Ah non, voilà déjà le printemps, les fleurs, le soleil... il est hors de question de rester à supporter ça ! A la place, enfilons doudoune et bottes de neige et direction le Grand Nord de la Sibérie pour un petit roman post-apocalyptique qui fait bien froid au cœur : Au nord du monde de Marcel Theroux, qui est accessoirement la lecture de mars du Cercle d'Atuan.
Makepeace est le shérif d'une petite ville de Sibérie colonisée par des américains en quête d'une vie simple et paisible. Est-ce le changement climatique, la misère ou la guerre qui a fini par tuer ou faire fuir tous les habitants, mais Makepeace vit désormais une existence solitaire. Jusqu'au jour où son existence se révèle moins solitaire que prévu.
Le titre anglais d'Au nord du monde est Far North, qui évoque immédiatement le Far West, et c'est à cet univers qu'on pense dans les premières pages, en suivant cette silhouette solitaire qui fait sa ronde à cheval à travers la ville, pistolets à la ceinture. Les grands espaces, les colonies fondés par des communautés ultra-religieuses, la solitude, la survie, la loi du plus fort... on a même l'équivalent des indiens sous la forme des peuplades sibériennes plus ou moins nomades qui vivent de l'élevage des rennes.
C'est donc une très jolie retranscription dans un univers tout aussi hostile et désolé qu'est cette Sibérie du futur qui a été colonisée puis abandonnée. On ne saura jamais pourquoi d'ailleurs, l'auteur reste très vague à ce sujet. En fait, il n'y que quelques fragments de technologie clairement plus avancée que la nôtre qui indique que l'histoire se déroule dans le futur.
Mais alors de quoi parle ce livre ? C'est le parcours d'un personnage solitaire, qui est clairement plus dans la survie que dans la vie, et qui renoue soudainement avec les autres humains par le hasard d'une rencontre. Ne supportant plus la solitude, voilà donc que Makepeace prend la route pour retrouver des traces de civilisation.
Mais le chemin n'est pas facile, car comme souvent l'homme est un loup pour l'homme, surtout quand la civilisation s'effondre : dictature, manipulation des foules, esclavage, tout est bon pour assurer sa survie (et son confort).
Tout cela, Makepeace le voit (et le vit) au travers de son voyage, au cours duquel on découvre peu à peu son passé par petites touches. Au nord du monde est un roman qui est porté par son narrateur, dont la réserve et les réflexions donnent un ton particulier qui contribue grandement à l'atmosphère de l'histoire.
Ces derniers temps, je me suis un peu lassée du post-apo, que je trouvais souvent très pessimiste et ressassant les mêmes idées. Et pourtant j'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce roman. Cela tient sans doute à son atmosphère (on ne croise pas souvent des romans qui se déroulent en Sibérie) et à son narrateur à la voix bien particulière qui force l'admiration.
Mais ce qui a joué pour moi, c'est qu'en dépit de la noirceur du monde qu'il décrit, Au nord du monde contient quelques bouffées d'optimisme, des moments qui rappellent que l'être humain n'est pas que capable des pires horreurs. Elles peuvent sembler infimes au regard du reste du roman, mais elles sont là, et c'est ce qui compte.
Avis des autres atuaniens : Baroona, Cornwall, Jae_Lou, Lorhkan, Lune, Nathalie, Rose
Merci qui hein ? :p
RépondreSupprimerTrès belle chronique, j'ai toujours pas commencé la mienne...
"Au nord du monde contient quelques bouffées d'optimisme, des moments qui rappellent que l'être humain n'est pas que capable des pires horreurs ».
RépondreSupprimerCa, c’est une bonne chose. Car c’est vrai que le post-apocalyptique a tendance à tourner en rond à ce niveau...
Un roman qui est "porté par son narrateur", tout à fait ! Je suis quand même un peu frustrée qu'on ne sache pas ce qu'il s'est passé, mais comme tu dis, ce roman a quand même quelques petits côtés presque optimistes et ça c'est vraiment agréable.
RépondreSupprimerLe nom du narrateur est un argument en soi.
RépondreSupprimer@Cornwall
RépondreSupprimer*tous en choeur*
Merci Cornwall :D
@Escrocgriffe
C'est pour ça que j'ai du mal avec en général, moi j'aime bien quand y'a de l'espoir après la catastrophe, sinon autant se coucher et mourir quoi ^^
@Nathalie
On n'a plus qu'à imaginer le reste !
@Baroona
Le narrateur est un argument de lecture en soi ^^
Voilà qui fait envie...
RépondreSupprimerLis La Constellation du chien.
RépondreSupprimerIl a l'air chouette ce bouquin faudra que je le rattrape un jour.
En effet, je ne suis généralement pas fan du post-apo, les romans sont souvent bien trop sombres... mais si tu me dis qu'il y a un peu d'espoir et d'humanité dans celui-là avec en plus un univers intéressant et original, je vais peut-être me laisser tenter ! :-)
RépondreSupprimer@Efelle
RépondreSupprimerN'est-ce pas ^^
@Tigger Lilly
Ok faut que je pense à le repérer à la bibliothèque.
@JainaXF
Il est pas joyeux non plus hein, mais moins déprimant que la moyenne à mes yeux (bon après comme on a des avis diamétralement opposés :P)
Ouaip, tiens, j'ai une critique à écrire moi !^^
RépondreSupprimerBeaucoup aimé aussi ce roman qui ne sombre pas dans un pessimisme excessif. Ça vaut vraiment le détour (et je m'aperçois que j'ai un peu lâché la conversation sur le Cercle, c'est mal je sais, mais c'est la faute à Mass Effect 3, donc ça peut se pardonner, non ?^^). ;)
@Lorhkan
RépondreSupprimerC'est bien parce que c'est Mass Effect sinon je t'aurais déjà pourri :P