jeudi 27 février 2014

Evariste - Olivier Gechter


Après le gros coup de cœur qu’a été Le baron noir (dont j’attends avec toujours autant d’impatience la suite, mais moi je dis ça, je dis rien), j’ai fait l’acquisition à Sèvres du premier roman de l’auteur (qui était installé en dédicace juste à côté de Timothée Rey, un vrai traquenard, je faisais signer un bouquin à l'un, je papotais avec l'autre, j'allais acheter son livre et je revenais pour le faire signer, et ainsi de suite...).

Pour la petite anecdote, je n’ai pas craqué que pour les beaux yeux de l’auteur, mais parce que la 4e de couverture parlait d'une cabinet de conseil (qui en plus fait dans les RH à ses heures perdues), et il s’avère que je fais de la veille documentaire sur le sujet au boulot. Comme je ne m’attendais pas à trouver un jour un roman fantastique sur le sujet, ça a tout de suite fait tilt, je n’ai juste pas pu résister (vous l’aurez compris, si vous écrivez une aventure impliquant un thesaurus documentaire et de la SF, vous avez toutes les chances d’avoir au moins une lectrice)

Mais à part ça, de quoi parle Evariste ? D’un certain Evariste Cosson, qui tient un cabinet de conseil spécialisé dans l’occulte. Mais n’allez pas croire par là qu’il fait des séances de spiritisme pour octogénaires, non (enfin si, pour mettre du beurre dans les épinards, des fois). Monsieur se spécialise dans l’occultisme industriel (il travaille à la Défense dans une pépinière d’entreprises et tout et tout).

Un beau jour, il se retrouve chargé d’une grosse mission : recruter d’authentiques voyants pour permettre à une société de voyance par téléphone de développer une filière « luxe » avec d’authentiques médiums. Manque de bol, trouver un voyant sain d’esprit et désireux de se faire embaucher en région parisienne, ça n’a rien d’une sinécure.

Si je devais comparer Evariste à une autre de mes lectures, ce serait à la série jeunesse Artemis Fowl d’Eoin Colfer. J’ai trouvé beaucoup de ressemblances dans cette façon de présenter la magie d’un point de vue très terre à terre. On y parle contrats de travail, honoraires, rentabilité et j’en passe des meilleurs (oui c’est très capitaliste tout ça), et les démonstrations de magie sont abordées d’un point de vue très pragmatique.

C’est un fantastique léger, très implanté dans le réel, si bien qu’on ne hausse même pas un sourcil lorsqu’on découvre que le héros communique encore avec ses parents morts qui peuvent lui envoyer des sms depuis l’au-delà (et demandent qu’il leur bricole un blog pour raconter leurs aventures fantomatiques).

Et puis il y a l’humour qui fait toute la saveur du roman : entre les pensées du héros et les petites notes de bas de page (incontournable dans ce genre de texte), l’auteur dresse un joli portrait moqueur de Paris et de son mode de fonctionnement complètement à part. Pour le coup, cela fera surtout rire les parisiens, tout le monde en prenant pour son grade, des vieilles rombières du XVIe aux écoles d’ingénieur en passant par les transports en commun et les brasseries. Même les chats n’y coupent pas !

Tout cela se greffe sur une intrigue qui prend assez vite une tournure thriller, si bien qu’on n’a guère le temps de s’ennuyer entre les séances d’espionnage ou d’investigation diverses et variés, les combats à coups de sorts ou de créatures magiques, et la dégustation de cafés parfois très expérimentaux.

L’ensemble se lit donc avec grand plaisir, et si Evariste n’est certainement pas un chef d’œuvre de la littérature qui restera à jamais dans ma mémoire, il reste un très bon divertissement où on s’amuse bien à parcourir Paris en long, en large et en travers (j’avoue c’est peut-être un roman pour parisiens en fait, j'y repense encore de temps en temps quand je prends le métro). D’un point purement subjectif, j’avoue cependant avoir préféré Le baron noir qui avait un côté plus « ciselé ».

Je râlerai juste un peu sur le livre en lui-même, qui pour un roman pour parisiens est assez peu adapté à la lecture en transport en communs. Le grand format, ça se gère encore tant bien que mal quand on est coincé dans un wagon bondé, mais lorsque la taille d’écriture est tellement grande qu’il faut bientôt reculer le livre pour pouvoir le lire, ça devient nettement plus compliqué !

CITRIQ

lundi 24 février 2014

Les trois mousquetaires - Alexandre Dumas


Lorsque j'ai acheté ma liseuse l'année dernière, le premier livre que j'ai chargé dessus était le roman Les trois mousquetaires (c'est un classique, c'est gratuit, allons-y !). Mais il en est de la PàL numérique comme de la PàL papier, beaucoup de livres y végètent jusqu'à que l'occasion se présente.

Dans le cas présent, c'est grâce à la sympathique série The Musketeers de la BBC (que je regarde à la base parce que Peter Capaldi y incarne le cardinal de Richelieu, donc oui c'est encore de la faute de Doctor Who !) que je me suis enfin plongée dans ce roman, et je regrette d'avoir mis tant de temps à découvrir ce grand classique de la littérature qui est tout sauf ennuyeux.

Les trois mousquetaires est un roman qui porte bien mal son nom. En effet, vu qui est le héros de l'histoire, il aurait été plus pertinent d'appeler ce livre D'Artagnan et ses trois copains mousquetaires (voire même D'Artagnan et ses trois copains mousquetaires contre Milady pour la dernière partie), tant le célèbre trio composé d'Athos, Porthos et Aramis fait presque office de figuration dans l'intrigue.

L'histoire est en fait celle de D'Artagnan, un jeune nobliau qui débarque de la campagne profonde (la Gascogne) pour faire ses premiers pas dans le monde (à Paris quoi). Il se fait très vite des amis (par un procédé un peu tordu qui consiste à provoquer les futurs amis en duel pour mieux aller tabasser ensemble les gardes du cardinal par la suite), et se retrouve fréquemment mêlé, pour des histoires d'amour ou d'honneur aux complots politiques en tout genre qui fleurissent en France à l'époque.

A la lecture, je me suis maintes fois dit qu'il était bien dommage qu'Alexandre Dumas ne vive pas à notre époque. Il aurait vraiment fait un scénariste de séries télé exceptionnel, il suffit de voir comment on se retrouve à dévorer Les trois mousquetaires.

Il faut dire que c'est vraiment le roman feuilleton par excellence, on sent bien le découpage d'origine à la lecture : chaque chapitre contient une intrigue avec un début et une fin en général (il n'y a guère que dans les derniers chapitres que l'histoire s'étale), avec un rythme bien haletant, si bien que même si la fin n'appelle pas à une suite immédiate façon cliffhanger, on en redemande quand même.

On y trouve de l'action, de l'amour, des manigances et même de l'humour... autant dire que si on laisse de côté quelques archaïsmes (je pense qu'aujourd'hui on n'insisterait pas tant sur les valets, quoique là c'est fait avec beaucoup d'humour en général), on pourrait croire que ce roman n'a pas dix ans, tant il sonne moderne.

Cela se retrouve aussi dans la belle galerie de personnages très attachants mais aussi fort complexes . Je me m'attendais pas par exemple à un cardinal de Richelieu si ambigu (dans mes souvenirs des adaptations en dessin animé il faisait souvent méchant machiavélique), à une Milady aussi talentueuse et venimeuse (pour un personnage féminin du XIXe, il faut le dire, elle déchire !), et même le héros, D'Artagnan, ne vient pas sans une part d'ombre (quand il cherche à embobiner Milady).

Du coup en lisant Les trois mousquetaires, j'ai vraiment eu l'impression de tomber sur le « père » des romans modernes (et même des films, séries, etc.), un peu comme si toute la littérature de divertissement s'était nourrie de ce roman.

Cette conclusion est purement subjective, et je doute pas qu'il existe d'autres textes aussi prenants de l'époque, mais une chose est sûre, si vous n'avez jamais lu ce classique, n'attendez plus : ce livre se lit merveilleusement bien, se dévore même, et il serait fort dommage de passer à côté ! Quant à moi, je n'ai plus qu'à charger les autres textes de l'auteur dans ma liseuse je crois...

CITRIQ

vendredi 21 février 2014

Le dieu dans l'ombre - Megan Lindholm



Cette année commence drôlement bien en fait, puisque c'est le troisième monument de mon panthéon personnel de lecture auquel je m'attaque depuis janvier. Encore quelques efforts et je les aurais tous référencés sur ce blog !

Le dieu dans l'ombre (Cloven hooves, c'est à dire « Sabots fendus » en VO) est un texte plutôt méconnu de Robin Hobb datant de l'époque où elle écrivait encore sous le nom de Megan Lindholm. Il nous raconte l'histoire d'une jeune mère, Evelyn qui doit quitter son Alaska natale avec son mari et son fils pour aller vivre temporairement chez sa belle-famille dans l'état de Washington.

La situation n'est pas facile pour elle, plutôt sauvage par nature, qui a du mal à s'intégrer dans cette famille aux principes bien arrêtés. Et comme si les choses n'étaient pas assez compliqués, voilà que Pan, le satyre qui partageait ses explorations en forêt dans son enfance, réapparaît dans sa vie.

Le dieu dans l'ombre est un roman assez inattendu : on pourrait s'attendre à une histoire plutôt fantastique ou magique, vu la présence d'une créature mythologique entre ses pages, mais pourtant il n'en est rien. Megan Lindholm prend en effet le parti très intéressant de traiter la figure du satyre d'un point de vue très rationnel, sous la forme d'une espèce différente avec des mécanismes biologiques qui lui sont propres (on est presque plus dans la SF que la fantasy du coup).

Cela contribue très certainement à rendre encore plus poignant un roman qui l'est déjà, car cela coupe quasiment toute possibilité de fuite dans l'imaginaire. En effet, contrairement à ce qu'on pourrait attendre avec un tel résumé, l'horreur ne se trouve pas dans l'élément fantastique (la présence de Pan) mais le réel, car c'est avec la « vraie vie » que l'héroïne a le plus de mal.

On découvre en effet au fil des pages une enfant un peu à part qui préférait courir dans les bois en baskets plutôt que de rester au chaud à se vernir les ongles, et qui si elle s'est sociabilisée en grandissant (elle s'est même mariée!) conserve un petit côté sauvage qui fait qu'en dépit de tous ses efforts, elle ne s'intègre pas dans cette belle-famille adepte de la perfection. Si bien que plus le séjour se prolonge, plus la situation se détériore pour Evelyn.

Le résultat est donc un texte très particulier, puisqu'on se croirait dans un texte de littérature blanche pendant toute la première partie, tant le fantastique semble en être absent. Pourtant, dès la première lecture, j'ai été happée dans cette histoire qui alterne entre des chapitres racontant la vie actuelle d'Evelyn, et d'autres dressant par petites touches le portrait de son enfance.

Mais ne vous y fiez pas, à partir du milieu du livre, l'histoire bascule dans une toute autre direction, et si comme je le disais, l'auteur prend le parti-pris d'une approche bien peu magique, on a néanmoins le droit à un voyage absolument ébouriffant à travers les lieux sauvages d'Amérique du Nord.

Le dieu dans l'ombre est un roman qui m'a bouleversé à la première lecture, et dont l'émotion n'a jamais diminué au fil des relectures. Du coup je suis toujours un peu déçu quand je lis des avis négatifs à son sujet. Ceci dit, j'imagine que c'est un peu quitte ou double avec l'héroïne, et vu que le récit est à la première personne (avec une bonne dose d'apitoiement, quoique on soit très loin du niveau de Fitz), soit on est happé dans l'histoire, soit on ne rentre pas du tout dedans.

Vous l'aurez compris, je fais partie des gens qui ont été happés par ce roman (je plaide d'ailleurs complètement coupable pour l'identification à l'héroïne, il y a des passages de son enfance où je me reconnaîtrais presque...). Je le trouve poignant, et doté d'une réelle originalité avec ça. Bref c'est un très beau livre, que je suis ravie d'avoir enfin chroniquer sur mon blog.

CITRIQ

mardi 18 février 2014

Princess Bride - Rob Reiner



A une époque où Arte avait encore une réputation de chaîne assez ennuyeuse qui ne passe que des vieux films en noir et blanc et des documentaires historiques tous les samedi soirs, je suis un jour tombée sur un thema consacré aux contes de fées. Celui-ci comprenait un très sérieux documentaire sur Andersen… et Princess Bride.

Je n’avais jamais entendu parler de ce film, mais au bout de cinq minutes c’était déjà le coup de foudre. Il était donc plus que temps que je rende hommage à ce merveilleux film qu’est Princess Bride dans une chronique (sans spoiler en plus, donc si vous n'avez pas vu le film vous pouvez lire sans danger !).


Princess Bride est un film qui a un petit côté poupée russe de par son format : c'est l'histoire d'un grand-père qui lit un livre à son petit film, un livre intitulé The Princess Bride qui contient « bagarre, duels, torture, vengeance, géants, monstres, poursuites, évasions, grand amour, miracles… ».

Bref, c'est un sacré programme pour ce qui ressemble à l'écran à une sorte d'archétype ultime de conte de fées ou de film de cape et d'épée. Inutile donc de vous présenter l'intrigue plus en détails, vous avez déjà une bonne idée du contenu avec les éléments que je viens de vous donner.


Ce qui est important dans Princess Bride, ce n'est pas tant son histoire que le charme fou que dégage ce film, et qui continue à faire effet même au dixième visionnage (du moins pour moi). Cela tient certes au côté archétypal de l'histoire, sans aucun doute : après tout qui peut résister à une Grande Histoire d'Amour, majuscules incluses ?

On est vraiment dans le schéma traditionnel du conte : un début paisible, le héros qui part sur les routes, la belle enlevée par de vils brigands, tout un tas de obstacles surmontés grâce au courage, à la force, et à l'intelligence du héros (ainsi que grâce à l'aide de ses précieux alliés qu'il a glané sur la route)... ce film est un vrai catalogue de clichés, et pourtant il n'est ni banal, ni ennuyeux.

Cela est dû à son ton très particulier, un peu pince-sans-rire, qui oscille sans cesse entre l'hommage et la parodie : les personnages caricaturaux ont toujours un petit côté décalé (comme Inigo et Fezzik qui font des concours de rimes entre deux bastons), les dialogues grandiloquents sont aussi drôles que touchants, les costumes sont trop too much pour être sérieux (et pourtant fonctionnent à merveille à l'écran) et ne parlons même pas de la musique cheesy à l'extrême (mais néanmoins collant parfaitement à l'histoire).


Ce qui fait également de Princess Bride un film mémorable, c'est l'incroyable quantité de scènes et de répliques cultes qu'il contient et qui ressortent souvent lorsqu'on discute du film : les incontournables « As you wish » ou « Hello, my name is Inigo Montoya. You killed my father. Prepare to die. », les grandes discussions entre méchants machiavéliques, la scène du mariage, le plan pour prendre d'assaut le château...

En fait, sous couvert de nous servir une grande histoire classique, Princess Bride déborde de passages complètement improbables qu'on n'oublie pas de sitôt. Personnellement je me souviens avoir complètement craqué quand Inigo Montoya affronte l'homme en noir au sommet des falaises : la corde, la petite discussion, les dialogues pendant le combat, les renversements de situation...


Et puis il y a une autre raison pour laquelle j'ai beaucoup d'affection pour ce film. J'ai pris la peine de mentionner le côté « poupée russe » de l'histoire, ce n'est pas pour rien. Princess Bride est en effet un formidable hommage à la lecture.

En effet, la narration est effectuée par le grand-père, mais celui-ci est régulièrement interrompu par son petit-fils, qui demande à sauter certains passages parce qu'il n'aime pas quand les gens s'embrassent, interrompt la lecture parce qu'il ne veut pas croire qu'untel soit mort, etc.

Ca peut paraître anecdotique, mais Princess Bride rappelle à quel point il est chouette de lire un livre : on peut sauter les passages ennuyeux, revenir en arrière, faire une pause parce que l'histoire devient trop sombre, élaborer des théories... c'est une activité où on est drôlement investi et actif, mine de rien !


Voilà, je crois avoir fait le tour de ce film qui occupe une bonne place dans la liste de mes DVD préférés. Je pourrais sans doute vous en parler pendant des heures mais vous vous lasseriez au bout d'un moment...

Il me faut conclure néanmoins sur une ultime note littéraire : Princess Bride était à l'origine un roman de William Goldman, qui se révèle tout aussi improbable et délicieux que le film, d'autant plus lorsqu'on s'offre une belle édition reliée façon vieux livre !

samedi 15 février 2014

Sandman intégrale 2 - Neil Gaiman


Je continue petit à petit ma redécouverte de Sandman à travers la nouvelle édition Urban Comics, et une chose est sûre : on en a pour son argent ! Même s'ils pèsent un peu sur les bras, ce sont des volumes vraiment plaisants à manipuler et les bonus sont un régal : un long et passionnant entretien avec l’auteur (qui attire l’attention sur plein de détails et éclaircit quelques interrogations quant à l’intrigue), ainsi que les esquisses de deux numéros avec les annotations de l’auteur (que j’ai survolé mais qui feront plaisir aux amateurs de détails).

Cette deuxième intégrale reprend le découpage des anciens volumes 3 et 4, Le domaine du rêve et La saison des brumes, je vais donc le suivre pour ma chronique. Etant dans l’impossibilité de parler de ce tome sans dévoiler une bonne partie de l’intrigue, cette chronique contient des spoilers, vous êtes prévenus !

Le domaine du rêve

Composé de quatre histoires indépendantes, Le domaine du rêve laisse de côté la grande intrigue générale, ce qui lui confère un petit côté anecdotique (d’autant plus que c’est le volume le plus petit de l’ensemble). Pourtant on aurait tort de passer à côté, car à l’exception de la dernière toutes les histoires ont leur importance.

- Calliope : Cette histoire d’une muse capturée par un écrivain en panne d’inspiration est absolument glaçante ; elle a la particularité de mettre en scène un ancien amour du Rêve, faisant ainsi rentrer dans le jeu des éléments qui prendront toute leur importance au fur et à mesure de l’intrigue (car rien n'est jamais dû au hasard dans cette série).

- Un rêve de mille chats : Cette histoire est elle purement anecdotique mais je l’adore parce que c’est une histoire de chats, et une histoire de rêves, et franchement vous ne regarderez plus votre compagnon félin de la même manière ensuite ! Accessoirement, elle peut aussi être un excellent point d’entrée à l’univers de Sandman.

- Le songe d’une nuit d’été : Dans ce récit, William Shakespeare qui vient de terminer d’écrire Un songe d’une nuit d’été à la demande du Rêve, se retrouve à donner une représentation devant un public bien étrange, composé des personnages féériques qu’il met en scène.
Mis à part les très féeriques dessins de Charles Vess, j’avoue avoir mis longtemps à vraiment apprécier le génie de cette histoire… jusqu’à que je vois la pièce d’origine, après quoi tout est devenu limpide. C’est une histoire assez intellectuelle en un sens, vous voilà prévenus ! A noter que ce comic a remporté le World Fantasy Award de la meilleure nouvelle (après quoi les règles ont été changées pour que cela ne se reproduise pas !).

- Façade : C’est peut-être bien l’histoire la plus bizarre du recueil, mettant en scène une vieille super-héroïne oubliée qui ne supporte pas sa vie et cherche à mourir. Les entretiens disponibles en annexe éclaircissent le sens que cherchait à donner Neil Gaiman à ce récit, mais il reste néanmoins très anecdotique dans la série.


La saison des brumes

Après quelques récits indépendants, La saison des brumes est un sacré morceau d’histoire. C’est peut-être parce que c’est un des récits que j’ai le plus relu qu’il impacte autant sur mon opinion, mais je ne peux m’empêcher de lui trouver un petit côté fondateur.

La saison des brumes, c’est le récit où on commence à vraiment prendre conscience de la façon dont Neil Gaiman entrelace les intrigues, puisque suite à une réunion de famille des plus étranges, le Rêve décide de retourner aux Enfers (visités dans Préludes & Nocturnes) pour y délivrer Nada (dont l’histoire est évoquée en prologue de La maison de poupées).

Sauf que Lucifer lui joue un bien vilain tour et lui remet la clé des enfers. Le voilà donc propriétaire d’un domaine que tous lui envient, et c’est toute la crème des dieux, démons et autres créatures mythiques et fantastiques qui débarquent chez lui pour lui réclamer la propriété du lieu.

La saison des brumes a un petit côté proto-American Gods dans sa manière de mettre en scène cette grand messe où se côtoient fées, démons, dieux égyptiens, japonais ou nordiques. Le résultat est absolument délicieux, et je me régale à chaque relecture des entretiens individuels où le Rêve ne cesse de changer d’apparence pour s’adapter à son interlocuteur.

L’intrigue est peut-être ce qui prend le plus au dépourvu : le Rêve fait de longs préparatifs pour une confrontation qui n’a pas lieu, et l’histoire se termine sur un authentique Deus ex-machina qui fait qu’on se demande finalement qui est le héros de cette histoire, entre le Rêve et Lucifer.

Il y a plein de jolis passages dans cette histoire : la réunion de famille qui ouvre l’intrigue (où l’on découvre l’entourage du Rêve, dont le mystérieux « fils prodigue » qui a disparu voilà des années) ; l’histoire du garçon dans son pensionnat anglais où les morts reviennent ; la visite de la bibliothèque du Rêve (qui contient tous les livres jamais écrits, voilà de quoi faire baver bien des lecteurs).

Bref comme toujours avec Sandman, l’histoire s’apprécie autant dans ses grandes lignes que dans ses détails, et on en redemande !

CITRIQ

mercredi 12 février 2014

Once upon a time (série télé)


J’avais évoqué rapidement cette série dans mon bilan de l’année de 2012, mais le Winter Mythic Fiction me donne une excellente opportunité de revenir en détail sur une série télé qui s’amuse gentiment à mettre en scène les personnages de contes de fées dans le monde réel.

Once upon a time (OUAT pour les intimes), c’est l’histoire de Régina, la méchante belle-mère de Blanche-Neige qui pour se venger de tout ce qu’on lui a fait subir, lance une malédiction qui transporte toutes les personnages de contes vivant dans la Forêt enchantée dans le monde réel. Tous ou presque se retrouvent donc privés de leurs souvenirs à vivre à Storybrooke, une petite ville perdue du Maine sous la houlette de la méchante reine qui y tient le rôle de maire.

Seulement voilà, pour contrecarrer les plans maléfiques de Regina, le Prince Charmant et Blanche-Neige avaient réussi à mettre à l’abri leur fille, Emma, dont le Destin est d’être l’Elue qui les sauvera tous (si si même les majuscules). Lorsque celle-ci débarque à Storybrooke, les choses commencent donc à changer.


Pour tout amateur de contes de fées, OUAT est une série délicieuse, tant il est marrant de retrouver les personnages de contes sous des identités fictives modernes (la fée bleue devient une bonne sœur, le chasseur le sheriff de la ville et Jiminy Cricket un psychiatre !).

Par le biais de flash-backs qui s’insèrent généralement plutôt bien dans l’intrigue, on découvre avec plaisir leurs passés dans la forêt enchantée, qui s’entrelacent parfois de façon très complexe (la palme revenant à Rumplestiltskin, clairement l’araignée au centre de la toile).

Globalement on passe donc de très bons moments, notamment grâce à un Rumplestiltskin absolument formidable (ce gars prouve une fois encore que les méchants sont les meilleurs personnages, tant il est génial dans sa capacité à manipuler tout le monde), et pour la relation assez touchante qu’entretient Emma avec son fils Henri, qui l’a retrouvé alors qu’elle l’avait abandonné à la naissance.


Cependant la série n’est pas exempte de défauts : les intrigues trainent en longueur (particulièrement sur la première saison, cela va en s’améliorant par la suite), les effets spéciaux sont parfois très moches (et pour que ça me fasse tilter, faut vraiment que ce soit moche), et le couple vedette Blanche-Neige/Prince Charmant est souvent très exaspérant.

Ceci dit ce que je regrette surtout, c’est que la série assimile clairement les contes de fées aux dessins animés Disney. Je sens bien le calcul derrière pour parler au plus grand nombre, mais du coup on se retrouve avec un univers assez guimauve. Il y a bien quelques interprétations plus libres de certains contes mais on reste dans quelque chose de gentillet… un peu tout le contraire de ce qui se fait dans Fables.


Car finalement c’est peut-être à mes yeux le gros défaut de OUAT, ne pas être Fables (alors que les droits d’adaption du comic avaient été achetés). Ce qui est un peu dommage parce que là OUAT ramène tout à l’amoûûûr, Fables se révèle bien plus subtil et complexe, et n’a pas peur de détourner les stéréotypes (on s’amuse quand même plus avec un Prince Charmant profiteur et coureur de jupons comme dans Fables qu’avec le très gentil et très fidèle Charming de OUAT).

Ceci dit pour contre balancer ces défauts, il faut reconnaitre que OUAT est une série qui ne fait que s’améliorer avec le temps. Si la première saison souffrait d’un long passage à vide en milieu de saison (à voir Blanche Neige et Charming se trouver, se perdre, se disputer, se remettre ensemble, se séparer, etc.), ce n’est pas le cas de la deuxième, dotée d’une intrigue un peu plus riche et d’un casting étendu des plus sympathiques (comme ce cher Capitaine Crochet).


La saison 3, dans la première partie, s’améliore encore : intrigue moins délayée, des personnages un peu plus cohérents, des interprétations très intéressantes sur certains personnages… certes cela n’empêche pas quelques envies de coller des baffes à certains, mais dans l’ensemble on a plaisir à suivre l’histoire !

Cette demi-saison s’achevant d’ailleurs sur un monstrueux cliffhanger (assez rigolo d’ailleurs car si on coupe les 30 dernières secondes la série peut s’arrêter là), je suis assez curieuse de voir ce que la suite nous réserve début mars.


dimanche 9 février 2014

Noir Duo - Sylvie Miller et Philippe Ward

 

Après les petits moments de bonheur qu’avaient été les lectures d’Un privé sur le Nil et Mariage à l’égyptienne, j’ai voulu continuer à explorer l’œuvre de cet auteur bicéphale que sont Sylvie Miller et Philippe Ward.

J’ai donc déniché en numérique ce recueil qui contient des textes écrits à deux et à quatre mains, ce qui m’a permis de me donner un bien meilleur aperçu de la palette de ces auteurs : fantastique, science-fiction, ils savent tout faire (il n’y a guère que les elfes et les licornes qui manquent à l’appel).

C’est assez rigolo de lire un recueil composé par deux auteurs. On pourrait croire que cela va permettre de les différencier un peu (et effectivement Sylvie Miller semble plus orientée SF et Philippe Ward plutôt fantastique). Mais finalement ces deux-là fonctionnent tellement bien ensemble qu’on a l’impression d’avoir juste affaire à différentes facettes d’un seul et unique auteur !

Noir duo se compose de seize nouvelles, accompagnées par une préface-fleuve rédigée par 113 auteurs (rigolote mais un peu longuette) et une postface tout aussi délirante. Je ne vais pas revenir en détail sur les seize textes, mais vous parler de ceux qui m’ont le plus plu :

- Le mur est la nouvelle qui ouvre le recueil, mais aussi la toute première collaboration des deux auteurs. On peut dire qu’elle met la barre très haut avec ce récit assez anxiogène d’une femme divorcée qui essaye de faire face et commence à voir apparaitre un étrange visage dans le mur de sa salle à manger. Le texte m’a fait penser aux textes de Lisa Tuttle et Megan Lindholm, que de bonnes références donc !

- Les chemins de l’esprit, écrite par Philippe Ward est une nouvelle étrange qui s’intéresse à un détenu récemment libéré qui décide de marcher jusqu’à Compostelle. On se laisse happé par ce récit où le fantastique reste finalement assez discret ;

- Un futur inimitable, autre collaboration, est une formidable histoire d’invasion alien qui s’amuse à parodier tous les grands noms du genre (La guerre des Mondes, Independence Day, tout y passe) pour un résultat absolument délicieux et complètement délirant. ;

- Ventres d’airain, par Sylvie Miller, est une nouvelle qui s’interroge sur la notion de maternité. Je n’en dis pas plus mais je suis admirative de la virtuosité avec laquelle les idées se développement au fur et à mesure de cette histoire absolument glaçante. ;

- Mau, encore une nouvelle à quatre mains, n’est pas une aventure de Lasser même si elle met en scène des chats et des dieux en Egypte. L’intrigue est relativement simple, mais je suis tombée sous le charme de ce récit, je blâme complètement les félins !

- Tout s’achète et tout se vend, de Sylvie Miller est un texte assez rigolo qui imagine un futur où comme son titre l’indique, tout s’achète et tout se vend.

Ceci dit si je n’ai sélectionné que mes plus gros coups de cœur, cela ne m’a empêché d’apprécier le reste du livre. Noir duo est en effet un chouette recueil qui sait mêler les tons, les ambiances et les genres : on rigole, on réfléchit, on angoisse et on s’émeut selon les textes, qui sont aussi plaisants à enchainer qu’à picorer qu’entre deux grosses lectures. Une belle démonstration des talents de ces deux auteurs, qui m’a donné envie de continuer à explorer leur bibliographie, qu’elle soit commune ou séparée !

CITRIQ

jeudi 6 février 2014

Recueil factice - Janvier 2014

Comme je vous l’avais annoncé en début d’année, j’ai décidé d’adopter le format du bilan mensuel pour couvrir toutes mes découvertes littéraires, cinématographiques ou télévisuelles sans pour autant rentrer dans les détails pour tous. Et ce rendez-vous portera le doux nom de recueil factice, en hommage aux sympathiques prises de tête que provoquent ce genre de document en bibliothèque.

Pour ceux qui ignorent ce qu’est un recueil factice, je vous renvoie à la définition de l’ABES sur le sujet : « Un recueil factice est un assemblage artificiel (sous une même reliure, liasse ou emboitage) de documents effectué par un possesseur ancien ou par le possesseur actuel de ces documents. Un recueil factice est un exemplaire unique : par nature, il ne peut pas exister deux recueils factices entièrement identiques. »

C’est un terme que je trouve plutôt adapté pour désigner une chronique qui assemble de façon complètement artificielle livres, nouvelles à la pièce, films et séries et probablement tout ce qui me tombera sous la main dans les mois à venir (d’ici là que je vous parle cuisine…). En avant pour cette première édition, sûrement sujette à amélioration !

LIVRES


A tout seigneur tout honneur, commençons donc par les livres. Une bonne dizaine d’ouvrages lus ce mois-ci, mais comme beaucoup sont des livres ou numériques, ou empruntés à la bibliothèque ou trainant depuis longtemps sur ma table de nuit, cela n’aide pas vraiment à vider la PàL !

- Utopiales 2013 (anthologie) : Chronique

- Vador et sa petite princesse – Jeffrey Brown
Dans la lignée de Dark Vador et fils, ce petit album nous conte les déboires d’un Dark Vador se retrouvant à élever sa fille Leia, et qui en voit de toutes les couleurs surtout à l’heure de l’adolescence. C’est le genre d’ouvrage improbable délicieux à parcourir, mignon et malin. Mention spéciale aux relations tumultueuses entre Leia et Han Solo, cette planche reste ma favorite de l’album sur le sujet :


- La horde du contrevent – Alain Damasio : Chronique

- Du sel sous les paupières – Thomas Day : Chronique

- Le labyrinthe magique (Le fleuve de l’éternité 4) – Philipe José Farmer
Conclusion du cycle du Fleuve de l’éternité (même s’il existe une suite), ce volume voit tous les protagonistes arriver à la fin de leur voyage, et répond à la plupart des questions. C’est toujours plaisant à lire, mais comme souvent dans ce type d’histoire à mystère, les révélations ne sont pas forcément à la hauteur de ce qu’on attendait et le roman est un peu trop rempli
Ce classique de la SF est finalement plus intéressant à lire pour les folles aventures de toutes ces célébrités que pour le propos qui les accompagne, et c’est probablement comme cela qu’il faut l’aborder. Dans ce cas, ça reste une très bonne lecture divertissante bien sympathique.

- Sandman intégrale 1 – Neil Gaiman : Introduction & Chronique

- Cru – Luvan : Chronique

- Les oubliés de Vulcain – Danielle Martinigol
J'avais beaucoup entendu parler de ce roman jeunesse de SF, et je comprends mieux pourquoi : l'écriture est extrêmement fluide et les thèmes très intéressants, traités avec simplicité mais intelligence. Il y a bien quelques facilités qui sautent aux yeux d'un adulte, mais rien de bien grave, dans l'ensemble j'ai été charmée par ce petit texte que je vais m'empresser de passer à mon filleul dès qu'il pourra le lire (pour le moment y'a pas assez de belles illustrations de Manchu pour le convaincre à mon avis).

- Les souffles ne laissent pas de trace – Timothée Rey : Chronique

- Fables 20 : L’héritier du vent – Bill Willingham : Chronique

En fait ce mois-ci je retiendrais essentiellement le délirant roman Les souffles ne laissent pas de trace de Timothée Rey et mes relectures (toujours aussi agréables) de Sandman et de La Horde du Contrevent. Pour février, je suis partie sur le moment sur Noir Duo, un recueil de nouvelles de Sylvie Miller et Philippe Ward et un classique d’entre les classiques, Les trois mousquetaires d’Alexandre Dumas. Et bien sûr, la fin du cycle du Fleuve de l'éternité, entre deux participations pour le Winter Mythic Fiction Challenge...


FILMS


Contre toute attente j'ai pas mal fréquenté les salles obscures ce mois-ci (à se poser la question d'une éventuelle rentabilité d'un abonnement), et toujours avec plaisir. L'année commence bien !

- Philomena – Stephen Frears
Ce film est assez exceptionnel, tant il vous prend à contrepied. Avec un sujet pareil (une mère part à la recherche de son fils qu’on lui a arraché alors qu’il n’avait pas trois ans en compagnie d’un journaliste), on pourrait s’attendre à une pléthore de situations convenues, et pourtant rien ne l’est jamais : on n’est jamais dans le larmoyant, jamais dans le jugement, et on ne risque pas d’oublier l’extraordinaire personnage de Philomena, qui peut sembler un peu simplette en apparence et qui a pourtant un courage et une sensibilité peu communs. Définitivement mon coup de cœur du mois.

- Casse-tête chinois - Cédric Klapisch
Suite de L'auberge espagnole et des Poupées russes, se déroulant dix ans après, Casse-tête chinois est une bonne petite comédie dans la lignée des deux films précédents : mêmes acteurs, même type d'histoire, même réalisation... Le résultat est à la fois drôle et tendre, le vieillissement des personnages est plutôt bien amené, bref on passe un chouette moment devant ce film.

- Le vent se lève – Hayao Miyazaki
Le dernier film d’Hayao Miyazaki n’a pas grand-chose de commun avec ses précédents : point de créature fantastique ou de conte, Le vent se lève est pratiquement un biopic qui s’intéresse au parcours de Jirō Horikoshi, un ingénieur japonais dans l’aviation. Du coup le rythme est assez lent, mais on apprécie cette étrange balade dans ce Japon pré-Seconde guerre mondiale, où chaque plan, chaque séquence est comme toujours magnifique.

En février, j’attends principalement le prochain Wes Anderson (The Grand Budapest Hotel), et c’est déjà pas mal !


SERIES


- Dragons : Riders of Berk (Saison 1)
Cette série d'animation se déroule après le film How to train your dragon et fait le pont avec le 2e volet. On y retrouve Hiccup qui crée une académie pour entrainer les dragons. Il affronte bien sûr toutes sortes de menaces et résout des mystères à foison. J'ai été très agréablement surprise car même si on reste dans la série jeunesse calibré (le format des épisodes est assez répétitif), Riders of the Berk se révèle une série fraîche, pétillante, dynamique et avec des thématiques pas trop lobotomisantes (ça tourne principalement autour de l'amitié et des relations parents-enfants, et c'est bien fichu).

- Sherlock (Saison 3)
Après une si longue attente, je suis un peu déçue par cette troisième saison qui fait passer les enquêtes et mystères au second plan. Si cela se comprend sur le premier épisode, j’ai été déçue que cela se poursuive ensuite. La série prend du coup une tournure sitcom certes rigolote, mais mal adaptée au format 3x90 min, d’autant plus que je ne saisis pas trop la direction que prend la série. On se croirait presque dans une fanfiction, et j’ai beau adorer en lire, j’apprécie moins que cela devienne « officiel ». Une saison certes toujours drôle à regarder, mais frustrante.

- Utopia (Saison 1)
Un comic book qui attire les convoitises, quelques personnes n’ayant rien en commun qui se retrouvent toutes en danger de mort à cause de cela, deux tueurs dignes de M. Croup & Vandermar… ce serait du gâchis de réellement résumer cette série qui s’apprécie quand on découvre avec tous ses mystères. Belle galerie d’acteurs et surtout une photo absolument magnifique. Rien que les couleurs valent le détour, et on prend vite goût à cet univers très ambigu tout en nuances de gris.

Et en parallèle je poursuis doucement The Big Bang Theory, j’avance dans les Doctor Who Classic (saison 4 avec les débuts du 2e Doctor), et je découvre la nouvelle série de la BBC, The Musketeers (la faute à Peter Capaldi). Je vous en reparlerais sûrement un de ces quatre…

Voilà pour ce mois de janvier bien rempli, cela promet une année de belles découvertes !

lundi 3 février 2014

Du sel sous les paupières - Thomas Day



Des fois je me soupçonne d’être un peu masochiste dans le choix de mes lectures. Tenez par exemple, bien que cela fasse des années que je peine souvent à rentrer dans les univers de Thomas Day (comme si nous avions du mal à nous comprendre), je continue tout de même à tenter l’aventure. Et j’ai donc récidivé dernièrement en me laissant tenter par Du sel sous les paupières.

Il faut dire que j’avais plein de bonnes raisons : résumé prometteur, critiques enthousiastes et même une très jolie couverture, toutes les raisons étaient bonnes. Mais comme d’habitude la rencontre ne s'est pas faite.

Tout commençait pourtant très bien avec cette histoire mettant en scène le jeune Judicaël, un orphelin vivant à Saint-Malo dans les années 1920, qui alterne entre vente d'illustrés et menus larcins pour survivre. Un jour, il fait la connaissance de Mädchen, dont il tombe immédiatement amoureux. Seulement voilà, la belle disparaît aussi vite qu'elle est apparue, sans doute enlevé par le mystérieux Rémouleur, et Judicaël n'a plu qu'à se lancer à sa recherche.

Sous couvert d'un roman plutôt orienté jeunesse (enfin young adul), Du sel sous les paupières s'amuse donc à mélanger uchronie et steampunk à une touche de fantastique et de folklore féerique. Un excellent cocktail ? Pas tout à fait.

C'est peut-être parce que j'ai déjà lu beaucoup de textes dans ce genre, et que du coup je deviens difficile avec le temps, mais j'ai eu du mal à apprécier le mélange. Il faut dire qu'il ne s'agit pas tant d'un mélange que d'une juxtaposition.

En effet la première partie a une tonalité résolument steampunk (classique mais qui fonctionne toujours) tandis que la deuxième partie s'axe principalement sur les fées et autres créatures fantastiques, oubliant en grande partie toute l'atmosphère mécanique du début du roman.

Du coup cela m'a donné l'impression de lire deux romans mal ajustés l'un à l'autre (voire trois si on ajoute les interludes irlandais), en dépit d'une intrigue et de protagonistes communs. Et comme les deux univers ne se mêlent que peu, on reste sur des ambiances steampunk et féeriques assez superficielles, qui ne se démarquent pas vraiment de ce qu'on a l'habitude de lire (à part pour la figure de l'ogre).

Cela explique ma déception au sortir de ce roman. Je ne pense pas que Du sel sous les paupières soit un mauvais livre, c'est juste que c'est un texte qui me paraît mieux convenir à des lecteurs plus novices, pour qui cela peut-être une excellente porte d'entrée pour le steampunk et les histoires féériques.

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