jeudi 30 mai 2013

Star Trek Into Darkness - J.J. Abrams


Jusqu’à il y a quelques années, Star Trek était un univers qui ne me parlait absolument pas. J’ai commencé à en entendre parler lorsque je préparais mon mémoire sur les fanfictions, puis j’ai vu le premier film de J.J Abrams qui m’a bien plu. Du coup je ne pouvais qu’aller voir ce deuxième film, d’autant plus que je bavais d’envie à l’idée de voir Benedict Cumberbatch en méchant.

J’ai donc sauté sur l’occasion de le voir en avant-première avec Spocky au Grand Rex, d’autant plus que les deux films étaient projetés l’un à la suite de l’autre, idéal pour se remettre dans le bain.


Star Trek Into Darkness se déroule quelques années après le premier film. L’Entreprise explore l’univers comme il se doit, jusqu’à qu’un attentat sur les locaux de Starfleet à Londres (entre autres choses) vienne bousculer leur train-train quotidien. Assoiffé de vengeance, Kirk ne souhaite qu’une chose, mettre la main sur le coupable, au risque de mettre en danger tout son équipage.

Le début du film est absolument époustouflant : une séquence pré-générique qui m’a tout l’air d’un bel hommage à l’ancienne série (débauche d’effets visuels en plus), Kirk qui s’en prend ensuite plein la tronche suite à cette mission, et une intrigue qui se déploie peu à peu avec une ampleur qu’on ne trouvait pas dans le premier film.

Quel dommage que toute cette richesse disparaisse aux deux tiers de l’histoire, au profit d’une conclusion prévisible à l’extrême (et encore c’est pire pour les fans de la première heure selon Spocky) dénuée de toute forme de subtilité, laissant en plant toutes les réflexions intéressantes.

C’est vraiment mon grand regret, car sans cette fausse note (hélas importante, je développerai tout ça en fin d’article pour éviter de vous spoiler l’intrigue), le film aurait été un sans-faute. C’est un de ces bons blockbusters qui avancent à un rythme d’enfer, sans pour autant négliger de développer les relations entre les personnages et de ménager des touches d’humour ici et là.

On s’amuse donc bien, et on en prend plein les yeux, car visuellement, c’est un délice, certaines scènes étant vraiment très impressionnantes.


Dans le cadre de cette avant-première, le film était projeté sur leur écran « grand large » avec un système de projection 3D amélioré (si j’ai bien compris y’a un doublage des projecteurs pour augmenter la luminosité). En prime, c’était de la 3D active (ne me demandez pas d’explication, matériellement c’est les grosses lunettes lourdes qu’on n’a pas le droit de garder chez soi et qui donnent un bien meilleur relief).

Le résultat est vraiment époustouflant niveau rendu du relief, on en aurait pratiquement l’impression de rentrer dans l’image par moment (aussi parce que le film fait un usage intelligent de la 3D, pour donner une réelle profondeur plutôt que de jouer sur les trucs qui sortent de l’écran). Bref j’étais assez impressionnée, d’autant plus que pour une fois je ne suis pas sortie de la salle avec la migraine.

Ca ne fait pas oublier les failles du scénario, mais à défaut on a le droit à un très beau spectacle. C’est un peu comme cela qu’il faut appréhender ce film, un grand spectacle avec de l’action, de l’humour, parfois un peu d’émotion, un Benedict Cumberbatch qui excelle en méchant (pas bien dur, en gros il joue un Sherlock du côté obscur, mais tant bien même c’est délicieux). Pas un chef d’œuvre donc, mais un bon divertissement.


Le coin des spoilers

Star Trek Into Darkness démarre en fait sur Kirk qui se prend un sérieux pain dans la tronche lorsqu’on lui retire le commandement de l’Entreprise après ses dernières improvisations pour sauver Spock. Un character arc tout à fait intéressant : on sait que c’est son côté instinctif/dédain des règles qui lui a sauvé la mise dans le premier film, mais il est temps qu’il apprenne aussi à ne pas en faire qu’à sa tête pour ne pas mettre en danger son équipage. Ca semblait être la ligne directrice de cet épisode (dans la trailer notamment).

En parallèle, on a ce John Harrison qui joue au terroriste et s’enfuie en territoire klingon. Kirk, dévasté par la mort de l’amiral Pike, décide de se lancer à sa poursuite. Ca tombe à pic, l’amiral Marcus n’est que trop content de l’envoyer en mission d’extermination avec de belles torpilles toutes neuves.

Sauf que poussé par ses amis, Kirk décide de capturer John Harrison plutôt que de le tuer, et découvre que celui-ci n’est pas un simple officier de Starfleet (même qu’il s’appelle Khan *insérez ici les applaudissements*). On comprend vite que Marcus a son propre plan, et qu’il n’était que trop content que de faire d’une pierre deux coups en se débarrassant de Khan et de Kirk.

Avec ça, on avait un potentiel énorme : jouer sur le côté tête brûlé de Kirk, ici confronté à une situation plus que glissante, entre un amiral de Starfleet qui a clairement fait des choses pas catholiques, et un génie machiavélique qui semblerait presque dans son bon droit.


Et pourtant, toute cette richesse semble très vite disparaitre. Marcus est très vite éliminé de l’équation (et on ne reparle même pas de lui à la fin alors qu’il cherchait à déclencher le conflit avec les klingons), et l’histoire vire à la confrontation Khan vs. Enterprise (parce que Khan est méchant, c’est à peu près aussi téléphoné que ça).

Puis tout à coup l’Entreprise est sur le point de s’écraser donc on oublie complètement Khan pendant tout ce temps, puis Kirk nous sauve le vaisseau en solo et en faisant sa tête brûlée comme d’habitude. Spock s’en sort un peu mieux je trouve (à croire que les scénaristes se sont plus intéressés à lui qu’à Kirk), mais je trouve le finale où il cavale après Khan et tente de lui casser la gueule assez OOC (même si je comprends bien qu’il soit en pétard).

Et on termine sur un final expéditif où Kirk est ressuscité (et n’a pas évolué d’un iota sur deux heures de film) et Khan commodément recongelé sans autre forme de conclusion. Ce qui amène à se demander si les scénaristes ont pris des vacances avant la fin de l’histoire, ou s’il y a eu de sacrées coupes au montage.

Mais peu importe la raison, c’est quand même dommage d’avoir fait si mauvais usage de si bonnes bases. Ca reste un bon moment de cinéma, mais j’ai l’impression qu’on est passé à côté de quelque chose, et le premier film, en dépit de ses quelques défauts, m’apparait finalement comme bien plus solide scénaristiquement parlant.

mardi 28 mai 2013

Une journée entre musique et sciences...

Avec Shaya et Tigger Lilly, nous avons fait une petite expédition début mai pour aller visiter quelques expositions très intéressantes à la Cité des Sciences et à la Cité de la Musique. En voilà un petit compte rendu pour vous mettre l’eau à la bouche, car toutes ces expositions valent la détour :


Habiter demain – Cité des sciences

Point de monades urbaines ou de stations spatiales habitables dans cette exposition, mais avant tout un excellent aperçu des tendances actuelles en matière de construction, de normes, de technologies qui se développent, notamment pour tout l’aspect environnemental.

C’est très intéressant car comme toujours la Cité des Sciences n’a pas son pareil pour expliquer les choses avec pédagogie et interactivité (recoins où l’on écoute les nuisances sonores, jeux, matériauthèque, maquettes et exemples pertinents…). C’est ce que j’aime, tout est extrêmement accessible pour des ados ou adultes.

Parfois un peu utopiste quant à l’avenir de l’habitat (pour en arriver à ces logements idéaux, il faudrait de sacrés changements de société), cette exposition montre que paradoxalement les meilleures solutions de construction et d’habitat sont celles qu’on a mis au placard depuis des années (mutualisation des ressources, isolants naturels). En effet et assez ironiquement, s’il a fini dans le ventre du loup, le petit cochon à la maison de paille n’en était pas moins le plus écolo (et le mieux chauffé) des trois !

Une exposition très intéressante donc, et avec des jeux parfois très amusants (nous avons grandement apprécié la possibilité d’inclure une bibliothèque commune dans l’habitat collectif que nous avons conçu avec Shaya et Tigger Lilly !).


Musique & Cinéma : le mariage du siècle – Cité de la musique

Avec un thème comme celui-ci, je ne pouvais pas ne pas aller voir cette exposition, qui décortique la façon dont la musique s’est peu à peu invitée dans le cinéma (d’abord pour accompagner la projection, parfois en amont ou pendant le tournage).

Dans une scénographie vraiment réussie (avec plein d’accessoires typiques des plateaux de tournage), on peut découvre des partitions, des objets et surtout beaucoup d’extraits sonores et vidéo. L’exposition fait vraiment le tour du sujet, et si beaucoup des exemples présentés me parlaient assez peu, je suis bien contente de l’avoir vu.

Mon seul regret est que c’est une exposition dans un espace réduit où l’on aimerait être seul pour pouvoir tout voir et tout écouter. Dès qu’il y a un peu de monde ça n’est plus possible, et on se retrouve souvent à piétiner (comme dans toutes expos parisiennes me direz-vous mais après une matinée au calme à la Cité des sciences, j’ai senti la différence même si ça restait correct comme foule).


Futurotextiles – Cité des sciences

Après notre escapade à la Cité de la musique, comme les billets sont valables toute la journée nous sommes retournées à la Cité des Sciences pour continuer notre exploration.

Cette petite exposition (qui était présentée à Lille cet automne) nous parle du futur également, celui de nos vêtements cette fois-ci. Par tous les matériaux, et les quelques prototypes et costumes (notamment un casque de vélo gonflable), on prend conscience du vaste champ des possibles dans le domaine textile. J’en ai conclu qu’on pouvait faire du tissu avec à peu près n’importe quoi, y compris du lait ou des cailloux, et pourtant ce n’est pas de la science fiction !

Pas l’exposition la plus mémorable de la Cité des Sciences, mais sympathique à voir au passage, même si du coup elle nous a empêché de finir la meilleure :


L’économie : krach, boom, mue ? – Cité des sciences

Et voilà notre plus grosse frustration, car nous avons commencé cette exposition trop tard pour pouvoir la finir avant la fermeture. J’étais un peu inquiète car l’économie est un sujet qui me parle assez peu, mais justement s’il y avait bien un moyen de comprendre ça, c’était à la Cité des Sciences.

Nous n’avons pu voir que le premier tiers de l’exposition, mais j’ai été absolument époustouflée et conquise. La base de l’économie est expliquée de façon ludique, claire, compréhensible, via des films, des animations, des jeux… c’est absolument impressionnant.

Du coup ça a été d’autant plus énervant de devoir partir alors qu’on allait entrer dans le vif du sujet, à savoir l’économie aujourd’hui. Mais ce n’est que partie remise, sans aucune doute nous y reviendrons !

Comptes rendus de Tigger Lilly : Cité des Sciences & Cité de la Musique

dimanche 26 mai 2013

Cleer - L. L. Kloetzer


De ce roman, j’avais eu beaucoup de bons échos qui ne pouvaient que piquer ma curiosité. Du coup, le voyant me tendre les bras lors de mon dernier passage en bibliothèque, je l’ai pris, et aussitôt lu dans la foulée.

Mais sa chronique traine, car Cleer est un de ces livres sur lesquels on ne sait que dire. Même le résumer s’avère un exercice périlleux. Dire qu’il s’agit simplement de l’histoire de deux cadres (jeunes et dynamiques) qui travaillent pour une multinationale et résolvent les problèmes d’image du groupe (du moins sur la première histoire) ne rend absolument pas compte du contenu, et en dire plus…

J’ai donc lu Cleer, et j’ai été complètement happée. Il y a un côté décalé absolument délicieux, à raconter ainsi de façon aussi épique la vie au sein d’une entreprise, avec ses enquêtes internes, ses retournements de situations, ses complots, etc. C’est le genre de texte de SFFF (au sens large) que j’adore, pour tout ce qu’il donne à voir de la réalité par le biais d’une version déformée et amplifiée.

Ceci dit, bien que j’ai littéralement dévoré ce texte en quelques jours, prenant comme il est, j’ai eu beaucoup de mal à en tirer quelque chose, comme s’il fourmillait tellement d’idées que je n’arrivais pas à en retenir ne serait-ce qu’une seule.

(même si mon inconscient a dû capter quelque chose, à un moment il m’est venu à l’esprit que ce roman se classerait à merveille dans le fonds documentaire sur l’entreprise dans la bibliothèque où je travaille)

Un texte très étrange, original, fascinant même, que j’ai beaucoup apprécié de lire. Il m’en reste des images, des impressions, mais j’en ressors tout de même avec une impression d’avoir tourné autour sans arriver à vraiment à rentrer dedans. Un peu frustrant, mais comme la lecture était très agréable, je ne lui en tiens pas rancune.

CITRIQ

vendredi 24 mai 2013

L'écume des jours - Michel Gondry

 

J’ai un peu honte, mais je dois vous l’avouer avant de commencer cette chronique, je n’ai jamais lu aucun texte de Boris Vian (mais je vais m’intéresser à l’écume des jours du coup). Je suis donc allée L’écume des jours avant tout comme un film de Michel Gondry, et je ne peux que le chroniquer sous cet angle.

Michel Gondry est un de ces réalisateurs un peu aliens, qui ont tendance à tisser dans leur film des univers très personnels et décalés. Je n’ai pas vu tous ses films, mais les trois que j’avais vu jusque-là, (Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Be Kind Rewind et La science des rêves) m’ont vraiment marqué avec leur esthétique et leur univers très particulier (surtout La sciences des rêves).

En cela Michel Gondry me fait un peu penser à Wes Anderson, on a un peu l’impression qu’il vit dans son propre univers bulle qui n’obéit pas aux mêmes règles que le nôtre !

L’écume des jours est une histoire toute simple, celle de Colin, jeune et riche, qui rencontre Chloé et tombe amoureux. Entourés de leurs amis, ils vivent dans le plus grand bonheur jusqu’à que Chloé tombe malade.


J’ai cru comprendre que pour ce film, Michel Gondry avait pris au pied de la lettre le livre d’origine, et le résultat est un délire visuel absolument fascinant. Décors extraordinaires, personnages ubuesques, séquences délirantes (comme cette course pour atteindre l’autel le jour du mariage), on nage en plein émerveillement.

L’histoire passe presque au second plan tant on est occupé à tout voir, tout regarder, comme une sorte de gigantesque œuvre d’art qui demande deux heures pour en faire le tour.

Je me suis laissée complètement portée par cet univers onirique, qui paradoxalement « raconte » presque plus l’histoire (via la maison qui s’obscurcit, les couleurs qui s’effacent) que les personnages (qui pour le coup font presque figure d’objets baladés au gré de l’intrigue).

A ce titre, L’écume des jours est un film charmant. Perfectible sûrement (il est fascinant mais il lui manque quelque chose, sans que j’arrive à mettre le doigt dessus), mais il le vaut le détour pour son incroyable inventivité visuelle.

mercredi 22 mai 2013

En route pour les Imaginales (2)


Voilà la valise est bouclée (collection automne-hiver, parapluie et mitaines inclus), l’appareil photo est chargé, les billets de train sont dans le sac…

Après une dernière journée de boulot, je prends aujourd’hui le chemin d’Epinal, via Strasbourg pour y retrouver Olya (parce que c’est toujours plus drôle de partir en escapade par étape). Arrivée prévue aux Imaginales vendredi dans la matinée, et pour le programme… on verra sur place !

Jusqu’à dimanche, ce blog passe donc en mode automatique, à très bientôt (et à très vite pour ceux que je verrais là-bas).

lundi 20 mai 2013

Doctor Who 7x13 - The Name of the Doctor


Et voilà l’épisode tant attendu, à juste titre. Avec un nom pareil, comment peut-on rester indifférent ? En prenant son temps, cet épisode s’offre le plaisir d’être autant une conclusion (à pratiquement trois saisons de Doctor Who, mais aussi à l’arc narratif du mystère de Clara) qu’une introduction à l’épisode du cinquantième anniversaire (et plus si affinités). Un résultat absolument bluffant sur lequel je ne peux que revenir en détails (pardon par avance si cette chronique bat des records de longueur), avec bien sûr des spoilers !

« What kind of idiot would try and steal a faulty TARDIS ? »
Best. Introduction. Ever.

Le montage avec tous les anciens Doctor, je ne m’y attendais vraiment pas, et le résultat (qui mixte réutilisation de vieux extraits et faux Doctor en costumes) est bluffant. A tel point que je l’ai regardé une deuxième fois avant d’attaquer l’épisode en lui-même.
« I blew into this world on a leaf. I'm still blowing. I don't think I'll ever land. I'm Clara Oswald, I'm the impossible girl, I was born to save The Doctor. »
J’aime aussi le fait que le mystère de Clara est dévoilé d’entrée de jeu. Oh certes il nous manque le comment, mais au moins on a le pourquoi (que je soupçonnais un peu à vrai dire, les deux Clara alternatives avaient vraiment un côté écho comparées à la « vraie »). Pas de chichis, et en route pour l’aventure !


Et donc on commence par une petite réunion de compagnons (encore un truc qu’on n’avait pas vu depuis longtemps). Le système des retrouvailles en rêve est plutôt rigolo, et ma foi, cela donne une excuse pour faire se rencontrer plein de gens, comme un trio de détectives victoriens (toujours aussi bons), une Clara et… une River Song.
- Professor River Song. The Doctor might have mentioned me.
- Oh, yeah, of course he has. Professor Song. Sorry, it's just I never realised you were a woman.
Mouahah c’est bien le genre du Doctor en effet.
- He's still never contacted you ?
- He doesn't like endings.
Et chose très intéressante, c’est une River post-Library qu’on rencontre. 
« The Doctor has a secret, you know. He has one he will take to the grave. And it is discovered. »
L’enjeu de la discussion, c’est le grand secret du Doctor qui aurait été révélé, et Trenzalore qui revient sur le tapis. En pleine discussion, tout ce petit monde se fait attaquer/kidnapper/tuer et Clara n’a plus qu’à se réveiller pour passer le message au Doctor.


… qui évidemment ne le prend pas très bien. Cet épisode m’a véritablement pris aux tripes avec des scènes comme ça, la façon dont il évoque River (« An old... friend of mine. […] Yes. An ex. »), et sa réaction lorsque Clara lui répète le message, tandis qu’en fond sonore on entend une variation un peu dissonante du thème de Gallifrey (qu’on n’avait pas entendu depuis The End of Time).

- When you are a time traveller, there is one place you must never go. One place in all of space and time you must never, ever find yourself.
- Where ?
- You didn't listen, did you ? You lot never do, that's the problem !
- "The Doctor has a secret he will take to the grave.It is discovered." He wasn't talking about my secret, no, no, no, that's not what's been found. He was talking about my... grave.
J’ai mis un petit moment à comprendre pourquoi il ne devait jamais trouver sa tombe (mis à part à cause de son contenu qu’on découvre après), avant de me rappeler The Angels Take Manhattan. S’il voit sa tombe et la visite, il la fixe dans le temps. C’est donc sa mort qui devient un fait, un point fixe, ce qui pour un voyageur temporel immortel (ou peu s’en faut) est carrément effrayant.

« I have to save Vastra and Strax. Jenny too, if it's still possible. They cared for me during the dark times - never questioned me, never judged me, they were just... kind. I owe them. I have a duty. »
(oui je vais vous citer toutes les répliques qui m’ont fait fondre, vous êtes prévenus !)

Et nous voilà donc en route pour Trenzalore, un lieu de vacances absolument charmant :


Matt Smith donne vraiment tout ce qu’il a dans cet épisode. Je l’avais déjà trouvé exceptionnel dans sa double interprétation dans Nightmare in Silver, et il ne déçoit pas non plus ici. Sa réaction face au message de Clara, l’arrivée sur la planète où il est confronté à sa mort « finale », et puis quand River qui se réinvite dans la conversation, la façon dont il en dit si peu d'une façon faussement détachée…
« Well, you know how it is when you lose someone close to you. I sort of made a back-up. »
Non Doctor, en général on ne fait pas de sauvegarde de ses proches !

« I died saving him. In return, he saved me to a database in the biggest library in the universe. Left me like a book on a shelf. Didn't even say goodbye. He doesn't like endings. »
Et River qui apporte l’éclairage nécessaire sur la question en parallèle. Ça me fait vraiment plaisir de la revoir.

- It was a minor skirmish, by the Doctor's blood-soaked standards -not exactly the Time War, but enough to finish him. In the end, it was too much for the old man.
- Blood-soaked ?
- The Doctor has been many things, but never blood-soaked.
- Tell that to the leader of the Sycorax. Or Solomon the trader, the Cybermen, the Daleks.
- The Doctor lives his life in darker hues, day upon day, and he will have other names before the end. The Storm. The Beast. The Valeyard.
Pendant que le Doctor et Clara errent dans des souterrains, Vastra, Jenny et Strax sont à la merci de la Great Intelligence qui semble déterminer à stopper l’influence que peut avoir le Doctor sur l’histoire de l’univers. Il s’inscrit bien dans la lignée de tous les méchants de l’ère Moffat, et en cela l’épisode est une forme de conclusion à ces trois saisons, mais je le trouve un poil creux.

Vous me direz, rien d’anormal pour un pur esprit dénué de corps, mais c’est peut-être le défaut/point faible de cet épisode, son méchant n’est guère qu’un prétexte pour amener le Doctor sur Trenzalore, et il n’a pas vraiment l’étoffe d’un méchant mémorable (en comparaison Mme Kovarian était bien plus flippante).

- What did you mean, you keep meeting me ? You said I died ! How could I die ?
- That's not a conversation you should even remember...
- What do you mean I died ?
Sur le chemin, Clara commence à se rappeler les évènements de Voyage to the Centre of the TARDIS, et tous ces mystères que le Doctor lui cache. Ca confirme d’ailleurs ce que je pensais, le Doctor se rappelait parfaitement de tous ces évènements (aurait-il pu en être autrement ?).

Et en avant pour la confrontation avec The Great Intelligence, après avoir passé plus de la moitié de l’épisode sur l’exposition. C’est vraiment un rythme particulier, l’histoire prend son temps pour renouer les fils de l’intrigue, et mettre en place la suite. C’est assez inattendu, mais très chouette.

- Open the door, Doctor. Speak, and open your tomb. […]The key is a word lost to time.
- A secret hidden in the deepest shadow and known to you alone. The answer to a question !
- I will not open my tomb.
- Doctor, what is your name ?
C’était évident, tout semblait tellement aller vers son nom qu’on n’allait certainement pas l’apprendre cette fois-ci, et c’est bien ce qui se passe. Le Doctor refuse de prononcer son nom (vu ce qu’il y a à l’intérieur, on le comprend). Heureusement, River est « là ».

- I didn't say my name.
- No, but I did.
En regard de la fin de l’épisode où l’on apprend que le Doctor voit tout le temps le fantôme de River, l’effort qu’il fait pour ne pas réagir à ses paroles, ne pas la regarder, faire comme si elle n’existait pas… Je n’y avais pas trop prêté attention au premier visionnage, mais il y a des petits signes qui montrent qu’il l’entend parfaitement.


Et donc, la tombe. Le cœur du TARDIS, la salle de pilotage, où la console a été remplacée par une étrange sculpture de lumière…
« Time travel is... damage. It's like a tear in the fabric of reality. That is the scar tissue of my journey through the universe. My path through time and space, from Gallifrey to Trenzalore. »
Et c’était ça que recherchait la Great Intelligence.

« I can rewrite your every living moment. I can turn every one of your victories into defeats. Poison every friendship. Deliver pain to your every breath. »
Car en pénétrant dans ce « tunnel », il a ainsi accès à toute l’histoire du Doctor, et peut la modifier tout du long pour annuler tout ce qu’il a fait. L’explosion du TARDIS, la Pandorica, la mort à Lake Silencio, on retrouve toujours un peu le même mobile : détruire l’effet du Doctor sur l’univers. Sauf que quand on fait ça…
« The Doctor's timeline has been corrupted. His every victory reversed. Think how many lives that man saved, how many worlds. »
Et partir de là, la conclusion de l’histoire de Clara est on ne peut plus logique…
« Run. Run, you clever boy. And remember me. »
« Sometimes it's like I've lived a thousand lives in a thousand places. I'm born, I live, I die. And always, there's the Doctor. Always, I'm running to save the Doctor, again and again and again. And he hardly ever hears me. But I've always been there. Right from the very beginning. Right from the day
he started running. »
« Sorry. But you're about to make a very big mistake. Don't steal that one, steal this one. The navigation system's knackered, but you'll have much more fun. »
Pas mal hein ? Autant pour la saison 6, le final (aussi cohérent soit-il) m’avait un peu frustré au premier abord, autant là j’ai adoré, parce que c’est une très jolie explication. C’est assez ironique en plus que le Doctor ait tellement changé le cours des choses qu’il en arrive finalement à provoquer la création de son propre ange gardien pour garantir la stabilité de son histoire (parce que c’est ça au final). Et si Clara se lance dans l’aventure, c’est parce qu’elle sait qu’elle l’a déjà fait de toute façon. Timey-Wimey…

(et puis au risque de me répéter, le montage avec les anciens Doctor, même la deuxième fois, c’est que du bonheur !)

- You can't go in there. It's your own time stream, for God's sake !
- I have to get her back.
- Of course ! But not like this !
Mais bon il serait dommage de se priver de Clara pour la suite de l’histoire (après tout elle a un très joli prénom !). Le Doctor va donc faire l’impossible, après tout, c’est sa spécialité. Non sans auparavant apporter une réconfortante et douloureuse conclusion à son histoire avec River.

- How are you even doing that ? I'm not really here.
- You are always here, to me. And I always listen and I can always see you.
- Then why didn't you speak to me ?
- I thought it would hurt too much.
- I believe I could have coped !
- No. I thought it would hurt me. And I was right.
« Since nobody else in this room can see you, God knows how that looked. »
Laissons la parenthèse humoristique de côté (mais c’est que vrai que je n’ose imaginer la scène vu par Vastra, Jenny et Strax !), ça ne m’arrive pas souvent, mais je peux vous dire que même au deuxième visionnage, cette scène me tire des larmes.
- There is a time to live and a time to sleep. You are an echo, River. Like Clara. Like all of us, in the end. My fault, I know, but you should've faded by now.
- It's hard to leave when you haven't said goodbye.
- Then tell me, because I don't know - how do I say it ?
- There's only one way I would accept.
- If you ever loved me... say it like you're going to come back.
- Well, then... See you around, Professor River Song.
- Till the next time, Doctor.
- Don't wait up.
- Oh, there's one more thing.
- Isn't there always ?
- I was mentally linked with Clara. If she's really dead, then how can I still be here ?
- OK. How ?
- Spoilers. Goodbye, sweetie.
Je ne sais pas si on aura l’occasion de revoir River (après tout elle a toujours plein d’opportunités de faire une apparition), mais cette conclusion, qui noue ensemble le double épisode de la Bibliothèque et leurs aventures sur les saisons 5 à 7 pour clore leur histoire est vraiment fabuleuse je trouve.

J’aurais vraiment beaucoup aimé cette histoire d’amour, parce qu’elle est complètement privée (comme on l’attendrait de la part du Doctor). On les as vu s’embrasser de temps en temps, flirter, échanger des serments (enfin…). Mais le cœur de leur relation se déroule clairement hors écran. Entre les épisodes, entre les aventures, et je ne voudrais pas qu’il en soit autrement, parce que ça ne rend que plus forts ces moments qu’on nous donne à voir.

- You're my Impossible Girl. I'm sending you something -not from my past, from yours. Look up. Look. This is you, Clara. Everything you were or will be. Take it. You blew into the world on this leaf. Hold tight. It will take you home. Clara ! Clara ! Come on ! Come on, to me, now. You can do it, I know you can.
- How ?
- Because it's impossible. And you're my Impossible Girl. How many times have you saved me, Clara ? Just this once, just for the hell of it, let me save you !
Pour information à ce stade j’étais déjà bien amochée par le final avec River, cette scène a achevé de me transformer en grosse guimauve larmoyante. Du coup les dernières minutes m’ont juste achevée !

- I said he was me. I never said he was the Doctor.
- I don't understand.
- Look, my name, my real name - that is not the point. The name I chose is the Doctor. The name you choose, it's like a promise you make. He's the one who broke the promise. […] He is my secret.
- What I did, I did without choice.
- I know.
- In the name of peace and sanity.
- But not in the name of the Doctor.

Vous savez que c’est super loin le mois de novembre, quand on y pense ? Parce que là ce n’est pas un caillou qu’il nous balance dans la mare, le Steven Moffat, c’est une énorme météorite ! C’est juste brillant, mon cerveau tourbillonne sur cette idée depuis que j’ai vu l’épisode !

C’est très malin d’introduire un autre Doctor dans l’équation, sans passer par la case de la régénération. Un Doctor oublié (c’est clairement lui qui est dans la chambre de The God Complex) à cause des horreurs qu’il aurait commises, et qui va sans nul doute peser sur l’épisode du 50e anniversaire (qui m’a l’air bien parti pour être une histoire à trois Doctors, si on ajoute les possibles réutilisations qu’on a pu voir dans cet épisode, ça promet !).

Vu ses paroles, vu l’allusion à la Time War dans l’épisode dans le TARDIS, vu l’insistance sur le fait qu’Eleven est le 11e Doctor mais qu’il existe des incarnations de lui qui ne sont pas le Doctor… je le vois bien comme le Doctor passé, une régénération oubliée, et ça tombe à pic, il y a comme un vide monstrueux à combler entre le 8e et le 9e Doctor (d’ailleurs sa veste me fait penser à celle de Nine).

Bref tout cela ouvre des perspectives fascinantes pour la suite (un petit retour sur la Time War ?), pendant que l’intrigue qui sous-tendait les dernières saisons semble enfin terminée. En effet si on revient au : 

« On the Fields of Trenzalore, on the Fall of the Eleventh, when no living creature can speak falsely or fail to answer, a question will be asked. A question that must never ever be answered. »

Le vrai nom du Doctor était bien la clé, ça n’était pas une surprise. Que ce soit la clé qui ouvre la porte de sa tombe, c’était moins évident. Et pourtant je suis sûre d’avoir déjà entendu Moffat évoquer l’idée que la tombe du Doctor était à quelque part dans une interview (je n'ose imaginer la quantité d'infos qu'il dévoile ainsi et qu'on ne capte jamais).

Et donc dans sa tombe est réuni l’ensemble des modifications qu’il a apporté au cours de l’histoire. Si quelqu’un venait à y entrer, il pourrait donc modifier tout son histoire… et détruire l’univers dans la foulée. C’est ce que fait d’ailleurs The Great Intelligence.

Donc, ce que voulait (à priori) empêcher le Silence, c’était que le Doctor ouvre la porte de sa propre tombe (ce qui conduirait forcément à la destruction de l’univers). De même que dans la saison 5, l’assemblée de méchants voulait enfermer le Doctor dans la Pandorica pour empêcher l’explosion du TARDIS.

Sauf que dans la grande tradition des voyages temporels, en voulant empêcher quelque chose, toutes ces petites alliances de méchants ont fini par déclencher les évènements en question. Ça se tient il me semble. Un revisionnage complet des trois dernières saisons ne serait pas de trop pour vérifier que tout colle, mais je trouve qu’arrivé à cet épisode, on a une histoire à peu près cohérente (même si le concept de gens qui s’affrontent au final à travers l’espace ET le temps me colle la migraine).


Bon vu que j’ai explosé mon record en matière de longueur, je vais m’arrêter là. En tout cas The Name of the Doctor est vraiment un très bon épisode. Il conclut en beauté la saison (et même les saisons) et prépare tout aussi bien le terrain pour la suite. Du coup je n’ai plus qu’à continuer le visionnage des anciennes saisons, ça m’occupera jusqu’en novembre !

samedi 18 mai 2013

Un privé sur le Nil (Lasser, détective des dieux 1) - Sylvie Miller et Philippe Ward


Il y a bien longtemps de ça (l’année dernière en fait), j’ai découvert une première aventure de Lasser, détective des dieux, dans le recueil Contes de villes et de fusées. J’avais adoré le mélange improbable et hilarant entre roman noir et dieux du Nil. J’ai donc été ravie d’apprendre la sortie de ce recueil d’aventures, et quand j’ai enfin pu me l’offrir, je l’ai dévoré d’une traite.

Jean-Philippe Lasser est un détective privé tout ce qu’il y a de plus classique (voyez donc la couverture), qui ne demande rien de mieux qu’à rester tranquille au bar de l’hôtel où il loge, à siroter son whisky. Seulement voilà, il faut bien payer la dite boisson, et donc résoudre des affaires de temps en temps.

Mais le problème de Lasser, c’est qu’il vit en Egypte, dans une version légèrement alternative où règne encore Pharaon, sous l’œil bien/mal-veillant du panthéon égyptien (Râ, Isis, confrères et consœurs qui se préférence se marient entre eux). Et que ce panthéon ne cesse de faire appel à lui pour retrouver untel son animal de compagnie, untelle le livre de Thôt, quand il ne s’agit pas d’éviter une guerre avec la Nubie, rien que ça ! Et comme le dit si bien Lasser :
« Accepter cette enquête allait bouleverser ma petite vie pénarde. Ou pire : me mettre en danger.
Peut-être valait-il mieux décliner gentiment et renvoyer la dame chez elle – encore que, vu le personnage, je ne voyais pas trop comment m’y prendre »
On se retrouve donc avec un récit à la première personne par un héros faussement blasé, bref le pur stéréotype du détective privé, sauf que cela se greffe sur une Egypte alternative complètement dingue (mais étrangement fascinante) où les dieux collectionnent les voitures de luxe, et où l’on trouve un vrai Sphinx à Gizeh.

J’ai immédiatement accroché à ce cocktail détonnant, certes parce que j’adore ce genre de délire égyptomaniaque (très fin dans sa façon de détourner la mythologie), mais aussi parce que c’est un texte truffé d’humour.

Il y a le ton sarcastique de Lasser, bien sûr, mais aussi les péripéties assez improbables qui lui tombent dessus (et qui se répètent parfois, une enquête n’est jamais complète sans l’intervention de Seth !), les jeux de mots, les parodies (dont celle du chat botté que j’avais tant apprécié). Et au risque de me répéter, difficile de ne pas insister sur cet univers décalé, où les taureaux sacrés se reconvertissent parfois en barmen !

C’est extrêmement plaisant à lire et bien rythmé, bref c’est une lecture détente des plus agréables, un très bon divertissement (mais dans son sens le plus noble du terme, c'est-à-dire absolument pas bâclé ou simpliste, bien au contraire tout est extrêmement bien peaufiné pour en arriver à ce résultat).

Autant dire que je signe tout de suite pour la suite, Mariage à l’Egyptienne. Enfin je l’achèterais aux Imaginales, là je suis interdite d’achat (déjà celui-là j’ai fait une entorse).

A noter que certains de mes collègues blogueurs (Olya et BlackWolf pour ne pas les citer !) ont trouvé un petit côté répétitif aux histoires, c’est assez marrant parce que si je les ai constaté également, mais j’ai trouvé que ça faisait partie de l’exercice, de la parodie des histoires de détectives (avec la sempiternel introduction au bar de l’hôtel avec verre de whisky à la main), et ça m’a bien fait rire.

Ceci dit il est vrai que la forme de l’ouvrage est un peu étrange, ça ressemble à un roman (y’a une numérotation continue des chapitres), mais on se retrouve finalement avec un texte divisé en plusieurs parties, qui correspondent à autant d’enquêtes (dont la plupart sont des nouvelles précédemment parues sous d’autres titres). Du coup je ne savais pas trop comment classer ce livre, jusqu’à que les Imaginales me sauvent la vie.

En effet, Un privé sur le Nil est lauréat du prix Imaginales Nouvelles, donc si les Imaginales disent que c’est de la nouvelle, c’est que je peux le faire passer dans le JLNN. Ca me fera une participation de plus (niark !).


jeudi 16 mai 2013

Les ballons dirigeables rêvent-ils de poupées gonflables ? - Karim Berrouka


Ce qu’il y a de bien avec les concours (comme ceux du JLNN), c’est qu’on gagne des livres vers lesquels on ne serait pas allé forcément. Enfin à vrai dire le graphisme de la couverture m’avait tapé dans l’oeil, mais comme j'ai un budget livres assez réduit ces temps-ci, j'hésitais à me laisser tenter, ne connaissant rien de l'auteur.

Ca m'a donc bien fait plaisir de le recevoir gratuitement (que voulez vous je suis bassement matérialiste), et encore plus lorsque cette lecture s'est révélée être une excellente surprise !

Je ne connaissais pour ainsi dire rien à l’œuvre de Karim Berrouka (enfin je l’ai peut-être croisé dans les recueils de l’Oxymore, et j'avais bien apprécié son texte dans l'anthologie Super-héros !), mais j’ai été ravie de découvrir son style… ou plutôt ses multiples styles, l’auteur passant allègrement d'un registre à l'autre, du drame à l’humour, comme vous allez vous en rendre compte en lisant le menu :

L’Histoire commence à Falloujah est un joli texte plutôt sombre, racontant une rencontre entre un djinn et une femme, qui mêle avec brio mythologie arabe et histoire contemporaine. Il a un charme certain, mais l’ayant lu alors que deux personnes s’engueulaient dans le métro, j’ai eu un peu de mal à rentrer dedans (merci bien les râleurs du matin !).

Concerto pour une résurrection s’inscrit dans une autre veine, un récit fantastique complètement barré où le héros ne cesse de rencontrer des musiciens morts dans le métro. Ce texte qui part dans tous les sens m'a beaucoup marqué, c’est absolument délicieux ! (et pour le coup ça m’a fait oublier la mauvaise ambiance dans le métro le matin !)

Elle est une enquête sur une série meurtre menée par deux policiers et ce qui pourrait être un Sherlock Holmes vieillissant. Elle a la particularité d’être découpée en « volets », comme autant de points de vue. Je ne suis pas sûre d’avoir tout compris (quelle idée aussi de lire ça dans le métro en rentrant du boulot, comment ça ma chronique se transforme en récit ferroviaire ?), mais le mode de narration est fort chouette.

Éclairage sur un mythe urbain : la Dame Blanche dans toute sa confondante réalité est une variation sur le mythe de la Dame blanche, avec beaucoup d’humour, et là encore un côté complètement barré. Un vrai régal ! (et aucun commentaire sur le métro, vous voyez que je fais des efforts)

Dans la terre revient à un ton plus sérieux (c’est en rédigeant ma chronique que je me rends compte que l’anthologie alterne sérieux/humour en fait !), avec un univers post-apocalyptique. Je n’en dis pas plus pour vous laisser la surprise de la découverte, mais c’est un très beau texte.

Avec Jack et l’homme au chapeau, on revient sur de l’humour, avec un remake bien fumeux de Jack et le haricot magique. Une fois de plus c’est un texte complètement délirant (et hilarant, accessoirement) qui démonte habilement les contes de fées et leurs mécaniques.

Le Siècle des lumières… ma foi je préfère vous laisser découvrir cette histoire se déroulant dans un siècle des lumières quelque peu uchronique (et féérique). Encore une fois, c’est un très joli texte (pas vraiment joyeux, mais pas dénué d'espoir) qui m'a beaucoup plu.

On enchaine ensuite sur De l’art de l’investigation, une enquête parodique où un détective est chargé de retrouver les trésors de trois frères nains. Aucun cliché n’est épargné dans cette histoire, pour le meilleur et pour le pire (mais surtout pour le meilleur !).

Enfin, le recueil se termine sur Le Cirque des ombres, un texte fantastique plus sombre, étrange et onirique, avec une très belle atmosphère.

Instinctivement, j’ai plus accroché aux textes à tendance humoristique (j’avais sans doute besoin de rire quand j’ai lu ce recueil), mais j’ai bien apprécié les autres (surtout Dans la terre et Le siècle des lumières), ce qui explique que j’ai dévoré l’ensemble en deux jours à peine. Les ballons dirigeables… est vraiment un chouette recueil qui donne un aperçu de toute la palette de l’artiste (pleine de coloris différents, du coup on peut le lire d'une traite sans impression de répétition -le point faible de certains recueils-).

A noter qu’en guise de conclusion, on a le droit à une interview complètement barrée où Karim Berrouka parle beaucoup pour ne rien dire (de vrai). Un véritable délice à lire, qui permet de conclure avec beaucoup d'humour ce très bon recueil !


CITRIQ

mardi 14 mai 2013

Top Ten Tuesday (12) : Les 10 marque-pages favoris


Les 10 marque-pages favoris

Il y a ceux qui servent tous les temps, aux bords usés (6, 9)
Il y ceux dont je ne me sers jamais, de peur de les perdre ou de les abîmer (1, 2, 5).
Il y a les clins d’œil, comme la lampe marque-page (1).
Il y a ceux qui ne servent qu’à lire des livres de certains d’auteurs (9, 10).
Il y a les innombrables reproductions de peintures, achetées au fil des expos (6, 7, 8).
Il y a les cadeaux qu’on m’a offert (1, 2, 5), et ceux que je me suis offert au gré des salons (3, 4).



 
 
Et il y a tous les autres, qui auraient bien aimé avoir le droit à une place dans ce top ten !


Le Top Ten Tuesday est une initiative de The Broke and the Bookish, reprise en version française par Iani.

dimanche 12 mai 2013

Doctor Who 7x12 - Nightmare in Silver


Doctor Who ! Neil Gaiman ! Des Cybermen ! Hiiiiiiiiiiiiiii !

Avec un tel programme, difficile de ne pas attendre l’épisode au tournant, surtout après un chef d’œuvre comme The Doctor’s Wife. Et ce n’est guère surprenant que Nightmare in Silver ne fasse pas aussi bien.

Cependant, ça reste un épisode signé Neil Gaiman, c’est dire une histoire dense, intelligente, parfois flippante, avec des personnages secondaires bien campés, des fils d’intrigues intéressants, et des Cybermen au sommet de leur forme (chose qu’on n’avait pas vu depuis longtemps). Autant dire que cet épisode n’a aucun mal à se classer parmi les meilleurs de la saison.


Nous voilà donc sur Hedgewick's World of Wonders, un parc d’attractions à l’échelle d’une planète. Quel meilleur endroit pour une balade avec des enfants après tout ? Ca le serait si le Doctor n’avait pas un aussi mauvais sens du timing, les amenant après la fermeture du parc.


On y trouve le propriétaire, un certain Webley (qui était accessoirement un très méchant vampire dans Being Human, ça m’a bien fait plaisir de retrouver cet acteur !), qui règne sur les lieux complètement abandonnés, à l’exception d’un bataillon de l’armée impériale, là pour garder les lieux.


Webley les emmène dans son antre, une galerie de monstres et merveilles typiques d’une fête foraine, du Neil Gaiman pur jus (ça m’a rappelé Mr. Punch tout du long), avec comme pièce maitresse, un Cyberman qui joue aux échecs :


C’est à peu près à ce moment que le spectateur se dit que tout cela sent vraiment mauvais et que ça va chauffer pour tout le monde. J’aime bien la façon dont Gaiman joue dessus, je pense que paradoxalement pendant les premiers temps de l’épisode, ce sont les spectateurs qui sont angoissés, pas les héros (à l’exception du Doctor qui est le seul à avoir conscience du danger).


Et voilà le dernier membre de l’équipe, Porridge !

J’ai beaucoup le personnage dès le début. La façon dont il amène les informations historiques sur l’univers, petit à petit, ses petites remarques, le très bon duo qu’il forme avec Clara. Un très bon personnage, j’espère qu’on le reverra !

Je l’avoue par contre, je n’ai absolument pas calculé son secret (alors qu’il y a des allusions grosses comme des montagnes tout au long de l’épisode). A ma décharge, j'ai tendance à voir R2D2 quand je vois Warwick Davis (alors qu'il était joué par Kenny Baker mais passons), et à le voir sortir de sous un cyberman, j’avais l’impression que R2 avait tiré sa révérence auprès des Skywalker pour aller vivre sa propre vie !
 

« Don't wander off. »
Et parce qu’il y a du danger, le Doctor met les deux enfants au lit pour partir mener l’enquête tranquillement. Là encore on a un moment qui fait très Gaiman, avec ces deux enfants abandonnés dans cette galerie des horreurs, pour y faire la sieste. Quel bel endroit pour dormir !

C’est délicieux mais ça ne semble ni sûr, ni logique (je pense quand même que le TARDIS aurait été un meilleur choix). C’est le point faible de cet épisode, certains personnages sont là pour permettre à l’intrigue d’avancer, mais ça ne semble pas naturel.

Ainsi les deux enfants et ce cher Webley font vraiment figure d’objets, d’éléments là pour faire bouger les choses (sans vraiment impacter sur l’histoire), qui en eux-mêmes ont assez peu d’intérêt. Normal, ils sont très vite « convertis », mais c’est bien là le problème, ils sont juste là pour être convertis et attirer le Doctor.

C’est dommage pour Webley qui me plaisait beaucoup comme personnage et qui passe très vite à la trappe. Pour les enfants, Angie est assez exaspérante dans la veine ado rebelle (donc on ne la regrette pas trop) et Artie n’aura jamais vraiment l’occasion de briller pour qu’on se fasse un avis sur lui donc… voilà, c’est mon gros regret pour cet épisode, d’avoir « raté » ces trois personnages, quand le reste est si excellent.

 


- Look up there - that corner of the sky. What do you see ?
- Nothing. It's just black. No stars, no nothing.
- Used to be the Tiberion Spiral Galaxy. A million star systems. A hundred million worlds. A billion trillion people. It's not there any more. No more Tiberion galaxy. No more Cybermen. It was effective.
- It's horrible.
- Yeah. I feel like a monster sometimes.
- Why ?
- Because instead of mourning a billion trillion dead people, I just feel sorry for the poor blighter who had to press the button and blow it all up.
Parce qu’il y a la réintroduction des Cybermen, en laissant de côté toute l’histoire de l’univers parallèle développée dans les saisons précédentes pour revenir aux sources. C’est un formidable travail de dépoussiérage et de remise à niveau, avec des Cybermen qui n’ont jamais été aussi flippants.

Ils sont forts, ils sont rapides, et ils évoluent si rapidement qu’on en arrive à détruire des galaxies pour se débarrasser d’eux. D’ailleurs la règle est simple, si on n’arrive pas à détruire UN Cyberman, on fait immédiatement exploser la planète.

J’ai trouvé sur Internet une comparaison à l’épisode Dalek, et c’est tout à fait approprié. Avec quelques cybermites qui mettent tout en branle, on prend soudainement conscience du danger que peut représenter un seul de ces monstres (et puis la main qui se détache, la tête qui se retourne… brrr).

« Clara, stay alive until I get back, and don't let anyone blow up this planet. »
D’ailleurs les Cybermen ne perdent pas de temps, enlèvent les deux enfants, et c’est branle-bas de combat du côté du bataillon (qui s’avère être un commando de bras cassés plus qu’autre chose). Le Doctor met Clara aux manettes, et part enquêter tout seul.


Clara prend donc la direction des opérations (avec talent, il faut le reconnaitre) et tout ce petit monde se réfugie dans un château d’opérette. C’est assez délicieux de jouer sur les ambiances de parc d’attraction, avec ce stupide château fort médiéval dans lequel on va s’affronter avec des armes high tech. Pendant que de son côté, le Doctor arrive très vite au terme de son enquête :

« Hail to you, the Doctor, saviour of the Cybermen ! »
Oui c’est la thématique de la saison, après avoir sauvé les Daleks dans le tout premier épisode, le voilà désormais responsable du sauvetage de ses autres grands ennemis. Ah cruelle ironie du sort…


Et le voilà très vite converti en cyberplanner, parce que son cerveau est bien plus alléchant que celui de deux enfants. Tu m’étonnes.

J’étais un peu mitigée sur l’idée, j’avoue que le « je joue deux personnes façon Gollum » est un procédé que je trouve très usé à l’écran. Ceci dit Neil Gaiman orchestre ça avec une réelle virtuosité, et au final ce conflit intérieur est le nerf de l’épisode, l’élément inoubliable, de même que l’était la rencontre entre le Doctor et le TARDIS dans The Doctor’s Wife.

C’est perturbant au début, parce que les Cybermen sont des êtres froids, logiques, dénués de sentiments. C’est donc assez surprenant de voir ce Cyber-Doctor courir dans tous les sens et délirer comme tout bon Time Lord qui se respecte au lieu de débiter du « delete » sur un ton monocorde.

Sauf que c’est un choix ô combien judicieux, car en prenant le contrôle du cerveau du Doctor, le Cyberplanner s’imprègne de sa personnalité. Et ce qu’il devient finalement, c’est un Doctor dénué de toute émotion, très proche d’un Master par exemple.

Voilà la leçon de cet épisode : aussi manipulateur et sombre que soit le Doctor, c’est un « gentil ». Et on n’aimerait vraiment pas l’avoir comme ennemi. Je pense que même les Daleks prendraient la fuite face à Mr. Clever !


J’ai beaucoup aimé les petites confrontations en interne entre le Doctor et Mr. Clever. C’est très joli et bien pensé. Si vous regardez bien, la partie « Doctor » est tout en cercles et en tons chauds, avec des écritures en gallyfreyien, tandis que la partie « Cyberplanner » (non visible ici) est bleu glacial, avec cette toile ultra géométrique qui semble être le « réseau » cyberman.

Et comme aucun des deux n’arrivent à dominer l’autre, ils décident donc de se départager en jouant aux échecs. Solution en apparence très simpliste, mais comme souvent chez Gaiman, cachant une grande complexité.


Clairement, le jeu d’échecs se déroule à plusieurs niveaux : dans le corps du Doctor (chacun tentant de prendre le contrôle d'une main ou de la bouche), sur le plateau de jeu bien sûr, mais aussi à l’échelle du parc d’attraction, qui est comme un gigantesque plateau de jeu où chacun déplace ses pions. Ça n’a rien d’anodin que le Doctor en arrive à un moment à sacrifier sa reine, juste au moment où Clara se retrouve dans la mouise. Et ne parlons même pas de la présence d’un roi dans le jeu.

Par ailleurs Doctor a parfaitement conscience que même s’il gagne, le Cyberplanner ne le laissera pas partir. A la place il gagne du temps, attend les opportunités, cherche à retrouver Clara et à libérer les enfants. Et surtout, il occupe le Cyberplanner (qui lui aimerait bien le briser, l’écraser complètement… y’a un petit côté Time Lord victorious dans la manière de crâner de ce cyberman).

Bref c’est un jeu de dupes et de manipulations, plus impressionnant qu’un duel au sabrolaser !


Le Doctor fait d’ailleurs un beau coup en faisant usage de son ticket doré (Charlie et la Chocolaterie !) pour rejoindre Clara et lui ramener ses protégés (légèrement déconnectés) avant de reprendre sa partie.
« Well, in other good news, there are a few more repaired and reactivated Cybermen on the way. And the Cyber-Planner's installing a patch for the gold thing. No, wait, that isn't not good news, is it ? Um, so... Good news - I have a very good chance of winning my chess match. »
J’aime d’ailleurs beaucoup les échanges entre Clara, le Cyberplanner et le Doctor, flippants et drôles à la fois, avec l’affreuse tentative de flirt et les baffes. Et n’oublions pas en passant la petite allusion obligatoire au mystère de Clara :
- Why am I the impossible girl ?
- It's a thing in my head. I'll explain later.
(« I'll explain later », le grand classique de Doctor Who, j’espère bien que « later » veut dire « au prochain épisode » cette fois-ci !)

- What's that cable ?
- Power line for the park.
- What'd happen if we dropped the end into the moat and turned it on ?
- Fry anything that entered the water.
Clara prend une sacré assurance en menant sa petite armée au combat et en tentant envers et contre tout d’obtenir la victoire. Bon ok, ça marche à peu près dix secondes, mais pour la belle tentative, elle mérite une mention honorable !


Elle déconne juste un peu avec le remote control. Certes elle ne se laisse pas avoir par le Cyberplanner, mais aller lui agiter sous le nez alors qu’il a les mains libres… ça passe juste parce que ça rend les choses plus dramatiques !
- How did you know that was him ?!
- Because even if that WAS true - which it's obviously not - I know you that you would rather die than say it. Finish your stupid game !
Et en route pour l’assaut final, sur le plateau comme dans le château. J’aime beaucoup la façon dont la partie se conclut d’ailleurs :
« Now, you can take my bishop and keep limping on for a little longer. Or you can sacrifice your queen, and get the children back, but it's mate in five moves. »
Le Cyberplanner qui joue sur les émotions du Doctor pour le déstabiliser, et le Doctor qui joue le jeu pour le déstabiliser, lui…
- Your move. But before you take it, just so you know, sacrificing my queen was the best possible move I could have made. The Time Lords invented chess. It's our game. And if you don't avoid MY trap, it gives ME mate in three moves.
- How ?
[…]
- You figure it out ! Or don't you have the processing power ? Hmm ?
… Et se libérer de son contrôle. Echec et mat !


Et j’adore la coiffure qui en résulte !
- Just taking advantage of the local resources. Ah, hello. Can someone untie me, please ?
- Do you think I'm pretty ?
- No! You're too short and bossy, and your nose is all funny.
- Good enough.
Le Doctor est bien revenu lui-même, et c’est le moment pour Porridge de sortir de l’ombre. Le voilà donc qui reprend son manteau d’empereur, ce qui permet de faire exploser la planète et d’évacuer les survivants. Tout le monde s’en sort vivant (enfin au moins les plus chanceux).


Clara prend ensuite le temps de refuser une demande en mariage de l’Empereur (il me manquera, très beau personnage celui-là !), et tout le monde reprend le chemin de la maison. Les gamins sont contents visiblement, et Clara ne relève pas l’histoire de la « fille impossible ». En même temps, comme ça va clairement être un des nœuds du dernier épisode, ce n’était pas la peine d’en rajouter une couche.


Et voilà donc pour ce deuxième épisode signé Neil Gaiman. Nightmare in Silver n’est pas parfait, et n’égale pas The Doctor’s Wife (mais difficile d’égaler un tel épisode), mais ça reste quand même un superbe épisode, clairement un des meilleurs de la saison.

J’ai apprécié sa richesse, et j’espère bien que les nouvelles bases posées pour les Cybermen serviront à d’autres histoires. Ajoutez à ça une belle ambiance visuelle et des seconds rôles bien léchés (si on oublie les deux gosses), avec une mention spéciale à Warwick Davis vraiment épatant…

Bref, c’est un épisode de Doctor Who qui remplit bien son cahier des charges (le dépasse même). Neil Gaiman peut donc continuer à écrire pour la série, si à chaque fois il nous sort quelque chose de ce niveau, je ne cracherai pas dessus, bien au contraire !

Samedi prochain, c’est le grand final de la saison, et à en juger par la prequel, et le trailer, je sens que ça va faire remuer nos méninges. J’ai hâte !