort de Catherine Langford, Daniel Jackson récupère dans ses affaires un livre qui lui indique qu’un ZPM pourrait être caché en Egypte. Le seul problème, c’est que sa dernière localisation connue remonte à 3000 ans. Oh, ce n’est pas grave, ce n’est pas comme si nous n’avions pas un vaisseau capable de voyage dans le temps, allons le chercher ! Sauf qu’en faisant cela, SG-1 pourrait bien modifier toute l’histoire…

Il faut savoir que la saison 8 de Stargate SG-1 a bien failli être la dernière, ce qui explique que Moebius, double-épisode final de cette saison, fonctionne tellement bien comme un point final à huit années d’aventure. Il m’a été très dur de poursuivre la série après, qui n’a d’ailleurs connue de conclusion aussi satisfaisante que celle-là.

Pour ce qui aurait dû être la dernière des aventures de SG-1, les scénaristes s’offrent donc un beau retour aux sources, en ouvrant sur le décès de Catherine Landford (sans qui le SGC n’aurait pas vu le jour, la boucle est donc bouclée), et en ressortant les « anciens » de la bande : Kawalsky, Apophis, et même Ra !

Là-dessus se brode une intrigue de voyage dans le temps qui explore un autre type de voyage dans le temps. Après la boucle temporelle et la réécriture de l’histoire, cette fois-ci on a le droit à une belle réalité alternative (façon Retour vers le futur 2, ce qui explique sans doute le titre vf même si Moebius est infiniment plus subtil, menfin je ne vais pas rouvrir le débat sur pourquoi en France on se sent obligé de nous faire des titres d’épisodes à la noix).

Nous voilà donc avec un Daniel et une Sam qui n’ont jamais autant eux l’air de geeks (au sens vraiment négatif du terme), un O’Neill qui s’en fiche, un Teal’c qui n’a pas déserté, et si la raison pour laquelle tout le monde finit par se retrouver n’est pas toujours très cohérente, les dialogues absurdes et les péripéties qui conduisent à un retour à une ligne temporelle « normale » sont juste excellentes.

J’aime beaucoup la conclusion, où nos héros se rendent compte qu’ils n’ont finalement rien à faire (ils l’ont déjà fait !), et surtout, cette dernière image :


Après cet épisode, il y eut encore un autre épisode à voyage dans le temps, plus précisément un film, Continuum, mais je vous avoue l’avoir assez peu apprécié à l’époque (j’en ai parlé ici), du coup je ne vous en reparlerai pas.

Une chose est sûre, sans pour autant en faire le moteur de son intrigue, Stargate SG-1 a su ménager de très bonnes histoires de voyages dans le temps (surtout 1969 et Moebius), bien délirantes certes, mais sans pour autant négliger ni la construction ni la cohérence.

Si j’ai un peu de temps, je finirais cette balade sur les voyages dans le temps par un petit tour des schémas qu’utilise Doctor Who dans le domaine, mais comme il y a nettement plus de matière à trier, je ne promets rien !

lundi 11 mars 2013

L'ombre du maître espion (Le Baron noir 1) - Olivier Gechter


Lhisbei, qu’on se le dise, est une personne infréquentable ! En effet, alors que je me plaignais de n’avoir plus rien à lire pour le Winter Time Travel, à peine nous étions nous croisées à Zone franche à Bagneux qu’elle m’invitait à investir dans une novella uchronique (sous le fallacieux prétexte de faire d’un livre deux challenges).

Evidemment, je n’ai pu m’empêcher de céder à son marketing subtil et je l’ai acheté. Et dans la foulée, je l’ai lu. Et je l’ai adoré. Vous voyez à quel point c’est une personne dangereuse ?

Le baron noir : l’ombre du maître espion se déroule dans un XIXe siècle uchronique où la machine à vapeur a été inventée plus tôt, et où Napoléon est mort durant la bataille d’Austerlitz. Nous y suivons les pas d’Antoine Lefort, un jeune, riche (et beau ?) industriel français qui s’inquiète de la présence d’espions dans son entreprise, tandis qu’un jeune Clément Ader vient le voir avec des plans d’une toute nouvelle machine volante.

J’étais un peu inquiète en commençant ma lecture, car j’avais acheté ce livre sur un coup de tête (au sens figuré, je vous promets que Lhisbei ne distribue pas les coups de massue !) et ce n’était pas forcément le genre de lecture que je recherchais en ce moment. Mais tous ces doutes ont été balayés au bout de quelques pages.

Le baron noir est en effet une novella diablement prenante (avec un côté feuilletonnant très agréable) et extrêmement bien documentée (les éléments clés étant expliqués dans une postface très intéressante à lire d’ailleurs).

Lorsque j’ai acheté mon exemplaire à Bagneux, l’auteur m’a parlé de toutes les recherches qu’il avait fait pour vérifier le plus infime détail que personne ne relèvera à la lecture, et cela se sent à la lecture, tant l’univers semble incroyablement crédible pour un XIXe siècle uchronique.

Ca peut sembler anecdotique, mais je me suis surprise à sortir mon plan de Paris en lisant le bouquin, et je n’ai pu que constater à quel point tout collait au niveau des rues et des déplacements (je vous rassure, je ne fais pas ça pour tous les livres se déroulant à Paris que je lis, mais cette fois-ci je n’ai juste pas pu résister, pour une fois que l’auteur sait de quoi il parle !).

Là-dessus se greffe une histoire de vol de plans secrets qui se révèle extrêmement délicieuse à suivre, surtout une fois qu’on a fait connaissance avec le baron noir, sorte de proto-Batman steampunk (ou proto-Iron Man, je trouve qu’il tient un peu des deux en fait), qui est, pardonnez l’expression mais j’ai n’ai pas trouvé plus adapté, grave kiffant.

(J’ai d’ailleurs bien ri quand j’ai réalisé, au bout de quelques pages, que j'avais choisi sans le faire exprès un marque-page Batman pour cette lecture)

Contrairement à bien des novellas que j’ai lu, qui donnent une impression de trop peu ou de trop long, Le baron noir est parfaitement équilibré avec une histoire juste assez longue et bien assez développée pour ses 90 pages, ce qui évite la frustration que je ressens souvent avec ce format.

Je ne peux donc que vous inviter à découvrir ce texte court mais diablement prenant et bien fichu (en plus il se lit en une journée, ce n’est pas s’il allait vraiment peser sur votre PàL). Quant à moi, il ne reste qu’à demander la suite à corps et à cri.


CITRIQ

samedi 9 mars 2013

La Suriedad - Estelle Faye


Lorsque j’ai découvert la couverture de Porcelaine d’Estelle Faye, paru au mois de janvier chez mon éditeur favori, je n’ai pu ne m’empêcher de baver dessus, et j’avais très envie d’investir. Mais comme on n’achète pas un livre que pour sa couverture (quoique...), j’ai préféré profiter des avantages du numérique pour faire un test avant, et j’ai donc commencé par une nouvelle de l’auteur, La Suriedad, vendue pour la modique somme d’un euro.

La Suriedad se déroule à la belle époque des corsaires, des galions et autres aventures navales dans les Antilles. Elle met en scène un homme qui a été repêché sur un radeau, à moitié mort, complètement amnésique, et porteur d’un mystérieux tatouage.

C’est toujours un plaisir de lire des histoires qui se déroulent à cette époque, et La Suriedad ne fait pas exception, avec son atmosphère teintée de fantastique dans la grande tradition du genre (ah le sempiternel « si je lui en avais parlé les choses se seraient passées différemment »).

Cette nouvelle est un petit moment d’évasion sympathique, que j’ai lu juste avant de me rendre à Zone franche à Bagneux. Du coup, satisfaite de ma lecture, j’ai investi dans Porcelaine, dont je vous parlerai prochainement.

jeudi 7 mars 2013

Contrepoint (anthologie)


Dans la série des très bonnes opérations commerciales, je pense que cette anthologie se pose en pièce maitresse puisque le seul moyen de l’obtenir était d’acheter deux livres chez ActuSF. Donc fatalement, lorsqu’on en prend un, on ne peut résister à l’envie d’en prendre un deuxième pour avoir cette petite exclusivité.

C’est très vil, vous en conviendrez, mais ça a été fait sans regret pour ma part, ce n’est pas comme si je n’avais pas plein de livres chez cet éditeur qui me font de l’œil (et puis ils ont le grand avantage de ne pas prendre trop de place dans la bibliothèque en plus).

Bref voilà comment je me suis retrouvée avec cette étrange anthologie, Contrepoint, qui se vend comme un étrange exercice d’écriture duquel serait exclus toute forme de conflit ou de violence. C’est un parti-pris plutôt original, même si dans les faits j’ai été à moitié convaincue par les copies rendues par les auteurs.

M. Timothée Rey, vous êtes mon nouveau petit chouchou, mais franchement, L’Amour devant la mer en cage, comment dire… vos nouvelles qui partaient dans des délires linguistiques non jamais été mes favorites, et celle-là encore moins. Vite lu, vite oubliée, vu que je n’y ai rien compris. Je me suis consolée avec La providence du reclus du coup (j'y reviendrais).

Le Chercheur de vent est le premier texte de David Bry que je lis, et si ce texte n’est pas particulièrement mémorable, il faut reconnaitre qu’il est joliment écrit, et prenant. A vrai dire j’aimerais même en savoir plus sur cet univers peuplé d’êtres ailés… A défaut, je me suis rabattue sur ses Contes désenchantés que je viens d'acheter.

Petits arrangements intra-galactiques, écrit par Sylvie Lainé est ma nouvelle préférée, car elle respecte parfaitement les consignes sans que cela semble forcé, et se révèle drôle et délicieux à lire. Encore une auteure qu’il me faut découvrir, on dirait bien.

Nuit de visitation, écrit par Lionel Davoust, m’a bien plu aussi, car plutôt intimiste et touchant. On pourra chipoter que le nœud de l’intrigue repose tout de même sur un conflit, mais comme j’ai apprécié ma lecture, je lui pardonne, et je le note aussi comme auteur sur lequel il faut que je m’intéresse.

Laurent Queyssi, par contre, je le connais, mais son Tammy tout le temps ne m’a pas parlé plus que ça, j’avoue l’avoir trouvé un peu décousu à la lecture (ou je n’étais pas dans le bon état d’esprit pour, c’est fort possible).

Avril de Charlotte Bousquet est mon deuxième texte favori (et un des plus dénués de conflit), une jolie histoire touchante avec un androïde, sur une Terre dévastée dont il ne reste que des vestiges archéologiques.

Permafrost est une nouvelle de Stéphane Beauverger plutôt sympathique à lire, même si plutôt prévisible, et juste… triste en fait. Comme si l’absence de conflit entrainait une certaine stagnation (et à quel prix en plus !), d’où cette tristesse, ce qui n’est pas complètement faux d’ailleurs…

Mission océane de Xavier Bruce rentre parfaitement dans le cadre de l’anthologie. C’est assez marrant d’ailleurs de constater que les trois nouvelles les plus « respectueuses » de la consigne tournent toutes autour d’une rencontre avec l’Autre, finalement. C’est un joli texte, mais il m’a assez peu marqué au final.

Ce qui tend à prouver que oui, il faut du conflit pour créer des intrigues qui marquent. C’est très difficile sans cela de ne pas produire des textes qui certes changent un peu de l’ordinaire, mais s’oublient assez vite.

L’anthologie se termine sur Semaine utopique de Thomas Day, un texte plutôt rigolo qui prend complètement à contrepied la consigne. Ceci dit la violence verbale m’a un peu déstabilisé, j’ai eu du mal à lire ce texte, c’est vraiment pas ma tasse de thé cette façon de s'exprimer (c'est mon côté archaïsant, que voulez-vous).

Contrepoint est une anthologie avec un postulat de base plutôt original, mais force est de constater que oui, il est difficile d’écrire sans passer par une forme de conflit (Lune a fait une très bonne analyse d’ailleurs sur à quel point presque personne ne respecte complètement la consigne).

En tout cas, pour un ouvrage offert, je suis agréablement surprise : des textes originaux, un véritable travail éditorial, on n’est pas volé sur la marchandise (que l’on n’a pas payée). Et en prime, quelques auteurs s’ajoutent dans mes projets lecture. Je ne suis pas sortie de l’auberge, avec ce challenge JLNN…