jeudi 28 mai 2015

Trigger Warning – Neil Gaiman


Ce mois de mai est un peu pauvre en chroniques, plongée que je suis dans les lectures « pro ». Cependant histoire de ne pas sombrer complètement dans la bibliothéconomie, je me suis permise un petit plaisir en parallèle avec le dernier recueil de nouvelles de Neil Gaiman, encore inédit en France.

J'ai été ravie de constater à la lecture que mon anglais semblait s’être amélioré, au moins dans le domaine Gaiman. Autant je me rappelle avoir pataugé sur pas mal de textes lors de la lecture de son précédent recueil lors de sa sortie VO, autant cette fois-ci j'ai eu une lecture relativement fluide (sans aller jusqu'à prétendre avoir tout compris). Ceci dit il y a assez peu de poésies ou de textes écrits à la façon de, cela aide aussi !

Neil Gaiman est un excellent novelliste (Chevalerie restera toujours pour moi son texte le plus emblématique) qui sait profiter du format court pour mettre en scène des choses extrêmement différentes. Du coup ses recueils sont parfois déstabilisants car on découvre des aspects de son écriture qu'on ne rencontre pas forcément dans ses romans, mais c'est ce qui fait tout leur intérêt, justement.

Sur les vingt-quatre nouvelles écrites qui composent Trigger Warning, on va donc rencontrer des nouvelles fantastiques plus ou moins noires, des textes drôles et d'autres sinistres, des hommages à des grands noms comme Jack Vance, Ray Bradbury ou Gene Wolfe, des récits qui flirtent avec les mythes, des contes revisités et même un peu de SF (notamment grâce à une nouvelle sur Doctor Who).

Evoquer tous les textes me serait difficile (quand je lis en VO je ne mémorise pas aussi bien les textes), mais je peux néanmoins vous parler de mes favoris :

The thing about Cassandra, avec cet homme qui raconte sa première amie imaginaire, m'a fait penser aux nouvelles de Lisa Tuttle par certains aspects.

« The truth is a cave in a black mountain... » m'a marqué par son ton d'aventure ancienne en Ecosse, et m'a donné envie d'investir dans la version illustrée (à défaut d'avoir pu voir la représentation qui était le format original du texte).

A calendar of tales est moins impressionnant dans le recueil, sans le contexte et les illustrations, que dans son cadre d'origine (dont j'avais déjà parlé ici), mais cet ensemble de micro-nouvelles se relit néanmoins avec plaisir.

The case of death and honey est un (nouveau) texte sur Sherlock Holmes. Après Une étude en vert qui s'amusait à rejouer l'entrée en scène du héros dans un univers à la Lovecraft, Neil Gaiman livre ici une histoire bien plus traditionnelle qui éclaircit ce qui a poussé le plus célèbre des détectives à devenir apiculteur lorsqu'il prit sa retraite.

An invocation of incuriosity m'a bien fait rire car j'ai trouvé pendant la lecture que l'univers et les personnages assez improbables et plus dignes d'un vieux récit de fantasy des années 50 que de Neil Gaiman... avant de réaliser qu'il s'agissait de sa nouvelle parue dans l'anthologie Songs of the Dying Earth, en hommage à Jack Vance !

J'ai déjà parlé de « And weep, like Alexander » dans ma chronique de l'anthologie 2012 des Utopiales, où elle figure, mais j'aime beaucoup ce texte alors je me devais de le citer à nouveau !

Nothing O'Clock est une nouvelle Doctor Who mettant en scène le onzième Doctor. Je ne suis pas sûre qu'elle parle à ceux qui ne regardent pas la série, mais pour une fan dans mon genre c'est un chouette texte bien rythmé.

Diamonds and pearl : a fairy tale revisite le conte de la fille qui crache des diamants (j'ai plus le titre en tête) de façon bien noire. A choisir je préfère encore la version de Pierre Gripari dans les Contes de la rue Broca !

The Sleeper and the Spindle est un crossover fort original entre Blanche-Neige et la Belle au bois dormant, avec quelques surprises à la clé. Sans être aussi frappant que son précédent texte sur Blanche-Neige (le terrifiant Neige, verre et pommes), c'est une aventure plaisante et hautement féministe avec ça !

Le recueil se termine sur Black Dog, une nouvelle inédite dans l'univers d'American Gods où on retrouve Ombre après la nouvelle Le monarque de la vallée (dans l'anthologie Des choses fragiles). Et j'espère que comme le laisse entendre l'auteur en intro qu'on va encore lire d'autres aventures de lui, car suivre ses pas est toujours un immense plaisir.

Au final en ne voulant évoquer que quelques textes, je vous ai bientôt parlé de la moitié du recueil ! Mille pardons il faut toujours que je parte en mode fan-girl quand je vous parle des textes de Neil Gaiman, et pourtant j'ai été un peu plus distante avec ce recueil qu'avec ses précédents textes.

La raison est un peu idiote (et entièrement de mon fait) : à force de lire et relire tout ce qu'il écrit, ses univers et son écriture me sont devenus trop familiers, et des fois tout se ressemble trop à mes yeux. Cela n'enlève rien au plaisir que j'ai à lire ces textes (d'ailleurs j'ai adoré lire Black Dog qui est une suite d'un de ses romans), mais j'aimerais avoir l'occasion d'être à nouveau réellement surprise par ses écrits, encore plus lorsqu'il s'agit de nouvelles.

Mais je ne pense pas que ce problème soit susceptible de déranger le lecteur lambda et occasionnel, je ne peux donc que souhaiter une traduction rapide de ce recueil afin que le plus de monde possible puisse en profiter !

samedi 16 mai 2015

Harry Potter : l'exposition à la Cité du Cinéma

 

A défaut d'aller faire un tour aux studios de Leavesden pour plonger en plein dans l'univers Harry Potter, il est possible de se consoler en ce moment avec l'exposition sur le même univers à la Cité du Cinéma à Saint Denis, qui présente des costumes, des accessoires et des éléments de décor.


Après une entrée un peu scénarisée qui ne casse pas trop trois pattes à un canard mais ravira les plus jeunes fans, on entre directement dans le vif du sujet avec des éléments du décor de la Salle Commune de Gryffondor, et nombre d'objets et costumes de ses occupants (et autres, vu qu'on y croise la tenue de Luna Lovegood !)


Ce qui est chouette, c'est de pouvoir découvrir de près les détails du décor et les accessoires qu'on aperçoit en général à peine dans le film, comme le panneau d'affichage de la salle commune (avec ses courses de rat et sa barbe de Merlin postiche qui cherche son propriétaire) ou la liste de l'Armée de Dumbledore (avec des écritures différentes).


On enchaîne ensuite sur les différents cours et professeurs de Poudlard, la section Gilderoy Lockart étant de loin la plus fun.



Et encore je n'ai pas réussi à prendre en photo son magnifique autoportrait peignant son autoportrait !


Au détour d'un chaudron, le livre du Prince de Sang-Mêlé...


Et du matériel de Quidditch. Ce qui m'a permis de constater que le Nimbus 2000 de Harry est couleur bois tandis que le 2001 de Malefoy est noir, bonjour le manichéisme jusque dans les balais !


Après avoir croisé Buck (qui est vachement grand en fait !) et visité la cabane de Hagrid où l'on peut s'asseoir dans son gigantesque fauteuil (non vous n'aurez pas cette photo !), il est temps de passer aux choses sérieuses et de baisser un peu les lumières !


La fameuse statue du cimetière de la Coupe de feu, non loin des détraqueurs et des mangemorts (un peu difficiles à photographier avec aussi peu de lumière).



Des affiches et des journaux qui rappellent les jours sombres de la série...


Une pièce d'échec du premier film...


Et enfin les fameux horcruxes pour conclure cette joyeuse promenade dans les ténèbres !


On revient ensuite à une ambiance plus saine (enfin...) grâce au mur de décrets du Professeur Ombrage...


Avant de rentrer dans la Grande Salle où l'on trouve costumes de bal, jeux et bonbons ! (où on se dit qu'on nous vend vraiment du rêve, les fizwizbiz sont de simples bonbons moldus au goût fraise !)


Après quoi on se retrouve à la boutique, qui propose tout un tas de goodies à des prix... disons que je vous recommande de gagner le tournoi des trois sorciers avant d'y mettre les pieds ! J'ai été assez surprise de n'y trouver ni les livres, ni les DVD (ou alors ils étaient bien cachés, à moins que je ne les ai pas vu avec la foule), ce qui est bien dommage car au sortir de l'expo j'étais prête à me refaire toute la série !

Au final une exposition plutôt sympa, mais le coût de l'entrée est exorbitant (22 € l'entrée adulte sauf le mardi où on paye 19 € et 17 € pour les enfants) pour une visite finalement assez rapide (le site annonce 1h30, on y a passé 45 min en prenant le temps de faire des photos). A titre de comparaison l'expo Star Wars l'année dernière était dans la même gamme de tarif, mais j'avais moins tiqué car elle était plus riche niveau contenu et interactivité, alors qu'ici même l'audioguide est payant.

mercredi 13 mai 2015

Anno Dracula - Kim Newman


Alors que je prévoyais de faire l'acquisition d'une liseuse il y a deux ans (pfiou, déjà !), j'avais profité d'une promotion pour acquérir mon tout premier e-book : Anno Dracula de Kim Newman. Comme je voulais lire Dracula (l'original) avant de m'y attaquer, il a végété longtemps dans ma liseuse, erreur qui est désormais réparée !

Anno Dracula se déroule à la fin du XIXe siècle, dans une Angleterre uchronique assez particulière. En effet, point de divergence historique mais une divergence fictionnelle : Kim Newman part du postulat que Dracula n'a pas été vaincu à la fin de du roman éponyme. Au contraire, il a écrasé ses adversaires et règne désormais sur la Grande-Bretagne en tant que prince-consort de la Reine Victoria.

Un grand nombre d'habitants du pays étant « passés aux ténèbres », vampires et « sangs-chauds » cohabitent tant bien que mal dans un pays qui semble sombrer dans l'obscurantisme. Alors qu'on pourrait s'attendre à que Londres ressemble à une zone de non-droit, l'assassinat violent de plusieurs prostituées vampires attire pourtant l'attention des autorités officielles.

L'inspecteur Lestrade de Scotland Yard demande à Geneviève Dieudonné, une vampire française de l'aider sur l'enquête (vu que son détective favori a été emprisonné pour opinions dissidentes). Sur son chemin, elle va croiser la route de Charles Beauregard, aventurier au service du Diogene's Club, chargé d'élucider le mystère pour cette organisation de l'ombre.

Anno Dracula aurait pu être un polar reprenant à sa sauce le mystère de Jack l'Eventreur, mais il n'en est en fait rien. L'identité de l'Eventreur est d'ailleurs révélée dès les premières pages (je ne vous révèle rien), il s'agit du Docteur Seward (le médecin amoureux de Lucy qui faisait partie de l'équipe de Van Helsing dans le roman Dracula).

Mais alors à quoi ressemble ce roman ? Principalement à un tourbillon de guest stars toutes plus prestigieuses les unes que les autres. S'il lui manque la composante technologique du steampunk, Anno Dracula s'inscrit tout à fait dans le genre avec ses références historiques et littéraires par milliers. On y croise moult vampires littéraires (merci les bonus en fin de livre qui les identifient), l'inspecteur Lestrade de Sherlock Holmes, les Docteurs Jekyll et Moreau, et ça c'est pour ceux qu'on reconnaît facilement (et pour les autres il y a la page Wikipedia anglaise).

Notez que cette débauche de personnages n'a rien d'un inventaire, chacun trouve sa place dans une intrigue finalement plus politique que policière, où les héros sont presque uniquement des témoins des évolutions du monde où ils vivent, et des pions pour des sociétés secrètes qui tirent les ficelles dans l'ombre.

Point de mystère à résoudre donc au programme de Anno Dracula (quoique...), mais une visite guidée savoureuse et haute en couleur d'une Londres alternative qui a sombré dans les ténèbres. Cela n'a rien de barbant à lire, bien au contraire : on savoure les références quand on les reconnaît, et on apprécie les très nombreux vampires qui peuplent les pages, qu'ils soient des fous, des manipulateurs, des avides de pouvoir ou des tueurs, bref on est très loin des paillettes !

Un chouette roman donc, qui a par contre le défaut de ses qualités : il vaut mieux l'attaquer avec une bonne connaissance de Dracula et de l'univers de Sherlock Holmes (au moins, plus quelques classiques de la littérature anglaise de l'époque), histoire de ne pas passer à côté de ce qui fait son intérêt principal : l'habile entremêlement de l'histoire et de la littérature !

CITRIQ

dimanche 10 mai 2015

Twelve Monkeys – Saison 1


Après L'armée des douze singes et La Jetée, je pouvais difficilement faire l'impasse, dans le cadre du Challenge Retour vers le futur de Lune, sur Twelve Monkeys, la série télé qui réécrit à sa sauce le film de Terry Gilliam à notre époque (lui même inspiré de La Jetée, j'attends donc avec hâte l'adaptation en BD du roman adapté de la série adaptée du film adaptée du moyen-métrage des années 60, vu que le recyclage est à la mode !)

On retrouve donc la même histoire de James Cole, voyageur temporel envoyé dans le passé pour empêcher une pandémie qui a anéanti l'espèce humaine. Une fois de plus, il sera aidé du Docteur Railly, et son enquête le poussera à s'intéresser grandement à l'Armée des douze singes

Quelques changements ont bien sûr été apportés : le Dr. Railly change de prénom (pour Cassandra, c'est adapté !), Jeffrey Goines change de sexe et devient la démente Jennifer Goines (entre autres altérations dans les rôles des personnages) et l'histoire a été décalée d'une vingtaine d'années pour que le passé tombe en 2015 et non en 1996. Comme on passe d'un film de deux heures à une série de 13 épisodes, l'intrigue a été enrichie et les personnages développés, notamment dans le futur post-apo de 2043 (où il ne manque guère que les zombies !).


Le début de la série joue la carte de la (relative) fidélité au film, le côté déjanté de Terry Gilliam en moins, mais semble très vite prendre à priori ses distances en réécrivant le destin de certains personnages, en donnant beaucoup plus d'ampleur à l'Armée des douze singes (façon organisation secrète, ce qui n'est absolument pas le cas dans le film) et en exploitant un peu plus la carte du voyage dans le temps (les héros ne se croisent pas toujours dans le même ordre chronologique).

Sur le papier, il y avait un joli potentiel mais j'avoue avoir trouvé l'ensemble un peu poussif, comme si les scénaristes avaient trop dilué l'intrigue, ce qui diminue grandement son impact (et je n'ai pas été très régulière dans mon visionnage ce qui n'aide pas non plus). Il y a de bonnes idées parfois bien timey-wimey mais l'ensemble n'est pas toujours très cohérent, et les personnages manquent franchement de charisme.


La seule exception est pour moi Katarina Jones, la scientifique qui a monté toute l'opération voyage dans le temps pour stopper l'épidémie, une sacrée personnalité qui se révèle pleine de zones d'ombre, ne serait-ce parce qu'elle (surlignez pour les spoilers) n'hésite pas à détruire toute possibilité de réaliser un remède à l'épidémie pour que son équipe reste concentrée sur sa mission. Et c'est assez marrant de découvrir qu'elle savait déjà tout ce qui allait se passer puisqu'elle a rencontré Cole dans le passé.

Sur les derniers épisodes, j'ai quand même apprécié (surlignez pour les spoilers, encore) que l'intrigue se rapproche finalement énormément du film en exploitant les flash-backs du jeune Cole (dans un contexte un peu différant) et en jouant à fond sur le concept de boucle temporelle fermée mais pas tout à fait. A la fin de la saison 1, la boucle est théoriquement bouclée et l'histoire n'a pas été modifié comme le voulait les « méchants » de l'histoire, sauf que l'envoi de Cassandra dans le futur l'empêche d'être présente en 2017, et que Ramse ne meurt pas. Tout est donc encore possible...

Ceci dit bien qu'une saison 2 soit prévue, je pense que je vais arrêter là mon visionnage. La fin est certes ouverte, et je ne suis pas sûre que la suite arrive à être plus intéressante (de toute façon les voyages dans le temps sont plus adaptés à des formats courts que longs, Doctor Who étant l'exception délirante qui confirme la règle).


mercredi 6 mai 2015

Recueil factice - Avril 2015

Avril est un peu un petit mois, je ne sais pas trop ce que j'ai fichu de mes journées et de mes soirées, mais une chose est sûre, je ne les ai pas passées à lire ! Et cela ne va pas aller en s'arrangeant...

LIVRES


Histoires de voyages dans le temps (anthologie)

Lire Hors-Série sur le Trône de Fer
Je me méfie un peu toujours de ces hors-séries qui peuvent aussi bien aligner les banalités que proposer des articles très intéressants. Dans le cas présent, il y a un peu des deux : la longue interview de G.R.R. Martin est passionnante à lire, certaines analyses sont fort intéressantes... et en parallèle quelques passages amènent à se demander si les journalistes ont lu les livres ou s'ils se basent uniquement sur la série (bonjour les yeux bleus des Targaryen !). L'ensemble est néanmoins globalement plaisant à lire, je mettrais juste un bémol sur la dernière partie consacrée à la fantasy en général qui n'est pas d'une extrême pertinence quand elle présente l'erotic fantasy à côté des autres genres ou évoque « Robin Hobb, géniteur du Cycle de l'assassin royal » (sic) !

Ten Little Aliens – Stephen Cole

Escadrille 80 – Roald Dahl
J'avais lu il y a quelques temps déjà l'autobiographie de Roald Dahl sur ses années d'enfance, Moi, boy. Il était temps que je lise sa suite, Escadrille 80, qui couvre son premier travail dans une compagnie pétrolière en Afrique et son engagement dans l'aviation pendant la Seconde Guerre mondiale. Comme tout texte de Roald Dahl, ce texte se lit très facilement (il a un vrai don pour expliquer les choses), même si le ton n'est pas forcément très joyeux (et encore l'auteur ne retient volontairement que les « bons » moments si j'ai bien compris).

La ballade de Bêta 2 / Empire star – Samuel Delany

Lignes de vie – Graham Joyce

L’œil du héron – Ursula K. Le Guin

Le Cercle de Farthing – Jo Walton


FILMS


Avengers 2 : L'ère d'Ultron – Joss Whedon
On prend les mêmes et on recommence, voilà comment résumer cette deuxième aventure des Avengers, bourrée d'action à haute dose et de vannes qui fusent dans tous les sens. C'est plutôt plaisant à regarder dans l'ensemble, mais force est de constater que sans l'effet de découverte du 1er film, on s'amuse un peu moins et on trouve le temps un peu plus long. Et Loki manque cruellement à l'appel, même si Thor se défend pas trop mal côté potentiel comique !

28 semaines plus tard – Juan Carlos Fresnadillo
Pour continuer dans la veine zombie (après je crois que j’aurais ma dose), cette suite est tout à fait à la hauteur de 28 jours plus tard, et réussit à exploiter les mêmes ficelles sans forcément obtenir le même résultat : ici les zombies ne sont pas forcément l’ennemi n°1 (enfin je me comprends) et il y a un petit côté film d’horreur basique où la stupidité d’une personne (ou plusieurs d’ailleurs, la responsabilité est quand même partagée) provoque la catastrophe.


SERIES


La Théorie des Balls
Il s'agit de la suite de J'ai jamais su dire non, hilarante web-série de Slimane-Baptiste Berhoun (le docteur Castafolte du Visiteur du futur) que je vous recommande grandement (pas un poil de SF mais beaucoup de fous rires et de WTF au programme). Même équipe (avec quelques nouveaux venus), mêmes fous rires, mêmes moments WTF, c'est encore mieux fait et sous couvert de fous rires, c'est une analyse plutôt juste des rapports humains (en amour, sur le lieu de travail, et un peu les deux parfois!). A voir ici.


VISITES


Le (futur) château de Guédelon (Yonne)

Festival des Mondes de l'Imaginaire à Montrouge


JEUX


Dreamfall : The Longest Journey


ET POUR MAI...

Vu que j'ai réussi à me débarrasser du code de la route, je vais pouvoir me concentrer sur les révisions pour les concours. Ne vous étonnez donc pas si le blog tourne au ralenti, et si je ne me lance pas comme d'habitude dans un vaste programme de lecture. Je peux juste vous annoncer que je vous parlerai sans doute du nouveau recueil de Neil Gaiman sorti en VO, Trigger Warning, qui squatte actuellement ma table de chevet !

dimanche 3 mai 2015

L’œil du héron - Ursula K. Le Guin


Cela faisait un petit moment que je ne vous avais pas servi de texte d'Ursula Le Guin, il est grand temps de s'y remettre avec L’œil du héron, un petit roman de SF écrit à la fin des années 70 qui met en scène les troubles d'une colonie pénitentiaire sur une autre planète, Victoria.

D'un côté, on trouve les descendants de criminels d'Amérique du Sud déportés en premier pour leurs crimes, et qui ont organisé leur société, la Cité, de façon bien archaïque : une élite qui opprime les plus pauvres, des domestiques soumis et fouettés si nécessaire, et des femmes cantonnées à la maison pour se marier et faire des enfants !

En face d'eux, la deuxième vague des déportés est formée des membres du Peuple de la paix, une mouvance pacifiste dans la lignée de Gandhi, dont les dirigeants politiques terriens étaient trop contents de se débarrasser pour pouvoir se taper dessus en toute tranquillité. Cette communauté est désormais lassée d'être exploités par les habitants de la Cité, et envisage d'aller s'installer ailleurs sur la planète...

Évidemment, ce n'est pas du goût de la Cité qui n'a pas envie de perdre ses travailleurs agricoles, et la tension monte entre les deux communautés. Tandis que la Cité cherche à provoquer les pacifistes pour mieux les écraser, le Peuple de la paix, lui, cherche justement à ne pas rentrer dans le conflit.

Cela donne un roman assez étrange à lire, car les explosions ne sont pas souvent là où on les attend, et les situations sont désamorcées de façon parfois surprenante quand on est habitué à tout voir se régler par la force et les armes (ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a jamais de violence ceci dit).

C'est d'ailleurs ce qui fait l'attrait de L’œil du héron. Le mode de vie et la façon dont sont gérés les conflits par le Peuple de la Paix ne peut que faire rêver et réfléchir sur la façon dont nous interagissons avec les autres, à petite et à grande échelle.

Mais là où on reconnaît bien la patte d'Ursula K. Le Guin, c'est que cette société est présentée sans la naïveté qu'on attendrait avec un peuple de pacifistes. Un peu comme les Dépossédés, on est proche de l'utopie, mais une utopie ambiguë, jamais idéale, qui a ses bons côtés et ses limites.

Pour le reste, on a affaire à un pur roman d'Ursula Le Guin : une bonne dose de vraie étrangeté (pour les espèces animales et végétales de la planète), un univers tout sauf occident-centrique (on y évoque à peine l'Amérique du Nord), des personnages souvent complexes qui se cherchent, et une écriture sensible et douce qui évoque les choses mais ne les impose pas.

Si on cherche à le classer en regard de ses autres œuvres, bien sûr il n'a pas la richesse de ses plus grands chefs d’œuvre. Mais cela n'enlève rien au plaisir de lecture, et L’œil du héron a le mérite d'être court (même pas 200 pages) et facile à aborder. S'il n'était pas aussi difficile à dénicher, je le conseillerais même pour faire connaissance avec l'auteur !

Pour la petite anecdote, bien que le texte en lui-même reste relativement intemporel, l'objet-livre en lui-même ne fait pas tout jeune. A cause de la couverture, de la collection « Futurama » et de sa ligne graphique rétro ? Absolument pas, c'est en regardant la quatrième de couverture que le livre prend un sacré coup de vieux :


D'ailleurs j'ai étrangement moins de mal à lire dans le métro un livre d'or avec une femme à poil en couverture qu'un roman avec une pub pour des clopes en quatrième de couv !

CITRIQ