D'habitude, j'aime bien faire mes chroniques Doctor Who en collant à la chronologie de l'épisode pour pointer tout ce que j'ai aimé et commenter au fur et à mesure, mais face à cet épisode du 50ème anniversaire, il m'a fallut déclarer forfait dès le départ, c'est chose impossible sous peine d'y être encore à Noël !
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre face à cet épisode. J'étais à la fois curieuse et inquiète à l'idée de voir le résultat. Comment réussir à faire quelque chose d'exceptionnel en une durée aussi courte ? L'histoire avec John Hurt en vaudrait-elle la peine ? S'attaquer à la Time War n'était-ce pas un peu risqué ? Billie Piper et Jenna-Louise Coleman allaient-elles se taper dessus pour savoir qui est la meilleure compagne du Doctor ?
Toutes ces interrogations se sont complètement envolées hier soir alors que la diffusion de l'épisode débutait. D'ailleurs c'est un des excellents points de cet épisode anniversaire, d'avoir pu le regarder sur France 4 en même temps que partout dans le monde (en plus si ça peut se faire pour un épisode, ça doit pas être impossible de le faire à l'échelle d'une saison...).
The Day of the Doctor démarre en fanfare avec un onzième Doctor qui enquête sur d'étranges tableaux à la National Gallery, tandis que le dixième Doctor est perturbé dans son pique-nique romantique avec la reine Elisabeth Ière par une attaque de Zygons (des aliens métamorphes).
Leurs aventures respectives (et néanmoins liées) sont cependant perturbées par l'entrée en scène du « War Doctor » (a.k.a. John Hurt, le Doctor 8,5). Celui-ci s'apprête à utiliser le Moment, une arme terrifiante, pour mettre fin à la Time War. Sauf que le dit Moment est une arme consciente (qui prend pour le coup l'apparence de Rose/Bad Wolf), et celle-ci l'envoie visiter son futur pour l'aider dans sa décision.
Plusieurs Doctors, le retour d'UNIT et Kate Stewart, des aliens vilains pas beaux, Gallifrey, du timey-wimey, des blagues sur les tournevis soniques, du personnage historique, un fez... autant dire que c'est un peu Noël avant l'heure !
Commençons déjà par parler du nerf de l'épisode, la présence de trois Doctors (sans parler des caméos divers et variés). L'histoire aurait pu se contenter de mettre en scène les trois Doctors en train de bavasser sur un canapé pendant une heure que ça aurait déjà été génial, alors imaginez un peu ce que ça donne de les voir agir ensemble.
C'est quelque chose qu'on aimerait voir tout le temps, et avec plus de Doctors. Mais je comprends parfaitement que les scénaristes y recours aussi rarement, il serait dommage que ces rencontres deviennent banales à force d'être multipliées. Par ailleurs je trouve que s'être limité à trois Doctors est une bonne chose : les échanges sont équilibrés et vifs sans pour autant devenir confus.
Il y a vraiment une bonne dynamique entre le War Doctor d'un côté et Ten et Eleven de l'autre. J'adore la façon dont ils disputent à un moment (sur leur tenue, leur voix, leur tournevis...), puis se retrouvent à travailler ensemble la minute d'après, parce que finalement ils sont fondamentalement la même personne.
« I'm the Doctor. I'm 904 years old. I'm from the planet Gallifrey in the constellation of Kasterborous. I am the oncoming storm, the bringer of darkness, and you are basically just a rabbit, aren't you ? »
Revoir David Tennant m'a fait vraiment plaisir. Il y a belle lurette que quand je pense Doctor, c'est le visage de Matt Smith qui me vient en premier, mais j'ai trouvé magnifique le fait qu'il saute comme ça de nouveau dans les chaussures du Doctor et qu'on ait l'impression qu'il ne les a jamais quittées.
C'est plutôt malin d'avoir opté pour un Ten proche de sa fin d'ailleurs. J'avais peur que ce soit un jeune Ten (à cause de la présence de Billie Piper), ce qui aurait été moins intéressant à mon avis. Et puis du coup cela permet de s'amuser à raconter son histoire avec Elisabeth Ière, ce qui vaut son pesant d'or en matière de mariage imprévu.
Et puis il forme un duo fantastique avec Eleven. Même s'ils ont chacun leurs tics, leurs costumes, leurs gestuelles, on sent bien qu'au fond ce sont deux êtres torturés très semblables qui dissimulent leur noirceur avec beaucoup d’esbroufe... et s'amusent formidablement à jouer ensemble (que ce soit pour inverser la polarité ou négocier la paix entre Zygons et humains).
« Great men are forged in fire. It is the privilege of lesser men to light the flame... whatever the cost. »
En face de Ten et Eleven, nous avons donc le fameux War Doctor, clairement là pour remplacer Nine. Revoir Eccleston aurait été génial, mais je trouve que son refus de reprendre le rôle a finalement du bon, vu que cela a conduit à cette pirouette scénaristique absolument géniale.
Ce War Doctor n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais à vrai dire. J'imaginais un personnage plus brutal, plus sombre. Même si on le voit brandir une arme ou dégommer des Daleks avec son TARDIS, il reste fondamentalement le Doctor : c'est un personnage assez doux, plein d'humour, malin, et bien sûr portant un peu trop le poids des années (et de l'univers) sur ses épaules.
Bien sûr on a aucune idée de tout ce qu'il a pu faire d'horrible pendant la guerre (dans cet intervalle entre le minisode Night of the Doctor et The Day of the Doctor), mais finalement j'ai eu l'impression d'un Doctor comme les autres, qui a surtout été rejeté à cause de la terrifiante décision qu'il a pris pour mettre fin à la Time War.
D'ailleurs parlons-en, de cette Grande Guerre du Temps. A l'origine elle a été inventée par Russell T. Davies lors du redémarrage de la série en 2005. Ca a permis de repartir de zéro et de mettre de côté les anciennes histoires pour ne pas noyer les nouveaux spectateurs. Jusqu'à maintenant c'était un mystère, une ombre dans le passé du Doctor et je ne pensais pas qu'un jour on en viendrait vraiment à l'aborder.
Et c'est là où je trouve que cet épisode fait un superbe travail, parce que sans jamais rentrer dans le vif du sujet (le pourquoi ou le comment de la guerre), The Day of the Doctor fait enfin le pont entre l'ancienne et la nouvelle série.
On voit en effet l'entrée en guerre du 8e Doctor lorsqu'il se régénère dans le minisode
The Night of the Doctor (
à rattraper d'urgence si vous ne l'avez pas encore vu), et la fin de la guerre avec la régénération du War Doctor en 9e Doctor. Du coup c'est comme un vide qui est enfin comblé.
Et si l'idée de sauver Gallifrey peut sembler un peu présomptueuse (mais ce n'est pas ça qui va arrêter le Doctor), c'est une belle manière de clore en beauté un pan de l'histoire de Doctor Who, et d'en ouvrir un autre avec un potentiel retour des Time Lords.
Je ne sais pas du tout où cela va nous conduire, mais en tout cas cela donne une belle occasion de se renouveler à la série, d'autant plus avec le changement de Doctor à Noël. Du coup The Day of the Doctor n'est pas juste une belle fête d'anniversaire, c'est aussi un sacré tournant dans l'histoire de la série !
Voilà pour les grandes lignes de l'épisode, mais celui-ci ne serait rien sans les multiples clins d'oeil, références et caméos qui abondent tout au long de l'histoire. On peut complètement les ignorer sans que cela nuise si on ne les connaît pas, mais quand on les repère, c'est un véritable festival, un authentique délice, du pur fan service, sans que cela se fasse au détriment de l'intrigue.
C'est cela que j'ai vraiment apprécier dans cet épisode anniversaire : c'est un épisode complet, très bien équilibré. Il vient avec son lot de clins d'oeil, mais ils sont très bien intégrés si bien que cela ne nuit pas à l'histoire. La réunion de Doctors n'est pas juste un prétexte, elle joue un rôle dans l'intrigue, et l'intrigue elle-même est suffisamment bien pensée pour qu'elle impacte sur les saisons à venir.
Pour un épisode pas tellement plus long que d'ordinaire (1h15), c'est une sacrée réussite ! J'espère bien que l'épisode du 100e anniversaire (lorsque je serais en maison de retraite, avec ma canne et mon dentier) sera tout aussi épique !
Et histoire de bien conclure, je ne peux résister à la tentation de vous faire un petit best-of de mes moments favoris dans l'épisode :
(pur combo de référence au tout premier épisode)
- Reverse the polarity !
- It's not working.
- We're both reversing the polarity!
- Yes, I know that.
- There's two of us - I'm reversing it, and you're reversing it back again ! We're confusing the polarity.
« Hang on. Three of you in one cell, and none of you thought to try the door. »
- You told me the name you chose was a promise. What was the promise ?
- Never cruel or cowardly.
- Never give up, never give in.
- You're not actually suggesting that we change our own personal history?
- We change history all the time. I'm suggesting something far worse.
- What, exactly?
- Gentleman, I have had 400 years to think about this. I've changed my mind.
- All 12 of them !
- No, sir... all 13 !
- I never forget a face.
- I know you don't, and in years to come, you might find yourself revisiting a few.
(Tom Baker !)
Bon on n'a plus qu'à prendre rendez-vous pour Noël ! En attendant, si vous êtes passés à côté, je vous conseille l'excellentissime
The Five(ish) Doctor Reboot, un complément d'épisode absolument hilarant avec encore plus d'anciens Doctors, encore plus de caméos improbables, et une forte probabilité que vous ne voyiez plus certains passages de
The Day of the Doctor de la même façon après !
« My journey is the same as yours, the same as anyone's. It's taken me so many years, so many lifetimes, but at last I know where I'm going, where I've always been going. Home...the long way round. »